Politique étrangère Flashcards

1
Q

Valerie Hudson 2005 (Foreign Policy Analysis: Actor-Specific Theory and the Ground of International Relations)

A

L’approche de l’Analyse de la Politique Étrangère (FPA) se caractérise par plusieurs éléments distinctifs : elle intègre les processus de prise de décision humaine ayant des conséquences pour des entités externes, privilégie des explications multifactorielles, explore des variables à plusieurs niveaux d’analyse, embrasse des disciplines telles que la psychologie, la sociologie et l’économie, met l’accent sur les acteurs individuels dans la politique étrangère, et favorise des théories auteur-spécifiques. La valeur de la FPA réside dans son identification du rôle central des décideurs politiques humains dans l’interaction entre les facteurs idéels et matériels qui influencent le comportement de l’État en politique étrangère. Elle permet d’intégrer des théories à différents niveaux d’analyse, d’incorporer une conception robuste de l’agentivité, d’expliquer le comportement de l’État de manière plus complète, et de servir de pont entre les Relations Internationales et d’autres domaines. L’origine de la FPA remonte aux années 50 et 60, influencée par les travaux de Snyder, Rosenau et les Sprout. Elle s’est développée pour inclure des aspects tels que l’analyse des petits groupes, les processus bureaucratiques, la politique étrangère comparative, les facteurs psychologiques et sociétaux dans la prise de décision. La FPA contemporaine se concentre sur l’interprétation situationnelle, la cartographie cognitive automatisée, la culture, l’identité, l’analyse de contenu automatique et l’impact du changement sur le comportement en politique étrangère. En passant d’approches en RI qui sont acteur-général, on passe à des approches acteur-spécifique.

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2
Q

Ole R. Holsti 1976 (Cognitive Process Approaches to Decision-Making)

A

L’article de Holsti explore les contraintes cognitives sur la rationalité des acteurs en politique étrangère et en relations internationales. Il souligne que les orientations des décideurs politiques sont façonnées par leurs croyances sur la vie sociale, ce qui peut entraîner un écart entre leur environnement psychologique et la réalité. De plus, il reconnaît des variations significatives au sein de l’élite politique. Les individus développent des croyances structurées simplifiées, appelées “cartes cognitives”, qui organisent la manière dont ils interprètent les signaux de leur environnement. Malgré le délaissement de la cognition et de la perception des décideurs en politique étrangère et en relations internationales, Holsti plaide en faveur d’une analyse plus approfondie de ces facteurs, soulignant leur importance pour comprendre la prise de décision. Il distingue les décisions de l’implémentation et met en évidence l’importance des processus cognitifs dans certaines décisions. En dépit de la diversité des approches, il existe deux prémisses partagées : l’insuffisance des boîtes noires pour comprendre les résultats des décisions et la variation potentielle dans les stratégies choisies en fonction des systèmes de croyances, attitudes et comportements des décideurs.

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3
Q

Philip Zelikow et Graham Allison 1999 (Essence of Decision: Explaining the Cuban Crisis)

A

Dans ce livre, Zelikow et Graham critiquent la saturation des RI avec les attentes rationnelles venant de la science économique. Cette approche viole le principe de falsification, de plus l’analyste rationnel doit ignorer beaucoup de faits pour cadrer le modèle avec la rationalité. En utilisant la crise des missiles à Cuba (« hard case », car modèle rationnel facile), ils ouvrent la boîte de la prise de décision gouvernementale avec deux modèles : organisationnel et bureaucratique (politique). Le cas de la Crise des missiles à Cuba est un bon cas, car dans le contexte d’un danger ultime pour la nation, un petit groupe d’hommes ont pondéré les options et décidé. Il développement trois « lentilles » (modèles) pour expliquer les événements à travers trois questions (pq les missiles?, pq blocus?, pq retrait?). (1) Modèle 1 (rationnel): Rationalité, gouvernement acteur primaire, maximisation de leur objectif (2) Modèle 2 (organisationnel): Se basant sur March et Simon, la bureaucratie gouvernementale limite les actions des gouvernements (division des enjeux, SOP, donc limités à des plans préexistants « satisfaisants »). Modèle 3 (bureaucratique politique: La position de chaque joueur détermine ses priorités et perceptions, ainsi que ses avantages et handicapes dans le jeu. Les décisions du gouvernement ne sont pas des choix rationnels, mais par le va et vient qu’est la politique. C’est le résultat de compromis, coalitions, compétitions et confusions entre les membres du gouvernement.

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4
Q

Bruce Bueno de Mesquita, James D. Morrow, Randolph M. Siverson et Alastair Smith 1999 (An Institutional Explanation of the Democratic Peace)

A

L’article examine le lien entre les institutions politiques domestiques et les choix politiques dans le contexte de huit régularités empiriques qui constituent la « paix démocratique ». Ils démontrent que les leaders d’États démocratiques, lorsqu’ils font face à la guerre, sont plus prompt à muter des ressources additionnelles dans l’effort de guerre que les autocrates. C’est le cas, parce que la survie des leaders politiques avec une coalition gagnante plus large dépend d’une politique qui fonctionne. Cet « effort extra » des démocrates permet un avantage militaire sur les autocrates. Cela rend les leaders démocratiques des cibles moins « attrayantes », parce que leurs contraintes institutionnelles les amènent à mobiliser des ressources pour l’effort de guerre. En plus d’essayer plus fort que les autocraties, les démocrates sont plus sélectifs dans leur choix de cible. Parce que la défaite risque de mener à un remplacement domestique pour les démocrates plus que pour les autocrates, les démocrates initient seulement des guerres qu’ils croient gagner. Ces deux facteurs amènent à une interaction entre unités politiques souvent caractérisées comme la « paix démocratie ». Leur cadre théorique soutien aussi le modèle de guerre de diversion.

