Cartes inversées Flashcards
(278 cards)
Action de l’administration
Il est interdit aux personnes publiques de consentir des libéralités ; cette interdiction ne concerne pas les personnes privées.
Par conséquent, une chambre de commerce et d’industrie ne peut stipuler que son cocontractant sera indemnisé pour un montant inférieur à un préjudice qu’il subirait, que si ce cocontractant n’est pas une personne publique.
⚖️ CE, 2011, Nîmes, Uzes, Bagnols, le Vigan
Action de l’administration
« Dans le cas où un texte prévoit l’attribution d’un avantage sans avoir défini l’ensemble des conditions permettant de déterminer à qui l’attribuer parmi ceux qui sont en droit d’y prétendre, l’autorité compétente peut, alors qu’elle ne dispose pas en la matière du pouvoir réglementaire, encadrer l’action de l’administration, dans le but d’en assurer la cohérence, en déterminant, par la voie de lignes directrices, sans édicter aucune condition nouvelle, des critères permettant de mettre en œuvre le texte en cause, sous réserve de motifs d’intérêt général conduisant à y déroger et de l’appréciation particulière de chaque situation ».
⚖️ CE, 2015, Cortes Ortiz
Action de l’administration
La prise en charge des mères isolées relève de la compétence des départements et non de l’État.
⚖️ CE, 2016, Département de la Seine-Saint-Denis
Action de l’administration
Pour la prise en charge des mères isolées, compétence supplétive de l’Etat « dans l’hypothèse où le département n’aurait pas accompli les diligences qui lui reviennent » et engagement de la responsabilité de cette collectivité « en cas de carence avérée et prolongée ».
⚖️ CE, 2018, Département du Val-d’Oise
Action de l’administration
Un projet d’aménagement ou de construction d’une personne publique ou privée susceptible d’affecter la conservation d’espèces animales ou végétales protégées et de leurs habitats ne peut être autorisé, à titre dérogatoire, que s’il répond, par sa nature et compte tenu notamment du projet urbain dans lequel il s’inscrit, à une raison impérative d’intérêt public majeur.
Il ne doit pas exister d’autre solution satisfaisante et cette dérogation ne doit pas nuire au maintien, dans un état de conservation favorable, des populations des espèces concernées dans leur aire de répartition naturelle.
L’intérêt général allégué s’attachant à la réalisation d’un centre commercial n’étant pas explicité par les requérants, il ne constitue pas une raison impérative d’intérêt public majeur.
⚖️ CE, 2018, Société PCE
I. En raison de la permanence de l’acte réglementaire :
1° La légalité des règles que celui-ci fixe, la compétence de son auteur et l’existence d’un détournement de pouvoir doivent pouvoir être mises en cause à tout moment, de telle sorte que puissent toujours être sanctionnées les atteintes illégales que cet acte est susceptible de porter à l’ordre juridique ;
2° Lorsqu’il est saisi de conclusions aux fins d’annulation du refus d’abroger un acte réglementaire, le juge de l’excès de pouvoir est conduit à apprécier la légalité de l’acte réglementaire dont l’abrogation a été demandée au regard des règles applicables à la date de sa décision.
II. A. S’agissant des règles relatives à la détermination de l’autorité compétente pour édicter un acte réglementaire, leur changement ne saurait avoir pour effet de rendre illégal un acte qui avait été pris par une autorité qui avait compétence pour ce faire à la date de son édiction.
B. Un tel changement a, en revanche, pour effet de faire cesser l’illégalité dont était entaché un règlement édicté par une autorité incompétente dans le cas où ce changement a conduit, à la date à laquelle le juge statue, à investir cette autorité de la compétence pour ce faire.
III. Ensuite, après avoir repris son considérant de principe de l’arrêt CE, 2011, Kandyrine de Brito Païva, le Conseil d’État accepte de vérifier si un traité bilatéral respecte certaines normes du droit dérivé de l’Union européenne.
IV. Lorsque l’autorité compétente est saisie d’une demande tendant à la réformation d’un règlement illégal, elle est, le cas échéant, tenue d’y substituer des dispositions de nature à mettre fin à cette illégalité.
