"Historiens" Flashcards
(104 cards)
Ammien Marcelin
Né vers 330 à Antioche-sur-l’Oronte, Ammien Marcellin est d’origine grecque mais écrit en latin ; il meurt vers 395, probablement à Rome.
Il est le dernier grand historien de langue latine de l’Antiquité tardive et l’un des derniers auteurs païens d’importance, connu pour son œuvre majeure, les Res Gestae, qui constitue une suite à Tacite.
Soldat de métier, il sert comme protector domesticus sous le général Ursicinus, qu’il suit dans diverses campagnes militaires, notamment en Gaule et contre les Perses sassanides.
En 359, il assiste au siège et à la chute d’Amida, événement marquant dont il donne une description détaillée dans ses écrits ; il participe également à la désastreuse expédition de Julien en Perse en 363.
Après la mort de Julien, Ammien quitte l’armée, voyage, puis s’installe à Rome vers 380 où il commence la rédaction de son œuvre historique.
Les Res Gestae couvraient à l’origine l’histoire de l’Empire romain de 96 (mort de Nerva) à 378 (bataille d’Andrinople), mais seuls les livres XIV à XXXI (de 353 à 378) nous sont parvenus.
Ces 18 livres offrent une source essentielle et unique pour comprendre la seconde moitié du IVe siècle, en particulier les règnes de Constance II, Julien, Valentinien Ier et Valens.
L’œuvre alterne récits chronologiques, portraits d’empereurs, digressions sur la géographie, l’ethnographie, la magie, l’astrologie, la philosophie, et les mœurs contemporaines.
Ammien admire profondément Julien, qu’il décrit en détail, et critique sévèrement Constance II, Jovien et Valens, qu’il juge négativement pour leur faiblesse, leur cruauté ou leur médiocrité.
Son regard est celui d’un aristocrate cultivé et nostalgique d’un ordre ancien ; il dénonce la décadence morale de Rome, l’inefficacité de l’administration, et les intrigues de cour.
Sa vision de l’histoire est marquée par un pessimisme profond : l’empire apparaît miné par la corruption, la violence, la superstition, les trahisons, les pressions barbares et les divisions religieuses.
Il reste cependant modéré religieusement : païen convaincu, il ne manifeste ni hostilité systématique au christianisme, ni fanatisme païen ; il prône la tolérance et critique les excès de tous bords.
Son style est complexe, riche en hellénismes, et mêle rigueur militaire, érudition rhétorique, et volonté morale : il cherche à instruire et juger, non simplement à relater.
Les Res Gestae ont été écrites à Rome dans les années 380-390 et connurent un grand succès auprès du public sénatorial païen ; elles furent redécouvertes au XVe siècle.
L’œuvre est marquée par un effort de vérité et une forte implication personnelle : Ammien, témoin des événements, cherche à transmettre l’expérience vécue avec honnêteté et lucidité.
Il utilise peu les discours fictifs typiques de l’historiographie antique, préférant les exemples concrets, les anecdotes marquantes, et les jugements fondés sur l’observation directe.
Malgré des biais évidents (culte de la vertu antique, admiration de Julien, critique sévère du christianisme officiel), son témoignage reste irremplaçable pour comprendre le monde romain finissant.
Son latin littéraire est influencé par la prose classique et le style tardif, avec une structuration rythmée annonçant la prose médiévale ; son érudition inclut Platon, Tacite, Salluste, Tite-Live et Cicéron.
Sa méthode historique n’est pas critique au sens moderne (absence de sources explicites), mais vise à transmettre une mémoire cohérente des événements et des figures marquantes.
Ammien représente une synthèse entre tradition gréco-romaine et monde nouveau ; il est à la fois le chantre d’un monde ancien et l’analyste lucide de sa transformation irrémédiable.
Socrate le Scolastique
Socrate le Scolastique (né vers 380 à Constantinople, mort vers 440) est un historien ecclésiastique grec, appartenant probablement à l’Église novatienne, ce qui influence son regard tolérant sur les dissidences chrétiennes.
Son œuvre principale, Histoire ecclésiastique, écrite vers 439/440, se veut une suite à celle d’Eusèbe de Césarée et couvre la période allant du règne de Constantin Ier (306) jusqu’à la 17e année de Théodose II (438), avec une volonté marquée d’objectivité et d’accessibilité.
Le livre I retrace le règne de Constantin, notamment le concile de Nicée (325), la conversion de peuples païens (Axoumites, Géorgiens), la politique religieuse de l’empereur et la découverte de la vraie Croix.
Les livres II et III couvrent les règnes des fils de Constantin, de Julien et Jovien ; y sont traités la crise arienne, les nombreux conciles post-nicéens, la politique religieuse de Julien, et la défense de la culture classique chrétienne contre son interdiction.
Le livre IV aborde les règnes de Valentinien Ier et de Valens : il décrit les persécutions contre les Nicéens, la résistance monastique (notamment en Égypte), et évoque des figures comme Évagre le Pontique.
Le livre V se concentre sur le règne de Théodose Ier (379–395), ses efforts pour restaurer l’orthodoxie nicéenne, les conciles de 381 et 383, les diverses liturgies, et relate la destruction du Sérapéum d’Alexandrie.
Le livre VI couvre le règne d’Arcadius (395–408), avec un accent sur Jean Chrysostome, dont il brosse un portrait équilibré, mêlant critique et admiration.
Le livre VII couvre la période de Théodose II jusqu’en 438 : il traite des tensions croissantes avec les juifs, des législations anti-hérétiques, et critique les évêques persécuteurs (comme Nestorius), tout en louant la modération de Proclos.
Socrate adopte un style modéré, humaniste et historiquement rigoureux : il cite de nombreuses lettres impériales, conciliaires ou épiscopales, insérant souvent les documents eux-mêmes dans le texte.
Son appartenance aux novatiens, dissidence fidèle au concile de Nicée, le pousse à plaider pour la tolérance religieuse et la coexistence des courants chrétiens dans l’Empire.
Il est publié dans la Patrologia Graeca (vol. 67) et traduit intégralement en français dans la collection Sources Chrétiennes (vol. 477, 493, 505, 506, éditions du Cerf).
Olympiodore le Jeune
- Olympiodore le Jeune (c. 495-570) était un philosophe néoplatonicien et astrologue d’Alexandrie.
- Il fut disciple de Damascios et enseigna à l’école néoplatonicienne d’Alexandrie, où il était actif vers 550.