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5
Q

John R. Oneal et Bruce Russett 1999 (The Kantian Peace: The Pacific Benefits of Democratic Interdependence and IO, 1885-1992)

A

Depuis 1950, une majorité du monde vit un moment de paix. Mais, la théorie de la paix démocratique est incomplète. L’article teste de façon complémentaire les influences réalistes et libérales. La théorie de Kant incorpore les deux perspectives. Il postule que le système international est anarchique et la puissance importante. Mais, les États ne sont pas toujours en guerre, contraintes de puissance, d’alliance et de distance. On y ajoute les trois contraintes Kantiennes : (1) démocratie (2) interdépendance économique (3) OI. Ils proposent une méthodologie statistique; analyse de régression de dyades dans le temps (permet d’étudier divers systèmes + omission première année PGm/DGm). VD : Engagement dans les disputes militaires. Ils proposent des variables dyadiques (ex. niveau de démocratie, interdépendance économique, alliance, contiguïté, etc) et structurelles (libérales; variables structurelles kantiennes venant des VI dyadiques + réalisme; influence hégémon). L’analyse de la période conforte Kant : la démocratie, l’interdépendance économique et l’engagement en OI (plus modeste que les autres) réduit le risque de guerre. L’effet de l’influence kantienne systémique est importante : tout le système est plus pacifique quand plus de démocraties et de commerce. Au niveau systémique, l’hégémon a un rôle, mais pas toujours celui cru par la théorie : plus de guerre quand l’hégémon est fort que faible (paix années 90 vient plus de paix kantienne, qu’hégémonie US).

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6
Q

Christopher H. Achen and Snidal Duncal 1989 (Rational Deterrence Theory and Comparative Case Studies)

A

L’article d’Achen et Snidal explore la théorie de la dissuasion rationnelle en politique internationale, en se penchant sur les avantages et les limites des études de cas comparatives. Ils remettent en question l’efficacité des études de cas pour la construction et la vérification de théories, soulignant que ces approches manquent souvent de généralisation empirique et sont biaisées dans la sélection des cas. Dans le contexte de la dissuasion rationnelle, les études de cas ont examiné les limites de la théorie en se concentrant sur les différents facteurs conduisant à l’échec des calculs rationnels. Les auteurs mettent en évidence que la dissuasion rationnelle se concentre sur les actions observables des acteurs plutôt que sur leurs calculs mentaux, ce qui limite la capacité des études de cas à valider empiriquement la théorie. Ils concluent que la dissuasion rationnelle est un cadre explicatif plus qu’une croyance et que son utilité réside dans sa capacité à générer des généralisations empiriques plausibles, plutôt que dans des analyses détaillées de cas individuels.

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7
Q

Richard Ned Lebow and Janice Gross Stein 1989 (Rational Deterrence Theory: I think, Therefore I Deter)

A

L’article examine les théories du choix rationnel et de la dissuasion en politique internationale, en soulignant les limites et les insuffisances de ces approches. Il met en lumière le fait que les théories du choix rationnel ne tiennent pas compte de la formation des préférences et ne considèrent pas les écarts par rapport aux normes rationnelles dans le processus de prise de décision. De plus, la théorie de la dissuasion, qui repose sur des postulats tels que la rationalité instrumentale, la maximisation des gains, l’absence de contraintes domestiques et l’identification correcte des initiateurs et des défenseurs, est critiquée pour son manque de capacité prédictive et de réalisme. Les auteurs remettent en question l’efficacité de ces modèles idéalisés pour prédire le comportement politique en raison de leur éloignement des réalités du processus de décision politique dans le monde réel.

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8
Q

James D. Fearon 1995 (Rational Explanations for War)

A

Cet article vise à fournir une déclaration claire des arguments rationalistes de la guerre et de caractériser tous les schémas rationnels d’explications. C’est un exercice fondamental pour le néoréalisme, car malgré sa place en RI, elle manque d’explications claires de la guerre. Argument principal : Aucun argument rationnel est une explication qui se tient, parce que aucun ne répond au puzzle central : guerre est risquée et dispendieuse, alors les États rationnels ont des incitatifs à mettre sur pied des règlements négociés. (1) Beaucoup ne répondent pas à la question importante : qu’est-ce qui empêche les États d’arriver à un marchandage que les deux préféreraient à la guerre ? Ils ne répondent pas à cette question, car il est supposé incorrectement que les États rationnels font face à une situation d’impasse, où il n’existe pas d’accord préférable à la guerre. (2) Les arguments qui s’intéressent à ce problème (# 4 et 5, soit erreur de calcul par manque d’information ou capacité relative) ne vont pas assez loin. Quand développées, ils s’avèrent être un des deux problèmes majeurs identifiés : soit un problème d’engagement ou un problème d’information privée et incitatif à déformer. Argument : ces deux mécanismes (prob d’info, prob d’engagement) sont la base d’une théorie néoréaliste de la guerre.

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9
Q

Rose McDermott 2004 (Prospect Theory in Political Science)

A

Cet article s’intéresse à la place de la théorie des perspectives (prospect theory) en RI, où sont déjà dominants les choix rationnels et la théorie des jeux. En schématisant la littérature sur cette théorie, la recherche se pose deux questions : (1) Est-ce que la théorie des perspectives est une contestation suffisante en RI, comparativement à ce qui existe déjà ? (2) Comment évaluer l’utilité relative de modèles psychologiques alors qu’ils ont le même niveau d’analyse (individu) ? Points forts (gains) : Le modèle débute avec le décideur politique individuel, mais impact du rôle de l’environnement politique aide à déterminer le choix et l’action, alors que les autres modèles psychologiques mettent trop l’accent sur l’individu avant toute autre chose (modèle alternatif fondé sur des données empiriques, capacité d’expliquer le changement dynamique, pose d’autres questions, importance de la situation dans les choix politiques, le contexte politique d’une décision ou action, importance de la valeur ). Pertes : Il existe aussi trois limites principales à ce modèle théorique (pas de théorie de cadrage, c’est développé comme modèle de choix individuel de comportement, jamais développé pour être appliqué aux individus en interaction ou en groupe, peu inclue les notions et modèle d’émotion).

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10
Q

David Campbell 1992 (Writing Security: United States Foreign Policy and the Politics of Identity)

A

L’argument central du livre repose sur l’idée que la politique étrangère est une pratique politique centrale à la construction, à la production et au maintien de l’identité politique américaine. Cette approche combine des éléments de la théorie critique et du postmodernisme, remettant en question la neutralité du concept de “danger” et montrant comment les interprétations de ce danger ont joué un rôle crucial dans la formation de l’identité des États-Unis.

L’auteur examine la période de la Guerre froide comme une crise de l’identité américaine. Il souligne que la représentation de l’URSS en tant que menace a été essentielle pour définir cette identité. La Guerre froide a été interprétée comme une lutte pour (re)produire l’identité américaine, et cette interprétation a été alimentée par des considérations morales et éthiques plutôt que par des menaces territoriales. La Guerre froide a conduit à une réinscription de l’identité américaine, avec l’accent mis sur la liberté individuelle, les institutions démocratiques et l’entreprise privée, créant une opposition entre le “civilisé” et le “barbare”.

