Concept Flashcards
(82 cards)
Loi des citations
La Loi des Citations, promulguée en 426 après J.-C. sous Valentinien III (empereur d’Occident) et Théodose II (empereur d’Orient), impose l’argument d’autorité comme base de l’interprétation juridique. Elle fixe une liste de cinq juristes classiques dont les écrits doivent être suivis par les juges.
- 426 : promulgation sous Valentinien III et Théodose II.
- Cinq juristes de référence pour trancher les litiges.
- Principe de majorité et primauté de Papinien en cas d’égalité.
- 529 : abolition avec le Code de Justinien.
Bataille de la Nedao
La bataille de la Nedao, qui a eu lieu en 454 en Pannonie, oppose les Huns, dirigés par les fils d’Attila, à une coalition menée par les Gépides sous le commandement d’Ardaric, avec le soutien d’autres peuples germaniques comme les Ostrogoths, les Skires, les Hérules et les Ruges.
Après la mort d’Attila en 453, ses fils se disputent le pouvoir, affaiblissant l’Empire hunnique. Profitant de cette crise, plusieurs peuples vassaux rompent leur allégeance et se soulèvent, notamment les Gépides.
Le combat se solde par une victoire d’Ardaric, qui triomphe sur le champ de bataille et confirme son succès l’année suivante en battant Ellac, fils aîné d’Attila. Les Huns, affaiblis, battent en retraite vers la mer Noire. En 469, Dengitzic, un des fils d’Attila, est tué au combat, marquant la disparition définitive de la puissance hunnique en Europe.
Cette bataille est un tournant dans l’histoire des Huns, entraînant la dissolution de leur empire et la montée en puissance des royaumes germaniques en Europe centrale.
Chrysargyre
Le chrysargyre était un impôt instauré par Constantin dans l’Empire romain d’Orient, touchant les commerçants, artisans et métiers manuels. Il excluait les paysans, propriétaires terriens, clercs, médecins et certains artistes. Même les prostituées et mendiants pouvaient être taxés.
L’impôt était prélevé tous les quatre ans en or ou en argent et pesait lourdement sur les populations urbaines. Sa perception se faisait via les collèges corporatifs des métiers. Jugé oppressif, il aurait conduit certains à vendre ou prostituer leurs enfants pour payer.
En 498, Anastase Ier abolit le chrysargyre pour stimuler l’économie urbaine. Il aurait toutefois perduré en Italie sous les Ostrogoths et Visigoths, avant d’être brièvement réintroduit par Héraclius.
La Légende dorée
Le chrysargyre
Le chrysargyre, également appelé aurum lustrale, est un impôt monétaire imposé dans l’Empire romain tardif et l’Empire byzantin, touchant toutes les personnes vivant de la vente ou du travail manuel : commerçants, artisans, préteurs sur gages, prostituées, voire mendiants, à l’exception notable des agriculteurs vendant leurs produits, des vétérans, des clercs, et de certains artistes.
Son nom vient du grec chrysos (or) et argyros (argent), en référence à la forme du paiement. Il était aussi nommé aurum negotiatorium dans les textes latins. Il s’agit d’un impôt sur les profits commerciaux, particulièrement pesant pour les cités et populations urbaines.
Institué sous le règne de Constantin Ier (début IVe siècle), bien qu’il existe peut-être des formes antérieures, il s’inscrit dans un contexte de centralisation impériale et de fiscalité plus stricte visant les revenus non fonciers.
Il semble avoir été perçu initialement tous les quatre ans (d’où le nom aurum lustrale), bien que des documents égyptiens laissent penser à une perception annuelle. Au Ve siècle, on constate une perception par fractions annuelles, ce qui confirme son caractère régulier et pesant.
Le chrysargyre est extrêmement impopulaire, dénoncé par des auteurs comme Libanios ou Zosime, ce dernier affirmant que certains contribuables en venaient à vendre ou prostituer leurs enfants pour échapper aux châtiments liés au non-paiement. Néanmoins, ces témoignages sont marqués par une forte hostilité au christianisme et à Constantin.
Ce prélèvement, associé à d’autres impôts comme l’or coronaire (taxe symbolique due à l’empereur) ou l’or oblatice (contribution offerte par les sénateurs), repose sur l’organisation en collèges professionnels, renforçant le contrôle étatique sur les métiers urbains.
La suppression du chrysargyre en 498 par l’empereur Anastase Ier est une réforme majeure du Ve siècle : elle marque un tournant fiscal, visant à relancer les activités économiques urbaines tout en recentrant les recettes fiscales sur les grands domaines ruraux et le commerce international. Cette décision s’insère dans une politique monétaire cohérente qui consolide l’or comme base de la stabilité byzantine.
Dans les territoires sous domination des Ostrogoths et Wisigoths (notamment l’Italie et l’Hispanie), le chrysargyre semble avoir été maintenu après la chute de l’Empire romain d’Occident, jusqu’à la reconquête byzantine menée par Bélisaire au VIe siècle.
Il pourrait avoir été réintroduit plus tard par Héraclius, empereur byzantin du VIIe siècle, ce qui montre la résilience des dispositifs fiscaux impériaux même après des périodes de réforme.
La suppression du chrysargyre constitue ainsi l’un des exemples les plus significatifs de réformes fiscales du Ve siècle, illustrant à la fois les tensions entre État et société urbaine, et l’émergence d’une fiscalité plus ciblée sur les grands propriétaires fonciers dans l’évolution de l’Empire romain vers sa forme byzantine.
Code de Théodose
Le Code de Théodose, ou Codex Theodosianus, est une compilation officielle de lois impériales romaines promulguée à Constantinople en 438 par l’empereur d’Orient Théodose II. Il s’agit du premier recueil de lois impériales de portée générale, couvrant la période de Constantin Ier (à partir de 312) à Théodose II.
Le Code rassemble les constitutions impériales (lois générales) en vigueur, en les organisant par thèmes dans 16 livres. Ces lois régissent tous les aspects de la vie au Bas-Empire : droit privé, fiscalité, religion, administration, statut des personnes, condition des femmes, etc.
Sur le plan religieux, le Code de Théodose reflète la domination croissante du christianisme, en particulier du christianisme nicéen. Il restreint les droits des Juifs, leur interdisant par exemple d’exercer des charges publiques, d’avoir autorité sur des chrétiens ou de construire de nouvelles synagogues.
Le Code fut précédé par les codes Grégorien et Hermogénien, compilations privées de rescrits impériaux du IIIe siècle. Théodose II veut les remplacer par un corpus officiel, et annonce en 429 la création d’une commission de juristes chargée de rassembler les constitutions postérieures à Constantin.
En 435, une deuxième phase du projet modifie l’approche : les lois devront être classées par titres et matières, résumées à leur dispositif juridique, épurées de toute formulation inutile, et rendues compréhensibles et pratiques à l’usage.
Le Code est promulgué le 15 février 438 et entre en vigueur le 1er janvier 439. Une novelle impériale (De Theodosiani codicis auctoritate) stipule que seules les lois contenues dans le Code feront désormais autorité, les autres étant réputées abolies sauf exception (domaines militaires, fiscaux, administratifs).