⚖️ CE, 19 juillet 2019, Association des Américains accidentels
Action de l’administration
Le juge considère que l’emploi nécessaire, adapté et proportionné de la grenade GLI F4 (lacrymogène, assourdissante, souffle) intermédiaire, dans le strict respect des règles d’emploi des armes et d’utilisation technique et professionnelle de cette grenade est compatible avec la Convention européenne des droits de l’homme : dispositions protégeant la vie, ou prohibant tout traitement inhumain et dégradant.
Pas d’atteinte au droit constitutionnel de manifester.
Les 10 blessures graves causées sur 1 700 tirs ne sont pas de nature à établir que les conditions de leur emploi ne pourraient être respectées.
⚖️ CE, 24 juillet 2019, Ligue des droits de l’homme et a.
Action de l’administration
Le monopole de l’action publique est réservé au procureur de la République pour les délits et crimes commis par les militaires durant une opération armée hors du territoire national. Cette exclusion des victimes, dérogatoire au droit commun de la procédure pénale, est jugée conforme à la Constitution.
Le juge rappelle que ce monopole « ne priv[e] pas la partie lésée de la possibilité d’obtenir réparation du dommage que lui ont personnellement causé les faits commis par le militaire devant, selon le cas, le juge administratif ou le juge civil ».
Par ailleurs, « le législateur a, eu égard aux contraintes inhérentes à l’exercice de leurs missions par les forces armées, entendu limiter le risque de poursuites pénales abusives, de nature à déstabiliser l’action militaire de la France à l’étranger ».
⚖️ CC, n° 2019-803 QPC, Mme Fabienne V.
Action de l’administration
I. L’obligation de conclure un « contrat librement débattu » entre un bénéficiaire du revenu de solidarité active (RSA) et le département, prévue par le code de l’action sociale et des familles, n’a ni pour objet ni pour effet de placer le bénéficiaire du RSA dans une situation contractuelle vis-à-vis du département qui lui verse ce revenu : il ne s’agit donc pas d’un contrat de droit public permettant de saisir le juge. Il ne s’agit pas non plus d’un acte faisant grief.
II. Le président du conseil général est en droit de suspendre le versement du RSA lorsque le bénéficiaire, sans motif légitime :
- soit fait obstacle à l’établissement ou au renouvellement de ce contrat par son refus de s’engager à entreprendre les actions nécessaires à une meilleure insertion ;
- soit ne respecte pas le contrat conclu.
III. En revanche, il ne peut légalement justifier une décision de suspension par la circonstance que le bénéficiaire n’aurait pas accompli des démarches d’insertion qui ne correspondraient pas aux engagements souscrits dans un contrat en cours d’exécution.
⚖️ CE, 4 décembre 2019, Mme A. B.
Action de l’administration
Violation de l’art. 3* de la Convention en raison des conditions matérielles dans lesquelles les requérants ont été détenus (insalubrité, surpopulation carcérale, etc.).
Les référés administratifs ne peuvent être considérés, à l’heure actuelle, comme des recours « permettant de faire cesser ou d’améliorer, de manière effective, des traitements contraires à l’article 3 de la Convention ».
* Interdiction des traitements inhumains et dégradants.
⚖️ CEDH, 30 janvier 2020, J.M.B c/ France (32 requêtes initiées par l’Observatoire international des prisons)
Action de l’administration
L’ouverture d’une carrière de marbre sur un gisement unique en Europe, impliquant la création de quatre-vingts emplois directs dans un département où le chômage est élevé, peut justifier des dérogations aux règles de conservation des habitats naturels de la faune et de la flore sauvage.
Eu égard à sa nature et aux intérêts économiques et sociaux qu’il présente, ce projet répond à une raison impérative d’intérêt public majeur, « qui lui permet d’affecter la conservation d’espèces animales ou végétales protégées et de leur habitat » (application de l’exigence d’un « intérêt majeur » de l’arrêt CE, 2018, Société PCE).
⚖️ CE, 2020, Société La Provençale
Action de l’administration
L’assemblée du contentieux autorise un chercheur à consulter les archives de François Mitterrand, alors Président de la République, sur le Rwanda (1990-1995).
Ces documents, dont aucun n’était plus couvert par le secret défense depuis la déclassification décidée par le secrétaire général de la présidence de la République en avril 2015, sont des archives publiques. Le public, pourtant, n’y a pas accès directement. Selon la pratique courante depuis les années quatre-vingt, leur versement a été effectué sous l’empire d’un protocole où le Président désignait un mandataire pour autoriser ou non leur consultation après son décès. Ce protocole a été validé en 2008 par la loi et ne prévoit une ouverture générale au public qu’en 2055. La demande de François Graner, spécialiste du conflit rwandais a donc été adressée au mandataire, qui lui a opposé un refus.