Le livre analyse également comment la “guerre contre la drogue” et la perception du Japon comme une menace économique ont influencé la construction de l’identité américaine. La “guerre contre la drogue” a été accompagnée par la moralisation du comportement et de la société, ce qui a permis de délimiter les frontières de l’identité américaine en opposition à un comportement jugé “non-américain”. En ce qui concerne le Japon, l’auteur examine comment il a été représenté comme différent des États-Unis en raison de sa société hiérarchique et rigide. Cette représentation visait à maintenir la souveraineté économique des États-Unis à une époque de globalisation économique.

En fin de compte, l’auteur soutient que la politique étrangère américaine est un outil essentiel pour définir l’identité politique, et que cette identité est constamment en évolution à travers des pratiques de discours sur le danger et la différence. Il souligne que la construction de l’identité politique est ancrée dans des pratiques discursives, et que l’identité politique des États-Unis est loin d’être fixe, mais plutôt en constante évolution à travers la reproduction de certaines représentations et pratiques.

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11
Q

Peter Katzenstein 1996 (Culture of National Security)

A

Le volume propose une perspective institutionnelle sociologique sur la politique de sécurité nationale. Il examine deux déterminants de la politique de sécurité - le contexte culturel-institutionnel et l’identité construite des États, des gouvernements et d’autres acteurs. Les essais discutent de l’impact de la culture et de l’identité sur la sécurité nationale. Katzenstein soutient que le livre est utile car il privilégie des concepts analytiques que les études traditionnelles de sécurité (néoréalisme et néolibéralisme) ignorent ou mentionnent seulement de manière marginale. Les déterminants énoncés ici sont : (i) Le contexte culturel-institutionnel est important, ce qui oblige les scientifiques politiques à regarder au-delà des institutions en tant que principes, normes, règles et procédures et à tenir compte des aspects culturels. (ii) Identité collective : les théories rationalistes ont tendance à ne pas considérer les identités des acteurs comme ayant un impact sur la définition des intérêts des acteurs. Les contextes culturels-institutionnels modifient les incitations qui façonnent le comportement des acteurs et les identités des acteurs eux-mêmes. Les identités étatiques émergent de l’interaction avec les contextes nationaux et internationaux. À mesure que les identités changent, les politiques qu’elles influencent peuvent aussi changer. Ainsi, le livre présente une vision plus sociale de l’environnement politique et argumente que les identités politiques sont construites en résultat de l’interaction au sein de l’environnement, et non données de manière exogène.

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12
Q

Ronald L. Jepperson, Alexander Wendt et Peter J. Katzenstein 1996 (Norms, Identity, and Culture in National Security)

A

Cet essai vise à développer la perspective analytique du livre. Argument 1 : Les environnements de sécurité au sein duquel les États agissent comprennent des aspects non pas seulement matériels, mais aussi institutionnels et culturels. Argument 2 : Les environnements culturels affectent les incitatifs pour le comportement des États et la nature des États. Cinq types d’arguments : (1) Effets des normes qui façonnent les intérêts (2) et des identités (3) effets de l’identité qui affectent les intérêts et politiques (4) les configurations de l’identité des États affectent les structures normatives interétatiques (5) les politiques de l’État reproduisent et reconstruisent à la fois la structure culturelle et institutionnelle. Trois effets des environnements culturels externes sur les identités des États (1) Effet sur les perspectives de survie (2) l’effet de l’environnement sur la modalité de la souveraineté de l’État dans le système au fil du temps (3) Variation dans le caractère de la souveraineté de l’État.

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13
Q

Dana P. Eyre et Mark C. Suchman 1996 (Status, Norms, and the Proliferation of Conventional Weapons: An Institutional Theory Approach)

A

À travers la théorie institutionnaliste, la prolifération des armes et la diffusion des organisations militaires sont interprétées comme phénomène social : la prolifération des armes est façonnée par les mêmes forces qui façonnent le développement des autres éléments de l’État nation moderne. Le militaire moderne émerge comme élément d’un modèle plus large, un processus culturel mondial qui donne naissance à l’État nation. Le militaire ne bâtit plus les nations modernes, mais c’est plutôt le système politique et social mondial qui bâtit l’État moderne, et qui en retour bâtit une armée moderne et achète des armes modernes. Action obligatoire et théorie institutionnelle de la prolifération des armes : Les armes sont diffusées, non pas dû à une adéquation entre leurs capacités techniques et besoins de sécurité, mais plutôt à cause de leur nature symbolique et normative des armées et de leurs armes. Les armes prolifèrent dû au sens socialement construit qui est devenu associé à celles-ci. Cela signifie modernité, efficacité et indépendance. La diffusion des armes est menée et façonnée par des structures normatives institutionnalisées qui lient armées et armes avec souveraineté de l’État, avec modernisation et légitimité social. Cela souligne aux modèles culturels mondiaux qui mènent à un isomorphisme dans la structure et la pratique. Pour les nouveaux États, la possession d’armes modernes aurait une signification symbolique. Le militarisme est une réponse à la guerre et au lien très institutionnaliste entre l’État nation et l’armée. Le niveau de sophistication est un élément contribuant à la valeur symbolique, mais le degré de visibilité de l’armée peut aussi avoir une valeur symbolique.

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14
Q

Richard Price et Nina Tannenwald 1996 (Norms and Deterrence: The Nuclear and Chemical Weapons Taboos)

A

Le concept de dissuasion est devenu central aux études de sécurité au 20e s. : non usage des armes nucléaires et non usage des armes chimiques. Or, évident que la conception rationaliste du concept est inadéquate pour comprendre certains événements. Il faut tenir compte d’éléments normatifs. Cet essai offre une alternative qui souligne la nature socialement construite de la dissuasion. Arguments : (1) Pour pleinement comprendre pourquoi les armes nucléaires sont restées inutilisées, il faut problématiser, et non supposer leur statut de dissuadeur. On ne peut comprendre ses schémas de dissuasion sans prendre en compte le développement de normes qui ont façonné ces armes en armes de destruction massive. (2) Il faut un point de vue constructiviste. Le problème avec la théorie de la dissuasion, c’est qu’elle n’explique pas pourquoi certaines armes, et pas d’autres, sont devenues tabous. Comment expliquer cette anomalie ? Avec son approche ahistorique, la théorie rationaliste a peu à dire sur le développer des normes qui n’est pas un calcul des intérêts. Pour comprendre les tabous, il faut étudier les sens et pratiques sociales qui ont constituées des normes. (1) Approche généalogie : comprendre comment les normes sont constituées à travers des pratiques discursives et sociales et comment celles-ci légitiment un comportement. (2) Le constructivisme social met de l’avant sur les normes, identités et intérêts pour comprendre le résultat. Pour ce faire, les auteurs le démontrent à travers deux cas empiriques : armes chimiques et armes nucléaires. La norme contre l’arme chimique émerge au niveau systémique, alors que nucléaire émerge aux É-U puis diffusion transnationale. Le tabou armes chimiques est mieux compris comme une construction politique qui est le résultat d’événements fortuits. Son origine est impliquée dans des pratiques d’exclusions qui distinguent entre zones civilisées et non civilisées. Pour les armes nucléaires, cela ne vient de l’après-guerre, mais processus historique graduel, ni linéaire, ni inévitable. Les normes ont un effet contraignant, permissif ou constitutif. C’est un rejet de la dichotomie norme/matériels comme facteurs. Le sens des facteurs matériels dépend de la façon dont ils sont interprétés.

