Réalisme, libéralisme et constructivisme Flashcards

1
Q

Le paradigme réaliste

Qu’est-ce que le paradigme réaliste?

A

Depuis la fin de la Deuxième mondiale, c’est le paradigme dominant en RI. Les réalistes aiment avancer l’idée de « valeur éternelle » des postulats réalistes. Quatre propositions principales : (1) l’état d’anarchie entre les États est synonyme de guerre, car il n’existe pas d’autorité suprême susceptible d’empêcher le recours à la guerre (2) les acteurs principaux sont les groupes de conflits, soit essentiellement les États-nations organisés territorialement (3) les États-nations, incarnés dans le chef du pouvoir exécutif, sont des acteurs rationnels qui cherchent à maximiser leur intérêt national défini en termes de puissance (4) l’équilibre des puissances est le seul mode de régulation susceptible d’assurer non pas la paix, mais un ordre et une stabilité internationaux forcément précaires, car dans l’histoire sans fin que constituent les RI, il n’y a pas de progrès possible.

Il en découle d’autres propositions secondaires, comme quoi la guerre est un moyen rationnel de politique étrangère, les OI ne sont pas autonomes, la politique extérieure prime sur la politique domestique, et l’existence du droit international et des institutions de coopération sont en fonction de leur conformité aux intérêts des plus puissants.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
2
Q

Paradigme réaliste

Qu’est-ce que le réalisme classique?

A

Le réalisme contemporain d’après-secondes guerres mondiales vient essentiellement de l’historien anglais Carr et du théologien américain Niebuhr. Carr pour le retour de la puissance en critiquant l’idéalisme comme idéologie de la Grande-Bretagne ; il postule la place inéluctable de la puissance comme fin, moyen, cause. Il ne s’interroge pas sur son origine. Sur ce sujet, Niebuhr est plus explicite : c’est la nature humaine qui amène cette quête de puissance. La volonté de survie qui se double par une volonté de puissance, le groupe collectif comme l’État est un multiplicateur de ce phénomène.

Cette idée de Niebuhr est reprise par Morgenthau : il cherche à développer une théorie réaliste de la politique internationale, il se fonde sur l’idée de nature : l’homme est par nature égoïste, et face à des ressources rares, il est guidé par la volonté infinie de puissance. Un seul principe d’action : l’intérêt national égoïste défini en termes de puissance. Morgenthau passe sous silence le rôle de la structure en RI, le contexte spécifique sans souverain est une différence de degré, et non de nature.

Aron s’oppose à Morgenthau, il est sceptique d’une théorie explicative des RI. L’état anarchique des RI rend les RI différentes des autres relations sociales : absence d’une structure avec le monopole légitime des RI. Il refuse de voir dans le concept d’intérêt national, défini en termes de puissances, le principal référent du réalisme politique. Il propose un pluralisme des objectifs politiques, ce qui nécessite une approche sociologique des RI. Il ne se contente pas du 1er niveau (nature humaine) pour expliquer la politique de puissance, il y a aussi l’État de nature du système international comme élément structurel (3e niveau). En plus, le système est aussi en fonction de la nature interne des États (2e niveau).

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
3
Q

Paradigme réaliste

Qu’est-ce que le néoréalisme (ou réalisme structurel)?

A

En 1959, puis en 1979, Waltz attribue l’état de la guerre à la structure anarchique du système international, plutôt qu’à la nature humaine et/ou aux attributs des acteurs étatiques. Il propose en fait une riposte réaliste aux critiques behavioristes qui marquent les RI à l’époque. Il refuse l’analyse « réductionniste » et propose l’analyse en 3e niveau : le système international. Cette structure rend les États fonctionnellement indifférents, des « like units » où les États ne peuvent se fier qu’à eux-mêmes « self help » (principe d’action). Pour Waltz, le système les incite tous à adopter le même comportement en récompensant et pénalisant le comportement, ie la structure a un effet contraignant.