La haute assemblée distingue le régime de consultation des protocoles selon qu’ils ont été signés avant ou après la publication de la loi du 15 mai 2008 mais précise que, dans tous les cas, « l‘autorisation de consultation anticipée des documents d’archives publiques est accordéeaux personnes qui en font la demandedans la mesure où l’intérêt qui s’attache à la consultation de ces documents ne conduit pas à porter une atteinte excessive aux intérêts que la loi a entendu protéger, en particulier lesecret des délibérations du pouvoir exécutif, la conduite desrelations extérieureset lesintérêts fondamentaux de l’État dans la conduite de la politique extérieure ».
⚖️ CE, 2020, Graner
Action de l’administration
La sanction de 50 M€ infligée en 2019 par la CNIL à Google sur le fondement du règlement général sur la protection des données (RGPD), pour avoir manqué à ses obligations d’information et de transparence vis-à-vis des utilisateurs concernant le traitement de leurs données personnelles, n’est pas disproportionnée.
⚖️ CE, 2020, Société Google LLC
Action de l’administration
Astreinte de dix millions d’euros par semestre de retard prononcée contre l’État pour le contraindre à exécuter une décision de 2017 en matière d’environnement (injonction faite au PM par le CE d’élaborer des plans relatifs à la qualité de l’air).
Délai de six mois pour exécuter cette décision.
En outre, innovation juridique de l’Assemblée du contentieux : alors que la juridiction a normalement la faculté de décider qu’une fraction de l’astreinte ne sera pas versée au requérant mais affectée au budget de l’Etat, ces dispositions ne s’appliquent pas lorsque l’Etat est débiteur de l’astreinte en cause.
⚖️ CE, 10 juillet 2020, Association Les Amis de la Terre France et a.
Action de l’administration
À propos d’un « contrat jeune majeur » signé avec un bénéficiaire d’une prise en charge par l’ASE âgé de moins de vingt-et-un ans : « un tel document, qui a seulement pour objet de formaliser les relations entre le service de l’aide sociale à l’enfance et le jeune majeur, dans un but de responsabilisation de ce dernier, n’a ni pour objet ni pour effet de placer celui-ci dans une situation contractuelle vis-à-vis du département ».
⚖️ CE, 22 juillet 2020, M. B.
Action de l’administration
L’Italie a violé l’art. 14 (prohibition des discriminations) et l’art. 2 du premier protocole (droit à l’instruction) de la convention européenne des droits de l’homme en refusant à une élève autiste une aide spécialisée en raison d’un manque de ressources financières, sans chercher à ménager un juste équilibre entre les besoins éducatifs et la capacité de l’administration à y répondre.
Selon la juridiction, « il ne fait aucun doute que la requérante n’a pas pu continuer à fréquenter l’école primaire dans des conditions équivalentes à celles dont bénéficiaient les élèves non handicapés, et que cette différence de traitement était due à son handicap ».
« À aucun moment les instances nationales n’ont envisagé l’éventualité que le manque de ressources […] puisse être compensé […] par une réduction de l’offre éducative répartie équitablement entre les élèves non handicapés et les élèves handicapés ».
⚖️ CEDH, 10 septembre 2020, G. L. c/ Italie
Action de l’administration
L’autorité compétente peut encadrer l’action de l’administration par des lignes directrices et ce, alors même qu’elle dispose du pouvoir réglementaire en la matière : « l’autorité compétente peut, qu’elle dispose ou non en la matière du pouvoir réglementaire, encadrer l’action de l’administration, dans le but d’en assurer la cohérence, en déterminant, par la voie de lignes directrices […] ».
(cf. CE, 2015, Cortes Ortiz)
⚖️ CE, 2020, Durand c/ ministère de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports
Action de l’administration
I. Le droit au respect de la vie et le droit de ne pas être soumis à des traitements inhumains ou dégradants constituent des libertés fondamentales au sens de l’art. L. 521-2 du CJA.