Le Code fut adopté également en Occident par l’empereur Valentinien III, et présenté devant le Sénat de Rome le 25 décembre 438, lors d’une séance exceptionnelle dont le procès-verbal est conservé.
Le Code théodosien sert de base à d’autres codes ultérieurs, notamment la Lex Romana Wisigothorum (ou Bréviaire d’Alaric), et précède la grande codification justinienne du VIe siècle (Corpus Iuris Civilis). Il marque une étape majeure dans la formation du droit médiéval romain.
Il reflète aussi la volonté de l’État impérial de réaffirmer son autorité juridique, dans un Empire fragmenté entre Orient et Occident, en crise politique, religieuse et sociale profonde, notamment dans la première moitié du Ve siècle.
La transmission du Code est partielle : seuls environ 60 % du texte d’origine sont conservés, certains livres ayant disparu, en particulier ceux sur les institutions civiles et administratives (livres II à V). On connaît certains passages grâce à des citations dans des sources ultérieures.
Les Quinquennalia
Les Quinquennalia sont des jeux quinquennaux (célébrés tous les cinq ans selon le comput inclusif romain) institués par l’empereur Néron en 60 après J.-C., sur le modèle des jeux olympiques grecs. Ils incluaient des concours de musique, gymnastique et sports équestres, et portaient aussi le nom de Neronia.
Le nom quinquennalia vient de la manière romaine de compter les années : on compte la première et la dernière, ce qui rend le cycle « quinquennal » même s’il se tient en réalité tous les quatre ans selon notre mode de calcul moderne.
Les Quinquennalia de Néron étaient donc des festivals artistiques et athlétiques impériaux, affirmant à la fois la culture hellénique de l’empereur et son rôle de mécène et d’initié aux arts, notamment à la musique et au théâtre, auxquels Néron participait lui-même.
Ces fêtes, bien qu’initialement centrées sur la personne de Néron, s’inscrivaient dans une tradition plus ancienne de jeux institués en l’honneur de Jules César et Auguste, mais elles avaient un caractère plus spectaculaire et personnel.
Après la mort de Néron, les Quinquennalia disparurent, mais furent rétablis par Domitien en 90 après J.-C., cette fois en l’honneur de Jupiter Capitolin, ce qui marque une tentative de les rattacher à une tradition plus religieuse et officielle.
Ces jeux, malgré leur origine julio-claudienne, ont eu une certaine postérité dans l’idéologie impériale : ils préfigurent la volonté des empereurs d’intégrer les arts et les jeux dans le culte impérial et dans l’organisation du temps public.
Pour le Ve siècle spécifiquement, les quinquennalia ne semblent plus célébrés en tant que tels, mais ils restent un modèle de temporalité impériale cyclique ; des expressions juridiques ou administratives romaines, comme les recensements ou des pratiques fiscales, gardent parfois une structure quinquennale en souvenir de ce rythme festif et rituel.
Le terme peut aussi désigner dans certains textes une période de cinq ans marquant une fonction publique ou une cérémonie de renouvellement du pouvoir. Ce type de cycle rituel est hérité de ces pratiques impériales et peut réapparaître dans le cadre d’administrations tardo-antiques.
Les Lupercales
Les Lupercales (Lupercalia) étaient une fête romaine célébrée du 13 au 15 février, en lien avec la fin de l’année religieuse romaine (le 1er mars marquant alors le début de l’année). C’était une cérémonie de purification et de fertilité, tenue dans la grotte du Lupercal au pied du mont Palatin, lieu mythique où la louve aurait allaité Romulus et Rémus.
La fête honorait Faunus, dieu sylvestre et protecteur des troupeaux, mais elle semble également liée à des figures plus anciennes et complexes de la religiosité romaine. Elle intégrait un rituel archaïque mêlant sacrifice, contact symbolique avec le sang, lait et flagellation.
Le rituel principal impliquait deux jeunes hommes (les luperques) sacrifiant un bouc et courant nus dans les rues, armés de lanières taillées dans la peau de l’animal, pour frapper symboliquement les femmes qui espéraient concevoir un enfant — un geste de transfert magique de fécondité.
Le rite comporte des éléments de mort symbolique et de renaissance initiatique, notamment dans le marquage des jeunes hommes au front avec du sang, puis le nettoyage au lait et les rires rituels. Cette scène pourrait être l’initiation de nouveaux membres dans un collège élitaire de jeunes hommes, une sodalitas à caractère rituel, guerrier et aristocratique.
Le collège des luperques aurait des origines remontant à la préhistoire indo-européenne, liés aux Männerbünde, ces compagnonnages de jeunes guerriers qui imitaient le comportement de prédateurs (comme le loup), et qu’on retrouve sous des formes analogues dans d’autres cultures indo-européennes (Inde védique, monde germanique).
Bien que les Lupercales aient été une fête archaïque, elles ont continué à être célébrées jusqu’à la fin du Ve siècle, y compris sous l’empereur chrétien Anastase Ier. Leur caractère païen fut toléré, car elles avaient été vidées de leur charge sacrificielle.
En 494, le pape Gélase Ier critique publiquement les Lupercales, non pas pour leur caractère religieux, mais pour leur valeur politique ambiguë et leur maintien par l’aristocratie. Sa lettre célèbre ridiculise la pratique, sans l’abolir réellement.
Ce n’est qu’avec la conquête byzantine de Rome au VIe siècle, sous Justinien, que la tradition semble cesser définitivement.
Les Lupercales sont parfois mises en lien avec la Saint-Valentin, mais cette association est tardive (XIVe siècle) et issue de la littérature courtoise anglaise (notamment chez Chaucer), sans rapport direct avec les rites antiques.
Au Ve siècle, les Lupercales constituent un bon exemple de résilience des traditions païennes dans un Empire désormais officiellement chrétien, notamment à Rome, où la romanité aristocratique restait attachée à certaines formes symboliques anciennes. Elles témoignent des tensions religieuses et culturelles entre clergé, sénat et pouvoir impérial à cette époque charnière.
Aurum coronarium
L’or coronaire (aurum coronarium) désignait à l’origine une couronne d’or offerte par les cités alliées ou vaincues aux généraux romains victorieux. Ce geste symbolique manifestait l’hommage, la reconnaissance ou la soumission.
Sous le Haut-Empire, cette pratique évolua pour devenir un don cérémoniel effectué par les communautés urbaines à l’occasion de certains événements impériaux, notamment l’accession d’un nouvel empereur ou une victoire militaire.
À partir du règne de Constantin (début IVe siècle), l’or coronaire perdit son caractère volontaire et symbolique pour se transformer en impôt régulier. Il fut imposé aux décurions, c’est-à-dire aux membres des conseils municipaux des cités, qui constituaient alors l’ossature de l’administration locale.
Ce glissement d’un hommage libre à une obligation fiscale témoigne du processus de centralisation fiscale et de la mise à contribution systématique des élites urbaines, dans un contexte d’instabilité politique et de pression financière croissante au Bas-Empire.