- Son œuvre inclut des commentaires sur Platon et Aristote, ainsi qu’un commentaire sur l’astrologie de Paul d’Alexandrie.
- Olympiodore est parfois identifié à tort avec Olympiodore l’Alchimiste.
Il avait un point de vue critique envers le christianisme, manifestant un certain anti-christianisme, au point de justifier des pratiques comme le suicide. - Son approche pédagogique innovante dans la tradition néoplatonicienne influença ses disciples et marqua la fin de l’école néoplatonicienne d’Alexandrie.
Zosime
Zosime est un historien grec païen, né vers 460, probablement à Constantinople, et actif sous les règnes de Zénon et d’Anastase Ier ; il occupa la fonction de comte du trésor impérial avant de se consacrer à l’écriture de son Histoire nouvelle.
Son œuvre, Histoire nouvelle (Ίστορία νέα), composée entre 500 et 520, se veut une suite de l’histoire romaine dans la tradition de Polybe : elle vise à expliquer les causes de la décadence de l’Empire romain d’Occident, jusqu’à son effondrement.
L’ouvrage comprend six livres (inachevés) et couvre l’histoire romaine depuis Auguste jusqu’à l’année 410, peu avant le sac de Rome par Alaric ; la fin abrupte du livre VI indique que l’auteur n’a pas pu achever son travail.
Zosime adopte un ton résolument païen et antichrétien, unique parmi les auteurs antiques conservés, blâmant le christianisme et la négligence de Constantin Ier comme principales causes de la chute de l’Empire.
Il critique Constantin pour avoir transféré la capitale à Byzance et vidé les frontières de leurs garnisons, et considère Julien comme un héros manquant de temps pour redresser la situation.
Il voit dans l’abandon des dieux traditionnels une faute grave ayant entraîné la perte des faveurs divines et la décadence politique et militaire.
Zosime partage avec d’autres historiens tardifs une croyance dans les prodiges, les oracles et les causes surnaturelles, mais il les assume plus nettement, dans une perspective nostalgique du paganisme.
Les livres I et II sont très lacunaires pour les périodes antérieures à Dioclétien ; des fragments ou mentions suggèrent que certaines parties ont pu être arrachées, notamment celles sur les persécutions chrétiennes.
La narration devient plus dense à partir du IIIe siècle, avec une attention particulière à la crise militaire, aux campagnes d’Aurélien et à la réorganisation impériale.
Les livres III et IV traitent des règnes de Julien, Jovien, Valentinien Ier, Valens, Gratien, Théodose Ier ; à partir de 376, des lacunes apparaissent, dues probablement au manque de sources fiables (comme les Annales perdues de Nicomaque Flavien).
Le livre V couvre les années 395 à 409, avec un changement de source notable (Olympiodore à partir du chapitre 26) ; on note plus de mots latins et une orientation vers les événements occidentaux.
Le livre VI est inachevé, s’arrêtant à l’été 410, sans décrire le sac de Rome par Alaric ; il s’agit peut-être d’une interruption brutale par la mort ou d’un abandon du projet.
Zosime est très dépendant de ses sources, notamment Eunape (jusqu’en 404) et Olympiodore (à partir de 406), sans les critiquer ni tenter de combler les manques.
Il est souvent jugé médiocre par la critique moderne : lacunes géographiques, erreurs de transcription des titres latins, confusions de chiffres (par exemple sur les pertes des Alamans à Strasbourg).
Son œuvre est unique en ce qu’elle présente une histoire de la décadence vue par un païen opposé au christianisme à une époque où celui-ci est religion d’État ; il représente ainsi un des derniers échos d’un regard traditionnel gréco-romain.
Le style de Zosime est discontinu, parfois négligé, et certains passages ont probablement été censurés (comme le folio découpé à V, 22 ou le passage manquant sur la tétrarchie).
Il n’eut pas de postérité immédiate : son ton antichrétien fit que son œuvre fut peu diffusée et connut des critiques virulentes, y compris dans l’Antiquité (Photios, Bossuet).
Un seul manuscrit (le Codex Vaticanus Graecus 156) nous a transmis son texte, longtemps conservé dans les sections restreintes de la bibliothèque vaticane.
Le texte connut des éditions en latin au XVIe siècle, notamment par Leunclavius, puis une édition critique grecque au XIXe siècle ; la traduction moderne de référence est celle de François Paschoud (CUF, 1971-1989).
Malgré ses biais et ses faiblesses, Zosime est une source essentielle sur la perception païenne de la chute de l’Empire, et complète les récits chrétiens contemporains comme ceux de Sozomène, Philostorge ou Orose.
Prosper d’Aquitaine
- Prosper d’Aquitaine (c. 390-463) était un écrivain chrétien, théologien, et historien, originaire de l’Aquitaine romaine.
- Disciple de saint Augustin, il est connu pour sa défense ardente de la doctrine augustinienne de la grâce, notamment contre les pélagiens.
- Prosper a entretenu une correspondance avec saint Augustin, qu’il n’a jamais rencontré, et a contribué à diffuser ses enseignements en composant des résumés et des versifications de ses idées théologiques.
- Son œuvre principale inclut le “De gratia Dei et libero arbitrio” (432), écrit contre Jean Cassien, ainsi que l’“Epitoma Chronicon”, une chronique couvrant la période de 379 à 455.
- Il fut appelé à Rome par le pape Léon Ier pour servir comme secrétaire, marquant ainsi son influence dans les cercles ecclésiastiques.
- Bien que laïc, il est vénéré comme saint, avec une fête célébrée le 25 juin.
- Son engagement dans la controverse pélagienne et sa propagation des idées augustiniennes lui ont valu une place centrale parmi les premiers défenseurs de la théologie de la grâce.
Hydace de Chaves
Hydace de Chaves (vers 395 – après 469) est un évêque et chroniqueur originaire de Lémica, près de Xinzo de Limia en Galice. Il est une figure centrale de l’Hispanie tardo-romaine et un témoin précieux des événements de la fin de l’Empire romain d’Occident.
Il effectue dans sa jeunesse un voyage en Orient, probablement en Palestine et en Égypte, au cours duquel il rencontre saint Jérôme à Bethléem, rencontre qu’il évoque à deux reprises dans sa Chronique. Ce voyage suppose un haut rang familial et une formation soignée.
