L'Europe du congrès de Vienne Flashcards

1
Q

Comment la défaite de Napoléon ouvre sur une phase de transition à l’échelle européenne?

A

La défaite de Napoléon ouvre une phase de transition inédite à l’échelle européenne. Après plus de vingt ans de combats, les puissances hostiles à la France occupent son territoire et démantèlent l’empire que Napoléon avait rêvé universel. Malgré l’épisode des Cent-Jours (Napoléon, échappé de l’île d’Elbe, revient en France et exerce une dernière fois le pouvoir entre mars et juin 1815), la défaite est consommée à la bataille de Waterloo (18 juin 1815). Que construire sur les décombres de cet empire aussi vaste qu’éphémère ? Quelles traces la période révolutionnaire et napoléonienne laisse-t-elle sur les différentes sociétés européennes ?

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Q

Quelle est la suite de la chute de l’empire?

A

L’effondrement militaire de la Grande Armée et l’abdication de Napoléon livrent les destinées de l’Europe à la Russie, à l’Autriche, à la Prusse et au Royaume-Uni. La réorganisation de l’Europe qui se dessine alors consiste à la fois dans le rétablissement de souverains chassés de leur trône, et dans la délimitation de nouvelles sphères d’influence pour conjurer le spectre d’une hégémonie française. Les premiers régimes restaurés sont installés dès le mois de mai 1814, en France, en Espagne ou dans le royaume du Piémont-Sardaigne.

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Q

Que se passe-t-il à Vienne du 1er novembre 1814 au 9 juin 1815 ?

A

La tâche la plus urgente consiste à dessiner les contours de la nouvelle Europe pour éviter le retour des révolutions et des guerres de conquête. C’est tout l’enjeu du congrès de Vienne, l’une des plus grandes réunions diplomatiques de l’histoire, qui se réunit dans la capitale autrichienne du 1er novembre 1814 au 9 juin 1815. Pendant neuf mois affluent à Vienne près de 100 000 personnes, qui viennent y discuter, y tenir salon ou y défendre leurs intérêts. Le congrès compte une centaine de délégations officielles, composées de royaumes et d’empires, de villes et de principautés, auxquelles s’ajoutent les représentants de corps constitués et de groupes d’intérêt. Mais les débats sont dominés par les quatre grandes puissances et leurs représentants. Le chancelier autrichien Klemens von Metternich préside le congrès, dont Friedrich Gentz est le secrétaire. Les ministres des Affaires étrangères (Charles-Robert de Nesselrode pour la Russie, Lord Castlereagh pour le Royaume-Uni) sont aux avant-postes. La France réintègre le jeu diplomatique par l’entremise de Talleyrand, qui négocie pour le compte de la Restauration. Les États ne sont pas les seuls à être présents : un ensemble de communautés religieuses ou professionnelles s’efforcent de défendre leur cause et d’obtenir une place dans le nouvel ordre international. Banquiers et financiers (les Baring, les Rothschild, le financier français Gabriel-Julien Ouvrard) sont au chevet des États, ruinés par deux décennies de guerre, pour les aider à financer leurs dettes, convertir les monnaies ou régler les détails financiers des accords de paix.

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4
Q

Quelle société se retrouve à Vienne et comment le congrès s’organise?

A

La postérité a retenu de ces mois passés à Vienne une image de frivolité et de légèreté (« Le congrès ne marche pas, il danse », selon une formule prêtée au prince de Ligne), comme si la société de cour européenne retrouvait à Vienne son insouciance après les troubles révolutionnaires. La parcimonie des informations circulant au sujet des négociations diplomatiques a facilité l’essor des rumeurs et orienté l’attention vers les bals et les cérémonies officielles, des moments de sociabilité et de divertissement autant que des théâtres d’influence. Le travail du congrès s’est déroulé de manière moins visible et plus austère, en commissions et sous-commissions, sur des sujets complexes comme le tracé des frontières, la répartition des populations ou l’établissement de principes de droit international en matière de navigation maritime et fluviale. Le congrès de Vienne inaugure ainsi la tradition des grandes conférences diplomatiques où se croisent acteurs politiques, experts et statisticiens, hommes d’affaires et dignitaires religieux. Tout le monde, cependant, ne pèse pas du même poids dans ces discussions. Il existe une hiérarchie claire et formalisée des puissances, dont le premier cercle est constitué par l’Autriche et la Russie, qui se placent en protectrices de l’ordre européen restauré.

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5
Q

Comment les cents jours changent la dynamique du congrès ?