Au Ve siècle, l’or coronaire faisait partie d’un triptyque d’impôts pesant sur les notables, avec l’aurum oblaticium (offrande faite à l’empereur) et l’aurum lustrale (lié au commerce). Ces contributions participaient à l’effritement de l’autonomie municipale et au déclin du système des cités, pilier traditionnel de l’Empire romain.
Chandeleur
La fête de la Présentation de Jésus au Temple, célébrée le 2 février, a lieu 40 jours après Noël, conformément à la prescription du Lévitique pour la purification des mères juives après la naissance d’un garçon.
Cet épisode évangélique (Luc 2,22-38) associe plusieurs rites juifs : purification de Marie, présentation de l’enfant premier-né et offrande au Temple (pigeons ou tourterelles pour les familles modestes).
Jésus est présenté comme la lumière des nations, selon le cantique de Syméon (le Nunc dimittis), et Marie reçoit l’annonce prophétique d’une douleur à venir (« une épée te transpercera l’âme »).
Cette fête fut célébrée dès le IVe siècle à Jérusalem, comme en témoigne le récit de la pèlerine Égérie, et fut introduite à Constantinople par l’empereur Justinien en 542, en réponse à une épidémie de peste.
En Occident, elle s’implante vers la fin du Ve siècle, probablement sous le pape Gélase Ier, en remplacement de la fête païenne des Lupercales, toujours vivace dans Rome chrétienne malgré les édits impériaux.
Le pape Serge Ier instaure au VIIe siècle une procession pénitentielle avec des cierges bénis, d’où le nom populaire de Chandeleur (festa candelarum). Ce symbole lumineux souligne le rôle de Jésus comme lumière du monde.
Au VIIIe siècle, la fête prend un aspect marial sous le nom de Purification de la Vierge, mettant en valeur l’humilité de Marie qui, bien que pure selon la théologie chrétienne, se soumet à la Loi de Moïse.
Elle conserve au Ve siècle un rôle important dans la christianisation des pratiques païennes, en particulier dans le contexte de rivalité religieuse encore perceptible à Rome et dans les provinces. Elle marque aussi un effort d’unification liturgique dans un Empire en recomposition.
L’Hénotikon
L’Hénotikon est un édit impérial de compromis religieux rédigé en 482 par le patriarche Acace de Constantinople, à la demande de l’empereur Zénon, dans le but de réconcilier chalcédoniens (défenseurs des deux natures du Christ) et monophysites (partisans de l’unicité de la nature du Christ).
Le contexte est celui des querelles christologiques nées après les conciles d’Éphèse (431) et de Chalcédoine (451), au sein d’un Empire divisé religieusement, notamment entre l’Égypte, majoritairement monophysite, et la cour impériale.
Le texte condamne à la fois Nestorius et Eutychès, affirme la foi de Nicée-Constantinople, accepte les anathèmes de Cyrille d’Alexandrie, mais ne mentionne pas le concile de Chalcédoine, ce qui rend son langage volontairement ambigu pour ménager les deux camps.
Il impose une vision doctrinale neutre centrée sur l’unité de la personne du Christ, et interdit toute mention des deux natures, source du conflit. Il affirme : « Nous ne recevons point ceux qui le divisent, ou qui le confondent. »
Tous les évêques d’Orient furent contraints de signer l’édit sous peine d’exil, ce qui reflète l’immixtion croissante du pouvoir impérial dans les affaires religieuses au Ve siècle.
L’Hénotikon provoqua une grave crise avec l’Église de Rome. Le pape Félix III excommunia Acace en 484, marquant le début du schisme acacien, qui dura jusqu’en 519.
Ce schisme est le premier conflit ouvert entre Rome et Constantinople fondé sur des divergences doctrinales et des rivalités ecclésiologiques, prémices de ruptures plus durables.
L’empereur Anastase Ier, favorable aux monophysites, soutint l’Hénotikon, consolidant l’adhésion de nombreuses Églises d’Orient, malgré la rupture avec Rome.
La réconciliation n’eut lieu qu’en 518 sous le règne de Justin Ier, avec le pape Hormisdas, qui imposa la reconnaissance de l’excommunication d’Acace et affirma la primauté du siège romain, tout en admettant un rôle impérial dans les affaires religieuses.
L’Hénotikon est emblématique des tentatives impériales d’unification doctrinale dans un empire fragmenté, mais aussi des limites du pouvoir religieux de l’empereur face à la papauté montante. Il illustre parfaitement les tensions religieuses et politiques du Ve siècle entre Est et Ouest.
Lustration
La lustration (du latin lustratio) est une cérémonie de purification rituelle pratiquée dans l’Antiquité et réinvestie dans des contextes chrétiens. Elle repose sur l’usage symbolique de l’eau, parfois mêlée d’autres substances, pour purifier personnes, objets ou lieux.
Dans la Rome antique, la lustration servait à garantir la protection divine, indépendamment de toute souillure. Elle était notamment pratiquée pour purifier :
les champs (rituel des Ambarvales) ;
les troupeaux (rituel des Palilia) ;
les armées avant les batailles ;
la cité entière, en particulier tous les cinq ans à l’occasion des lustres, cérémonie collective de purification associée au recensement et clôturée par un suovetaurile (sacrifice d’un porc, d’un mouton et d’un taureau).
Le mot lustrum désigne à la fois la période quinquennale séparant deux cérémonies de lustration et la cérémonie elle-même. Il est au cœur de la symbolique politique et religieuse romaine, en lien étroit avec le pouvoir des censeurs.
Sur le plan matériel, la lustration impliquait l’usage de rameaux d’olivier ou de laurier pour asperger, ou d’un aspergillum (instrument en métal). Elle produisait un effet comparable à celui de la fumée rituelle.
Dans la Grèce antique, la lustration est centrée sur la notion de souillure morale. Elle visait à purifier un individu ou une communauté ayant été en contact avec un crime (ex. : meurtre) ou une impureté, notamment en cas de profanation d’un lieu sacré.
En Égypte antique, la lustration était essentielle dans le culte funéraire : l’eau lustrale rendait à la momie ses fluides vitaux, favorisant la résurrection dans l’au-delà. Elle pouvait être prélevée dans des sources sacrées comme l’Île Éléphantine ou les lacs des temples.
Les vases de lustration faisaient l’objet d’un artisanat raffiné, souvent placés par quatre dans les tombes pour évoquer les quatre dieux universels. Ils portaient parfois des couvercles figurant des têtes de divinités protectrices (Horus, Thot, Seth, Sep/Geb).
Le pharaon recevait régulièrement des lustrations solennelles, en particulier à son couronnement, mais aussi lors de la cérémonie matinale quotidienne, en tant que médiateur entre les dieux et les hommes.
Dans la liturgie catholique, la lustration survit sous forme d’aspersions d’eau bénite, parfois mélangée à du sel, de la cendre et du vin, notamment lors des cérémonies de dédicace d’églises ou de reconsécration après profanation.