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15
Q

Martha Finnemore 1996 (Constructing Norms of Humanitarian Intervention)

A

Cet essai étudie le rôle des normes humanitaires dans le façonnage des interventions dans les 150 dernières années. L’échec des théories traditionnelles pour expliquer les schémas et corrélations de normes changeantes avec le comportement établit la plausibilité d’un argument basé sur les normes. Contrairement aux prédictions réalistes ou libérales, les États sont souvent intervenus militairement pour protéger leurs citoyens autre que les leurs depuis la fin de la Guerre froide. Ces théories n’expliquent pas les interventions (ex. protéger les kurdes contre les Shiites en Iraq) souvent dans des cas qui ne sont pas « importants » géostratégiquement, comme en Somalie et au Cambodge. Il n’y a pas d’intérêt national à le faire. Pourquoi les États interviennent-ils alors ? Les normes permettent une explication alternative plausible pour ces interventions. Argument : les schémas d’interventions ne peuvent être compris hors du contexte normatif dans lequel il se produit. Cela façonne la conception des intérêts. Les normes sont une justification qui connecte les actions à des standards de justice ou de comportement acceptable. Ces normes ont beaucoup évolué à travers le temps, particulièrement en ce qui a trait à quels types d’humaines méritent l’intervention et comment elle devrait être menée. Des mutations dans le comportement d’intervention correspondent à des changements dans les standards normatifs articulées par les États concernant les fins et moyens d’interventions militaires. Plus spécifiquement, les compréhensions normatives de quels humains méritent la protection militaire et comment celle-ci doit être implémentée a changé, et les États ont réagi en fonction. L’institutionnalisation de ces normes dans des organisations telles l’ONU augmente leur pouvoir.

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16
Q

Elizabeth Kier 1996 (Culture and French Military Doctrine Before WWII)

A

Pour comprendre la défaite française en 1940 et la question de l’origine du choix entre doctrines défensives et offensives, il faut mettre de côté les approches traditionnelles. Les changements dans la doctrine militaire sont mieux compris à travers une perspective culturelle. En tenant compte de l’environnement culturel des décisions politiques ont peut mieux expliquer les choix entre doctrines militaires offensives et défensives. En étudiant la façon dont la culture affecte la formation de la doctrine militaire, cet essai endosse l’approche sociologique des questions de sécurité que met de l’avant ce livre. Cet essai explore les façons dont la culture et les sens que les acteurs attachent à des politiques façonnent les intérêts des acteurs. La culture a une influence causale. ⇒ En somme, la doctrine militaire est le produit de (1) politique domestique qui définit des contraintes (ex. durée de la conscription), mais ces contraintes ne déterminent pas en elles-mêmes la doctrine (2) La culture organisationnelle doit agir au sein de ces contraintes. C’est la variable intervenante entre contraintes domestiques et doctrines militaires. → Il faut un changement dans l’environnement externe de l’organisation (souvent résultats de politique domestique) à laquelle la culture organisationnelle répond. La doctrine militaire française impréparée : elle représente la bataille politique domestique et la culture organisationnelle armée de la France. En 1928, la gauche réduit les termes de la conscription : l’armée y résiste, mais pas le choix d’adapter la doctrine. Sans armée professionnelle, elle ne peut imaginer une doctrine offensive. Donc la France choisit doctrine défensive non pas à un cadre de problématique envers les capacités militaires françaises.

17
Q

Alastair Iain Johnston 1996 (Cultural Realism and Strategy in Maoist China)

A

La culture stratégique chinoise ne se diffère pas profondément de la tradition realpolitik occidentale. Elle semble être plus qu’une variable « triviale » dans l’analyse du comportement stratégique Chinoise. Il y a un schéma fortement enraciné de postulats quant à la stratégie de sécurité, et celle-ci a perduré à travers divers systèmes d’États en Chine. La culture stratégique génère un comportement similaire au réalisme offensif, culture stratégique épiphénomène ? Cela suggère que les idées et structure ne sont pas nécessairement des explications opposées, mais peuvent faire parties de la même théorie : (1) Structure produit des prédictions déterminées du comportement, mais le comportement réel est modifié à cause de facteurs culturels (2) La structure produit des prédictions déterminées du comportement, mais limite les possibilités : le comportement spécifique est choisi de ceux-ci en fonction de variables idéelles (3) La structure est donnée sens par les facteurs culturelles : il est vu comme anarchique si l’idéologie stratégique est realpolitik, si institutionnalisé si idéologie est realpolitik.

18
Q

Robert G. Herman 1996 (Identity, Norms, and National Security: The Soviet Foreign Policy Revolution and the End of the Cold War)

A

Cet essai joint le débat sur les origines de la fin de la Guerre froide en offrant un cadre analytique alternatif pour expliquer la mutation importante en politique étrangère et militaire soviétique. Les explications réalistes et libérales ne peuvent expliquer adéquatement ce moment. Les deux ne saisissent pas les dimensions multiples de la crise systémique (réalisme) ou marginalisent les processus sociaux qui sont au cœur de la « nouvelle pensée » (libéralisme). Bcp ont analysé comme changement tactique venant d’impératifs internationaux ou domestiques plutôt qu’une réelle reconceptualisation des intérêts ancrées dans une nouvelle compréhension collective et des identités évolutives. Les conceptions matérialistes des intérêts passent à côté du contexte culturel institutionnel qui a façonné la façon dont les décideurs politiques ont compris les postulats politiques. L’argument central est que le virage est le produit d’une évolution cognitive et d’un entreprenariat par des réseaux de réformateurs orientés vers l’Occident dans le système qui coince avec l’arrivée au pouvoir d’un nouveau leadership engagé envers le changement et réceptif à de nouvelles idées pour résoudre les problèmes importants. Les communautés d’experts étaient constituées en partie de spécialistes du libre-échange et des cadres du parti et de l’appareil d’État. Stimulés par les succès initiaux du rapprochement années 1970, ces spécialistes libéraux ont commencé à questionner les postulats de base de l’approche du Kremlin de Brejnev. Ils ont développé une nouvelle compréhension des causes et effets en politique institutionnelle et sur la nature de la sécurité. Le changement radical 1987/88 est l’œuvre d’un sous-groupe de spécialistes qui a mis de l’avant un nouvel ordre politique ancré sur des principes gouvernants les relations entre les sociétés occidentales et au sein de celles-ci.

