Bioénergétique eucaryote Flashcards
(36 cards)
- Définition de la bioénergétique
La bioénergétique est un concept qui porte sur l’utilisation de l’énergie libérée par la dégradation de biomolécules pour en synthétiser d’autres utilisables par la cellule. Cette discipline étudie les différentes formes d’énergie présentes dans la cellule et les mécanismes par lesquels l’énergie est transformée et exploitée pour assurer le fonctionnement cellulaire [[1]].
- Différentes formes d’énergie dans la cellule
La cellule utilise plusieurs formes d’énergie, dont:
a) Énergie musculaire : Lors de la contraction musculaire, l’hydrolyse de l’ATP permet le mouvement en fournissant l’énergie nécessaire aux interactions moléculaires [[1]], [[2]].
b) Énergie thermique : Chez les mammifères, notamment les nourrissons, la température corporelle est régulée par l’hypothalamus et des hormones thermogéniques. Le tissu adipeux brun riche en mitochondries contient une enzyme appelée UCP1 (thermogénine) qui dissipe l’énergie normalement utilisée pour produire de l’ATP sous forme de chaleur [[2]].
c) Énergie électrique : La propagation de l’influx nerveux utilise l’énergie fournie par l’hydrolyse de l’ATP pour actionner les pompes ioniques nécessaires au maintien du potentiel membranaire [[2]].
- Organismes phototrophes et hétérotrophes
-
Phototrophes : Organismes capables d’utiliser l’énergie lumineuse pour synthétiser leur matière organique, notamment les organismes chlorophylliens et certaines bactéries. Ils utilisent des accepteurs d’électrons tels que O2, H2 ou Na+ pour assister la synthèse [[2]].
- Hétérotrophes : Organismes qui utilisent les produits de leur alimentation pour obtenir leur énergie [[2]].
- Métabolisme : anabolisme et catabolisme
-
Anabolisme : Ensemble des voies métaboliques de synthèse des biomolécules, nécessitant de l’énergie (souvent sous forme d’ATP). Exemples : synthèse des acides gras, synthèse du glycogène à partir de glucose via l’acétyl-CoA [[3]].
- Catabolisme : Ensemble des voies de dégradation des biomolécules, libérant de l’énergie. Exemples : β-oxydation des acides gras (hélice de Lynen), dégradation du glycogène en glucose [[3]].
- Lois de la thermodynamique appliquées aux réactions biochimiques
- Ces lois déterminent si une réaction est spontanée ou non.
- Dans des conditions standard (concentrations des réactifs et produits à 1 M, température à 298 K), la constante d’équilibre Keq permet d’évaluer la direction et la spontanéité d’une réaction.
- La variation d’enthalpie libre standard ΔG° (AG’) est donnée par la formule :
ΔG° = -RT ln(K_{eq})
où R est la constante des gaz parfaits (8,31 J·mol⁻¹·K⁻¹) et T la température en kelvins (298 K).
et où Keq = ( [C]{eq} × [D]{eq} ) ÷ ( [A]{eq} × [B]{eq} )
où A + B = C + D sont les réactifs et produits de la réaction, et les concentrations sont celles à l’équilibre dans des conditions standards (1 M). - Si ΔG° < 0, la réaction est exergonique et spontanée dans le sens étudié.
- Si ΔG° = 0, la réaction est à l’équilibre.
- Si ΔG° > 0, la réaction est endergonique et nécessite un apport d’énergie pour se produire [[3]].
1. Structure chimique de l’ATP
- L’ATP (Adénosine Triphosphate) est composée de l’adénine (une base azotée), du ribose (un sucre à 5 carbones), et de trois groupes phosphate liés entre eux.
- Les liaisons entre les groupes phosphate sont des liaisons anhydrides à haute énergie. La rupture d’une liaison anhydride phosphorique libère une énergie libre standard (ΔG°’) d’environ -7,3 kcal/mol.
- ATP peut être hydrolysé en ADP (Adénosine Diphosphate) ou AMP (Adénosine Monophosphate) en libérant de l’énergie utilisable par la cellule [[4]].