L’usage liturgique chrétien conserve la symbolique de purification sacrée et de protection contre le mal, tout en l’intégrant à un cadre théologique marqué par le baptême et l’exorcisme.
La fonction du rite demeure constante à travers les cultures : restaurer un ordre menacé, réintégrer dans le monde des vivants ou des justes, établir une frontière sacrée entre le pur et l’impur, l’intérieur et l’extérieur, le profane et le sacré.
Edictum Theodorici regis
L’Edictum Theodorici regis est un code législatif de l’époque du Haut Moyen Âge, attribué traditionnellement à Théodoric le Grand, roi ostrogoth régnant sur l’Italie, mais son auteur reste incertain : certains historiens proposent Théodoric II (roi wisigoth) ou même Odoacre, roi des Hérules en Italie.
Rédigé en latin, ce texte s’inspire directement des grandes compilations du droit romain tardif : Code Grégorien, Code Hermogénien, et surtout Code Théodosien, avec une structure juridique héritée de l’Empire romain.
Il comporte une préface, 155 chapitres législatifs et une conclusion, offrant un ensemble cohérent de normes pour arbitrer les différends entre Romains et Goths.
Contrairement à la plupart des lois romano-barbares, qui appliquent le droit selon l’appartenance ethnique (droit personnel), l’Edictum Theodorici suit une logique territoriale : les lois s’appliquent uniformément à tous les habitants du royaume, indépendamment de leur origine.
Le code cherche une certaine équité juridique entre les communautés, une forme d’intégration politique et légale dans les royaumes barbares installés sur les ruines de l’Empire romain. Une seule exception notable : les Juifs, qui conservent un statut particulier et des juges spécifiques.
L’article 11 mentionne expressément Rome et propose des lois spécifiques à la ville, ce qui renforce l’idée d’une rédaction sous un pouvoir implanté en Italie, ce qui rend plausible l’attribution à Théodoric le Grand (règne : 493–526 après J.-C.).
Ce texte participe à la transition juridique entre l’Antiquité tardive et le Haut Moyen Âge, illustrant la façon dont les royaumes « barbares » ont repris, adapté et perpétué les structures du droit romain.
Bien que son authenticité ait été discutée par le passé, la critique moderne ne la remet plus en cause, et l’édition de 1579 par Pierre Pithou a largement contribué à la diffusion et à la redécouverte du texte.
Il représente un exemple majeur de syncrétisme juridique, mêlant rigueur romaine, adaptation locale et autorité monarchique naissante — un jalon important dans l’histoire du droit romano-germain.
Conférence de Carthage
La conférence de Carthage de juin 411 après Jésus-Christ fut une confrontation officielle entre les représentants des Églises catholique et donatiste d’Afrique romaine, convoquée à la demande de l’empereur Honorius afin de mettre fin à un schisme vieux d’un siècle.
Le donatisme, mouvement chrétien rigoriste originaire d’Afrique du Nord, refusait la légitimité des évêques ayant collaboré avec les autorités impériales durant les persécutions. Il prônait une Église « pure », séparée des pécheurs et de l’État.
L’empereur Honorius, favorable au parti catholique, ordonne l’organisation de la conférence pour confondre les donatistes, perçus comme un danger pour l’unité religieuse et politique de la province.
Le représentant impérial, Flavius Marcellinus, préside les débats à Carthage du 1er au 8 juin, dans un climat tendu mais juridiquement encadré. Il adopte une position en apparence neutre, mais se rangera finalement aux positions catholiques.
La conférence réunit 286 évêques catholiques, parmi lesquels Augustin d’Hippone, et 285 évêques donatistes, dirigés par Primien de Carthage.
Au terme de la conférence, Marcellinus rend une sentence en faveur des catholiques, en ordonnant que les donatistes se soumettent à l’« unité catholique » sous peine de sanctions sévères : interdiction du culte, confiscation des lieux de culte, perte des charges ecclésiastiques.
L’appel des donatistes auprès de l’empereur Honorius est rejeté et les mesures répressives sont renforcées : amendes, exils, interdiction de se réunir, voire peine capitale pour les plus obstinés.
Cette conférence marque un tournant décisif dans l’histoire du christianisme en Afrique : le donatisme, bien qu’encore vivace clandestinement dans les campagnes, entre dans un lent processus de disparition institutionnelle, et la primauté catholique est consolidée en Afrique du Nord.
La conférence de 411 illustre également l’instrumentalisation politique de l’unité chrétienne par les empereurs romains tardifs, qui considèrent désormais l’orthodoxie religieuse comme fondement de l’unité impériale.
Augustin joue un rôle central dans cette victoire : sa théologie de l’unité ecclésiale visible et de la coercition légitime des hérétiques servira de référence doctrinale pour justifier l’usage de la force impériale au service de l’Église.
Concile de Chalcédoine
Le concile de Chalcédoine s’est tenu du 8 octobre au 1er novembre 451 dans l’église Sainte-Euphémie, convoqué par l’empereur byzantin Marcien et son épouse Pulchérie, en réponse aux controverses christologiques provoquées notamment par le monophysisme d’Eutychès.
Il constitue le quatrième concile œcuménique de l’histoire chrétienne et réunit 343 évêques, presque tous issus de l’Orient, sauf quatre d’Occident ; il est donc surtout oriental dans sa composition.
Le concile vise à clarifier la doctrine sur la nature du Christ : il adopte le dyophysisme, affirmant que le Christ est une seule personne en deux natures, divine et humaine, « sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation », selon une formulation très rigoureuse dans le symbole de Chalcédoine.
Il rejette les doctrines d’Eutychès et de Dioscore d’Alexandrie, ce dernier étant déposé pour avoir soutenu l’hérésie monophysite et organisé un concile illégitime, le « brigandage d’Éphèse » en 449.
Le concile valide le Tome à Flavien du pape Léon Ier, qui avait clarifié la christologie orthodoxe. Cependant, Léon refusera un des canons qui accorde à Constantinople le second rang après Rome, contestant toute atteinte à la primauté romaine.
Le 28e canon, qui confère à Constantinople les privilèges patriarcaux sur les diocèses du Pont, d’Asie et de Thrace, suscite un désaccord durable avec Rome et initie un rééquilibrage de la hiérarchie ecclésiale au profit de l’Orient.
Le concile entraîne un schisme durable avec les Églises dites non chalcédoniennes ou pré-chalcédoniennes (Coptes, Syriaques, Arméniens) qui refusent la définition de deux natures et se réclament d’un miaphysisme plus proche de Cyrille d’Alexandrie.
Le rejet du concile à Alexandrie provoque des troubles majeurs, notamment le lynchage du patriarche Protérius nommé à la place de Dioscore, marquant une fracture profonde entre les partisans et les opposants de Chalcédoine.
En 451, dans le contexte du Ve siècle, ce concile joue un rôle crucial dans la reconfiguration de l’unité doctrinale de l’Empire romain d’Orient, en même temps qu’il révèle les limites du pouvoir impérial face à la diversité religieuse croissante.