19
Q

Thomas U. Berger 1996 (Norms, Identity, and National Security in Germany and Japan)

A

Pour comprendre l’anti-militarisme du Japon et de l’Allemagne il faut aller au-delà de la structure (néo-néo) et examiner le contexte culturel-institutionnel dans lequel la politique militaire est produite. Dû à leurs expériences historiques et la façon dont celles-ci sont interprétées par les acteurs politiques domestiques, les deux ont développé des croyances et valeurs qui les rendent réticents à l’usage de la force. Les croyances et valeurs ont été institutionnalisées entre 1945 et 1960 formellement et informellement et sont maintenant intégrées à leurs identités nationales. Elles constituent des cultures politiques militaires qui les amènent à certaines réponses qui diffèrent de celles d’autres États dans le même environnement international. Après la Guerre froide, celles-ci ont peu changées. Changement possible seulement si choc. Contrairement à la littérature sur la culture stratégique, cet essai démontre comment des facteurs non-culturels peuvent façonner la culture. En même temps, ces forces culturelles ont un impact sur la façon dont les États répondent à des conditions structurales.

20
Q

Thomas Risse-Kappen 1996 (Collective Identity in a Democratic Community: The Case of NATO)

A

L’auteur questionne les explications habituelles de l’émergence et de la persistance de l’OTAN. Pourquoi est-ce que les É-U, comme superpuissance indisputée au début de la fin de la DGm, s’est empêtré dans l’OTAN ? Pourquoi est-ce que ce schéma de comportement a survécu aux hauts et aux bas de la Guerre froide ? Pourquoi institution de sécurité qui est la plus forte dans l’après Guerre froide ? Pour Risse-Kappen, les théories d’alliances classiques (réalistes) ont des réponses simples à l’émergence et l’existence pendant la Guerre froide : la menace soviétique. Selon l’auteur, la menace soviétique doit être ouverte et problématisée si on veut comprendre son rôle dans l’émergence et endurance de l’OTAN. Le réalisme est indéterminé dans l’explication des choix des É-U et des européens de l’Ouest à certains moments critiques, et après la Guerre froide. Pourquoi faut-il privilégier les arguments de « puissance » ? Dans cet essai, l’auteur fournit un compte rendu de la survie de l’OTAN différent des arguments classiques. L’OTAN et les relations transatlantiques peuvent être comprises sur la base de la pensée du libéralisme républicain, liant les politiques domestiques systématiquement aux politiques étrangères des États. Les démocraties libérales risquent de former des fédérations pacifiques (Kant) ou des communautés de sécurités pluralistes (Deutsch). Le libéralisme doit être distingué de l’institutionnalisme néolibéral, dénotant la perspective rationaliste d’analyse de régime de « coopération en contexte d’anarchie ». L’auteur propose une lecture constructivisme du libéralisme républicain, soulignant les identités collectives et normes de comportement approprié.

21
Q

Michael N. Barnett 1996 (Identity and Alliances in the Middle East)

A

Se basant sur des théories systémiques, les alliances peuvent être le produit d’équilibre ou suivisme; elles sont toujours résultat d’opportunisme et de menace extérieure. Ils mettent de l’avant des éléments dans le calcul de l’État (1) identification de la menace (2) détermination s’il faut s’allier, et avec qui. La théorie réaliste et néoréaliste met de l’avant les facteurs matériels dans la définition de la menace et sa réponse. Argument : l’identité a un effet sur la construction de la menace et du choix de partenaire. C’est la politique de l’identité plutôt que l’anarchie qui permet une meilleure compréhension de la définition des États comme menace. La variable de l’identité signale aussi qui est considéré désirable ou pas.

Pour explorer cette relation entre identité et formation d’alliance, il examine des périodes relations interarabes et entre É-U et Israël. En soit, cet essai est une critique néoréalisme au profit des identités de l’État pour expliquer la coopération sécuritaire et la formation des alliances. Contrairement au néoréalisme, l’arabisme a façonné les identités, intérêts et politiques disponible aux décideurs politiques qui a laissé une trace sur la dynamique de sécurité intra-arabe et la politique d’alliance. Cela permet de théoriser la construction de la menace. L’identité est une base pour comprendre le partenaire d’alliance désirable. Ces cas démontrent aussi que l’identité n’est pas statique, mais socialement construite, ce processus de construction sociale peut être utilisée pour comprendre les dynamiques d’alliance et les changements de schémas d’alliances. Cela requiert d’étudier les relations entre États, mais aussi avec la société. Parce que socialiement construite, elles sont susceptibles au changement ce qui peut amener une cerise et miner la relation.

22
Q

Paul Kowert et Jeffrey Legro 1996 (Norms, Identity, and Their Limits: A Theoretical Reprise)

A

Un « virage sociologique » en théorie des RI peut servir à illuminer des éléments que d’autres théories ont oubliés en mettant l’accent sur les intérêts et capacités. Les fondations microéconomiques néoclassiques du néoréalisme et néolibéralisme marginalisent les normes, leur donnant seulement un rôle mineur dans le contexte institutionnel. Les théories structurelles en RI tendent à ignorer les attribus sociaux de la structure. Les approches basées sur les normes problématisant les postulats de ces théories. ⇒ Les intérêts sont construits plutôt que supposés. Les normes façonnent les instruments disponibles aux acteurs pour la poursuite de leurs intérêts. La structure normative façonne les identités et constitue les règles par lesquelles les acteurs interagissent.