a) Synthèse d’ATP à partir de molécules riches en énergie
-
Phosphorylation de l’ADP
ADP + H₃PO₄ → ATP
(ΔG°’ = +7,3 kcal/mol, réaction endergonique nécessitant un apport d’énergie) -
Hydrolyse de l’ATP
ATP + H₂O → ADP + H₃PO₄
(ΔG°’ = -7,3 kcal/mol, réaction exergonique libérant de l’énergie) -
Réaction catalysée par la myokinase (adenylate kinase) dans les muscles
2 ADP → ATP + AMP
(Permet de régénérer de l’ATP à partir d’ADP) -
Synthèse d’ATP à partir de composés intermédiaires riches en énergie
- À partir du 1,3-diphosphoglycérate (1,3-DPG) :
1,3-DPG + ADP → 3-phosphoglycérate (3PG) + ATP
(ΔG°’ = -10 kcal/mol) - À partir du phosphoénolpyruvate (PEP) :
PEP + ADP → Pyruvate + ATP
(ΔG°’ ≈ -15 kcal/mol)
- À partir du 1,3-diphosphoglycérate (1,3-DPG) :
-
À partir de liaisons thioester (exemple du succinyl-CoA dans le cycle de Krebs)
Succinyl-CoA + GDP + Pi → Succinate + CoA-SH + GTP
GTP + ADP → GDP + ATP (via nucléoside diphosphate kinase) -
À partir de la phosphocréatine
Phosphocréatine + ADP → Créatine + ATP
(Réaction catalysée par la créatine phosphokinase (CPK), importante dans le stockage rapide d’énergie dans les muscles) [[4]], [[5]], [[6]].
b) Synthèse d’ATP à partir de l’alimentation via la chaîne d’oxydoréduction
- L’ATP est majoritairement synthétisé par phosphorylation oxydative dans la mitochondrie, où l’énergie libérée par l’oxydation des substrats (NADH, FADH₂) est utilisée pour créer un gradient de protons.
- Ce gradient alimente l’ATP synthase, qui catalyse la synthèse d’ATP à partir d’ADP et Pi.
- Les réactions d’oxydoréduction impliquent des couples redox comme NADH/NAD⁺, FADH₂/FAD, et O₂/H₂O, avec un transfert d’électrons à travers les complexes de la chaîne respiratoire [[6]].
- Fermentation lactique
- La fermentation lactique est un processus anaérobie où le pyruvate issu de la glycolyse est réduit en lactate.
- Cette réaction permet la régénération du NAD+ à partir du NADH, indispensable pour que la glycolyse continue en absence d’oxygène.
- La réaction globale catalysée par la lactate déshydrogénase (LDH) est :Pyruvate + NADH + H⁺ → Lactate + NAD⁺
- Cette réaction est exergonique avec un ΔG° ≈ -25 kJ/mol, ce qui signifie qu’elle libère de l’énergie.
- Dans le foie, la LDH peut fonctionner en sens inverse pour reformer du pyruvate à partir du lactate.
- L’importance de cette fermentation est notamment dans les muscles en conditions anaérobies, où elle permet la production d’ATP rapide. [[7]]
- Fermentation alcoolique
- La fermentation alcoolique est également une voie anaérobie utilisée par certains organismes, notamment des levures.
- Le pyruvate est décarboxylé en acétaldéhyde et CO₂ par la pyruvate décarboxylase.
- L’acétaldéhyde est ensuite réduit en éthanol grâce à la NADH déshydrogénase (alcool déshydrogénase), permettant la régénération du NAD⁺.
- Les réactions globales sont :Pyruvate → Acétaldéhyde + CO₂Acétaldéhyde + NADH + H⁺ → Éthanol + NAD⁺
- L’éthanol peut être ensuite utilisé dans d’autres voies métaboliques, par exemple dans le foie où l’acétaldéhyde peut être oxydé en acétyl-CoA.
- Cette fermentation est essentielle chez les microorganismes pour produire de l’énergie en absence d’oxygène et est également exploitée industriellement (ex : fermentation alcoolique dans la production de boissons alcoolisées). [[8]]
1. Introduction et transport du pyruvate dans la mitochondrie
- Le pyruvate, produit final de la glycolyse, doit être transporté dans la matrice mitochondriale via une translocase spécifique (pyruvate translocase) car la membrane interne est peu perméable.
- Une fois dans la matrice, le pyruvate est converti en Acétyl-CoA par le complexe pyruvate déshydrogénase, une étape clé pour entrer dans le cycle de Krebs [[8]].
Pyruvate + NAD+ + CoA-SH → Acétyl-CoA +NADH + H+ + CO2
a) Formation du citrate
- L’Acétyl-CoA (2C) se combine avec l’oxaloacétate (4C) pour former le citrate (6C) grâce à l’enzyme citrate synthase (enzyme allostérique régulée par des effecteurs).
- Réaction :
Acétyl-CoA + Oxaloacétate → Citrate + CoA-SH
(Cette réaction est exergonique et irréversible) [[8]], [[9]]
b) Formation de l’isocitrate
- Le citrate est converti en isocitrate via une réaction d’isomérisation catalysée par l’aconitase, qui passe par un intermédiaire appelé cis-aconitate.
