Marxisme, postpositivisme et féminisme Flashcards

1
Q

Héritage marxiste

Qu’est-ce que le marxisme?

A

La vision théorique vient des années 1960 et 70, mais remonte à Marx et Engels, qui vient des implications de leur théorie générale, plus que d’écrits explicites.

Les écrits de Marx étaient plus des réactions à chaud que des théories générales en RI, car il vit dans un contexte plutôt pacifique du concert des nations, mais les conflits sont au niveau des relations sociales, car révolution industrielle. L’unité d’analyse fondamentale sont les classes, et non pas les États ou individus. Les relations entre États s’expliquent par leur place au sein du monde de production mondial. Le capitalisme s’est organisé sur des bases stato-nationales, l’État ne fait que refléter des rapports de force. Cette lutte se fait aussi entre capitalistes bourgeois, et entre capitalistes et formations sociales précapitalistes: expansion coloniale d’un État capitaliste des autres sociétés non européennes, mais pour Marx c’est la seule voie vers la modernité, c’est un moment obligé de la lutte des classes. Cette analyse “marxienne” (renvoie à ce qui découle directement des écrits de Marx, contre “marxiste” qui renvoie à son héritage, soit une perspective ou un auteur) de la colonisation se différencie radicalement de celles subséquentes.

Un rôle important dans ça vient de Lénine: l’expansion colonialiste, requalifiée d’impérialiste, adjectif inconnu à Marx, est considérée comme un élément consubstantiel au capitalisme et destructeur pour les sociétés victimes. Pour Lénin, l’impérialisme s’inscrit dans la loi de développement du capitalisme. Le capitalisme évite sa crise finale grâce à l’expansion impériale, du moins pendant un moment; mais cela se fait au prix d’un agrandissement des rivalités extérieures entre États bourgeois, en lutte pour les mêmes colonies: l’aboutissement de l’impérialisme est le recours aux armes entre ces États. Il s’inscrit dans la même lignée que Marx, mais pas le même rapport au colonialisme.

Boukharine: ville (pays industriels) contre campagne (régions agricoles) de l’économie mondiale, avec toujours une rivalité interétatique.

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2
Q

Héritage marxiste

Qu’est-ce que le néomarxisme?

A

On cherche à étudier l’analyse des relations entre économies développées capitalistes et sous-développées du tiers-monde. Nouvelle conception de l’impérialisme, relation d’exploitation essentiellement économique: école de la Dependencia. Le point de départ est le sous-développement des États d’Amérique Latine. Cette situation de sous-développement viendrait de l’échange inégale, leur situation de périphérie dépendant structurellement du centre.

Galtung poursuit cette réorientation, en ce qu’il se définit comme “structuraliste” et non néomarxiste. Il développe cette dialectique centre-périphérie. Entre ces centres et ces périphéries se nouent des relations constitutives d’impérialisme structurel. Cette théorie structurelle de la violence vient de cette notion de violence structurelle; cette relation existe hors violence armée. La notion d’impérialisme de Galtung perd toute connotation marxienne, il se rapproche des notions de domination, de puissance. Il ouvre ce faisant la voie à la théorie du système monde de Wallterstein.

Wallterstein: Il n’y a pas de phénomènes économiques séparés et distincts des phénomènes sociaux et politiques. Il faut réorganiser, à une échelle globale, les fondements du savoir dans les sciences sociales: le seul véritable système social est le système mondial. Il définit le système comme un fragment de l’univers englobant à plus ou moins grande échelle non pas plusieurs États, mais plusieurs entités politiques, économiques et culturelles, reliées entre elles par une auto-suffisance économique et matérielle fondée sur la division du travail et des échanges privilégiés. C’est la coexistence d’une économie unitaire capitaliste hiérarchisée et d’un système interétatique pluraliste anarchique. Ce système n’est pas une coïncidence, mais la condition du bon fonctionnement de l’économie-monde et de sa reproduction dans le long terme.

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3
Q

Héritage marxiste

Qu’est-ce que l’approche néogramscienne?

A

L’approche néogramscienne en relations internationales, émergeant de Cox et influencée par Gramsci, critique à la fois le néoréalisme et les approches marxistes orthodoxes. Elle se focalise sur l’analyse des relations de pouvoir en lien avec la production. Cette approche adopte une perspective holistique, historique et transformante, rejetant la notion de concepts transhistoriques en RI. Elle met l’accent sur les conditions d’émergence historique des relations de pouvoir dans un contexte mondial donné, affirmant que le savoir est influencé par les pratiques sociales. Les néogramsciens examinent les dynamiques de pouvoir dans la politique mondiale en considérant la structure d’accumulation spécifique à chaque ordre mondial, soulignant que la relation centre-périphérie est économique avant d’être géographique. Ils étudient les blocs historiques et leurs transformations, mettant en avant une analyse normative visant à promouvoir des formes de résistance pour une transformation émancipatrice des rapports de pouvoir et de production à l’échelle locale, nationale et globale.

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4
Q

Héritage marxiste

Qu’est-ce que la théorie du système monde?

A

La division internationale du travail s’organise sous la forme de la domination d’une zone périphérique par une zone centrale. L’appropriation des surplus des États de la périphérie par ceux du centre est la dynamique principale permettant la reproduction de cette domination. Une nouveauté par rapport à la théorie de la dépendance est le concept de semi-périphérie qui vient désigner un zone se situant à plusieurs égards entre les deux zones. La TSM cherche à démontrer comment les déplacements du centre de l’économie-monde européenne correspond à ceux du centre du pouvoir politique au sein du système-monde moderne. Le cycle de la succession des puissances hégémoniques a donc une base matérielle. Il accorde beaucoup d’importance au cycle de Kondratieff.