Gilpin propose une autre version du néoréalisme. Il y intègre plus profondément le facteur économique à la base des changements dans la distribution des capacités entre les États. C’est donc une proposition dynamique du réalisme, qui contraste avec le postulat de continuité politique internationale. Il propose en effet d’étudier le changement. Le propre des forces de production est de se développer inégalement : pendant un temps, la croissance économique se nourrit d’elle-même, puis inversement, car coûts dépenses militaires qui se font au détriment du développement économique. C’est la loi des taux différentiels de croissance qui mène à une guerre hégémonique.

Mearsheimer: Il propose de combiner le néoréalisme de Waltz et le réalisme classique de Morgenthau. Il crée une division entre réalisme offensif et défensif. Il prend la nature du système comme facteur expliquant la politique internationale. Mais, contrairement à Waltz, pas d’équilibre de la puissance, mais plutôt puissance infinie pour dominer les autres (Morgenthau).

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
4
Q

Paradigme réaliste

Qu’est-ce que le réalisme néoclassique?

A

L’idée est de rendre compte des comportements extérieurs concrets des États au niveau d’analyse de l’unité politique, et non plus des résultats récurrents auxquels aboutissent ces politiques étrangères au niveau d’analyse du système international. Ils combinent la rigueur scientifique structuraliste de Waltz, mais la subtilité des hypothèses individualistes du réalisme classique. Les États ne sont plus des « like units » et l’anarchie est un facteur permissif, plutôt qu’une donnée structurante. Cette théorie répond à une demande de rigueur, mais aussi de richesse. Est-ce une reprise de Aron ?

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
5
Q

Paradigme réaliste

Qu’est-ce que le dilemme de sécurité?

A

Pour les réalistes, c’est une des principales conséquences de l’anarchie. Le postulat de base est que chacun poursuit son intérêt personnel. L’idée, c’est que le dilemme de sécurité posé par l’anarchie réside dans le fait que toutes les tentatives d’un État pour accroître sa sécurité peuvent être jugées par les autres États comme un accroissement de leur propre insécurité. Il repose sur un paradoxe : puisqu’en augmentant sa sécurité, un État diminue celle des autres qui s’engageront, en retour, dans une augmentation de leurs capacités militaires, ce qui pourrait avoir pour effet de diminuer la sécurité relative de l’État ayant amorcé cette surenchère sécuritaire. C’est un jeu à somme nulle où les États sont pris dans un cercle vicieux.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
6
Q

Textes

E.H. Carr 1946 (The Twenty Years’ Crisis, 1919-1939) et E.H. Carr 1946 (The Twenty Years’ Crisis, 1919-1939)

A

Chapitre 1: Comme les autres sciences, les RI se seraient développées afin de servir un objectif : l’analyse suit l’objectif. C’est le désir de “soigner la maladie” de la politique a donné l’inspiration de la science politique (post-PGm). La science politique n’est pas la science de ce qui est, mais de ce qui devrait être. Pour être une science, il faut distinguer l’analyse de la réalité (l’être), de l’aspiration (ce qui devrait être). Pour Carr, la science politique a été trop utopique. Pour Carr, il s’agit d’un “échec intellectuel”: les événements après 1931 ont clairement démontré les échecs des aspirations pures comme base de la science politique internationale. La fin de l’utopisme qui marque le début d’une science, car dégradation de ses premiers projets visionnaires, s’appelle le “réalisme”. Le réalisme est critique et cynique, il met l’accent sur les faits et l’analyse de leurs causes. Le réalisme et l’utopisme se corrigent: ce sont deux facettes de la science.

Chapitre 5: Le succès du réalisme est dans sa révélation, non pas seulement de l’aspect déterministe du processus historique, mais surtout de son caractère relatif et pragmatique de la pensée en elle-même. Les standards éthiques de l’utopisme sont historiquement conditionnés, ie pour les réalistes, ce sont des produits d’intérêts et de circonstances. « L’arme » de la relativité de la pensée doit être utilisée pour démolir le concept utopique de standard fixe et absolu, sur lequel les politiques et actions peuvent être jugées. Quand on prêche l’harmonie des intérêts, on cache son intérêt dans un intérêt universel pour l’imposer à d’autres : ce qui est bon pour le monde est bon pour son pays = ce qui est bon pour mon pays est bon pour le monde. Les théories de la moralité sociale sont toujours le produit d’un groupe dominant qui s’identifie lui-même avec la communauté au complet, et qui possède des installations interdites aux groupes subordonnés. Depuis 100 ans, les Anglo Saxons sont le groupe dominant, et les théories de la moralité internationale sont faites pour perpétuer leur suprématie et exprimées dans un style pour eux. Les principes universels de Wilson ou Briand n’étaient pas des principes du tout, mais plutôt la réflexion inconsciente de politiques nationales basées sur l’interprétation d’intérêts nationaux à un moment précis. L’échec de l’utopisme est dans son incapacité à mettre de l’avant des standards éthiques qui soient absolus et désintéressés.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
7
Q