- Réaction :
Citrate ↔ Cis-aconitate ↔ Isocitrate [[9]] - En permanence dans la cellule:
- 90% de citrate
- 7% de cis aconitate
- 3% d’isocitrate
- permet de réguler le cycle
c) Formation de l’α-cétoglutarate (α-KG)
- L’isocitrate est oxydée puis décarboxylée en α-cétoglutarate par l’isocitrate déshydrogénase, avec réduction simultanée de NAD+ en NADH + H+, et libération d’un CO2.
- Réaction :
Isocitrate + NAD+ → Oxalosuccinate + NADH + H+
Oxalosuccinate → α-cétoglutarate + CO2
d) Formation du Succinyl-CoA
- α-cétoglutarate déshydrogénase / décarboxylase: complexe de 3 enzymes
- décarboxylase : E1 (cofacteur TPP (= Thymine Pyro Phosphate)
- acyltransférase : E2 (dihydrolipoamide 5 succinyl transférase (cofacteurs : acide lipoïque +CoA-SH)
α-cétoglutarate + NAD+ + CoA-SH → Succinyl-CoA + CO2 + NADH + H+
Rq: apprendre les étapes intermédiaires
e) Formation du succinate
- Le Succinyl-CoA est converti en succinate par la succinyl-CoA synthétase, couplée à la phosphorylation au niveau du substrat, générant GTP (ou ATP selon le tissu).
- Réaction :
Succinyl-CoA + GDP + Pi → Succinate + CoA-SH + GTP [[10]]
f) Formation du fumarate
- Le succinate est oxydé en fumarate par la succinate déshydrogénase (complexe II de la chaîne respiratoire), avec réduction de FAD en FADH2.
- Réaction :
Succinate + FAD → Fumarate + FADH2 [[10]], [[15]]
g) Formation du malate
- Le fumarate est hydraté en malate par la fumarase.
- Réaction :
Fumarate + H2O → Malate [[10]]
h) Formation de l’oxaloacétate
- Le malate est oxydé en oxaloacétate par la malate déshydrogénase, avec réduction de NAD+ en NADH + H+.
- Réaction :
Malate + NAD+ → Oxaloacétate + NADH + H+ [[10]]
3. Bilan énergétique et régulation du cycle
- Pour chaque tour du cycle de Krebs :
- 3 NAD+ sont réduits en 3 NADH + H+
- 1 FAD est réduit en FADH2
- 1 GTP (ou ATP) est produit directement
- Le NADH et le FADH2 produits sont ensuite oxydés dans la chaîne respiratoire pour produire de l’ATP via phosphorylation oxydative [[11]].
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Régulation du cycle
- Thermodynamique : certaines étapes sont irréversibles et régulées par la disponibilité des substrats et produits (ex : citrate synthase, isocitrate déshydrogénase).
- Régulation allostérique : ATP et citrate inhibent la citrate synthase. ADP active l’isocitrate déshydrogénase.
- Régulation par modifications post-traductionnelles : phosphorylation / déphosphorylation de certaines enzymes (ex : kinase/phosphatase régulant l’activité de l’α-cétoglutarate déshydrogénase) [[11]].
Effet Warburg détaillé
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Historique et observation
- Dans les années 1920-1930, Otto Warburg a observé que les cellules cancéreuses produisent une accumulation importante de lactate même en présence d’oxygène, phénomène appelé glycolyse aérobie ou effet Warburg [[12]].
- À l’époque, on pensait que cela résultait d’un dysfonctionnement des mitochondries et de la chaîne respiratoire. Aujourd’hui, on sait que ce choix métabolique est volontaire et favorise la prolifération cellulaire [[12]]. -
Mécanisme métabolique
- Les cellules cancéreuses privilégient la glycolyse pour produire de l’ATP rapidement, même si elle est moins efficace que la phosphorylation oxydative.
- Le pyruvate issu de la glycolyse est majoritairement converti en lactate par la lactate déshydrogénase (LDH), plutôt que d’entrer dans le cycle de Krebs [[7]], [[12]]. -
Conséquences du lactate
- L’accumulation de lactate réduit le taux de lymphocytes T, affaiblissant la réponse immunitaire contre les cellules tumorales.
- Le lactate favorise également l’activité des métalloprotéinases associées à la matrice extracellulaire, diminuant l’adhérence cellulaire et favorisant ainsi la prolifération et l’invasion tumorale [[13]]. -
Rôle du facteur HIF-1 (Hypoxia Inducible Factor 1)
- HIF-1 est un facteur de transcription activé notamment en conditions hypoxiques mais aussi dans les cellules cancéreuses.
- Il agit sur plusieurs gènes clés :- Augmente l’expression des transporteurs de glucose GLUT1 (dans les cellules sanguines, endothéliales, barrière hémato-encéphalique) et GLUT3 (neurones), favorisant une entrée accrue de glucose [[13]].