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5
Q

Textes

Christopher Chase-Dunn et Peter Grimes 1995 (World-Systems Analysis)

A

La notion de système-monde, émergée dans les années 1970, propose une compréhension contextuelle du développement en tant que résultat d’interactions locales au sein d’une économie mondiale centrée sur l’Europe en expansion. Trois axes de convergence émergent dans la littérature académique : la découpe de l’histoire en périodes distinctes selon différentes définitions du système-monde, la manière dont les schémas de changements structurent sa reproduction, et la reproduction de la hiérarchie mondiale des richesses et de la puissance. Le système-monde moderne est conceptualisé comme un ensemble complexe d’interactions englobant toutes les unités d’analyse, et il est caractérisé par une hiérarchie de puissance entre le centre, la périphérie, et la semipériphérie. Immanuel Wallerstein, à l’origine de cette perspective, définit le système-monde comme une division territoriale et multiculturelle du travail, soulignant la compétition interétatique. D’autres chercheurs comme Frank et Gills mettent l’accent sur l’échange de produits, et Chase-Dunn et Hall évoquent des réseaux intersociétaux pour la reproduction des structures internes. Les tendances contemporaines du système-monde incluent des aspects démographiques, des changements technologiques, la marchandisation croissante, la prolétarisation, la croissance des entreprises, et l’expansion de l’État. Les cycles, tels que les cycles de Juglar, Kuznets, et Kondratieff, ainsi que les cycles d’ascension et de chute d’hégémons, jouent un rôle dans l’évolution historique des systèmes-monde.

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6
Q

Textes

Barry K. Gills 2013 (La théorie du système monde (TSM): Analyse de l’histoire mondiale, de la mondialisation et de la crise mondiale)

A

La Théorie du Système-Monde (TSM) offre un cadre d’analyse critique de l’histoire globale en tant qu’ensemble de processus historiques de longue durée, dépassant les clivages entre époques précapitalistes et capitalistes. Inspirée du marxisme et du matérialisme historique, la TSM s’éloigne des théories de Wallerstein, visant à décentrer l’analyse eurocentrique et élargir l’horizon spatial et temporel à 3000 ans de processus historiques mondiaux. Elle met l’accent sur les structures matérielles du système monde, soulignant les cycles d’expansion et de crise liés à l’accumulation du capital. Contrairement à certaines conceptions eurocentriques, la TSM considère que le capitalisme, en tant que forme de rapport social, existe depuis l’Antiquité et ne trouve pas son origine exclusive dans l’Europe prémoderne. La lutte des classes est reconnue comme le moteur de l’histoire mondiale, mais la TSM rejette les schémas linéaires de transitions séquentielles entre modes de production. Elle propose de nouveaux concepts pour analyser les configurations historiques du système monde, mettant en lumière la coexistence du capital avec d’autres modes d’accumulation. Enfin, la TSM développe une théorie générale des crises mondiales, soulignant les tensions entre structures matérielles et idéelles du capital mondial actuel, liées à la surextraction, surconcentration, sous-consommation et sous-investissement, dans un contexte d’accumulation parasitaire et de transition hégémonique.

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7
Q

Approches post-positivistes

Qu’est-ce que les approches post-positivistes?

A

Les approches post-positivistes se développent dans le sillon du déclin du néomarxisme à la fin années 1970 (dû au démenti de l’analyse en termes de dépendance et d’impérialisme; internationalistes insatisfaits du débat interparadigmatique). Ce qui réunit les approches critiques contemporaines en RI, ce n’est pas le marxisme, mais le postpositivisme. Le consensus positiviste est remis en cause par une approche consciemment réflexive, intentionnellement interprétative, explicitement critique de l’ordre global actuel. Avant tout, c’est une critique de la méthode scientifique: refus de séparer le sujet de l’objet.

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8
Q

Approches post-positivistes

Qu’est-ce qu’un théoricien critique?

A

Introduction de la théorie critique en RI par Cox: toute théorie est située dans le temps et dans l’espace. Une théorie est toujours pour quelqu’un et pour quelque chose. Il propose la différence entre “problem-solving theory” et “théorie critique”. Pour Cox, le néoréalisme de Waltz est une “problem-solving theory”, car elle ne vise pas une explication objective de la politique internationale. Celle-ci cherche à expliquer la politique internationale non pas de la seule curiosité, mais également par le désir de contrôler.

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9
Q

Approches post-positivistes

Qu’est-ce qu’une approche post-colonialiste?

A

Il faut prendre le point de vue des marginaux, notamment la perspective des ex-colonies, dont la voix n’est pas entendue en RI. Le réalisme est encore au centre des critiques, car il étudie seulement les grandes puissances. Le libéralisme n’échappe pas à ces critiques, car associé au colonialisme, à l’impérialisme, à l’eurocentrisme. Même le néomarxisme est critiqué, car intérêt seulement pour les structures, alors que l’Autre est victimisé. Le réalisme et les autres théories établies constituent non seulement des représentations orientées des réalités internationales, les valeurs normatives implicites qui le sous-tendent contribuent également à légitimer et donc à reproduire le statu-quo, en le neutralisant, en le réifiant en la seule réalité possible et envisageable.

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10
Q

Approches post-positivistes

Qu’est-ce qu’une approche post-structuraliste?

A

Les termes souverains et anarchiques ne sont pas neutres; ce sont des concepts à forte charge normative. Ils ne font pas que constater, étudier ou expliquer les RI telles qu’elles sont. Pour les poststructuralistes, il n’y a pas de fondement métathéorique, il n’y a pas de base empirique qui nous permet de tester des énoncés, car toute théorie délimite elle-même les faits par rapport auxquels évaluer sa validité et par rapport auxquels les énoncés d’une théorie rivale ne sauraient être testés. . Il n’y a pas de réel absolu, mais seulement des régimes de vérité (Foucault). Les énoncés scientifiques sont déterminés par la théorie. Le poststructuralisme est donc critique des théories critiques, qu’elle accuse d’avoir une position analogue aux positivistes. Parce que le pouvoir est partie intégrante de toute les pratiques discursives, tout concept véhicule nécessairement une visée dominante ou oppressive et aboutit à réprimer les pratiques dissidentes. Ce relativisme les amène à abandonner toute recherche autre que déconstruire.