Textes

Kenneth N. Waltz 1979 (Theory of International Politics)

A

Notes de lecture : Deux objectifs du chapitre #5 : (1) concevoir la politique internationale comme un système distinct (2) ce qui intervient entre les unités et les résultats que leurs actions et interactions produisent. Afin de s’intéresser à ces problématiques, concept de “structure politique”. La politique internationale ne peut être seulement qu’à travers une “théorie des systèmes”. Pour comprendre la façon dont les acteurs interagissent, il faut comprendre la structure du système dans lequel ils interagissent. Un système est composé d’une structure et d’unités qui interagissent. En prenant comme exemple la politique domestique et ses caractéristiques, il propose trois caractéristiques à la politique internationale : (1) principe ordonnateur: système international est décentralisé et anarchique. (2) spécification des rôles: dans l’anarchie, différentes unités existent dans un système de “self-help”, il n’y a pas de différenciation fonctionnelle entre les États. (3) ce qui différencie les unités, c’est leur capacité relative (puissance). Les États sont placés différemment dans la structure selon leur puissance. Ce qui émerge avec cette théorie, c’est une “photo” des positions, soit une description générale de la façon dont sont partagées les unités. Cette définition de la structure est différente de celle de Morgenthau (réalisme classique), car Waltz cherche à considérer s’il y a quelque chose au niveau systémique qui a un effet sur les partis qui interagissent (anarchie). La structure internationale a un effet sur les interactions et attributs des États. C’est ce qui fonde le réalisme structurel.

Ce chapitre #6 vise à examiner les caractéristiques de l’anarchie et les attentes des résultats associées à l’anarchie. La distinction entre domestique et international n’est pas la présence de l’usage de la force, mais la structure (anarchique). Différence est que ça mène à un système de « self-help » dans le système international. La structure limite la coopération entre États de deux façons : (1) Condition d’insécurité (« self-help ») va contre la coopération (2) L’État s’inquiète de la division des gains futurs, l’État s’inquiète d’être dépendant sur l’autre pour donner suite à la coopération. ⇒ La structure encourage et pénalise certains types de comportement. Chaque État est « contraint » à prendre soin de lui-même, et non pas du système, donc risque de guerre. Pour Waltz, si théorie distincte de la politique internationale il y a, c’est l’équilibre de la puissance. Dans les deux cas, c’est la structure qui dicte ce comportement.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
8
Q

Textes

Hans J. Morgenthau 1985 (Limitations of International Power: The Balance of Power dans Politics among Nations: The Struggle for Power and Peace)

A

Ce chapitre de Morgenthau s’intéresse à l’équilibre de la puissance, phénomène marquant du réalisme classique. Selon lui, l’aspiration envers la puissance (pour maintien ou changement du statu quo), mène à la nécessité de l’équilibre de la puissance. Quand l’équilibre est déstabilisé, il y a une tendance à rétablir l’équilibre original ou un nouvel équilibre. L’objectif de l’équilibre est de maintenir la stabilité du système sans détruire la multiplicité des éléments qui le compose (ex. « checks and balance » en politique domestique É-U). Quatre méthodes d’équilibre de l’ascendant (1) diviser pour mieux Reigner (2) compensation (3) armements (4) alliances. Les États s’identifient avec le statu quo ou l’émergent, mais il peut y avoir un troisième acteur qui « tient » cet équilibre, où il ne s’identifie pas de façon permanente à un État, mais plutôt à l’équilibre du système (on peut dire l’arbitre, ex. GB). “Splendide isolation”, isolé par choix, et splendide car il peut extraire le prix le plus élevé de l’autre. La faiblesse principale est l’incertitude, soit l’incapacité d’être certain du niveau de puissance des uns et des autres.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
9
Q

