Chapitre 3 La religion comme support du régime. De l’empereur persécuteur à l’empereur chrétien Flashcards
Sur certaines monnaies, Aurélien est même qualifié de…
… deus et dominus natus (« dieu et maître né »), une formule qui ne choque plus comme deux cents ans plus tôt quand Domitien (81-96) avait tenté de l’imposer. Par ailleurs, Sol, contrairement à Jupiter, est une divinité isolée, qui n’a pas d’épouse, d’ascendance ou de descendance, comme le pouvoir impérial repensé au temps des empereurs illyriens.
Là aussi, cette théologie impériale se manifeste physiquement dans un nouveau rapport au corps impérial. Tout d’abord, son costume est de plus orné et la couleurpourpre, celle du manteau du général victorieux,devient réservée à l’empereur. Un cérémonial s’impose dans l’accès à l’empereur : ils ne doivent plus être « salués », mais :
« adorés ». Cette adoration consiste à conserver le silence et à se prosterner jusqu’au sol pour baiser le manteau pourpre de l’empereur : on appelle ce geste la
proskynèse.
La victoire de Constantin sur Maxence en 312 et celle de Licinius sur Maximin Daïa en 313 sont des moments importants pour les chrétiens. Constantin prétend avoir vaincu Maxence grâce à :
l’aide du dieu chrétien, qui lui serait apparu en songe juste avant la bataille. De même Licinius, qui n’est pas et ne sera jamais chrétien, a néanmoins fait prononcer à ses soldats le serment suivant avant la bataille contre Maximin Daïa :Lactance, De la mort des persécuteurs, 46). Cela ressemble beaucoup à une prière chrétienne
à Rome, il a donné à l’église de Rome les terrains occupés par une caserne de cavaliers (qui avaient soutenu Maxence et qu’il a donc supprimés) : sur ce lieu-dit le :
le Latran (du nom d’une famille locale, les Laterani), il permet la construction d’une église cathédrale, c’est-à-dire qui sera le siège de l’évêque et baptisée Saint-Jean. L’église Saint-Jean de Latran est aujourd’hui encore la cathédrale de Rome. À l’autre bout de la ville, dans la plaine du Vatican, lieu où Saint Pierre aurait été enterré après avoir été mis à mort sous Néron, les chrétiens avaient développé un culte en l’honneur du saint fondateur de l’église de Rome : Constantin finance là aussi la construction d’une grande église, Saint-Pierre, qui sera sans doute achevée bien après son règne.
Le qualificatif de « catholique », qui signifie précisément :
« universel ». Le schisme donatisme continua encore un siècle, mais le pouvoir impérial avait désormais mis son autorité au service d’une vision de l’Eglise et de la
répression des courants jugés hétérodoxes.
Sozomène a vécu dans la première moitié du Ve siècle : il est auteur d’une :
Histoire ecclésiastique, un genre spécifiquement chrétien : c’est une œuvre historique, mais dédiée à l’histoire de l’Eglise depuis l’apparition de celle-ci (c’est-à-dire depuis le Christ). Le premier à avoir écrit une Histoire ecclésiastique est Eusèbe de Césarée, un évêque proche de Constantin, dans les années 320. Sozomène, comme d’autres auteurs de son époque (Théodoret, Philostorge), poursuit l’œuvre d’Eusèbe : il écrit la suite, l’histoire de l’église à partir du règne de Constantin.
Comment se présente le Code Théodosien : chaque constitution impériale est :
numérotée et classée au sein d’un titre et d’un livre (le livre XVI est consacré aux questions religieuses et le titre 10 au « Païens, sacrifices et temples »), elle est
adressée par le collège impérial dans son ensemble à un fonctionnaire particulier, ici le préfet du prétoire d’Orient Rufin. La mesure vaut donc pour l’Orient, mais il y en avait sans doute une équivalente pour l’Occident (qui n’a pas été compilée dans le Code
Théodosien).
On va voir un texte célèbre d’Ambroise de Milan. Ambroise est l’un :
des Pères de l’Eglise (expression qui désigne les évêques de l’Antiquité tardive qui ont écrit des
traités religieux majeurs, considérés par l’Eglise catholique comme fondateurs de la doctrine chrétienne), né en 339, issu de l’aristocratie au service de l’empereur (son père a été préfet du prétoire des Gaules), qui sera évêque de Milan de 374 à sa mort
en 397.