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11
Q

Textes

Robert Vitalis 2000 (The Graceful and Generous Liberal Gesture: Making Racism Invisible American IR)

A

Cet article s’intéresse à traiter la « suprématie blanche » comme une norme globale, ainsi que son rôle dans la constitution de l’ordre mondial. Selon l’auteur, les RI continuent à avoir peu d’intérêt envers une perspective de recherche du côté du « faible » et du « révolutionnaire ». Les chercheurs contemporains en RI ont une tendance vers le « silence et l’évasion » de la présence afro-américaine. Il y aurait une vie intellectuelle gouvernée par « une norme contre l’observation » (norm against noticing). Les théoriciens des RI se sont cachés derrière le réalisme, afin de dire qu’ils sont différents, parce que le côté distinctif de leur sujet rend la « norm against noticing » impertinente dans ce contexte. Les valeurs anti-impériales ont plus d’impact ailleurs en sciences sociales qu’en science politique et l’absence de chercheurs noirs en RI explique pourquoi la suprématie blanche reste une fondation non exposée des RI. Le texte fait deux arguments, soit (1) prendre sérieusement le racisme comme institution domestique souligne comment la pensée libérale blanche post-DGm est un exemple du silence et de l’évasion et (2) la norme de « suprématie blanche » a donné les termes de référence aux débats stratégiques sur l’expansionnisme + éléments culturels d’importations des É-U au 20e siècle, mais que les RI n’ont rien à dire sur ça.

L’auteur cherche à étudier trois pratiques historiques (1) la distinction de caste qui sous-tend les interventions humanitaires. Le racisme est une institution, ie un schéma de pratiques qui soutiennent une hiérarchie ou un système de privilèges et d’inégalités. Selon l’auteur, les normes humanitaires font partie du racisme comme institution humanitaire. L’auteur démontre que la pièce qui manque à l’histoire des interventions humanitaires, c’est la ligne de couleur. Il critique le texte de Finnemore. (2) Le raisonnement stratégique de suprématie blanche sur laquelle l’opposition à l’expansionnisme des É-U se basait. Pendant longtemps, les RI ont dit peu sur les Empires, et il y avait aussi le mythe comme quoi les É-U n’étaient pas réellement une puissance impériale. Selon l’auteur, les causes du « underextension » des É-U au 19e siècle se retrouvent dans les doctrines de suprématie blanche. Ce suprémacisme blanc a été une force contre ceux imaginant une expansion continentale des É-U dans les Caraïbes et au Pacific. (3) Le système d’apartheid des É-U exporté lors de son expansionnisme. De plus, création d’institutions racistes dans les colonies et dépendances des États-Unis (ex. Zone du canal de Panama et Pétrole en Arabie Saoudite). La société de Zone du Canal a été décrite comme un système rigide de castes basé sur la race.

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12
Q

Textes

Anna Agathangelou et L.H.M Ling 2004 (The House of IR; From Family Power Politics to the Poisies of Worldism)

A

Les auteurs cherchent à établir une nouvelle façon de concevoir les relations internationales. C’est un projet de recherche s’inscrivant dans le féminisme postcolonialiste. Ils proposent l’émergence d’une conception de la politique mondiale « mondiste », soit une théorie respectant les « multiples mondes » qui se décentrent de la théorie et de la pratique de l’hégémonie de la « Maison des RI ». Les présentes RI sont une façon parmi beaucoup d’autres de concevoir les politiques mondiales. Aujourd’hui, les RI ressemblent à une maison coloniale, qui impose un « ordre » en s’appropriant le savoir, les ressources, et le travail des autres. Celle-ci est occidentale et soumise aux idées réalistes et libérales. Cette « Maison des RI » génère des relations de hiérarchie, de violence et d’hégémonie. Ainsi, ils proposent de refonder les RI sur une conception « mondiste » (worldism), ce qui permettrait de mener les RI vers la parité, la fluidité et l’éthique. Derrière un projet émancipateur universel, les RI occidentales cachent un institutionnalisme eurocentriste, perpétuant des valeurs sexistes et racistes, ainsi que la volonté de domination de l’ère coloniale. Elle propose donc une solution à ce qu’elle considère comme un « déséquilibre » entre le monde des RI occidentales et les multiples mondes en existence. La maison est un état d’esprit d’inégalités structurelles plus larges du patriarcat capitaliste. Le « mondisme » engage l’Autre, plutôt que de chercher à le convertir dans une autre version de soi. Le « mondisme » postule que l’ordre géopolitique dominant, défini comme le monde westphalien/les relations internationales occidentales, est une construction sociale singulière qui interagit de manière compétitive et créative avec d’autres mondes - d’autres ordres sociaux et politiques.

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13
Q

Textes

J. Marshall Beier 2009 (Forgetting Remembering, and Finding Indigenous Peoples in IR)

A

Le champ des RI a été presque complètement silencieux en ce qui a trait aux autochtones, à leurs diplomaties et leurs cosmologiques distinctement non-occidentales qui les soulignent. Il existe un début de recherche sur le sujet en cherchant à découvrir des idées conceptuelles quant à des façons de savoir autochtone. Mais, cela commande l’appropriation et soulève le spectre des violences d’attribution, d’effacement, ou les deux. Le problème ici est dans le cadrage du projet, comme quoi nos théories peuvent se baser sur le savoir autochtone sans problème. Le résultat, c’est que la tentative de rendre le savoir autochtone en RI risque paradoxalement d’être marqué par l’absence des voix autochtones. Deux types de problèmes sont évidents dans le fait d’amener le savoir autochtone en RI: (1) Le “terrain du possible” balisé par la cosmologie occidentale opère une violence sur les engagements et idées autrement constituées quand elles définissent ses limites. (2) L’autorité des voix académiques est reconfirmée, alors que les voix autochtones sont réduites à des références de savoir où leur position de discours peut seulement être audible à travers des représentations “crédibles”. ⇒ L’interdétermination de ces savoirs révèle que les savoirs sur les autochtones ont tjs eu une place en RI, ce n’est pas vrai de leur savoir en lui-même. Ce chapitre propose de repenser la façon d’être auteur du savoir, qui pourra peut-être rendre plus audible les voix des autochtones déjà audibles en RI.