Le concile de Chalcédoine reste une référence dogmatique majeure pour les Églises catholique, orthodoxe et protestante, bien qu’il ait provoqué une séparation irréversible avec une partie importante de l’Orient chrétien.
Concile de Nicée (325)
Le concile de Nicée se tient en 325 à l’initiative de l’empereur Constantin, préoccupé par l’unité religieuse de l’Empire et les divisions engendrées par la controverse arienne.
Arius soutient que le Fils est une créature issue de la volonté du Père, « il fut un temps où il n’était pas » ; cette position affirme la non-éternité du Verbe et le distingue substantiellement de Dieu.
Les opposants à Arius, dont Alexandre d’Alexandrie et son diacre Athanase, affirment l’éternité du Fils et son caractère consubstantiel (homoousios) au Père : il n’est pas créé, mais engendré de la même substance.
Le concile adopte une profession de foi qui proclame le Fils « Dieu de Dieu, Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré non créé, consubstantiel (homoousios) au Père ».
Cette formulation entraîne l’excommunication d’Arius et de ses partisans immédiats, dont Second de Ptolémaïs et Théonas de Marmarique. Le concile fixe également la célébration commune de Pâques (dimanche suivant le 14 nisân).
Les Orientaux acceptent difficilement le terme « homoousios », qui évoque pour eux des dérives sabelliennes (confusion des personnes divines) et une influence occidentale. Constantin devient lui-même hostile à cette formulation après 328.
Après Nicée, la crise se prolonge pendant tout le IVe siècle : plusieurs empereurs soutiennent des variantes plus modérées de l’arianisme, conduisant à une succession de conciles concurrents.
Au Ve siècle, la victoire nicéenne reste fragile : le symbole est contesté ou reformulé selon des orientations politico-religieuses différentes. Le concile de Chalcédoine (451) réaffirme Nicée tout en intégrant d’autres nuances doctrinales.
En 380, l’édit de Thessalonique de Théodose Ier impose officiellement la foi nicéenne comme religion de l’Empire : Père, Fils et Esprit sont consubstantiels, trinité unique en essence et distincte en personnes.
Le premier concile de Constantinople (381), prolongement de Nicée, clarifie la doctrine trinitaire, notamment sur le Saint-Esprit, et réunit surtout des évêques orientaux. Il formule le « symbole de Nicée-Constantinople ».
Au Ve siècle, la question de la nature du Christ (christologie) devient centrale : on débat désormais moins de la Trinité que de l’union entre nature humaine et divine dans la personne de Jésus.
Le concile d’Éphèse (431) condamne le nestorianisme (séparation excessive des natures) ; le concile de Chalcédoine (451) condamne le monophysisme (fusion des natures) et affirme deux natures « sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation ».
Le concile de Chalcédoine s’inscrit dans l’héritage de Nicée tout en affrontant de nouveaux schismes ; il reçoit l’appui de l’empereur Marcien mais déclenche le rejet des Églises non-chalcédoniennes, notamment en Égypte, Syrie, et Arménie.
Le Ve siècle marque donc à la fois l’institution impériale d’un christianisme trinitaire conforme à Nicée, et l’apparition de lignes de fracture durables entre Églises chalcédoniennes et non-chalcédoniennes (copte, syriaque, arménienne).
La définition de Chalcédoine s’appuie explicitement sur le symbole de Nicée, la lettre de Léon (Tome à Flavien), et les lettres synodales de Cyrille d’Alexandrie, tentant une synthèse entre tradition orientale et autorité romaine.
Le concile de Chalcédoine proclame un seul et même Christ, pleinement Dieu et pleinement homme, en deux natures unies dans une seule personne (hypostase), sans confusion ni séparation : c’est l’aboutissement doctrinal du mouvement initié à Nicée.
À la fin du Ve siècle, la profession de foi de Nicée est reconnue comme fondement doctrinal, mais son interprétation varie : les débats ne portent plus sur le Fils et le Père, mais sur le mode d’union du divin et de l’humain dans le Christ.
Concile d’Éphèse
Le concile d’Éphèse, troisième concile œcuménique, se déroule en 431 sous l’autorité de l’empereur Théodose II pour trancher la controverse entre Cyrille d’Alexandrie et Nestorius, patriarche de Constantinople.
Nestorius, influencé par la théologie de l’école d’Antioche (Diodore de Tarse, Théodore de Mopsueste), refuse le titre de Théotokos (Mère de Dieu) attribué à Marie, car il estime que celle-ci n’a enfanté que la nature humaine du Christ, et non le Verbe divin.
Cette position est perçue comme une division de la personne du Christ, niant l’union hypostatique : Cyrille d’Alexandrie, soutenu par le pape Célestin Ier, affirme que le Christ est une seule personne (hypostase) avec deux natures inséparables, et que Marie peut donc être appelée Mère de Dieu.
Dès 430, deux synodes régionaux sont convoqués : l’un à Alexandrie par Cyrille qui condamne Nestorius, l’autre à Rome, qui exige la rétractation de Nestorius sous dix jours. Celui-ci appelle alors à un concile œcuménique pour défendre sa position.
Le concile est convoqué pour la Pentecôte 431 à Éphèse, en présence de Cyrille, Memnon d’Éphèse, Nestorius, et près de 200 évêques. Les légats romains arrivent en retard, ainsi que Jean d’Antioche et les partisans de Nestorius, retardés par le mauvais temps.
Le 22 juin 431, Cyrille ouvre le concile sans attendre les absents. Nestorius refuse de comparaître. Il est immédiatement condamné, déclaré hérétique, et déposé de son siège patriarcal.
Le 26 juin, Jean d’Antioche arrive avec 27 évêques, organise un “contre-concile” qui condamne Cyrille et Memnon, dénonçant l’irrégularité du déroulement du concile officiel.
Le 10 juillet, les légats romains arrivent, soutiennent la décision de Cyrille, valident la condamnation de Nestorius, et condamnent à leur tour Jean d’Antioche, Théodoret de Cyr, et une trentaine d’évêques orientaux.
L’empereur Théodose II ordonne finalement la fin du concile le 22 août, face aux désordres et tensions.
Le concile d’Éphèse fixe deux points majeurs de doctrine : l’union hypostatique (deux natures unies dans une seule personne divine du Christ), et le titre de Théotokos pour Marie.
Cette définition vise à condamner non seulement le nestorianisme, mais aussi, à travers les 12 anathèmes de Cyrille, toute tentative de séparer ou de juxtaposer les natures du Christ.
Le concile condamne également le pélagianisme (dans les canons 1 et 4), notamment à travers la figure de Célestius, un disciple de Pélage.
Les conséquences politiques et ecclésiologiques du concile sont lourdes : rupture durable entre les Églises d’Antioche et d’Alexandrie, bien que Jean d’Antioche se réconcilie avec Cyrille en 433 (formule d’union), en acceptant le titre de Théotokos tout en insistant sur la distinction des natures.