Textes

John Mearsheimer 1994 (The False Promise of International Institutions)

A

Cet article de Mearsheimer s’intéresse à la revendication des théories institutionnalistes des RI (internationalisme libéral, sécurité collective et théorie critique) comme quoi les institutions éloignent les États de la guerre au profit de la paix. Il compare les postulats à ceux du réalisme. Popularité de ces postulats, pcq le réalisme irait à l’encontre de la façon dont les É-U se conçoivent eux-mêmes. Pour Mearsheimer, les institutions ont peu d’influence sur le comportement et donc peu de probabilité qu’elles mènent à la paix. Il critique l’institutionnalisme libéral, qui en cherchant à démontrer comment les règles peuvent répondre aux problèmes de la triche en privilégiant les gains LT à CT (itération, « issue linkage », augmentation information disponible, réduction coûts de transaction). Critiques de Mearsheimer : cadre moins utile pour la sécurité que les autres enjeux, et on évite les gains relatifs alors qu’on postule « self-help » et anarchie. Contrairement à l’institutionnalisme, le postulat du système sécurité collective ne répond pas le problème de crainte envers les autres, en plus d’avancer trop de prérequis. Pour Mearsheimer, finalement, la théorie critique est meilleure pour critiquer que proposer. Leurs explications du changement sont contradictoires

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
10
Q

Textes

Robert Jervis 1988 (War and Misperception)

A

Réaliste, Jervis développe le postulat réaliste de rationalisme des auteurs comme Waltz. Il explique que des « perceptions erronées » (misperception) sur la guerre pourraient raffiner la concept de la rationalité. Il parle (1) d’inférence inexacte (2) mauvais calcul des conséquences (3) mauvais jugement quant à la réaction de l’autre. Cette perception erronée peut inclure un optimisme militaire, un pessimisme diplomatique et militaire à long terme, des conséquences mal anticipées. La méthodologie de la mesure de ces perceptions erronées peut poser des problèmes (1) est-ce qu’il faut comparer la perception au moment où le décideur avait l’info - ou la réalité démontrée par la suite (ie. faut-il juger la perception en des termes de procédés ou de résultats?). (2) Il y a aussi un biais d’intérêt envers l’analyse des interactions de guerre, plutôt que de paix. (3) Il est difficile d’établir la précision de la perception, car il est difficile d’établir la perception réelle des capacités et hostilité hors guerre + les évaluations sont probabilistes, non pas définitives. Jervis prend exemple de la PGm (spirale) et DGm (sous-estimation Allemagne).

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
11
Q

Textes

Robert Jervis 1998 (Realism in the Study of World Politics)

A

Dans cet article, Jervis discute du développement des programmes de recherche en RI (nature dialectique et cycle) et de la valeur du constructivisme/rationalisme face au réalisme et libéralisme. Le constructivisme et le “rationalisme” sont encore moins “complets” que le réalisme, le libéralisme et le marxisme. Le rationalisme et le constructivisme ont à peine influencé les débats présents principaux en RI. On ne peut comparer le “rationalisme” avec le libéralisme ou réalisme, car le “rationalisme” a besoin d’eux pour faire le travail explicatif. En fait, il y a des affinités importantes entre le rationalisme et le constructivisme envers le réalisme. Le réalisme continue à jouer un rôle important en relations internationales. Il faut se poser la question: est-ce que cela amène plus de propositions bien confirmées que les approches alternatives? Oui. Cette approche permet d’élucider les conditions et stratégies qui permettent la coopération et le changement important en relations internationales, y compris une décroissance de la tolérance envers la force entre les États.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
12
Q

Vision libérale et perspective transnationaliste

Qu’est-ce que la vision libérale?