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14
Q

Textes

Dipesh Chakrabarty 2009 (Introduction: L’idée de la provincialisation de l’Europe)

A

La provincialisation de l’Europe n’est pas une proposition quant à la région géographique en elle-même, c’est plutôt de “décentraliser” une figure imaginaire qui reste fortement ancrée dans les habitudes de pensées qui sous-tendent les tentatives en sciences sociales de répondre aux questions de modernité politique en Asie du Sud. On ne peut penser au phénomène de modernité politique sans invoquer des catégories et concepts dont la généalogie va profondément dans la tradition intellectuelle ou théologique européenne. Ces concepts (ex. citoyenneté, État, etc) sont liés aux lumières au 19e siècle et postulent une vision universelle et séculaire de l’humaine. Elle a des effets puissants, cet héritage intellectuel est ajd globale. La tradition intellectuelle européenne est la seule “vivante” au sein des départements de sciences sociales. Le résultat est de traiter ces traditions asiatiques (ou autres) pré-coloniales comme une recherche historique, comme des traditions “mortes”. Inhérente à la majorité des théories des sciences sociales est cette idée d’historicisme, soit qu’il y ait un modèle évolutif à travers desquels les sociétés passent, et c’est le modèle européen. La manière dont nous écrivons l’histoire, et en fait nous engageons dans une réflexion théorique en sciences sociales dans son ensemble, est fondamentalement compromise par le référent silencieux, souvent non reconnu et incontournable d’une « Europe » imaginée. Le projet de provincialiser cette Europe consiste à articuler l’expérience non unitaire de la modernité politique qui caractérise surtout le paradoxe postcolonial : se former et se former comme sujet politique moderne et rester dans la salle d’attente d’une histoire qui a déjà prédit (par exemple, dans le cas de l’Inde, la reconnaissance constitutionnelle du suffrage universel des adultes dès la création de la nation, sans la garantie préalable d’une éducation universelle).

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15
Q

Textes

Meera Sabaratnam 2011 (IR in Dialogue… But Can we Change the Subjects?)

A

Dans un effort pour repenser la conduite du « dialogue » au sein de la politique mondiale, il est nécessaire que nous trouvions de nouvelles positions de sujet à partir desquelles parler. Cet article développe une typologie de six stratégies intellectuelles distinctes à travers lesquelles les approches « décolonisatrices » de la théorie sociale peuvent aider à repenser la politique mondiale en donnant naissance à des « sujets » de recherche alternatifs. Ces stratégies incluent : (1) La mise en évidence des orientalismes discursifs. (2) La déconstruction des mythes historiques du développement européen. (3) La remise en question des historiographies eurocentriques. (4) La réarticulation des subjectivités subalternes. (5) La diversification des subjectivités politiques et (6) la réinvention du sujet sociopsychologique de la politique mondiale. La contribution principale de cet article, c’est d’offrir une typologie innovatrice des stratégies décoloniales pour fournir un cadre utile pour débattre des, et entre, les approches postcoloniales et anti-européocentriques. Cela permet la comparaison détaillée des complémentarités et tensions dans la pensée coloniale et de leurs enjeux spécifiques. En corollaire, cela offre un miroir à la discipline des RI.

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16
Q

Textes

Sanjay Seth 2011 (Postcolonial Theory and the Critique of IR)

A

Cet article est une critique postcoloniale des RI : cette critique se distingue en ce qu’elle cherche à systématiquement « provincialiser l’Europe » dans un triple sens à travers trois arguments. (1) Conteste le manque d’importance accordé à l’histoire dans de nombreuses études en relations internationales (RI), arguant que la nature transhistorique de l’anarchie, qui définit l’ordre mondial, peut être interprétée de manière erronée. L’argument postule que tout récit sur l’émergence du système international moderne doit être postcolonial, intégrant les interactions avec les États coloniaux. (2) Aborde la place de la culture en RI. Il remet en question la neutralité des règles procédurales comme la souveraineté, soulignant leur nature normative et substantielle qui favorise des valeurs spécifiques. L’argument met en lumière le caractère particulier et non universel de ces règles, soulignant le problème de postuler l’universalité. (3) Critique le traitement des collectivités comme des individus dans le cadre des RI. Il remet en question la naturalisation de l’individu unitaire, libre, égal et rationnel, soulignant que de telles conceptions sont des produits historiquement et culturellement construits. La théorie postcoloniale est présentée comme étant attentive au rôle du savoir dans la construction du monde plutôt que comme un simple reflet du réel, soulignant l’inadéquation du savoir européen dans certains contextes.

17
Q

Textes

Amitav Acharya 2014 (Global IR and Regional Worlds: A New Agenda for International Studies)

A

Il considère le terme “non-occidental” ou “post-occidental” comme faisant partie d’un défi plus large consistant à repenser les relations internationales en tant que discipline globale. Il nomme ce projet les Relations Internationales Globales. Le projet des GIR transcende la distinction entre l’Occident et le non-Occident, ou toute autre catégorie binaire et mutuellement exclusive. Bien que ces catégories puissent persister en tant que termes de commodité, elles perdent leur signification analytique dans le monde des RIG. En utilisant le terme “GIR”, elle ne réclame pas un changement complet de nom pour la discipline. Tant de choses ont été écrites sur les RI depuis si longtemps qu’elle peut peut-être maintenant prétendre être un “site patrimonial” - un que, selon elle, nous devrions préserver. Cependant, les GIR ne sont pas identiques aux RI traditionnelles telles que nous les connaissons. Elle tient à souligner que les GIR ne constituent pas une théorie, mais une aspiration à une plus grande inclusivité et diversité dans notre discipline. En termes généraux, l’idée des RIG repose sur six dimensions principales : 1. Elle est fondée sur un universalisme pluraliste : non pas “applicable à tous”, mais reconnaissant et respectant la diversité en nous. 2. Elle est ancrée dans l’histoire mondiale, et non seulement dans l’histoire gréco-romaine, européenne ou américaine. 3. Elle intègre, plutôt que de supplanter, les théories et méthodes existantes des RI. 4. Elle intègre l’étude des régions, des régionalismes et des études régionales. 5. Elle rejette l’exceptionnalisme. 6. Elle reconnaît de multiples formes d’agence au-delà du pouvoir matériel, y compris la résistance, l’action normative et les constructions locales de l’ordre mondial.