A

Les travaux du congrès s’accélèrent brutalement à la faveur des Cent-Jours, qui ravivent la crainte du péril napoléonien. Le premier traité de paix, signé dès le 30 mai 1814 à Paris, s’était montré clément avec la France de la Restauration, ne lui imposant par exemple aucune réparation financière. Avec le retour de Napoléon et la tournure libérale que ce dernier prétend donner à son pouvoir (à travers l’adoption de l’Acte additionnel aux Constitutions de l’Empire), les puissances décident de sceller au plus vite les grands principes de l’Europe nouvelle. Le 9 juin 1815, alors que Napoléon est encore à la tête de son armée, l’acte final du congrès de Vienne est signé, contenant 121 articles et 17 annexes. Il redessine la carte de l’Europe de fond en comble, instaure des principes de droit international et défend le principe de la légitimité dynastique contre celui de la légitimité nationale. Moins de dix jours plus tard, Waterloo enterre les derniers rêves de Napoléon, que l’on prend soin d’exiler bien plus loin cette fois-ci, sur l’île de Sainte-Hélène, au milieu de l’Atlantique Sud. L’empereur a vécu (il meurt en 1821), mais son souvenir, transfiguré par le Mémorial de Sainte-Hélène, commence tout juste à hanter l’Europe.

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6
Q

Comment est-ce que la France est redessinée ?

A

Le premier objectif des grandes puissances est d’affaiblir la France et d’empêcher qu’elle puisse renouer avec ses désirs de grandeur. Selon les termes du second traité de Paris, conclu le 20 novembre 1815, la France est ramenée à ses frontières de 1790 (sans Nice ni la Savoie, rattachées à la France en 1792) et doit verser à ses adversaires des réparations à hauteur de 700 millions de francs. Les alliés soutiennent le rétablissement sur le trône des Bourbons, en deux temps, d’abord en mai 1814 (première Restauration), puis après la fin des Cent-Jours (seconde Restauration). Le territoire français est occupé jusqu’en 1818 ; une commission des Alliés est mise en place pour maintenir l’ordre, régler les détails pratiques et financiers de l’occupation. Tout autour de la France, des royaumes sont rétablis ou créés pour lui faire contrepoids et étouffer ses désirs d’expansion, quitte à réunir des territoires disjoints, comme Gênes et le Piémont, ou la Belgique et la Hollande en un royaume uni des Pays-Bas.

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7
Q

Comment est réorganisé l’Europe?

A

Sur le plan des principes politiques, le congrès de Vienne défend la légitimité dynastique contre la reconnaissance des aspirations nationales. C’est pourquoi les souverains autrefois chassés du pouvoir par l’occupation napoléonienne sont rétablis. Le Bourbon Ferdinand VII récupère son trône en Espagne, la maison de Savoie au Piémont ou les Bourbons dans le royaume des Deux-Siciles, qui s’étend de la partie méridionale de l’Italie jusqu’à la Sicile. Le morcellement de l’Italie et de l’Allemagne est conservé, contre les appels à l’union nationale qui avaient pu naître en réaction à l’occupation napoléonienne. Le cas de la Confédération germanique nouvellement créée est emblématique : peu influente, celle-ci réunit 38 principautés et villes libres (39 en 1817), sans disposer de pouvoirs importants sur le plan confédéral. L’Autriche et la Prusse se disputent la prééminence sur cette nouvelle entité. Les Autrichiens s’assurent un contrôle étroit sur la péninsule italienne, notamment avec la création du royaume lombardo-vénitien, placé directement sous leur autorité. Le pape, rétabli à la tête des États pontificaux, doit contrecarrer les tendances fédératives. Autre entrave au principe national à l’est de l’Europe, un royaume de Pologne dit du « Congrès » est établi, mais placé sous la tutelle de l’Empire russe. Ces redécoupages et ces créations institutionnelles alimentent frustrations et contestations pendant une large partie du xixe siècle, jusqu’aux années 1850-1860.

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8
Q

Quel ordre de Vienne ?

A

Sur le plan des principes politiques, le congrès de Vienne défend la légitimité dynastique contre la reconnaissance des aspirations nationales. C’est pourquoi les souverains autrefois chassés du pouvoir par l’occupation napoléonienne sont rétablis. Le Bourbon Ferdinand VII récupère son trône en Espagne, la maison de Savoie au Piémont ou les Bourbons dans le royaume des Deux-Siciles, qui s’étend de la partie méridionale de l’Italie jusqu’à la Sicile. Le morcellement de l’Italie et de l’Allemagne est conservé, contre les appels à l’union nationale qui avaient pu naître en réaction à l’occupation napoléonienne. Le cas de la Confédération germanique nouvellement créée est emblématique : peu influente, celle-ci réunit 38 principautés et villes libres (39 en 1817), sans disposer de pouvoirs importants sur le plan confédéral. L’Autriche et la Prusse se disputent la prééminence sur cette nouvelle entité. Les Autrichiens s’assurent un contrôle étroit sur la péninsule italienne, notamment avec la création du royaume lombardo-vénitien, placé directement sous leur autorité. Le pape, rétabli à la tête des États pontificaux, doit contrecarrer les tendances fédératives. Autre entrave au principe national à l’est de l’Europe, un royaume de Pologne dit du « Congrès » est établi, mais placé sous la tutelle de l’Empire russe. Ces redécoupages et ces créations institutionnelles alimentent frustrations et contestations pendant une large partie du xixe siècle, jusqu’aux années 1850-1860.