23
Q

Ted Hopf 2002 (Social Construction of International Politics: Identities and Foreign Policies, Moscow, 1955 and 1999)

A

L’auteur explore un cadre constructiviste de l’identité, affirmant que chaque individu a plusieurs identités liées à des pratiques discursives, et que ces identités contribuent à la création et la recréation de discours et de structures sociales. Les identités sont considérées comme des dispositifs cognitifs qui aident à comprendre le monde social. L’auteur met l’accent sur la dimension cognitive de l’identité, soulignant que les identités rendent l’action de l’autre compréhensible. Il insiste sur le rôle des habitudes pratiques plutôt que des normes ou des rôles dans la reproduction de l’identité. De plus, il propose une logique de processus de décision quotidienne et explique comment les identités sont liées aux intérêts. Enfin, il décrit une méthodologie interprétativiste pour reconstruire les identités et les formations discursives qui composent la structure cognitive sociale d’une société donnée.

24
Q

Rose Gideon 1998 (Neoclassical Realism and Theories of Foreign Policy)

A

Bien que la théorie des relations internationales ait été dominée pendant deux décennies par des débats sur les théories de la politique internationale, on observe récemment un regain d’intérêt pour les théories de la politique étrangère. Celles-ci cherchent à expliquer non pas les modèles de résultats des interactions entre les États, mais plutôt le comportement des États individuels. L’auteur passe en revue trois théories de la politique étrangère bien en vue et montre comment les œuvres examinées présentent une alternative convaincante, qui met à jour et systématise les idées tirées de la pensée réaliste classique. Le néoréalisme classique soutient que la portée et l’ambition de la politique étrangère d’un pays sont principalement dictées par la puissance matérielle relative du pays. Cependant, il affirme que l’impact des capacités de puissance sur la politique étrangère est indirect et complexe, car les pressions systémiques doivent être traduites à travers des variables de niveau unitaire intervenantes telles que les perceptions des décideurs et la structure de l’État. Comprendre les liens entre la puissance et la politique nécessite donc un examen approfondi des contextes internationaux et nationaux dans lesquels la politique étrangère est formulée et mise en œuvre.

25
Q

Norrin M. Ripsmans, Jeffrey W. Taliaferro et Steven E. Lobell 2016 (Neoclassical Realist Theory of International Politics)

A

Critique des approches structurelles ou domestiques qui expliquent trop peu. Après le réalisme néoclassique type 1 (anomalies) et type 2 (choix PÉ), ils proposent un modèle type 3 : la VD ne représente pas seulement les choix PÉ, mais aussi les résultats internationaux de l’interaction de ces choix politiques et la structure internationale en elle-même qui est parfois affectée par ces résultats internationaux. C’est ce qu’on appelle le réalisme néoclassique type III, ou une théorie réaliste néoclassique non plus de PÉ, mais de politique internationale. Argument : l’étendue de la VD que le cadre théorique peut expliquer croît dans le temps et est plus large que les réalistes néoclassiques croyaient. Ce serait une erreur de croire que la théorie ne peut qu’expliquer les PÉ individuels et les grands ajustements stratégiques. Dans le MT-LT, les résultats internationaux sont affectés par l’interaction des choix stratégiques des grandes puissances. ⇒ À CT, le réalisme néoclassique est une approche pour étudier PÉ et grande stratégie. À MT-LT, le réalisme néoclassique est une approche pour la politique internationale. Çaa prend du temps pour avoir l’effet des grands choix stratégiques des grandes puissances et encore plus de temps pour que l’interaction de ces stratégies aide à déterminer des résultats systémiques. Les auteurs proposent comme VI la structure internationale (modifient un peu la définition de Waltz). Ils proposent quatre VII : culture stratégique, imager du leader, le caractère des interactions entre les institutions centrales de l’État, et les différents groupes sociétaux et économiques au sein de l’État, institutions domestiques. Les auteurs souscrivent à une épistémologie « positiviste soft », où on cherche des généralisations à travers des cas et tester ces généralisations avec des analyses d’études de cas sur des choix bien choisit. On peut identifier des éléments de comparabilité à travers des cas plutôt similaires. On peut tester ces schémas discernables en employant une méthode de traçage de processus pour évaluer l’impact de VI et de VII sur VD.

26
Q

Textes

Thomas Schelling 1966 (Arms and Influence)

A

L’argument principal se concentre sur la nature de la dissuasion, mettant en avant l’idée que la dissuasion repose sur la communication des intentions plutôt que simplement sur l’évaluation des intentions de l’ennemi. La dissuasion vise à influencer les intentions de l’adversaire, ce qui peut être complexe en raison de la crédibilité des menaces. Deux paradoxes de la dissuasion sont identifiés : le paradoxe de la crédibilité, où il faut rendre crédibles des menaces potentiellement préjudiciables pour soi-même, et le paradoxe de la rationalité, où la dissuasion dépend souvent du caractère et de l’engagement du gouvernement. L’engagement politique et militaire est un moyen de rendre les menaces crédibles, et les engagements sont interdépendants. La distinction entre “deterrence” (dissuasion) et “compellence” (contrainte) est également abordée, soulignant la différence entre contraindre l’adversaire à agir ou l’empêcher d’agir, ainsi que la nécessité de rendre ces menaces crédibles pour atteindre les objectifs de la dissuasion ou de la contrainte.

27
Q

Quand est-ce qu’une politique devient étrangère ?

A

Des recherches démontrent un chevauchement important entre la politique publique et la politique étrangère, mais les chercheurs différencient les deux, car la PÉ est située à la jonction entre la politique internationale et la politique publique domestique. La PÉ doit tenir compte de l’environnement international dans la réponse aux problèmes internationaux, c’est pourquoi on parle de « déployée au sein de l’environnement international » dans la définition. Néanmoins, la frontière entre les deux est de plus en plus poreuse.

28
Q

Quelle est la théorie des codes opérationnels?

A

Pour capturer le système de croyances d’un décideur, Alexander George a développé des codes opérationnels composés de 10 questions en ordre hiérarchique, comme la nature profonde de la vie politique, le caractère fondamental d’un opposant politique, quel est le rôle de la chance dans les affaires humaines et les développements historiques, ou encore quelle est l’utilité et le rôle de plusieurs moyens pour arriver aux objectifs politiques. Développés en étudiant les leaders URSS, cela a mené à des recherches sur POTUS. Développement analyse comparative facilitée avec l’usage de techniques de codage communes. La faiblesse de cette approche est la difficulté à établir des liens entre les réponses aux questions et les comportements de politique étrangère.

29
Q

Qu’est-ce que la pensée groupale?

A

Trois raisons amènent les chefs de gouvernement à faire de la délibération en groupe : (1) Réduit le stress de la pression lors de la prise de décision. (2) Opportunités d’entendre différentes opinions et idées. (3) Une décision de groupe est considérée comme plus légitime.