Ordonné clerc vers 416, il devient évêque d’Aquae Flaviae (actuelle Chaves, Portugal) en 427. Il exerce son épiscopat en Gallaecia à une époque de graves troubles liés aux invasions barbares, notamment celle des Suèves.
Il joue un rôle actif dans la vie politique et religieuse de sa région : il tente de défendre les populations galaïco-romaines face aux Suèves et entreprend en 431 un voyage pour solliciter l’aide du général romain Aetius.
En 445, il lutte contre le manichéisme, et s’oppose également vigoureusement au priscillianisme, qu’il considère comme une hérésie majeure menaçant la foi chrétienne en Hispanie.
En 460, il est arrêté dans sa propre église par les Suèves, sur ordre du roi Frumarius, et emprisonné pendant trois mois. Cet épisode souligne sa position d’opposant politique et spirituel à la domination barbare.
Il meurt probablement vers 470, peu après la fin de sa Chronique, dont la dernière entrée date de 469.
Son œuvre principale, la Chronique, couvre la période allant de 379 à 469. Elle constitue une continuation de celle de Jérôme de Stridon, et suit le modèle des chroniques universelles chrétiennes. Elle donne une importance croissante aux événements en Gallaecia et en Hispanie à partir de 451, date à laquelle cette province devient isolée du reste du monde méditerranéen.
Son regard est profondément pessimiste : il interprète les bouleversements politiques, la fragmentation de l’empire, et la montée des royaumes barbares comme des signes de la fin des temps. Vers la fin de sa Chronique, il recense de nombreux prodiges et présages, et pense que l’Apocalypse pourrait survenir en 482.
Hydace est l’un des premiers auteurs à dater les événements selon l’Ère d’Espagne (Era Hisp.), un système de datation utilisé longtemps dans la péninsule ibérique.
Son œuvre, bien que brève et concentrée sur une région périphérique, est un document historique essentiel pour comprendre la désintégration de l’autorité romaine et la transition vers les royaumes barbares en Occident. Elle reflète aussi la perspective d’un évêque romain attaché à l’ordre impérial et inquiet face à la domination germanique.
Philostorge
- Philostorge (c. 368 - après 425) était un historien et écrivain religieux originaire de Cappadoce, connu pour ses œuvres écrites dans le contexte de l’Antiquité tardive.
- Il est l’auteur d’une “Histoire ecclésiastique” en douze livres, qui couvre la période 324-425 et représente une des rares sources conservées offrant le point de vue arien sur les événements ecclésiastiques du IVe siècle.
- Sa vision historique est influencée par son adhésion à l’arianisme, une branche du christianisme qui contestait la doctrine de la Trinité promue par l’Église nicéenne.
- Les écrits de Philostorge sont majoritairement perdus; cependant, nous en avons des fragments préservés grâce à l’abrégé réalisé par le patriarche Photios et à d’autres sources byzantines comme la Souda.
- Outre son œuvre principale, Philostorge aurait aussi écrit une “Réfutation de Porphyre” et un “Éloge d’Eunome”, bien que ces textes ne nous soient pas parvenus.
- Sa perspective offre un éclairage précieux et alternatif sur les conflits théologiques de son époque, en particulier les débats autour de l’arianisme.
Théodoret de Cyr
Théodoret de Cyr, né vers 393 à Antioche et mort entre 458 et 466, est un évêque, théologien et historien chrétien de langue grecque, rattaché à l’école d’Antioche. Il est considéré comme l’un des grands historiens ecclésiastiques de l’Antiquité tardive.
Consacré à Dieu dès sa naissance par sa mère, il est élevé par deux moines. Après la mort de ses parents, il distribue ses biens aux pauvres et entre au monastère de Nicerte où il reste sept ans. En 423, il devient évêque de Cyr, un petit diocèse dépendant d’Hiérapolis.
Dans son diocèse, il combat activement les hérétiques (notamment plus de mille marcionites convertis) et les païens, brûlant notamment 200 exemplaires du Diatessaron de Tatien. Il bâtit des églises, gère les affaires civiles et se rend fréquemment à Antioche. Il parle le grec et le syriaque.
À partir de 430, il est au cœur de la querelle nestorienne. Il appelle d’abord Nestorius à accepter le terme Theotokos, mais rejette ensuite les décisions du concile d’Éphèse (431), qui dépose Nestorius sous l’impulsion de Cyrille d’Alexandrie. Il participe avec Jean d’Antioche à une contre-condamnation de Cyrille.
Théodoret refuse longtemps d’adhérer à la réconciliation de 433 (Symbole d’Union), jugeant que la condamnation de Nestorius reste injustifiée. Il accuse Cyrille d’apollinarisme, rédige des réfutations et polémiques (dont la Réfutation des douze anathèmes et le Pentalogos).
En 449, il est déposé lors du « Brigandage d’Éphèse » sous l’influence de Dioscore d’Alexandrie. Il se retire à Nicerte et écrit au pape Léon Ier pour protester contre cette décision.
Réhabilité après la mort de Théodose II, il participe au concile de Chalcédoine (451) et est réintégré à son siège après avoir accepté de condamner « la doctrine attribuée à » Nestorius. Il reste une figure majeure de l’école antiochienne.
Ses œuvres sont vastes et couvrent plusieurs genres : apologétique, dogmatique, exégétique, historique, hagiographique et épistolaire. Il est condamné en 553 au concile de Constantinople II (controverse des Trois Chapitres) mais réhabilité en 680-681.
Parmi ses ouvrages majeurs figurent :
Histoire ecclésiastique (en 5 livres, de 325 à 429).
Histoire des moines de Syrie (ou Vie de trente solitaires), un recueil hagiographique avec un traité final sur la charité.
Thérapeutique des maladies helléniques, traité apologétique majeur contre le paganisme.
Eranistês, dialogues dogmatiques contre Eutychès.
De nombreux commentaires bibliques (Psaumes, Isaïe, Cantique, prophètes, Épîtres de Paul).
Des traités dogmatiques sur la Trinité, l’Incarnation, et des textes contre Cyrille.
Plus de 230 lettres conservées.
Son œuvre exégétique insiste sur la rationalité de la foi, l’interprétation littérale et historique des Écritures, dans la tradition antiochienne.
Il voit dans le monachisme un modèle de perfection chrétienne et un fait spirituel fondamental du IVe et Ve siècle.
Ses écrits sont traduits dans la collection Sources Chrétiennes (Éditions du Cerf), en volumes bilingues.