L’Église de Perse, non représentée, rejette les décisions du concile d’Éphèse, et entre dans un schisme durable, devenant l’Église “nestorienne” de l’Orient.
Le concile d’Éphèse, bien qu’ayant tranché la question du nestorianisme, suscite une nouvelle controverse : celle du monophysisme, notamment à travers l’enseignement d’Eutychès, qui nie la pleine humanité du Christ. Ce débat mènera au concile de Chalcédoine (451).
Au Ve siècle, la réception du concile d’Éphèse est donc ambivalente : sa condamnation du nestorianisme est reconnue en Occident et par les alexandrins, mais elle est rejetée en Orient par les Églises de tradition antiochienne ou perse.
Dans la tradition copte, une légende raconte que les Actes du concile furent miraculeusement transportés de façon surnaturelle à Constantinople, confirmant ainsi sa validité divine. Cette tradition renforce l’autorité du concile chez les chrétiens d’Égypte.
Concile de Rome de 499
“Le concile de Rome de 499, convoqué par le pape Symmaque, se tient le 1er mars 499 dans la basilique Saint-Pierre, quatre mois après son élection contestée, dans un contexte ecclésiastique troublé par le schisme acacien et les divisions internes de l’Église romaine.
Ce concile intervient après une double élection pontificale survenue le 22 novembre 498, opposant Symmaque, élu à Saint-Jean-de-Latran, à Laurent, élu à Sainte-Marie-Majeure, chacun soutenu par des factions théologiques et politiques distinctes : Symmaque défend l’orthodoxie chalcédonienne, tandis que Laurent est favorable à l’Henotikon, édit impérial cherchant à concilier les monophysites.
L’arbitrage est confié au roi ostrogoth Théodoric, arien mais détenteur du pouvoir en Italie, qui tranche en faveur de Symmaque en s’appuyant sur l’antériorité de son ordination et sur la majorité de soutiens.
Une fois confirmé comme seul pape légitime, Symmaque convoque le concile pour établir des règles sur les futures élections pontificales, afin de prévenir les troubles civils et les divisions du clergé.
Le concile est composé de 72 évêques, 67 prêtres et 6 diacres. Deux listes sont conservées : une des présents au concile et une des signataires, révélant quelques écarts.
Le concile promulgue quatre décrets disciplinaires majeurs :
Interdiction de toute manœuvre, discussion privée ou engagement anticipé autour de l’élection d’un successeur pontifical du vivant du pape ; peine : déposition et exclusion de la communion.
Interdiction de se proposer soi-même comme successeur ou de susciter des campagnes en sa faveur ; même sanction que ci-dessus.
En cas de décès soudain du pape sans indication de successeur, le clergé élit son successeur à la majorité des voix. Toute tentative d’influencer les votes ou d’imposer un choix est sanctionnée.
Toute dénonciation d’abus dans le cadre de l’élection, si elle est fondée, est récompensée.
Ces mesures visent à encadrer strictement les modalités de succession papale et à éviter les manipulations et divisions internes, dans un moment de forte tension entre factions théologiques et intérêts politiques.
L’antipape Laurent assiste au concile et signe les actes sous le titre de prêtre de Prassède. Il est ensuite nommé évêque de Nocera, peut-être en geste d’apaisement ou comme stratégie de marginalisation.
Bien que certains auteurs modernes aient vu dans ces décisions un acte politique visant à verrouiller la succession pontificale en faveur des partisans de Symmaque et de la ligne anti-orientale, d’autres soulignent l’intention normative d’instaurer des règles dans un domaine jusque-là instable.
Le concile témoigne des tensions entre Rome et Constantinople à la fin du Ve siècle, dans un contexte post-chalcédonien marqué par l’Henotikon, la méfiance vis-à-vis de l’Orient, et la volonté romaine de préserver son autonomie doctrinale.
Ce concile s’inscrit donc dans les recompositions ecclésiologiques du Ve siècle, où le rôle du roi ostrogoth, bien que non catholique, devient déterminant dans les affaires internes de l’Église latine, révélant une configuration politico-religieuse typique de l’Antiquité tardive.”
Premier concile de Tolède
Le premier concile de Tolède se tient en 400, dans le contexte de la répression du priscillianisme, une hérésie persistante en Hispanie, particulièrement en Galice, qui mêlait ascétisme radical, dualisme, et doctrines gnostiques.
Le concile est présidé par Patruin de Mérida et réunit dix-neuf évêques hispaniques, dont Lampius (ou Lampi) de Barcelone. Il s’ouvre le 1er septembre 400.
L’objectif affiché dès l’ouverture est de rétablir fermement le Symbole de Nicée comme norme doctrinale, et d’excommunier quiconque refuserait de s’y conformer.
Le concile condamne formellement le priscillianisme. Certains de ses partisans cléricaux présents à Tolède abjurent leur hérésie et sont réintégrés dans l’Église. En revanche, les évêques priscillianistes de Galice qui refusent de renoncer sont excommuniés, mais reçoivent une profession de foi corrective pour leur permettre un retour à l’orthodoxie s’ils changent d’avis.
Vingt canons sont proclamés, centrés principalement sur la discipline ecclésiastique, le respect de la hiérarchie et la régulation des pratiques liturgiques et morales, afin de renforcer l’unité doctrinale.
Le concile vise aussi à établir une autorité ecclésiastique plus centralisée autour de Tolède et Mérida, dans un contexte où la péninsule Ibérique est encore pleinement intégrée à l’Empire romain d’Occident.
Il faudra attendre plus d’un siècle (jusqu’en 527) pour qu’un autre concile soit à nouveau convoqué à Tolède, montrant à la fois l’impact du concile de 400 et l’instabilité ecclésiastique et politique dans la région, notamment face à l’irruption des Wisigoths.
Ce concile constitue un des derniers efforts de l’épiscopat hispanique pour lutter contre une hérésie locale avant les grandes reconfigurations religieuses et politiques du Ve siècle, marquées par la désagrégation progressive de l’autorité impériale en Hispanie.
Concile de Vannes
Le concile de Vannes, tenu en 461 ou 465, marque la fondation officielle de l’évêché de Vannes et la consécration de saint Patern comme premier évêque (épiscopus Venetensis), dans un contexte d’extension du christianisme en Armorique à la fin du Ve siècle.
Ce concile fut présidé par saint Perpetuus, évêque de Tours, et réunit notamment Nonnechius Ier (évêque de Nantes) et Athemius (évêque de Rennes), établissant ainsi une organisation ecclésiastique dans une région à l’identité chrétienne émergente.
Le territoire de l’évêché correspondait aux anciennes limites des Vénètes : l’océan Atlantique au sud, le massif de Paimpont ou l’Oust au nord, la Vilaine à l’est et l’Ellé à l’ouest.
L’existence d’un évêque vénète était déjà attestée en 453 lors du concile d’Angers, mais c’est à Vannes que Patern est reconnu comme titulaire, devenant une figure fondatrice du christianisme breton, l’un des « sept saints fondateurs de la Bretagne ».