II. En raison de la mise en place d’un « anneau sanitaire » autour des détenus (isolement des nouveaux arrivants, etc.), l’absence de masques pour les activités sans contact avec l’extérieur ne constitue pas, au jour de la décision, une atteinte grave et manifestement illégale à des libertés fondamentales (droit au respect de la vie et droit de ne pas être soumis à des traitements inhumains ou dégradants).
⚖️ CE, ord., 8 octobre 2020, Garde des Sceaux, Ministre de la justice
Action de l’administration
C’est au nom de l’État que les directeurs des agences régionales de l’hospitalisation et désormais des agences régionales de santé (ARS) exercent la coordination de l’activité des établissements de santé publics et privés.
→ Une éventuelle faute dans l’exercice de la coordination de l’activité des établissements de santé publics et privés engage donc la responsabilité de l’Etat.
⚖️ CE, 6 novembre 2020, M. A. B.
Action de l’administration
→ Le juge accepte de se prononcer sur la question de savoir si l’État a respecté ses engagements en matière de changement climatique découlant des accords de Paris.
→ Il juge recevable la requête de la commune, commune littorale particulièrement exposée aux effets du changement climatique.
A ce stade, sa décision se limite à ordonner un supplément d’instruction.
⚠️ Cet arrêt laisse ouvertes les questions suivantes :
- sur la possibilité de transposer ce raisonnement au contentieux de la responsabilité ;
- sur l’invocabilité d’un traité pour sanctionner la carence de l’État en l’absence de toute mesure nationale de mise en oeuvre.
⚖️ CE, 19 novembre 2020, Commune de Grande-Synthe
Action de l’administration
Interprétant le code de procédure pénale conformément à la Constitution et à la lumière de l’usage de la Chancellerie, le Conseil d’État juge qu’un décret d’extradition ne peut être mis à exécution tant que le délai de recours n’est pas expiré ou, en cas de recours, tant que le juge de l’excès de pouvoir n’a pas statué.
⚖️ CE, 31 décembre 2020, Compaoré
Action de l’administration
Reconnaissance de la carence partielle de l’État à respecter les objectifs qu’il s’est fixé en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
L’État français est reconnu responsable du préjudice écologique lié à cette carence. Cependant, sont écartées les conclusions des associations requérantes tendant à la réparation pécuniaire de ce préjudice :
- Les associations requérantes ne démontrent pas que l’État serait dans l’impossibilité de réparer en nature le préjudice écologique dont le présent jugement le reconnaît responsable ;
- Il rejette la demande de versement d’un euro symbolique en réparation du préjudice écologique, « sans lien avec l’importance de celui-ci ».
⚖️ TA Paris, 3 février 2021, Association Oxfam France et a.
Action de l’administration
« Vu le principe de séparation des pouvoirs, la loi des 16-24 août 1790 et le décret du 16 fructidor an III »
→ Sauf disposition spéciale, le juge judiciaire n’a pas compétence pour faire respecter l’ordre sur la voie publique et prévoir dans ce cadre des mesures d’interdiction ou le recours à la force publique.
Une cour d’appel viole le principe et les textes susvisés en acceptant que le juge des référés judiciaire puisse prononcer, à la demande de l’employeur, l’interdiction à des salariés grévistes d’utiliser des instruments sonores sur la voie publique, en deçà d’un périmètre de 200 mètres autour de l’hôtel qu’il exploite, et à défaut d’être autorisé à faire appel à la force publique, dès lors qu’il est constaté que les grévistes font une utilisation abusive de matériels sonores aux fins notamment d’apporter une gêne aux clients de l’hôtel.
⚖️ Cassation, chambre sociale, 10 février 2021, Syndicat CGT des Hôtels de prestige et économiques et a.
Action de l’administration
La personne qui demande à l’administration de respecter une obligation qui incombe à cette dernière, n’est pas tenue de préciser les mesures nécessaires :
1° « Il appartient aux seules autorités compétentes de déterminer, parmi les mesures juridiques, financières, techniques ou d’organisation qui sont susceptibles d’être prises, celles qui sont les mieux à même d’assurer le respect des obligations qui leur incombent. »
2° « En toute hypothèse, la personne qui entend demander à l’administration de respecter une obligation qui lui incombe peut se borner à lui demander de prendre toute mesure de nature à permettre le respect de cette obligation. ».
⚠️ Le refus de prendre de telles mesures est susceptible de recours.
⚖️ CE, 2019, Association Droits d’urgence et a.