Théodoret incarne un christianisme oriental cultivé, profondément marqué par les conflits doctrinaux de son temps, et attaché à une vision modérée mais ferme de l’orthodoxie.
Sidoine Apolinaire
Sidoine Apollinaire naît à Lyon vers le 5 novembre 430 dans une illustre famille gallo-romaine, dont plusieurs membres ont exercé la charge de préfet du prétoire des Gaules.
Il reçoit une éducation littéraire classique, centrée sur la poésie latine, en particulier Ovide et Virgile, et devient l’un des poètes les plus célèbres de son temps.
En 452, il épouse Papianilla, fille du sénateur Avitus (futur empereur), ce qui le lie à une des familles les plus puissantes de Gaule et à la cité de Clermont.
Panégyriste officiel de son beau-père Avitus, il compose un éloge de ce dernier lors de son accession à l’Empire en 456, mais doit ensuite composer avec les revers politiques, notamment la chute d’Avitus.
Malgré les changements de pouvoir à Rome, il se rallie successivement à Majorien puis à Anthémius, auxquels il dédie aussi des panégyriques, ce qui lui vaut d’être nommé préfet de Rome en 468.
Son administration à Rome est entravée par de graves famines liées à la perte de l’approvisionnement en blé africain depuis la prise de Carthage par les Vandales.
En 470, il est ordonné prêtre puis élu évêque de Clermont, ville qu’il défend politiquement et militairement contre les Wisigoths entre 470 et 475, aux côtés d’Ecdicius.
Après la prise de Clermont par Euric, Sidoine est emprisonné, puis exilé à Carcassonne ; il revient ensuite à Clermont pour reprendre son épiscopat, exerçant aussi une grande charité envers les pauvres.
Sidoine se distingue comme un évêque lettré et aristocrate, peu impliqué dans la théologie, attaché aux valeurs romaines et aux arts littéraires, plutôt qu’à la spiritualité chrétienne profonde.
Il est considéré comme un des derniers représentants de la culture romaine classique en Gaule, et un témoin précieux de la transition entre l’Empire et les royaumes barbares.
Son œuvre littéraire comprend 24 Carmina (Poèmes), dont plusieurs panégyriques à des empereurs, et 147 Epistulae (Lettres), destinées à publication, inspirées notamment par Symmaque.
Ses poèmes cessent après son ordination épiscopale par respect des conventions ecclésiastiques, mais ses lettres prolongent son activité littéraire et politique jusqu’en 482.
Il critique vivement les peuples barbares, notamment les Burgondes, qu’il décrit avec mépris dans son Carmen XII, révélant un esprit conservateur et hostilité aux nouveaux arrivants.
Il meurt vers 486, âgé d’environ 56 ans, et est rapidement vénéré comme saint dans la Gaule médiévale, sa fête étant célébrée le 21 août dans les traditions catholique et orthodoxe.
Son style littéraire est raffiné, nourri de références à Virgile, Ovide, Claudien, Pline le Jeune, Tacite, et marqué par une préciosité rhétorique caractéristique des élites gallo-romaines de la fin de l’Empire.
Il incarne toutes les tensions de son époque : entre romanité et barbarie, entre culture aristocratique et christianisme, entre fidélité à Rome et adaptation aux royaumes germaniques.
Il est une source de premier plan pour les historiens du Ve siècle, notamment sur la vie politique et culturelle en Gaule, et sur les dernières lueurs de la tradition littéraire latine classique.
Mérobaudes
- Origines et Carrière : Flavius Merobaudes est un poète et rhéteur latin du Ve siècle, probablement originaire de la Bétique, en Espagne. Il est issu d’une famille influente, étant le petit-fils du général Mérobaudes.
- Carrière Militaire et Politique : Merobaudes est général des troupes romaines en Espagne et est reconnu pour ses talents militaires et littéraires. Il obtient des honneurs tels que la mise en place de sa statue dans le Forum de Trajan à Rome, un privilège rare pour un païen.
- Relations avec l’Empire : Au service de la cour impériale de Ravenne, il côtoie l’empereur Valentinien III et le général Aétius pendant près de vingt ans, devenant un témoin privilégié des événements majeurs de cette période.
- Œuvres Littéraires : Merobaudes est l’auteur de deux panégyriques dédiés à Aétius, l’un en vers et l’autre en prose. Il a également écrit quatre carmina minora (poèmes mineurs) qui reflètent le style précieux de la poésie de l’Antiquité tardive. Ces œuvres, ainsi que des fragments supplémentaires, ont été découverts sur un palimpseste de Saint-Gall.
- Redécouverte et Reconnaissance : Sa notoriété littéraire a été redécouverte au XIXe siècle, lorsque des inscriptions et des fragments de ses œuvres ont été retrouvés et attribués à lui, consolidant sa réputation en tant que poète et orateur.
- Héritage : Merobaudes est considéré comme un lettré important de l’Antiquité tardive, ayant servi l’État romain tout en étant un témoin et un participant actif aux événements marquants de son époque. Ses œuvres, bien que fragmentaires, offrent un aperçu précieux de la culture et de la politique du Ve siècle.
Cassiodore
Cassiodore (vers 485 – vers 580) est un homme politique et écrivain latin d’Italie du Sud, actif sous les règnes des rois ostrogoths. Il est d’abord haut fonctionnaire à Ravenne, puis, après un retrait de la vie publique, fondateur du monastère de Vivarium et défenseur de la culture antique au service du christianisme.
Issu d’une famille aristocratique romanisée, son cursus honorum commence comme consiliarius (503), puis quaestor sacri palatii (506-511), consul ordinarius (514), magister officiorum (523-527), et enfin préfet du prétoire (533-538), un des plus hauts postes administratifs de l’Italie ostrogothique.
Cassiodore est proche des rois Théodoric, Amalasonthe, Théodat et Witigès. Sa carrière semble marquée par une certaine prudence politique et une capacité d’adaptation, ce qui l’oppose à la figure tragique de Boèce, qu’il remplace après sa disgrâce.
En 538, il compose De Anima, marqué par un tournant religieux et contemplatif. Il se retire dans sa propriété de Squillace (Calabre) et fonde le monastère de Vivarium, où il développe un programme intellectuel chrétien et un centre de copie des manuscrits.
Le Vivarium, situé sur un locus amoenus, fonctionne comme une cité monastique dédiée à l’étude, à la copie des textes sacrés et profanes, et à l’application des arts libéraux. Cassiodore y promeut la lectio divina et un idéal de piété savante.