18
Q

Textes

David L. Blaney et Arlene B. Tickner 2017 (Worlding, Ontological Politics and the Possibility of a Decolonial IR)

A

Beaucoup de recherche récente a exploré ce que veut dire de faire des RI différemment. Beaucoup de ce travail vise à élargir les limites disciplinaires mettant l’accent sur les limites de nos boîtes à outils conceptuelles et catégorielles. Cela vise à créer de l’espace pour des façons distinctes de savoir ancré dans des expériences vécues différentes dans le monde. L’attention aux questions épistémologiques a été insuffisante, parce qu’il y a aussi des conflits ontologiques à l’œuvre. Les idées de « worldism » ont mis de l’avant une co-existence de pratiques multiples, mais liées, mais ils évitent le problème ontologique en acceptant implicitement l’existence d’un monde unique ou universel. Selon les auteurs, il faut passer de questions épistémologiques, à des questions ontologiques pour « faire de la différence » de bonne foi, principalement parce que des groupes sociaux distincts font leur propre monde, pas juste comment ils savent ou les représentent, sont en jeu. Les académiques qui s’intéressent à la différence ont tendance à se replier dans l’ontologie. Critique de la métaphysique du « monde unique » qui « Autre » les réalités du monde alternatif. Cela souligne comment un système de savoir dominant accomplit des actes d’effacement ontologique pour faire un univers. Les RI et ses variations critiques ont été lent dans cette discussion du virage ontologique. GIR de Acharya est plus prometteur, mais intérêt limité envers l’ontologie. Son propos résonne avec l’idée de « pluriverse », mais ses formulations permettent aux RI de continuer leur travail colonial en œuvrant sur une réalité unique. Les appels au pluralisme en RI ne vont pas assez loin pour tracer le mouvement nécessaire à défaire la production d’un monde unique colonial. Selon les auteurs, faire les choses différemment veut dire plus que de s’engager plus qu’au-delà de perspectives dans un monde unique. L’enjeu n’est pas comment on « sait » la réalité », mais quels réels on confronte.  GIR reconnaît la multiplicité de visions du monde, mais pas l’existence de plusieurs réalités. La science décoloniale demande qu’on tente d’apprivoiser les mouvements ontologiques et ruptures comme différentes façons de voir, voire de savoir la même réalité en résistant afin de faire apparaître le « pluriverse ». L’enjeu n’est pas comment on « sait » la réalité », mais quels réels on confronte.

19
Q

Textes

David D. Kang 2020 (International Order in Historical East Asia: Tribute and Hierarchy Beyond inocentrism and Eurocentrism)

A

La théorisation de l’ordre international, largement influencée par l’expérience occidentale de l’ordre westphalien, est contestée par la littérature académique récente d’Asie de l’Est. Cette recherche remet en question deux notions fondamentales : d’abord, le principe organisateur en Asie de l’Est était la hiérarchie plutôt que l’anarchie, et ensuite, la région était caractérisée par l’hégémonie plutôt que l’équilibre des puissances. Ces arguments ont des implications majeures sur la compréhension des facteurs matériels et culturels dans les ordres occidentaux et asiatiques de l’Est, soulignant l’importance des facteurs culturels dans l’explication de l’ordre hégémonique. Les relations tributaires étaient l’institution principale de hiérarchie dans l’ordre international asiatique de l’Est, mettant en lumière la valeur de la Chine en tant qu’hégémon et la manière dont d’autres États ont négocié leur position dans cette hiérarchie. La transition vers la modernité a vu la destruction rapide du système tributaire, mais des vestiges de cet ancien ordre ont persisté, influençant les discours et les politiques étrangères au Japon et en Corée. Cette littérature émergente sur l’Asie de l’Est remet en question l’eurocentrisme et le sinocentrisme, soulignant la contingence des ordres internationaux et la nécessité d’incorporer des perspectives non occidentales dans la théorisation des relations internationales.

20
Q

Textes

Olivia U. Rutazibwa 2020 (Hidden in plain sight: coloniality, capitalism and race/ism as far as the eye can see)

A

Caché de la vue de tous, à perte de vue : racisme, capitalisme et colonialité. Cet essai critique propose une lecture raisonnée de quatre monographies et d’un numéro spécial pour repenser la discipline des RI et son programme d’un point de vue anticolonial. White Innocence de Gloria Wekker, In the Wake: On Blackness and Being, de Christina Sharpe, The Colonial Lives of Property de Brenna Bhandar, Beyond Coloniality d’Aaron Kamugisha et le numéro spécial de New Political Economy intitulé « Raced Markets », édité par Robbie Shilliam et Lisa Tilley, abordent les questions de race et de racisme, de néolibéralisme et de capital, et (des répercussions) de la colonisation et l’esclavage. Cet essai adopte une approche narrative de l’exemple autobiographique pour inscrire les thèmes et les arguments de ces ouvrages dans l’actualité internationale quotidienne durant une période de cinq mois (entre avril et septembre 2019) et dans les cinq lieux (Toronto, Stellenbosch, Angleterre et (Nouvelle-)Angleterre, Ghana et Porto Rico) où ces travaux ont été étudiés. Premièrement, les thèmes du racisme, du capitalisme et de la colonialité — reniés et gommés à des degrés divers, à la fois dans les RI en tant que discipline et dans l’opinion publique — semblent toujours aussi tenaces, omniprésents et persuasifs, bien qu’ils évoluent avec le temps, l’endroit et le contexte. Deuxièmement, les exemples autobiographiques et les écrits mettent en évidence les failles, elles aussi omniprésentes, du système et invitent à la réflexion sur les solutions anticoloniales (de solidarité). En conclusion, l’essai explore la manière dont ces ouvrages pourraient façonner la reconceptualisation du programme des RI, pour en faire une discipline ouverte sur le monde plutôt que centrée sur elle-même, qui s’oppose au statu quo colonial.