Pensée groupale (« groupthink ») : Janis (1972) : phénomène qui arrive lorsque la pression pour atteindre un consensus est trop élevée. Les membres deviennent tellement obsédés par la cohésion du groupe qu’ils en suppriment leurs différences. Leur capacité à analyser les événements et formuler des recommandations est donc diminuée.

Plusieurs facteurs peuvent contribuer à l’émergence de cette pensée groupale : un haut niveau de stress, une uniformité socio-culturelle forte, un leader faible ou dominant, un sentiment d’estimation, une surestimation des capacités du groupe, un haut degré de concentration de sources d’information et un bas niveau d’estime. On peut le reconnaître à différents symptômes : répression d’opinions divergentes, illusion d’unanimité et d’invulnérabilité, justification systématique des erreurs précédentes, conviction de supériorité morale et tendance à stéréotyper les autres hors groupe. En général, ces groupes mettent de l’avant des PÉ plus extrêmes que si une moyenne est déterminée en demandant l’opinion des participants individuellement.

Pour faire face à cela, il faut encourager les différents points de vue, et surtout nommer un avocat du diable qui va systématiquement remettre en question les propositions des acteurs. Mais, les liens de causalité entre la dynamique du groupe et la formulation d’une politique étrangère sont difficiles à établir étant donné la difficulté à avoir accès aux délibérations des décideurs.

30
Q

Qu’est-ce que le modèle organisationnel?

A

Allison : les bureaucraties adoptent deux stratégies pour remplir leur mandat et gérer la situation complexe auxquelles elles font face : (1) Décentralisation : pour gérer un problème complexe, les bureaucraties vont fragmenter le problème et le répartir entre plusieurs départements et ministères avec chacun leur expertise, et qui sont indépendants les uns des autres. La réponse à un problème est trop complexe pour une autorité centrale. (2) Les bureaucraties ont tendance à réagir aux problèmes avec des règles standards de procédure (SOP) déjà bien établis. Face à une situation, la bureaucratie va regarder quelles sont les procédures standards pour y faire face. Dans la plupart des situations, cela permet une réaction rapide. Le problème c’est que face à une nouvelle situation, les règles standards peuvent ne pas être optimales, ralentissant la réaction, ou entraînant une réaction sous-optimale. Des solutions plus créatives s’éloignant des règles standards peuvent alors être envisagées. Les SOPs représentent seulement un danger aux décideurs politiques qui ne connaissent pas les mécanismes qui gouvernent la bureaucratie ou en ce qui a trait aux petits enjeux qui échappent aux décideurs politiques. Le modèle est certainement pertinent à l’implémentation de décisions techniques, mais moins en ce qui a trait aux processus de prises de décisions cruciales aux décideurs politiques.

31
Q

Qu’est-ce que le modèle bureaucratique?

A

Certainement le modèle plus connu de Allison (plus que celui organisationnel). Ce modèle conceptualise l’appareil gouvernemental comme un cadre décentralisé et pluraliste au sein duquel différents acteurs interagissent. Les différents joueurs ne sont pas organisés selon une division du travail qui soit claire et fonctionnelle. Leurs domaines de politiques se chevauchent. De ce fait, les joueurs doivent défendre leur point de vue et leurs propres intérêts contre d’autres joueurs Il faut négocier avec les autres, pour s’assurer que les actions du gouvernement représentent leur vision et servent leurs intérêts.

« Un jeu, plusieurs joueurs ». « Ta position dépendra d’où tu te tiens ». (Allison) Chaque bureaucratie (département, sous-département, certains groupes au sein des départements) va défendre la position traditionnelle de son département. Le résultat du jeu bureaucratique est déterminé par différents facteurs, tels que les canaux d’action, soit les règles formelles et informelles qui déterminent quels joueurs participent à quelle décision. Le résultat dépend aussi des ressources des acteurs. Les idées et les intérêts des acteurs tendent à correspondre aux intérêts de leur bureaucratie. Cela favorise la compétition. Souvent cela amène à un consensus sur le point commun minimum sur lequel ils peuvent s’entendre. Politique sous-optimale, parfois loin de l’objectif initial.

Critiques : (1) Il est trop complexe à opérationnaliser et donc à expliquer les chaînes causales. (2) Il néglige d’autres facteurs pouvant contraindre les décisions ou les orienter, comme le parlement, l’opinion publique ou les considérations électorales. (3) Il évacue les décideurs politiques élus de leurs responsabilités.

32
Q

Qu’est-ce que le “Consensus Almond-Lippmann”?

A

La recherche sur l’opinion publique en PÉ a fait un 180 degrés. Jusqu’aux années 1970, les réalistes sont critiques de l’opinion publique, comme incohérente, volatile, et capricieuse. Almond qui étudie la volatilité, le manque de stabilité et d’accent (empirique), alors que le journaliste Lippmann avec sa « mood theory » note le manque de connaissance du public sur PGm et Révolution Russe. Ils forgent La base empirique du « Consensus Almond-Lippmann » sur la volatilité de l’opinion publique. Or, pendant la guerre du Vietnam, certaines critiques (Verba et al. 1976) démontrent que l’opinion publique É.-U. a un degré de complexité, subtilité et modération. L’opinion publique diffère des élites, mais cela ne le rend pas radical ou insensé. C’est Page et Shapiro (1988 ; 1992) qui mettent fin au Consensus, en identifiant une forte stabilité de l’opinion publique É.-U. dans le temps. Abandon du Consensus, mais il reste l’idée (prouvée) de la différence entre les préférences de l’opinion publique et des élites.

33
Q

Qu’est-ce que le phénomène de ralliement autour du drapeau?

A

L’exemple le plus important est Bush après le 11 septembre, où il passe de 51 à 90% de soutien dans les sondages. Des événements de différents types, positifs ou négatifs, peuvent avoir cet impact. La nature du régime ne semble pas être un facteur déterminant. Pas certains des liens causaux directs de ce phénomène. Est-ce question du cycle des médias, car le leader du gouvernement monopolise l’espace médiatique ? Peu importe le lien causal, ce phénomène pourrait amener un décideur politique à tenter de générer ce phénomène volontairement.

34
Q

Qu’est-ce que l’effet CNN?