Ses Institutiones, destinées aux moines, sont divisées en deux livres : Divinarum litterarum (Scripture et théologie) et Saecularium litterarum (arts libéraux : grammaire, dialectique, rhétorique, géométrie, arithmétique, astronomie, musique).
Il rédige de nombreux traités théologiques, moraux, exégétiques (comme l’Expositio Psalmorum) et techniques (comme De orthographia), compile des extraits patristiques (Complexiones, Florilèges), produit des recueils canoniques et liturgiques.
Il traduit ou fait traduire plusieurs œuvres grecques : Histoire ecclésiastique (abrégé de Socrate, Sozomène et Théodoret), Antiquités judaïques de Flavius Josèphe, extraits de Clément d’Alexandrie, etc.
Son œuvre politique majeure est constituée des Variae, recueil de 468 lettres et formules administratives, panégyriques et décrets rédigés durant ses charges officielles. Ces textes documentent l’organisation de l’administration ostrogothique et la rhétorique du pouvoir.
Il est aussi l’auteur de l’Historia Gothorum (aujourd’hui perdue), dont Jordanès a rédigé un résumé dans sa Getica. Cette œuvre visait à légitimer la royauté ostrogothique par une généalogie noble et une continuité historique entre Goths et Romains.
Dans la dernière partie de sa vie, Cassiodore témoigne d’un souci de transmission culturelle, de conservation des manuscrits, et d’orthodoxie chrétienne. Il apparaît comme une figure centrale de la transition entre Antiquité tardive et haut Moyen Âge.
Sa mort est située entre 580 et 585. Son monastère survit quelque temps, bien que décline rapidement après les troubles lombards. Vivarium reste une étape cruciale dans l’histoire de la culture manuscrite médiévale.
Jordanès
Jordanès, historien latin du VIe siècle, était d’origine ostrogothique, converti au christianisme et probablement évêque de Crotone. Il séjourna à Constantinople en 551, date à laquelle il composa son Histoire des Goths (De origine actibusque Getarum), résumée d’une œuvre perdue de Cassiodore.
Il affirme avoir été notaire au service du général goth Gunthigis et avoir eu brièvement accès aux livres de Cassiodore, qu’il résume de mémoire, complétant son travail avec des lectures personnelles et des éléments issus de la tradition orale.
Sa Getica est la seule source conservée de l’époque retraçant l’histoire des Goths, englobant Ostrogoths et Wisigoths. Elle s’ouvre sur un tableau ethnogéographique du Nord de l’Europe, incluant l’île mythique de « Scandza », d’où les Goths seraient partis pour fonder Gothiscandza sur la côte baltique.
Le récit de Jordanès mêle histoire et légende : combats contre un pharaon égyptien (Vesosis), destruction de Troie après la guerre d’Agamemnon, identification des Goths aux Gètes de l’Antiquité, etc. Il s’efforce de doter les Goths d’une origine noble et d’une tradition antique.
Il reprend de nombreuses sources classiques grecques et latines : Tacite, Trogue Pompée, Pline, Ptolémée, Jérôme, Strabon, Priscus, Lucain, etc. Certains récits sont empruntés aux carmina prisca (chants anciens des Goths), bien que cette origine soit douteuse selon les chercheurs modernes.
Le latin de Jordanès est un latin tardif instable : déclinaisons fluctuantes, fautes morphologiques et syntaxiques, vocabulaire appauvri, usage de formes vulgaires ; cela reflète les évolutions vers les langues romanes et le déclin de l’enseignement grammatical classique au VIe siècle.
Sa Getica a longtemps été la source principale sur les Goths. Cependant, son assimilation des Goths aux Gètes et Daces est aujourd’hui largement remise en cause, notamment par des historiens roumains et anglo-saxons. Elle servirait davantage à construire un mythe politique qu’à restituer une histoire fiable.
Des critiques modernes (Christensen, Curta, Goffart) considèrent l’œuvre comme un exemple d’invention d’un passé glorieux pour légitimer l’aristocratie gothique à l’image des grandes familles romaines. Elle reflète les enjeux idéologiques de l’époque plus qu’une réalité historique documentée.
L’intérêt du texte réside néanmoins dans sa description de l’expansion gothique, de la période hunnique, et de figures comme Cniva ou Riothamus (source possible du mythe arthurien). Il témoigne aussi de la construction des récits ethno-historiques au moment des Grandes Invasions.
L’œuvre a connu une large postérité : redécouverte à la Renaissance, imprimée dès 1515, éditée par Mommsen en 1882, elle a suscité de nombreuses controverses sur la véracité de ses sources et son influence sur les représentations médiévales des peuples barbares.
Grégoire de Tours
- Grégoire de Tours (538-594), évêque de Tours et historien gallo-romain.
-Issu d’une famille aristocratique chrétienne, il devient évêque en 573.
- Auteur de “Histoire des Francs”, une œuvre majeure qui combine récits historiques et vies de saints, couvrant la période de Clovis à 591.
- Il critique les conflits entre les rois francs et défend les valeurs chrétiennes.
- Son œuvre a grandement influencé l’historiographie médiévale, faisant de lui une figure centrale dans la transmission de l’histoire des Mérovingiens.
Marcellin Comes
- Marcellinus Comes, chroniqueur romain du VIe siècle, né en Illyrie et mort peu après 534.
- Il était chancelier de l’empereur Justinien et portait le titre de “comes”, signifiant “compagnon” ou “comte”.
- Son œuvre principale est une chronique en latin, couvrant la période de 379 à 534, qui se concentre sur l’Empire romain d’Orient.
- Deux autres œuvres, mentionnées par Cassiodore, sont perdues : De temporum qualitatibus et positionibus locorum et une description de Jérusalem et de Constantinople.
Jean Malalas
Jean Malalas, né vers 491 à Antioche et mort vers 578 à Constantinople, est un fonctionnaire byzantin et chroniqueur, auteur de la plus ancienne chronique byzantine conservée : la Chronographia.
Son nom vient du syriaque mallālā, signifiant « rhéteur », mais ce titre semble usurpé car son style et sa connaissance du grec révèlent une éducation seulement secondaire.
Sa carrière alterne entre Antioche et Constantinople, où il travaille notamment sous Marinus (512–519) et Théodotus (522–523). Il participe probablement à l’administration diplomatique sous Justinien, ce qui explique son intérêt pour la politique étrangère jusqu’en 533.
