Chapitre 4 : architecture Flashcards
(6 cards)
Explique l’apogée du modernisme
Années 1920-1930 (USA) : Contexte de prohibition, de crise économique, et d’urbanisation rapide. Les villes grandissent, attirant une population massive à la recherche de travail, ce qui crée une surpopulation, des problèmes d’hygiène, de santé et de sécurité. Pour y répondre, naît le courant moderniste, qui veut réorganiser la ville : séparer les fonctions (habitat, travail, commerce, circulation), créer des espaces monofonctionnels, construire en hauteur (tours, barres d’immeubles), et transformer la rue en simple lieu de déplacement.
Ce modèle vise une ville plus saine, ordonnée, et contrôlée, mais supprime les liens sociaux des anciens quartiers.
Réactions : Jane Jacobs critique ce modèle déshumanisé.
Trois courants influents :
* Fordisme : division du travail pour meilleure productivité.
* Keynésianisme : intervention de l’État pour relancer l’économie.
* Le Corbusier : vision architecturale innovante (pilotis, plan libre, façade libre, toit-terrasse, fenêtres en bandeaux).
Ces idées marquent une volonté de réinventer la ville et la société après les crises et les guerres.
Qui est Jane Jacobs ?
Jane Jacobs critique les grands ensembles modernes, qu’elle juge froids, anonymes, monotones et propices au vandalisme. Dans « Le déclin et la survie des grandes villes américaines », elle défend une ville vivante et habitée, où la rue est un lieu de rencontres, de diversité d’usages et de surveillance naturelle par les habitants — ce qu’elle appelle les « yeux dans la rue ».
Elle est la première à lier urbanisme moderne et criminalité, dénonçant la mono-fonctionnalité des quartiers, qui nuit au contrôle social informel et vide les rues (ex. quartiers d’affaires désertés la nuit).
Pour recréer un espace sûr et convivial, elle propose trois principes :
1. Occuper les lieux en continu ;
2. Définir les limites claires entre privé et public ;
3. Favoriser les activités dans l’espace public.
Elle milite pour un urbanisme humain, inclusif et ancré dans la vie sociale locale, où chacun (habitants, commerçants…) joue un rôle dans la sécurité et la qualité de vie. Pour elle, l’architecture doit soutenir les liens sociaux, pas les détruire.
Oscar Newman
Oscar Newman remet en cause l’urbanisme moderniste dès la fin des années 1960. Il établit un lien direct entre criminalité et environnement physique, en posant une question centrale : Comment l’architecture peut-elle prévenir la délinquance ?
Il développe la théorie de l’espace défendable, en comparant des ensembles résidentiels de tailles différentes, mais avec une population similaire. Il constate que plus la taille et la densité d’un immeuble augmentent, plus la criminalité augmente. Pourquoi ?
* Car l’anonymat est plus grand : on ne reconnaît plus ses voisins.
* Les habitants se désengagent des espaces communs.
* Il n’y a plus de responsabilisation ni de contrôle naturel.
Il introduit la notion de territorialité : c’est la capacité de l’architecture à créer un sentiment d’appropriation et de responsabilité chez les habitants, ce qui renforce la sécurité.
Or, dans l’urbanisme moderniste, seul l’appartement est perçu comme « à soi », tout le reste est « à personne ». Cela affaiblit les liens sociaux et favorise la criminalité.
Newman plaide pour un urbanisme où les logements sont insérés dans des petits quartiers, avec jardins et rues habitées, qui favorisent l’appropriation collective et la surveillance naturelle.
Les 4 types d’espace mis en évidence par Newman.
Oscar Newman classe l’espace en quatre types, selon leur degré de territorialité (c’est-à-dire le sentiment d’appropriation et de responsabilité qu’un individu peut avoir sur un lieu) :
1. Espace privé : l’intérieur du logement (appartement ou maison) – territorialité maximale.
2. Espace semi-privé : le jardin à l’arrière du bâtiment – utilisé uniquement par les habitants.
3. Espace semi-public : le jardin à l’avant – visible et traversable, mais toujours associé à une habitation.
4. Espace public : la rue – territorialité minimale, car elle n’appartient à personne en particulier.
Cette hiérarchie montre que plus un espace est perçu comme “à soi”, plus il est sécurisé, car les habitants s’y sentent impliqués et y exercent un contrôle naturel.
4 principes de l’espace défendable (Newman)
Les quatre principes de l’espace défendable selon Oscar Newman :
1. Surveillance naturelle : l’architecture doit favoriser l’observation des espaces par les habitants pour dissuader la criminalité (ex. : fenêtres donnant sur la rue).
2. Territorialité : il faut délimiter clairement les espaces pour que les habitants s’identifient aux lieux et se sentent responsables de leur environnement.
3. Image : un quartier bien entretenu et identifiable renforce le sentiment de sécurité chez les résidents comme chez les visiteurs.
4. Milieu sûr : il faut planifier l’environnement en intégrant des institutions, commerces, écoles ou salariés dans les zones résidentielles pour garantir une présence constante même quand les habitants sont absents.
Newman encourage donc à adapter l’architecture pour maximiser la sécurité informelle (par les habitants) plutôt que de dépendre uniquement des forces de l’ordre.
Conclusion Newman
Critique de Newman sur les grands ensembles :
Newman souligne que la forte densité urbaine entraîne de l’anonymat, ce qui empêche les habitants d’identifier les intrus et de surveiller efficacement leur environnement.
Dans les petits immeubles, au contraire, les gens se reconnaissent, ce qui favorise la responsabilisation et la surveillance informelle.
Le cœur de sa théorie, c’est la territorialité : plus les habitants se sentent propriétaires d’un espace, plus ils s’y impliquent.
Or, dans les grands ensembles modernistes, seul l’appartement est approprié ; les autres lieux (halls, couloirs, extérieurs) restent anonymes, non investis par les habitants et donc plus vulnérables à la criminalité.