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9
Q

Quel est le système de congrès et d’alliance ?

A

Apprécier la portée et le bilan du congrès de Vienne n’est pas un exercice univoque. Les spécialistes de théorie des relations internationales soulignent l’efficacité du dispositif conçu en 1815, dans la mesure où le continent européen ne connaît plus de guerre généralisée pendant un siècle, même si de violents affrontements ont lieu entre certains des acteurs du congrès, par exemple lors de la guerre de Crimée en 1853-1856 [voir chapitre 9]. Mais cette opération de pacification, qui emprunte à l’esprit des Lumières et à la recherche d’une paix perpétuelle, a pour contrepartie la mise en place d’un système répressif à l’intérieur des frontières de chaque État, avec la reconnaissance d’un droit pour les plus grandes puissances à intervenir en dehors de leur territoire pour éteindre des mouvements révolutionnaires. Ce système de régulation des conflits internationaux, adossé à la possibilité d’interventions étrangères, prend forme en 1815. En septembre, le tsar russe Alexandre Ier propose à ses alliés la signature du traité de la Sainte-Alliance, qui se place sous les auspices de la religion chrétienne et revendique un gouvernement paternaliste des sociétés européennes. La Prusse et l’Autriche rejoignent cette alliance, que les Britanniques déclinent, moins convaincus par l’inspiration chrétienne, conservatrice et autoritaire du projet. Ces derniers n’en acceptent pas moins de signer le traité de la Quadruple Alliance, le 20 novembre 1815, qui est élargi à la France une fois celle-ci libérée de ses obligations et de l’occupation étrangère en 1818. Par ce traité, les grandes puissances mettent en place un système de discussion et de coopération, qui subordonne le principe de la souveraineté interne des États, en particulier les moins puissants d’entre eux, à l’impératif du maintien de l’ordre en Europe. L’objectif est de bâtir une action concertée pour réprimer les mouvements révolutionnaires, libéraux ou radicaux, qui viendraient menacer la stabilité des États restaurés et constituer une menace pour la « sécurité » européenne. Les grandes puissances, l’Autriche en premier lieu et son ministre des Affaires étrangères Klemens von Metternich, affirment leur volonté d’agir comme les gendarmes de l’Europe.

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10
Q

Assurer l’ordre sur le plan intérieur ?

A

Ce concert européen est étroitement articulé à la mise en œuvre de politiques de contrôle des opinions et des opposants dans chacun des États restaurés, alors même que de nombreux groupes contestent les principes du congrès de Vienne et cultivent la nostalgie des époques révolutionnaires et impériales. Les premiers signes de turbulence se manifestent dès 1817 dans la toute jeune Confédération germanique. En octobre, des étudiants allemands se réunissent au château de la Wartburg, près d’Eisenach, pour commémorer le tricentenaire de la Réforme et le quatrième anniversaire de la bataille des Nations. L’activité des Burschenschaften, ces fraternités étudiantes conquises aux idées libérales et nationales, déclenche les premières mesures de coercition et de surveillance de la part des grandes puissances, qui prennent l’habitude de se réunir lors de congrès annuels, le premier ayant lieu à Aix-la-Chapelle en 1818. En 1819, l’assassinat du publiciste August von Kotzebue, par un militant libéral radical, Ludwig Sand, conduit l’Autriche à prôner la fermeté sécuritaire. Les décrets de Karlsbad (adoptés le 20 septembre 1819, issus d’un congrès du même nom), pris à son initiative et conjointement avec la Prusse, durcissent le régime de censure de la presse, placent les universités sous la surveillance du pouvoir et interdisent les sociétés secrètes. Le « système des congrès », qui se décline lors de réunions tenues à Troppau (1820), Laybach (1821) et Vérone (1822), met en place une coopération militaire et policière entre les gouvernements des grandes puissances, qui se réservent la possibilité d’intervenir militairement sur le sol d’un État au nom de la protection de l’ordre européen contre le péril révolutionnaire [voir chapitre 4]. Pour l’historien Adam Zamoyski [2015], ce système exagère sciemment la réalité des menaces subversives pour justifier une politique de contrôle et de surveillance des opinions. En termes anachroniques, la « lutte contre la terreur » [De Graaf, 2020], incarnée ici par les militants libéraux, républicains ou radicaux, sert de justification à l’imposition de pouvoirs autoritaires et au déclenchement d’interventions militaires.

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