- Stimule l’expression des enzymes de la glycolyse (hexokinase, pyruvate kinase), augmentant ainsi la capacité glycolytique [[13]].
- Active les enzymes de la voie des pentoses phosphates (comme la glucose-6-phosphate déshydrogénase), qui produit NADPH nécessaire à la synthèse des lipides et à la protection contre le stress oxydatif [[13]].
- Inhibe la formation d’Acétyl-CoA en bloquant la pyruvate déshydrogénase, réduisant ainsi l’entrée du pyruvate dans le cycle de Krebs et la production mitochondriale d’ATP [[13]].
- Favorise l’excrétion du lactate via le symport lactate/proton, maintenant l’équilibre intracellulaire et extracellulaire en lactate [[13]].
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Implications thérapeutiques et physiopathologiques
- L’effet Warburg contribue à la survie et la prolifération des cellules tumorales en adaptant leur métabolisme.
- La modulation de HIF-1 ou des enzymes clés de la glycolyse constitue une cible pour des thérapies anticancéreuses visant à perturber ce métabolisme préférentiel [[13]].
les dysfonctionnements et la cancérisation concernant la succinate déshydrogénase (SDH) et la fumarase
La partie sur les dysfonctionnements et la cancérisation concernant la succinate déshydrogénase (SDH) et la fumarase met en lumière leur rôle dans le métabolisme mitochondrial et comment leurs mutations peuvent contribuer au cancer.
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Succinate déshydrogénase (SDH) :
- La SDH est la seule enzyme du cycle de Krebs qui est une protéine membranaire, associée au complexe II de la chaîne respiratoire.
- Elle est constituée de 4 sous-unités. La sous-unité SDHA possède l’activité catalytique.
- Les sous-unités SDHB, SDHC, et SDHD ont des rôles structuraux et d’interaction avec les coenzymes Q.
- Des mutations au niveau du gène codant pour SDH, en particulier SDHB, ont été identifiées.
- Ces mutations entraînent un phénotype hyperméthylateur, c’est-à-dire une surexpression de la méthylation de l’ADN ce qui empêche l’expression des gènes suppresseurs de tumeurs, favorisant ainsi la cancérisation [[15]]. -
Fumarase :
- La fumarase est une autre enzyme clé du cycle de Krebs.
- Des mutations dans le gène de la fumarase conduisent à l’accumulation de fumarate dans la mitochondrie.
- Lorsque le fumarate s’accumule dans la mitochondrie, il est relargué dans le cytoplasme
- Lorsque le fumarate s’accumule dans le cytoplasme, il agit comme un inhibiteur compétitif de l’enzyme HIF-prolyl-hydroxylase.
- Cette enzyme hydroxyle normalement le facteur HIF1 (Hypoxia Inducible Factor 1), ce qui conduit à sa dégradation.
- L’inhibition de HIF-prolyl-hydroxylase par le fumarate stabilise donc HIF1, activant ainsi l’effet Warburg.
Ainsi, les mutations de SDH et de fumarase perturbent le métabolisme mitochondrial normal, favorisant un environnement propice à la prolifération tumorale via des mécanismes épigénétiques et métaboliques liés à l’activation de HIF1 et à l’effet Warburg [[14]], [[15]].
- Structure des membranes mitochondriales
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Membrane externe
- Épaisseur similaire à la membrane plasmique (~7 nm)
- Composition : environ 50 % protéines et 50 % lipides
- Très riche en porines (canaux de 2-3 nm) permettant la diffusion simple de petites molécules (<10 kDa)
- Perméable aux ions et petites molécules, donc peu restrictive
- Espace intermembranaire entre membrane externe et interne [[16]]
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Membrane interne
- Plus mince (5-6 nm) mais fortement repliée (crêtes mitochondriales) augmentant la surface
- Composition : environ 80 % protéines et 20 % lipides
- Très riche en cardiolipine, un phospholipide spécifique assurant une forte imperméabilité aux protons (H⁺)
- Cette imperméabilité est essentielle pour la création d’un gradient de protons entre la matrice mitochondriale et l’espace intermembranaire
- Membrane rigide, peu fluide
- Séparation stricte entre les deux membranes, nécessitant des agents spécifiques (ex : digitonine) pour les isoler [[16]]
Complexe I chaîne respiratoire
- NADH / Coenzyme Q oxydoréductase
- Réaction :
NADH + H⁺ + CoQ → NAD⁺ + CoQH₂- Transfert d’électrons du NADH à la coenzyme Q (ubiquinone) via FMN et centres fer-soufre (Fe-S)
- Pompant 4 protons (H⁺) de la matrice vers l’espace intermembranaire
- FMN (Flavine mononucléotide) et centres Fe-S servent d’intermédiaires dans le transfert électronique [[17]], [[18]]