Témoignant du séisme de 526 à Antioche et des mesures de reconstruction, il montre une familiarité avec les événements orientaux, mais recentre sa chronique sur Constantinople après 533.
La Chronographia s’étend de la création du monde jusqu’au règne de Justinien, dont il donne la durée exacte (38 ans, 7 mois, 13 jours), laissant supposer qu’il vécut jusqu’à la mort de l’empereur en 565, bien que son texte s’interrompe en 563.
Son œuvre, en 18 livres, combine récits historiques, mythologie, fables populaires, légendes bibliques, anecdotes et éléments religieux. Les premiers livres sont peu fiables mais les derniers, où il est témoin, sont plus précis historiquement.
Il cite 75 sources, parfois inconnues ou inventées, et s’inspire largement d’Eustathe d’Épiphanie, dont il reprend le calcul de la création du monde, mais en déformant la chronologie.
Le style de Malalas est populaire, écrit en grec commun (koïnè) mêlé d’expressions latines et orientales, parfois maladroit, avec peu de structure, d’élégance ou de critique historique.
Il alterne entre chronique universelle et histoire locale (notamment d’Antioche), et innove en nommant chaque livre et en insérant une succession continue depuis Adam jusqu’à son époque.
Bien que son œuvre ait reçu peu d’attention à Constantinople, elle eut un grand succès dans l’Orient byzantin et le monde slave, influençant le Chronicon Paschale, Théophane le Confesseur, et de nombreuses traductions slavonnes.
Plusieurs versions de la Chronographia ont été produites : une première vers 527, une deuxième vers 528 (source du slavon), une troisième vers 533 et une dernière sans doute jusqu’en 565.
Malalas est aujourd’hui perçu comme un auteur important pour l’histoire byzantine du VIe siècle, notamment par les informations qu’il donne sur l’administration, la diplomatie et la vie quotidienne sous Justinien, malgré les faiblesses de sa méthode historique.
Isidore de Séville
- Isidore de Séville (vers 560-636), évêque et docteur de l’Église, né à Carthagène, a été une figure centrale du royaume wisigothique d’Espagne.
- Il a joué un rôle clé dans la conversion des Wisigoths au christianisme trinitaire et a œuvré pour la formation intellectuelle du clergé.
- Auteur de l’encyclopédie Etymologiae, qui rassemble et transmet le savoir antique, il est également connu pour son traité De fide catholica contra Judeos.
- Canonisé en 1722, il est le saint patron des informaticiens et des internautes.
Procope de Césarée
- Biographie :
Procope de Césarée (vers 500 - vers 565) est un historien et avocat byzantin, principalement connu pour ses récits sur le règne de l’empereur Justinien. Il fut le secrétaire du général Bélisaire et l’accompagna dans ses campagnes militaires avant de se consacrer à l’écriture. - Œuvres principales :
– Les Guerres de Justinien : Une trilogie couvrant les guerres perses, vandales et gothiques. Cet ouvrage présente un Justinien glorifié et met en avant les succès militaires et architecturaux de l’empire.
Histoire secrète de Justinien : Contrairement aux Guerres de Justinien, cet ouvrage brosse un portrait très critique de Justinien, de Bélisaire et de leurs épouses, révélant les coulisses sombres du pouvoir byzantin.
Sur les monuments : Un éloge des constructions de Justinien, montrant l’empereur comme un bâtisseur divin. L’œuvre reste inachevée.
Contributions historiques :
Procope est considéré comme le principal historien du VIe siècle, écrivant en grec classique et s’inspirant d’historiens antiques comme Hérodote, Thucydide et Polybe. Son travail est essentiel pour comprendre le règne de Justinien, l’Empire byzantin et les relations avec les barbares. - Contradictions et complexité :
Ses écrits montrent une ambivalence notable. D’un côté, il loue Justinien dans Les Guerres de Justinien et Sur les monuments, et de l’autre, il le diabolise dans Histoire secrète de Justinien. Cette dualité a suscité des débats sur l’authenticité de son œuvre, mais il semble qu’il ait délibérément choisi de publier des textes critiques après la mort des protagonistes pour éviter des répercussions politiques. - Héritage :
Procope a influencé l’historiographie byzantine et demeure une source clé pour l’étude de l’Antiquité tardive. Son style narratif, son usage des sources primaires et son analyse des causes des événements en font un « journaliste » de son temps, plus qu’un historien académique classique.
Bède le Vénérable
- Bède le Vénérable : Synthèse rapide
- Biographie : Moine anglo-saxon né vers 672/673 en Northumbrie, mort en 735 à Jarrow. Ordonné prêtre vers 702, il a passé sa vie dans les monastères de Wearmouth et Jarrow.
- Œuvre principale : Histoire ecclésiastique du peuple anglais (731) — raconte l’histoire de l’Angleterre depuis la conquête romaine jusqu’en 731. Lui vaut le titre de « Père de l’histoire anglaise ».
- Autres travaux : Nombreux commentaires bibliques, traités scientifiques (De Natura Rerum), et ouvrages sur le comput (calcul du temps liturgique).
- Méthodologie : Utilise des sources fiables, pratique la critique historique, allie érudition et foi chrétienne.
- Héritage : Proclamé docteur de l’Église en 1899 par Léon XIII. Saint patron des historiens et écrivains anglais.
- Impact : Influence la Renaissance carolingienne et reste une référence en histoire et en théologie médiévale.
Jérôme de Stridon
- Biographie :
Naissance et mort : Né vers 347 à Stridon (actuelle Slovénie/Croatie) et mort le 30 septembre 420 à Bethléem. - Carrière : Moine, traducteur de la Bible, Père de l’Église latine et Docteur de l’Église.
Rôle à Rome : Secrétaire du pape Damase Ier, il traduit les Évangiles en latin à la demande du pape.
Installation à Bethléem : Après le décès de Damase en 384, Jérôme s’installe en Palestine, où il fonde un monastère et se consacre à l’écriture. - Œuvre principale :
La Vulgate : Traduction latine de la Bible, reconnue comme texte officiel de l’Église catholique jusqu’au XXe siècle. - Travaux théologiques : Nombreux commentaires bibliques, en particulier sur l’Ancien Testament, et écrits polémiques contre les hérésies de son temps.