21
Q

Textes

S. Chu 2022 (Fantastic Theories and Where to Find Them: Rethinking Interlocutors in Global IR)

A

L’article aborde le défi de promouvoir la diversité et l’inclusivité dans les Relations Internationales (RI) sans succomber à l’ethnocentrisme occidental tout en évitant de reproduire un autre ethnocentrisme. Il critique le fait que de nombreuses œuvres qui cherchent à explorer les savoirs non occidentaux se concentrent sur des écoles nationales et négligent l’agentivité des intellectuels non occidentaux dans des discussions potentiellement anti-hégémoniques. L’auteur propose une approche dite “embedded observer” qui met l’accent sur le dialogue entre les intellectuels de diverses traditions plutôt que sur l’isolement des académiques non occidentaux. Cette approche permet de mieux comprendre l’agentivité des intellectuels non occidentaux sans reproduire l’ethnocentrisme et l’exceptionnalisme. Il soutient spécifiquement qu’en déplaçant l’accent des érudits et des textes isolés vers les dialogues critiques entre intellectuels autochtones, le chercheur a la possibilité d’apprendre et d’apprécier les confrontations d’idées, les perspectives analytiques et les outils méthodologiques qui constituent ensemble la tradition intellectuelle vivante dans une société non occidentale. L’article encourage à s’immerger dans les perspectives des intellectuels autochtones et à faciliter le dialogue entre des communautés intellectuelles isolées sur le plan linguistique et géographique, offrant ainsi un potentiel d’apprentissage transculturel au-delà des distinctions binaires géographiques dans les RI.

22
Q

Textes

Yao Joanne 2022 (The Power of Geographical Imaginaries in the European International Order: Colonialism, the 1884-85 Berlin Conference, and Model IO)

A

Ce travail souligne l’impact des géographies imaginaires dans le fait d’élever et de légitimer les modèles de coopération internationale euro comme standard global. La littérature s’est intéressée aux dangers de la transplantation des modèles euro, mais pourquoi est-ce ces modèles étaient-ils si convaincants en premier lieu? En examinant les géographies imaginaires qui soulignaient les premiers efforts de diffusion des modèles euro à la périphérie coloniale à la fin du 19e s, on peut comprendre comment ce modèle de gouvernance globale reste attractif. L’auteur démontre comment des imaginaires interreliés ont permis de façonner la Conférence de Berlin 1884-85 et ses résultats. Le 1er imaginaire a conceptualisé l’Afrique central comme une géographie vide et la 2e l’Europe comme géographie capable de produire des modèles universaux. Les deux imaginaires étaient ancrés dans une vision coloniale du global et ont amené les diplomates à tenter de transplanter le modèle Euro pour la gouvernance transfrontalière de celle du Rhin, au Congo. Si le modèle euro est applicable, alors leur obligation morale est d’exporter leur expérience et expertise. Cela obscurcie les contextes historiques qui ont façonné les deux géographies imaginées. En pensant le bassin Congo comme vide, on lui enlève son histoire et son agentivité politique, alors que la géographie Euro comme modèle universel cache les histoires contingentes derrière la façon dont les institutions européennes ont été constituées. Cette compréhension géographique totalise l’expérience euro en lui donnant une inévitabilité progressive problématique. Argument: le virage automatique vers le modèle euro se base sur des postulats idéels de l’Euro comme type particulier de géographie et de sa place dans la globalisation, ce qui a permis la reproduction de modèles d’institutions venant de l’expérience euro.

23
Q

Textes

Valerie De Koeijer and Robbie Shilliam 2021 (Forum: IR as Geoculturally Pluralistic Field)

A

La discussion explore la domination persistante des théories en Relations Internationales (RI) provenant principalement de perspectives anglo-américaines malgré l’expansion mondiale de ce domaine. Elle souligne le besoin de diversification culturelle dans les théories de la RI, cherchant à inclure des voix et des perspectives non occidentales pour remédier à l’eurocentrisme et au nationalisme méthodologique. Le concept de “pluralisme géoculturel” est introduit pour promouvoir une RI diversifiée en remettant en question les prémisses centrées sur l’Occident. Le terme “pluralisme géoculturel” renvoie à la séparation de la production de connaissances en RI des pouvoirs géopolitiques dominants et à la diversification potentielle des théories en RI. Les contributeurs insistent sur la nécessité d’une réflexion critique, reconnaissant les défis institutionnels dans les milieux académiques européens et nord-américains, tout en proposant des pistes pour une RI plus inclusive et diverse.

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Q

Études féministes

Qu’est-ce que le féminisme?

A

Le féminisme a été introduit tardivement en RI. Les féministes ont expliqué que beaucoup de chercheurs en RI continuent de voir des préoccupations féministes comme des problèmes pour les femmes. Certaines considèrent que les RI sont une des disciplines les plus masculinistes, dans la composition de ses membres autant que dans la compréhension des États, des guerres et des marchés, faisant largement comme s’il n’y avait pas de femmes en RI. Keohane a longtemps défendu une version positiviste du féministe, contre les critiques des féministes post-positivistes, avant de se dire prêt à ajouter les femmes aux théories existantes à partir du moment où le genre comme hiérarchie socialement construite serait abordé comme “variable” susceptible d’entrainer des questions pertinentes pour l’étude des RI. Il y a eu une hostilité mutuelle entre les RI traditionnels et le féminisme: le féminisme s’oppose à de nombreux aspects des approches dominantes.

Il y a cependant des différences importantes entre les types de féminisme, il existe différents courants. Il y a eu deux vagues d’auteurs: la première introduit l’étude du genre et la critique du patriarcat dans la discipline; la seconde se tourne vers l’impact sur la politique mondiale des intersections entre le genre et le patriarcat et d’autres sources d’oppressions. Ainsi, la première vague cherche à dévoiler les oppressions, alors que la seconde vague resitue chaque oppression vécue et ses conséquences dans leur contexte. En soit, c’est un refus de l’universalisme, déconnecté des expériences vécues.