A

Pendant la Guerre du Golfe, capacité de représenter le conflit partout dans le monde : certains journalistes expliquent que l’émergence de ces canaux de télévision changent le pouvoir en faveur des médias. Or, son effet n’a pas été prouvé par les recherches. Si l’effet CNN est compris comme provoquant une réponse émotive ou spontanée en montrant des images dramatiques, cela n’a pas changé la situation : insuffisantes conditions ou prérequis à l’intervention. Si on parle de réponse rapide, alors plus intéressant, car les leaders doivent répondre immédiatement s’ils ne veulent pas que leur opposant monopolise l’espace. Cela peut avoir un impact sur la gestion PÉ. Néanmoins, cela ne représente pas une mutation dans le rapport de puissance. Un phénomène plus important est la transnationalisation des médias, qui peuvent cour circuiter la communication des gouvernements directement avec la population étrangère, etc.

35
Q

Qu’est-ce que la théorie cybernétique?

A

Simon (1982) : L’environnement est trop complexe et les capacités humaines trop limitées pour la pure rationalité. Les acteurs sont incapables d’accéder à toute l’information importante, l’assimiler et identifier les actions et conséquences. Il est illusoire de croire qu’ils maximisent leur utilité. Les acteurs manœuvrent à travers le monde en choisissant l’option la plus satisfaisante. On parle de « rationalité limitée ». Plusieurs théories se basent sur ça, dont la théorie cybernétique (Steinbruner 1974 ; 1976). Trois postulats de base : (1) Le décideur politique considère une politique satisfaisante si elle aide à maintenir certaines valeurs de bases. Les décideurs politiques considèrent que mettre l’accent sur un nombre limité de valeurs de bases simplifie leur quête d’information. (2) Le décideur politique maintient la politique jusqu’à ce qu’une valeur ait au deçà des paramètres acceptables. Cela aide à expliquer la stabilité et constance de la politique. (3) Quand le « feedback negatif » est présent et qu’un ajustement est requis, le décideur politique ne se base pas sur une comparaison systématique, mais plutôt ils examinent les options les unes après les autres, alors qu’elles arrivent. C’est un processus séquentiel, où ils choisissent la première politique qui leur permet d’amener leur valeur de base au sein des limites de la tolérance. Contrairement à la théorie du choix rationnel, cette théorie reconnaît qu’une politique ne maximise pas forcément les gains des décideurs. Ce n’est pas irrationnel, considérant la complexité et les capacités limitées. Modèle imparfait, mais correspond plus à la réalité empirique que la pure rationalité.

36
Q

Qu’est-ce que la théorie des prévisions (“prospect theory”)?

A

(Kahneman et Tversky, 1979) : tendance à l’aversion du risque. Une perte est plus pénible qu’un gain de même valeur. Pour prendre le risque, il faut que le gain soit deux fois supérieur au risque de la perte. C’est pourquoi la plupart des États sont prêts à se battre pour défendre leur territoire, mais moins pour gagner des territoires. Les États ont aussi tendance à préférer agir en minimisant les pertes plutôt que d’essayent d’obtenir des gains (ralentir le déclin plutôt que d’essayer de le contrecarrer, maintenir une organisation peu fonctionnelle plutôt que d’en créer une nouvelle, etc.). Les États font jouer sur cette aversion du risque pour dissuader les adversaires plutôt que de les punir après coût. Aussi, une menace est plus efficace qu’une promesse (Davis, 2000). Théorie valide si l’adversaire est dans une position neutre par rapport à une perte ou un gain. S’il est déjà dans le domaine de la perte, la dissuasion peut ne pas être efficace. Cela va dépendre aussi des expériences passées et des interprétations des acteurs. La théorie des prévisions explique pourquoi certains États veulent changer le statu quo pour récupérer ce qu’ils perçoivent avoir perdu (prédiction du réalisme offensif), alors que d’autre veulent maintenir leur acquisition (prédiction du réalisme défensif). Critique : difficile à observer sur la scène internationale tant les événements sociaux sont complexes et multifactoriels ; anthropomorphisme en associant des biais cognitifs à des États.

37
Q

Qu’est-ce que la théorie poliheuristique?

A

Mintz et al. 1994: Les décideurs utilisent plusieurs (poli) raccourcis cognitifs (heuristiques). Deux phases : (1) Les décideurs vont éliminer les options qui sont politiquement inconcevables. Elles sont liées à la survie politique du décideur. Une politique qui est politiquement inacceptable va être éliminée même si elle permet des gains économiques ou militaires. (2) Une fois les options politiquement inacceptables, les décideurs vont se comporter comme dans la théorie du choix rationnel en pesant toutes les options.

38
Q

Quels sont les défis présents à la FPA?

A

Défi 1 : Au-delà de l’éclectisme

Dans les années 1970, chercheurs en FPA ont abandonné l’idée d’une théorie générale : FPA produit des middle-range theories qui sont valides seulement dans des situations clairement définies et expliquent partiellement seulement des PÉ. Cette humilité épistémologique est à la fois une force et faiblesse. Dû à la complexité et multi causalité des dynamiques sociales, l’éclectisme FPA est un avantage pour comprendre la politique mondiale. Or, risque de devenir un programme de recherche insulaire, où différents groupes théoriques ne se parlent pas beaucoup.  Il faudrait étudier aujourd’hui comment ils sont liés. C’est l’idée de Rosenau (1966) de développer une théorie générale qui combine toutes les middle-range theories. Il ne faut pas seulement identifier les variables indépendantes, mais aussi les variables contextuelles qui déterminent la pertinence relative d’une variable indépendante en rapport à l’autre.

Défi 2 : Au-delà du cadre américain: La concentration géographique a créé une certaine confusion entre FPA et analyse PÉ É.-U. Ils ont seulement testé leurs théories sur les cas É-U. Il faut augmenter la comparaison réelle entre différents États, et non pas seulement l’addition d’études de cas. Élargissement de l’étendue géographique est de mise.

Défi 3 : Au-delà du prisme stato-centrique: Prisme stato-centrique est important pour FPA et RI. Depuis la fin de la Guerre froide, il est clair que l’ordre westphalien s’écroule. On ne peut plus ignorer d’autres acteurs. Il faut inclure les villes, régions, États fédérés (paradiplomatie plus active que jamais). Il faut intégrer la PÉ privée.

Défi 4 : Au-delà de la tour d’ivoire : FPA doit élargir son audience. Il reste encore une forte distinction entre le monde académique et la pratique en PÉ. Pourtant, les modèles théoriques et méthodologiques FPA peuvent être utiles en pratique : trouver de nouvelles solutions, mais aussi penser aux enjeux sur un niveau plus fondamental. FPA doit essayer d’éviter le jargon inutile et expliquer leurs postulats et arguments théoriques.