- Méthodologie :
Traduction directe depuis l’hébreu et le grec : Une approche novatrice pour l’époque, privilégiant la “veritas hebraica” (vérité hébraïque). - Exégèse biblique : Combine le sens littéral, allégorique et spirituel des textes.
Influence et Héritage :
Docteur de l’Église : Proclamé par Boniface VIII en 1298.
Patronage : Saint patron des traducteurs, archivistes, bibliothécaires, étudiants et écoles bibliques.
Iconographie : Représenté souvent avec un crâne, un lion et en tenue de cardinal (même si le cardinalat n’existait pas à son époque). - Anecdote :
Rêve marquant : Un rêve où il est accusé d’être plus « cicéronien » que chrétien l’incite à se consacrer à l’étude des Écritures plutôt qu’aux classiques païens.
Jérôme de Stridon demeure une figure clé du christianisme ancien, à la fois comme érudit et comme défenseur de la foi orthodoxe.
Claudien
- Biographie :
Naissance et mort : Né vers 370 à Alexandrie, décédé vers 404 à Rome.
Carrière : Poète latin de la cour de l’empereur Honorius à Milan, poète de cour et mondain.
Langues : Écrit principalement en latin, parfois en grec.
Religion : Païen convaincu, critiqué par Augustin d’Hippone et Orose pour son opposition au christianisme.
Œuvres principales :
Poèmes politiques et panégyriques : - Panegyricus Probino et Olybrio Consulibus
De Tertio Consulatu Honorii Augusti
De Consulatu Stilichonis
De Sexto Consulatu Honorii Augusti
Poèmes mythologiques : - De raptu Proserpinae (inachevé) : Épopée sur l’enlèvement de Proserpine.
Gigantomachie : Récit mythologique sur la lutte des Géants contre les Dieux.
Poèmes de célébration et libelles :
De Bello Gildonico : Sur la révolte de Gildon.
De Bello Gothico : Sur la guerre contre Alaric en 402-403.
In Rufinum et In Eutropium : Poèmes satiriques.
Poèmes didactiques :
- Phoenix, De magnete, De crystallo cui aqua inerat.
Style et influence :
Style : Vigoureux, marqué par la rhétorique et l’influence du « baroque » alexandrin (comme Nonnos de Panopolis).
Importance : Considéré, avec Prudence, comme l’un des derniers grands poètes latins de l’Empire romain.
Héritage :
Claudien reste une figure marquante de la poésie latine tardive, reconnu pour ses œuvres politiques, mythologiques et satiriques.
Pétrone
- Pétrone est probablement Titus Petronius Niger, consul sous Néron, surnommé arbiter elegantiae (« arbitre du bon goût »). Il est contraint au suicide vers 66 ap. J.-C. après avoir rédigé une satire secrète sur les débauches de l’empereur.
- Œuvre principale : Le Satyricon, roman satirique en prose et vers, dont seuls des fragments (notamment les livres XIV à XVI) nous sont parvenus. Le récit narre les errances d’Encolpe, Ascylte et Giton dans une Rome décadente.
- Genre et style : Œuvre hybride mêlant satire, parodie, roman de mœurs, poésie et mime. Le style joue sur les contrastes de registres, les ruptures de ton, l’usage du langage populaire, et les emprunts parodiques aux grands genres littéraires antiques.
- Esthétique : Parodique, ironique, subversive. Le Satyricon dégrade les modèles classiques (épopée, tragédie, rhétorique), ridiculise les prétentions sociales et les postures morales, et donne voix à une pluralité de personnages par l’hétéroglossie.
- Thèmes : Décadence morale, imposture intellectuelle, satire sociale des affranchis enrichis (Trimalcion), sexualité débridée, impuissance, errance, désorientation identitaire, rapports humains fondés sur la manipulation ou l’illusion.
- Philosophie : Entre stoïcisme moqué et épicurisme désabusé. Pétrone semble critiquer toute doctrine dogmatique. Son héros Encolpe est instable, lucide mais impuissant, symptôme d’un monde sans repères.
- Réalisme : Pétrone excelle dans la peinture sociale (langues, décors, comportements). Il est vu par Erich Auerbach comme un maître du réalisme antique (ex. : festin chez Trimalcion).
- Innovations : Considéré comme un précurseur du roman picaresque, du roman moderne (par son goût de l’errance, du fragment, de l’ambiguïté narrative). Il dépasse les modèles anciens par son regard distancié.
- Postérité : Influencé par Lucain, Sénèque, Épicure, il inspire Schwob, Sterne, Smollett, Fielding, Montherlant. Adapté par Fellini (Fellini-Satyricon, 1969), Polidoro (1968), ou en musique par Maderna (opéra inachevé Satyricon).
- Mort et figure littéraire : Son suicide devient un modèle du dandysme. Il meurt dans le raffinement, refusant la gravité, en organisant une mort esthétique et ironique, fidèle à son image d’élégant désabusé.
Éphrem le Syrien
- Identité : Diacre syriaque (v. 306–373), théologien, poète mystique, figure majeure du christianisme oriental, proclamé Docteur de l’Église en 1920.
- Lieu et contexte : Né à Nisibe (Empire romain), témoin des conflits romano-perses. Exilé à Édesse après la cession de Nisibe aux Perses.
- Langue et influence : A écrit exclusivement en syriaque ; ses œuvres furent traduites en grec, arménien, copte, latin. Ses hymnes ont marqué la liturgie orientale.
- Œuvres : Plus de 400 hymnes (madrāšê), homélies poétiques (mêmrê), commentaires bibliques. Utilisation d’un style symbolique, rythmique, souvent chanté par des chœurs féminins.
- Combat doctrinal : Défenseur de l’orthodoxie nicéenne contre les hérésies (manichéens, marcionites, bardesanites). A écrit pour éduquer et stabiliser la foi dans un contexte religieux instable.
- Spiritualité : Vie ascétique, service des malades (mort lors d’une épidémie). Vision du combat spirituel intérieur comme plus redoutable que la persécution extérieure.
- Héritage : Surnommé « Harpe du Saint-Esprit », source majeure de la mystique syriaque. De nombreux textes pseudépigraphes circulent sous son nom (notamment en grec).
Ambroise de Milan
Ambroise de Milan (Aurelius Ambrosius), né en 339 à Trèves, mort en 397 à Milan. Évêque de Milan de 374 à sa mort. Père et Docteur de l’Église, un des quatre grands Pères latins avec Augustin, Jérôme et Grégoire.