Le féminisme en RI consiste à postuler ontologiquement que les RI ne sont que des relations de genre hiérarchisées parmi d’autres, à affirmer épistémologiquement que la lecture de la politique globale à travers les femmes permet une vision complètement différente des RI en rendant les femmes visibles, et à réclamer normativement une plus grande place pour les femmes dans la conduite de la politique mondiale.

25
Q

Études féministes

Qu’est-ce que le standpoint feminism?

A

C’est le féminisme qui présume que la marginalisation des femmes leur a donné un point de vue particulier sur les questions sociales, utile pour comprendre les RI. Elle attire donc l’attention sur le fait que le genre structure notre façon de voir le monde.

26
Q

Études féministes

Qu’est-ce que le féminisme libéral?

A

Se concentre sur les femmes en tant que personne, ses droits, et la réforme des institutions afin que ces droits soient mieux pris en compte et que les valeurs libérales s’appliquent aussi bien aux femmes qu’aux hommes. C’est un courant réformateur, qui n’appelle pas à la refondation du système, mais à son évolution.

27
Q

Études féministes

Qu’est-ce que le féminisme radical?

A

Il se concentre sur les femmes comme groupe, leur domination et leur exploitation par les hommes, et ne croit pas en l’efficacité de la réforme, parce qu’il pense que les institutions libérales qu’il s’agirait de faire évoluer sont elles-mêmes les moyens de l’oppresion. C’est un courant déterministe; les choix que nous faisons ne sont pas libres mais socialement déterminés, notamment par le genre.

28
Q

Textes

Ann J Tickner 1997 (You Just Don’t Understand: Troubled engagements between feminists and IR theorists)

A

Début approches féministes en RI dans les années 1990, mais leur effet continue à être marginal. Il y a encore trop peu de dialogue soutenu entre les approches féministes et les autres de RI. Selon Tickner, c’est dû aux réalités épistémologiques et ontologiques différentes des deux côtés. Trois malentendus dans ces discussions entre chercheurs et RI (1) malentendu sur le sens du genre (= Est-ce que le “personnel” est international?) Pour les chercheurs féministes, les différences de genre sont présentes au sein de toutes les facettes de la vie privée et publique, alors que pour les chercheurs en RI, le genre est une question de relation interpersonnelle. Le sens du concept de “genre” est à la base du malentendu. Pour les féministes, on en parle dans un sens de constructivisme social (2) différences ontologiques quand ils écrivent sur les RI. La perspective féministe a un intérêt envers une méthodologie plus orientée vers l’humain, alors que les RI classiques s’intéressent au système et aux États (3) division épistémologique qui souligne des questions quant à savoir si le féminisme fait de la théorie. La théorie des RI a cherché une compréhension plus “scientifique” de la guerre, c’est la formation d’une discipline (américaine) pour ceux au pouvoir, ce qui est très différent des RI féministes. Inversement, la théorie féministe a un scepticisme envers les méthodes parlants de “faits neutres”. Dû à cela, les approches féministes ne cadrent pas bien dans les approches stato-centrées et structurelles des RI. Afin de de démontrer comment cela peut mener à des malentendus, elle s’intéresse au concept de sécurité et d’insécurité.

29
Q

Textes

Jill Steans 2003 (Engaging from the Margins: Feminist Encounters with the Mainstream IR)

A

L’intervention du féminisme dans les relations internationales (RI) s’est produite pendant le débat entre le positivisme et le post-positivisme dans les années 1990. Alors que le néoréalisme dominait les années 1980, le féminisme a remis en question cette orthodoxie en mettant en évidence les biais genrés dans les concepts et images du monde, dévoilant la manière dont le discours dominant a façonné le domaine international. Le féminisme en RI s’est engagé dans quatre tâches centrales : démontrer les biais des RI traditionnelles, rendre les femmes visibles en tant que sujets des RI, montrer comment les inégalités genrées sont imbriquées dans les pratiques quotidiennes des RI, et habiliter les femmes comme sujets du savoir. Les approches du féminisme en RI varient, allant du féminisme libéral qui reste attaché au positivisme à des approches poststructuralistes qui critiquent la neutralité et l’objectivité, soulignant que le savoir est ancré dans des expériences concrètes. ⇒ Certains « mainstream » (ex. Keohane) sont critiqués comme cherchant à confiner la quête féministe au sein des paramètres du discours déjà existant. Ainsi, la capacité de s’engager plus profondément dans des conversations entre les deux approches a été limitée par la croyance qu’on pouvait mesurer le genre comme une variable. Les féministes mettent plutôt de l’avant une épistémologie postpositiviste, ce qui est difficile à accepter (prob de non-scientificité selon les mainstream).

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Q

Textes

Cynthia Enloe 2014 (Bananas, Bases, and Beaches: Making Feminist Sense of IR)

A

Où sont les femmes en RI? Une analyse féministe de la politique internationale ‘nous oblige à suivre toutes sortes de femmes dans des endroits généralement rejetés par les experts en affaire étrangère, comme purement ‘privés’, ‘internes’ ou ‘locaux’. Dans son livre, Enloe souligne comment les femmes sont présentes sur la scène mondiale, au sein des ONG, mais aussi indirectement dans les domaines de la high politics accaparée par les élites mâles, où leur rôle est essentiel en matière de fourniture de services divers. Pourquoi les RI ont oublié cette contribution des femmes?