Le concile promulgua seize canons visant à renforcer la discipline ecclésiastique et la moralité du clergé, dans un souci de réforme morale et d’unification liturgique au sein de la province.
Le Ier canon exige l’exclusion des homicides et faux-témoins de la communion jusqu’à pénitence, affirmant un souci de pureté communautaire et de rigueur judiciaire interne.
Le IIe canon condamne les remariages sans preuve d’adultère du conjoint, reflétant une volonté de réaffirmer la sainteté du mariage dans une société en mutation.
Le IIIe canon interdit aux ecclésiastiques de participer à des noces ou spectacles jugés indécents, protégeant les sens consacrés du clerc et maintenant une séparation nette entre sacré et profane.
Le XIIIe canon fustige l’ivrognerie chez les clercs, considérée comme une source de tous les péchés, et prévoit une punition corporelle, traduisant la rigueur morale du clergé gallo-romain dans un contexte post-impérial instable.
Le XVIe canon interdit formellement aux clercs de pratiquer la divination par les lots ou les Écritures, dénonçant des pratiques populaires syncrétiques incompatibles avec l’orthodoxie chrétienne.
D’autres canons interdisent aux clercs de manger avec des Juifs, renforçant les barrières communautaires à une époque de définition identitaire du christianisme face aux autres traditions religieuses.
Le concile impose aux clercs et moines l’obéissance aux évêques, renforçant la hiérarchie ecclésiastique alors en cours de structuration en Gaule armoricaine.
Il ordonne aux fidèles d’assister aux matines et établit une unité liturgique dans la province, participant à l’homogénéisation du culte chrétien en Occident.
Ce concile local illustre les efforts du Ve siècle pour réaffirmer une orthodoxie morale, doctrinale et disciplinaire dans des régions encore partiellement christianisées et au tissu politique fragmenté.
Concile de Beth Lapat
– En 484, le concile de Beth Lapat (Gundishapur, Perse) marque une rupture majeure dans l’histoire du christianisme oriental : il consacre officiellement l’adoption de la christologie de Théodore de Mopsueste par l’Église de l’Orient, qui en fait alors sa doctrine officielle.
– Cette théologie, fondement du futur nestorianisme, insiste sur la distinction entre les natures humaine et divine du Christ, en opposition au monophysisme (fusion des deux natures) et au concile de Chalcédoine (451) qui prônait l’unité sans confusion.
– Le concile fut convoqué sous l’influence du métropolite Barsauma de Nisibe, partisan de cette théologie et figure politique majeure. Il fit déposer le catholicos Babowaï, chef officiel de l’Église, lequel excommunia à son tour les participants.
– La motivation du concile est autant théologique que politique : la séparation d’avec l’Empire byzantin (alors chrétien chalcédonien) permet à l’Église de l’Orient de s’émanciper sous la protection du pouvoir perse sassanide, toujours zoroastrien.
– Le concile de Beth Lapat autorise également le mariage des évêques, contre les usages occidentaux et orientaux byzantins, dans un souci d’adaptation aux coutumes perses et de rejet du célibat clérical.
– Cette tentative de normalisation n’empêche pas la poursuite de la persécution des chrétiens en Perse, ce qui montre que la fidélité dogmatique à l’État zoroastrien ne garantissait pas la sécurité religieuse.
– Certains participants finirent par rejoindre des courants monophysites, illustrant les divisions internes et les recompositions doctrinales en cours dans les Églises d’Orient à la fin du Ve siècle.
– Le concile de 484 est ensuite contesté : le catholicos Mar Aba Ier convoque un synode en 544 qui annule certaines décisions, notamment l’autorisation du mariage des évêques, signe d’une réorientation vers une doctrine plus modérée ou unifiée.
– La citation de Barsauma (« j’annulerai tout ce qui a été fait dans la ville de Beit Lapat ») montre que lui-même anticipait une remise en cause du concile, qu’il semble considérer comme provisoire ou stratégique.
– Le concile de Beth Lapat, bien qu’ultimement contesté, constitue un tournant historique : il inaugure l’autonomisation doctrinale de l’Église de l’Orient, qui restera durablement nestorienne, hors des grands courants byzantins et romains.
Eglise apostolique arménienne
– L’Église apostolique arménienne est une Église orthodoxe orientale autocéphale qui remonte apostoliquement aux apôtres Jude Thaddée et Barthélemy, considérés comme évangélisateurs de l’Arménie dès le Ier siècle.
– Le roi Tiridate IV d’Arménie est converti au christianisme par saint Grégoire l’Illuminateur, événement qui fait du royaume d’Arménie le premier État officiellement chrétien, vers 314 après la fin du règne de Dioclétien.
– Grégoire devient le premier Catholicos de l’Église d’Arménie. Il est consacré à Césarée de Cappadoce. Le roi et lui instaurent une politique de destruction des temples païens et d’organisation ecclésiastique structurée.
– Vers 405, l’alphabet arménien est inventé par Mesrop Machtots à la demande du Catholicos Sahak Ier, permettant la traduction de la Bible en arménien classique (grabar) et l’indépendance liturgique vis-à-vis du grec.
– L’Église arménienne participe aux premiers grands conciles (Nicée 325, Constantinople 381) mais ne peut être représentée à Éphèse (431). Le catholicos Sahak Ier accepte néanmoins ses décisions.
– L’absence au concile de Chalcédoine (451) est déterminante. L’Église arménienne rejette les décisions chalcédoniennes qui définissent les deux natures du Christ (dyophysisme) et adopte la christologie miaphysite de Cyrille d’Alexandrie.
– Au premier concile de Dvin (506), l’Église arménienne adopte l’Hénotique de l’empereur Zénon, tentative d’unification des positions christologiques. Ce texte est interprété dans un sens anti-chalcédonien.
– Le second concile de Dvin, vers 552, rejette explicitement les décisions de Chalcédoine, formalisant la rupture théologique avec Byzance.
– En 553, au moment du second concile de Constantinople, les liens sont définitivement rompus avec l’Église impériale byzantine.
– Dans la seconde moitié du Ve siècle, l’alphabet arménien permet à l’Église de constituer une culture théologique autonome. Toutefois, la traduction complète de la Bible ne sera finalisée qu’au VIIIe siècle.
– La doctrine christologique de l’Église arménienne, fixée en 726 au synode de Manazkert, affirme que le Christ possède une nature unique incarnée (miaphysisme), distincte du monophysisme d’Eutychès rejeté à Chalcédoine.
– Le synode de Manazkert enseigne que le Verbe a assumé une chair corruptible, qu’il a rendue incorruptible par le feu de sa divinité ; la passion du Christ est donc volontaire et non nécessaire.
– Cette position distingue clairement l’Église arménienne du monophysisme hérétique et fonde son adhésion à la communion des Églises dites des trois conciles (Nicée, Constantinople, Éphèse).
– Au Ve siècle, la position géopolitique de l’Arménie entre Rome et Perse contribue à cette évolution ecclésiologique : l’Église arménienne cherche son autonomie à la fois théologique et politique.