Acteur central des débats entre ariens et nicéens. Baptise Augustin vers 387. Défenseur de la foi nicéenne contre les hérésies.
Lecteur de Cicéron et des Pères grecs, il adopte l’allégorie comme méthode d’exégèse : « La lettre tue, l’esprit vivifie ».
Poète, introducteur de l’hymnodie latine chrétienne. Initiateur du chant ambrosien et du chant antiphonique.
Fêté le 7 décembre (ordination), parfois aussi le 4 avril (mort). Patron de Milan, des apiculteurs et de diverses professions.
Fils du préfet du prétoire des Gaules. Frère de Satyr et Marcelline. Cousin de Symmaque, haut fonctionnaire païen.
Anecdote : un essaim d’abeilles sur sa bouche au berceau est vu comme un signe de son éloquence future.
Formation juridique à Rome. Avocat, puis gouverneur de la province de Ligurie-Émilie à Milan (résidence impériale occidentale).
Élu évêque en 374, malgré son statut de catéchumène. Acclamé par le peuple en pleine crise entre ariens et catholiques. Résiste puis accepte. Baptisé, ordonné et sacré en quelques jours.
Redistribue ses biens, vit avec simplicité, étudie l’Écriture et les Pères grecs. Introduit la lectio divina en Occident.
Prédication morale, catéchétique, accessible, anti-arienne. Défend l’autonomie de l’Église face à l’empereur. Affronte Valentinien I et II, puis Théodose.
Meurt à Milan le 4 avril 397. Inhumé dans la crypte de la basilique Saint-Ambroise.
Œuvres majeures :
De officiis ministrorum : éthique chrétienne (inspirée de Cicéron)
De sacramentis et De mysteriis : sur les sacrements
De fide et De Spiritu Sancto : sur la Trinité, contre les ariens
De paenitentia : sur la pénitence, contre les Novatiens
Apologia David : défense du roi David
Lettres, oraisons funèbres (Théodose, Valentinien II), sermons
Quatre hymnes authentifiés : Aeterne rerum conditor, Splendor paternae gloriae, Jam surgit hora tertia, Deus creator omnium.
Le style des hymnes : 8 strophes de 4 vers courts, encore chantés aujourd’hui.
Représentations : évêque avec crosse, parfois fouet (contre les ariens), ou à cheval. Associé à une ruche (éloquence).
Augustin d’Hippone
Naissance et origines : Augustin est né en 354 à Thagaste (actuelle Souk Ahras, Algérie) dans une famille berbère romanisée. Son père, Patrice, est païen, et sa mère, Monique (future sainte Monique), est une chrétienne fervente qui aura une grande influence sur sa vie spirituelle.
Éducation et jeunesse : Éduqué à Madaure puis à Carthage, il se distingue dans l’étude de la rhétorique, discipline qu’il enseignera plus tard. Il mène une vie jugée dissolue, fréquente les théâtres et a un fils hors mariage, Adéodat, avec une concubine qu’il ne nomme jamais.
Quête spirituelle et adhésion au manichéisme : Pendant environ dix ans, il suit la doctrine manichéenne, séduite par son dualisme radical (lutte entre lumière et ténèbres). Déçu par les contradictions du manichéisme et l’absence de réponses satisfaisantes, il s’en éloigne progressivement.
Rencontre du néoplatonisme et d’Ambroise : Installé à Milan, Augustin découvre les auteurs néoplatoniciens, notamment Plotin, qui l’amènent à concevoir un Dieu immatériel et intérieur. Il assiste aux prédications d’Ambroise de Milan, qui lui fait découvrir une lecture allégorique de la Bible, transformant sa perception des Écritures.
Conversion : Après une longue crise intérieure, il se convertit au christianisme en 386 à la suite d’une expérience mystique dans un jardin (épisode du “Tolle lege” : “prends et lis”). Baptisé en 387 par Ambroise avec son fils Adéodat. Peu après, sa mère Monique meurt à Ostie.
Retour en Afrique et ordination : De retour à Thagaste, il vit en communauté monastique avant d’être ordonné prêtre à Hippone en 391, puis évêque en 395. Il reste à ce poste jusqu’à sa mort.
Activité épiscopale : Il prêche, écrit, dirige une Église locale très active. Son action pastorale est marquée par la lutte contre plusieurs hérésies :
Le manichéisme, qu’il connaît de l’intérieur ;
Le donatisme, mouvement rigoriste africain qui refusait toute indulgence aux pécheurs et remettait en cause la légitimité de certains évêques ;
Le pélagianisme, contre lequel il développe sa théologie de la grâce, affirmant que l’homme, marqué par le péché originel, ne peut se sauver sans l’aide de Dieu.
Pensée théologique :
Il insiste sur la nécessité de la grâce divine, la faiblesse de la volonté humaine et la puissance du péché.
Il élabore une anthropologie chrétienne fondée sur l’introspection (Les Confessions) et l’union de l’intellect et de l’amour dans la recherche de Dieu.
Sa lecture de l’histoire dans La Cité de Dieu oppose la cité terrestre (fondée sur l’amour de soi) à la cité céleste (fondée sur l’amour de Dieu), une conception qui marquera toute la pensée médiévale.
Œuvres principales :
Les Confessions (vers 397) : autobiographie spirituelle, récit de sa jeunesse, de sa conversion et de son cheminement vers Dieu.
La Cité de Dieu (413–426) : réponse à ceux qui accusent le christianisme d’avoir affaibli Rome après son sac de 410 ; théologie de l’histoire et de la société.
De Trinitate : réflexion sur le mystère trinitaire à partir de l’analogie avec l’âme humaine.
De Doctrina Christiana : traité sur la lecture et l’interprétation de l’Écriture.
Nombreux traités contre les hérésies, sermons, lettres, commentaires bibliques.
Mort : Il meurt en 430, à 76 ans, alors que la ville d’Hippone est assiégée par les Vandales. Il est canonisé au Moyen Âge et proclamé Docteur de l’Église. Sa pensée influencera aussi bien le catholicisme médiéval que les Réformateurs du XVIe siècle.
Postérité : Augustin est l’un des plus grands penseurs de l’Antiquité tardive. Son influence est immense, aussi bien sur la théologie, la philosophie que la mystique chrétienne. Il est considéré comme un Père de l’Église latine, aux côtés de Jérôme, Ambroise et Grégoire le Grand.