Les approches traditionnelles des Ri approchent la politique internationale en présumant une homogénéité des expériences des différents genres. Cette approche féministe requiert plutôt une réelle curiosité de la vie de chacune des femmes pour faire de la politique internationale féministe. C’est une façon différente de faire des RI, plus humaine et empathique. Il faut suivre les divers rôles des femmes au sein d’endroits qui sont tassés de la main car étant “privés”, “domestiques”, “local” ou “trivial”. Ainsi, une enquête averti au féminisme rend évident que les femmes sont plus engagés en RI que ce que l’on voit dans les manchettes. Ainsi, s’appuyant sur les idées selon lesquelles le personnel est politique et le politique est personnel, elle démontre comment l’international est personnel, car les élites dirigeantes et les gouvernements utilisent les relations personnelles et sexuelles entre les femmes et les hommes de diverses ethnies et classes pour construire des relations politiques, économiques et sociales internationales. À l’aide de documents historiques et gouvernementaux, de littérature autobiographique et biographique, de médias d’information et d’entretiens, Enloe décrit comment le genre, l’ethnicité et la classe sociale sont entrelacés dans la vie quotidienne des femmes du monde entier.

Il faut démontrer les sources de pouvoir, l’agentivité limité des femmes? Où sont les femmes? Il faut rendre visible le pouvoir dans ses formes multiples. Il s’agit de se questionner au sens du genre, mais aussi comment cela détermine où sont les femmes et comment elles pensent. Qui a du pouvoir? Dans quel but? En ce sens, une lentille féministe aux RI offre l’étude de bcp d’enjeux, car il rend visible plusieurs types de pouvoir en politique internationale.

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Q

Textes

Ann J. Tickner et Jacqui True 2018 (A Century of IR Feminism: From World War I Women’s Peace Pragmatism to the Women, Peace and Security Agenda)

A

Cet article met en lumière l’oubli historique des contributions des femmes dans le domaine des Relations Internationales (RI), en particulier en ce qui concerne les activités de paix, y compris la conférence de La Haye en 1915. L’auteur soutient que les RI ont tardivement reconnu l’importance des femmes et de la tradition féministe pour la compréhension de la paix. L’article explore le pragmatisme féministe comme une approche qui lie la démocratie, l’empathie et l’expérience pour promouvoir la paix, un concept qui trouve des parallèles dans l’agenda de Sécurité des Femmes (Women, Peace, and Security - WPS) à l’ONU. L’approche féministe en RI remet en question l’universalisme du savoir traditionnel et encourage une réflexion sur les ontologies et épistémologies alternatives. Elle se concentre sur la justice sociale, les relations genrées et l’engagement dans les luttes pour le changement social, offrant ainsi un nouveau cadre pour comprendre les RI modernes.

32
Q

Études queer

Qu’est-ce que les études queer?

A

Les études queers se développent depuis les années 1990 en visant à politiser les enjeux entourant les identités sexuelles et de genre à questionner la fixité et l’uniformité de catégories identitaires telles que gay, lesbienne ou hétérosexuel. Ces travaux se sont récemment tournés vers l’analyse des phénomènes transnationaux et globaux, développant ainsi des outils d’analyse et une expertise se rapprochant considérablement des thématiques centrales aux RI. Le terme Queer est utilisé en sciences sociales universitaires pour désigner un courant théorique visant à (re)penser radicalement les normes de genre et de sexualités, en partant des sujets qui échouent à aligner de façon cohérente leur sexe, genre et désir sexuel. Ce que cela sous-entend, c’est que queer va à l’encontre d’une classification nette et précise des individus en termes binaires.

Ontologiquement, les études queers en RI se concentrent sur les sujets queers auxquels on ne peut attribuer de sens monolithique sur le plan du genre ou de la sexualité, que ce soit au niveau des subjectivités, corps ou pratiques physiques, géographiques, idéologiques, politiques, historiques ou économiques. Épistémologiquement, les études queers sont postpositivistes, elles visent à étudier comment le savoir et l’ignorance sont produits à travers des dichotomies non seulement genrées, mais aussi sexualisées. Ainsi, en Occident la distinction homosexuel/hétérosexuel cache et soutient d’autres, comme privé/public, national/étranger, discipline/terrorisme, secret/divulgation, naturel/artificiel, etc.

33
Q

Cynthia Weber 2016 (Queer Intellectual Curiosity as IR Method: Developing Queer IR Theoretical and Methodological Frameworks)

A

L’article explore une approche méthodologique queer en Relations Internationales (RI), mettant en avant une curiosité intellectuelle qui remet en question les figurations institutionnelles de l’homosexualité et de l’homosexuel dans les contextes politiques mondiaux. Weber propose une méthodologie qui analyse les figurations normalisées ou perçues comme perverses des ordres sexuels en RI, illustrant comment ces figurations influencent la politique internationale. En se basant sur des exemples historiques comme les pratiques coloniales victoriennes, la politique étrangère LGBT d’Obama et le cas de Neuwirth/Wurst à l’Eurovision, l’auteur démontre comment la méthodologie queer enrichit la compréhension des RI en révélant des phénomènes souvent négligés, offrant ainsi de nouvelles perspectives sur des enjeux centraux tels que l’anarchie et la hiérarchie dans les RI. La méthodologie s’appuie sur des concepts foucaldiens pour analyser comment les notions de normalité et de perversion sont construites et figées, tout en mettant en lumière les façons dont les figurations de l’homosexualité participent à la construction des ordres politiques internationaux.

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Q

Robert Cox 1981 (Social Forces, States and World Orders: Beyond International Relations Theory)

A

L’auteur aborde les changements dans les relations internationales en soulignant la complexité croissante des acteurs, des enjeux et des interactions. Il remet en question les approches traditionnelles en distinguant les sphères internationales et domestiques, et suggère qu’elles sont devenues purement analytiques en raison de l’interpénétration de l’État et de la société civile. L’auteur critique le néoréalisme en le jugeant superficiel et normatif, tandis que le matérialisme historique offre une perspective plus critique en examinant les structures historiques qui façonnent les relations de pouvoir. L’hégémonie est définie comme une configuration de la puissance matérielle, d’images collectives et d’institutions légitimes. L’internationalisation de la production crée une structure de classe mondiale, mais elle pose des défis pour l’hégémonie en la remettant en question. L’auteur envisage plusieurs futurs possibles, notamment une nouvelle hégémonie basée sur l’internationalisation de la production, une structure non-hégémonique de centres de puissance en conflit ou une contre-hégémonie.