– Le Ve siècle marque donc pour l’Église arménienne une période décisive de structuration ecclésiale (fondation des sièges, alphabétisation religieuse) et de séparation dogmatique d’avec Byzance.
– Le catholicosat arménien est établi à Etchmiadzin, siège spirituel et administratif, et devient le centre du rayonnement religieux arménien malgré les exils et persécutions ultérieures.
– La tradition arménienne affirme une forte identité nationale adossée à son Église : foi chrétienne, langue propre, martyrologe et théologie spécifique forment un tout.
– À l’échelle du Ve siècle, l’Église apostolique arménienne représente un cas unique de christianisme national institué, structuré et doctrinalement autonome, sans lien de dépendance directe avec l’Empire romain ou byzantin.
Réforme monétaire d’Anastase Ier
La réforme monétaire d’Anastase Ier, mise en œuvre en 498 après Christ, constitue un tournant majeur dans l’histoire monétaire de l’Empire romain d’Orient, marquant le début effectif de la monnaie byzantine.
Avant cette réforme, le système monétaire souffrait d’un déséquilibre structurel : si les pièces d’or (solidus) conservaient leur valeur, les petites monnaies en cuivre (nummus) s’étaient massivement dépréciées, rendant les transactions courantes difficiles à réaliser, surtout dans les échanges du quotidien.
Le nummus (ou follis), devenu pratiquement inutilisable, nécessitait d’être produit en très grandes quantités pour conserver son usage dans la circulation économique.
Anastase introduit une nouvelle série de monnaies de cuivre, frappées en quatre valeurs différentes : 40 nummi (follis), 20 nummi (semifollis), 10 nummi (decanummium) et 5 nummi (pentanummium), facilitant ainsi les échanges de faible valeur.
Il innove en marquant la valeur faciale des pièces directement dessus : M pour 40 nummi, K pour 20, I pour 10, E pour 5 — ce système de marquage clair permet de fixer la valeur de chaque pièce et limite les manipulations ou incertitudes liées à la teneur métallique ou à l’usure.
Cette réforme permet de stabiliser la petite monnaie et de relancer les circuits commerciaux de proximité, en facilitant les paiements de faible montant. Elle est bien accueillie par la population, comme le souligne le chroniqueur Marcellinus Comes.
Les historiens considèrent que cette réforme marque le passage de la monnaie romaine à la monnaie byzantine, dans une logique plus rationnelle, lisible et contrôlée, qui perdurera durant plusieurs siècles.
Plusieurs royaumes barbares, comme les Wisigoths (à Narbonne ou Arles) ou les Francs (Clovis), imitent encore les monnaies d’Anastase, notamment les solidus, témoignant de l’autorité symbolique toujours accordée à l’Empire byzantin en matière monétaire, malgré l’autonomie croissante de ces royaumes.
La réforme s’inscrit dans une politique plus large de consolidation des finances impériales, cherchant à limiter les fraudes, à favoriser les échanges économiques et à renforcer la légitimité monétaire du pouvoir impérial.
Code Justinien
Le Code de Justinien (Codex Justinianus) est promulgué le 7 avril 529 après Christ sous l’autorité de l’empereur byzantin Justinien Ier, avec pour objectif de réorganiser et de moderniser le droit impérial hérité de l’époque romaine.
Il s’inscrit dans le vaste projet de codification connu sous le nom de Corpus juris civilis, qui comprend aussi le Digeste (533), les Institutes (533) et les Novellae (promulguées entre 534 et 565).
Le Code rassemble les constitutions impériales depuis Hadrien (r. 117–138), éliminant les textes obsolètes, les répétitions et les contradictions, tout en réaffirmant le rôle de l’empereur comme source exclusive du droit.
L’élaboration du Code commence en 528, confiée à une commission dirigée par le préfet du prétoire Jean de Cappadoce et le juriste Tribonien. Une première version est achevée en 529, suivie d’une seconde version améliorée en 534, appelée Codex repetitae praelectionis.
Cette réforme juridique intervient dans un contexte où le droit romain était fragmenté entre plusieurs recueils anciens, comme le Code grégorien, le Code hermogénien et le Code théodosien, tous incomplets ou partiellement obsolètes au Ve siècle.
Au Ve siècle, l’Empire d’Occident, en voie de désintégration, tente une dernière réorganisation juridique avec le Bréviaire d’Alaric (506), adaptation partielle du droit romain destinée aux populations gallo-romaines du royaume wisigoth.
La distinction entre ius vetus (droit ancien fondé sur les juristes classiques) et ius novum (constitutions impériales tardives) est encore opérante au Ve siècle, ce qui rend nécessaire une unification du droit sous Justinien.
Le Code est rédigé principalement en latin, bien que cette langue ne soit plus comprise couramment en Orient ; il est surtout appliqué dans les milieux urbains et administratifs de Constantinople.
Il organise le droit en douze livres couvrant le droit ecclésiastique, la procédure judiciaire, le droit privé (personnes, biens, obligations), le droit pénal, le droit fiscal et l’administration provinciale.
En matière de droit privé, le Code renforce les droits des affranchis, simplifie l’émancipation des enfants, limite la toute-puissance du père et du mari, et protège certains droits successoraux des femmes.
Il introduit le droit d’inventaire pour les héritiers, ce qui permet de limiter leur responsabilité au montant de l’actif reçu, et accorde un droit à succession aux enfants naturels.
En matière pénale, le Code interdit certaines mutilations excessives, comme l’amputation des deux mains ou des deux pieds, mais reste répressif envers les homosexuels masculins, perçus comme provoquant la colère divine.
Il accorde aussi une attention particulière à la lutte contre la corruption des gouverneurs et hauts fonctionnaires, qui doivent désormais prêter serment de n’avoir rien payé pour obtenir leur charge.
Dans sa philosophie générale, le Code affirme que l’empereur est la seule source du droit (principatus legis), supprimant les compétences normatives des anciens magistrats.
Sur le plan religieux, le droit impérial devient un instrument au service de l’orthodoxie chrétienne : le livre I du Code est consacré à la législation ecclésiastique, confirmant la position dominante de l’Église dans l’ordre impérial.
Bien que promulgué au VIe siècle, le Code de Justinien s’inscrit dans une dynamique enclenchée dès le Ve siècle : centralisation juridique, christianisation du droit, hiérarchisation sociale et renforcement du rôle impérial.
À court terme, son impact est limité : en Orient, peu de citoyens maîtrisent encore le latin ; en Occident, les territoires reconquis ne sont tenus que temporairement et les populations appliquent encore le Bréviaire d’Alaric.
À long terme, le Code sera redécouvert et étudié dès le XIIe siècle à Bologne, devenant la base du droit savant médiéval, tandis qu’à Byzance, il est progressivement remplacé par les Basilika, traduction grecque et adaptation aux réalités du IXe siècle.
Le Code de Justinien représente une synthèse et une rationalisation du droit romain antique, achevée dans le contexte impérial du haut Moyen Âge, et marque un tournant majeur dans l’histoire du droit européen.