A

Considérée comme l’alternative principale au réalisme, c’est plus une attitude mentale héritée des Lumières qu’un corpus doctrinaire. L’idée cohérente principale au libéralisme est que les acteurs et structures internes d’un État influencent les identités et intérêts, et donc le comportement. Contrairement à ce qu’on dit Carr et d’autres, ce n’est pas réellement un idéalisme. Ce libéralisme a un fondement empirique sur les conditions de coopération et de paix présentes dans les années 1920 et 1930. Pendant la Guerre froide, l’École anglaise incarne le libéralisme: toutefois, rupture de toute normativité, continuité de la vision stato-centrée. La troisième version du libéralisme se trouve avec le néolibéralisme de Moravcsik.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
13
Q

Vision libérale et perspective transnationaliste

Qu’est-ce que le libéralisme (idéalisme)?

A

Récit classique comme quoi les 14 points de Wilson sont l’acte de naissance des RI et du libéralisme (idéalisme), visant à rendre le monde plus pacifique. Or, il faut nuancer ce récit. Wilson reprend des idées du libéralisme républicain, commercial et institutionnel émises avant lui. De plus, la conjoncture de l’après-PGm amène les auteurs à considérer le libéralisme classique comme obsolète et à lui faire subir des amendements substantiels. . En somme, en préconisant l’éducation civique, la régulation économique ou la sécurité collective, ils favorisent un libéralisme internationaliste réformé plutôt qu’un libéralisme classique d’harmonie naturelle. Cela se fonde sur une solide analyse empirique, dont la caractéristique anarchique n’est pas ignorée. Ils voient dans l’histoire un processus d’apprentissage, en opposition à la réification historique réaliste.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
14
Q

Vision libérale et perspective transnationaliste

Qu’est-ce que l’École anglaise?

A

Cette conception évolutive des RI venant du libéralisme internationalisme de l’entre-deux guerres se retrouve chez l’École anglaise, qui incarne le libéralisme institutionnel pendant la Guerre froide. L’École anglais rejette le libéralisme républicain et économique, au profit du seul libéralisme institutionnel. Le normativisme explicite est abandonné. Anarchie internationale, mais refus de sa conception hobbesienne. La structure anarchique n’empêche pas de former une société internationale, où les États se conçoivent comme liés par certaines règles communes. Il y a une différence entre une forme rudimentaire de vie sociale, et aucune vie sociale comme le postule Locke. Certains États sont susceptibles d’autoréguler leurs relations mutuelles envers un minimum d’ordre et de stabilité. Bull parle de “société pluraliste”: émission consciente de certaines règles (restriction usage de la force) et d’institutions (diplomatie). L’émission et le respect des règles ne se fait pas par solidarité, mais parce que êtres rationnels, donc intérêt commun de réguler leurs relations contractuelles. Le postulat reste ancré dans un fort stato-centrisme, mandataire des individus.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
15
Q

Vision libérale et perspective transnationaliste

Qu’est-ce que le néolibéralisme?

A

Le courant positiviste, également appelé institutionnalisme néolibéral, ou parfois même néolibéralisme, propose un projet de recherche rationaliste qui tente de démontrer que les institutions peuvent faciliter la coopération internationale « en changeant les motivations des États, soit en modifiant leurs calculs des profits escomptés ». Considérant que les intérêts d’un État ne sont ni prédéterminés ni immuables, le courant sociologique étudie l’influence exercée par les institutions dans la conception de l’identité et dans la définition des intérêts de l’État. Ce courant s’intéresse tout particulièrement aux processus de négociations et à la teneur des ententes internationales. Il y a donc un courant rationaliste et sociologique, mais le courant rationaliste prime. Ils endossent les conceptions réalistes classiques du système anarchique, État comme acteur rationnel et égoïste, mais aussi que l’intérêt national ne se limite pas à la puissance, la motivation n’est pas les gains relatifs mais absolus. Cette théorie est valable uniquement si les États ont des intérêts qui ne sont pas fondamentalement opposés et qu’ils voient les avantages de la coopération.

Les institutions agiraient à autre niveaux (1) L’augmentation du nombre de transactions entre les États rend la désertion moins attrayante en éliminant toutes possibilités de gains futurs pour l’État tricheur (2) Les institutions contribuent au développement et à la diversification des relations interétatiques. (3) En augmentant la quantité d’information disponible sur les États, les institutions internationales facilitent la surveillance du comportement des États participants (4) Les institutions réduisent les coûts liés à la conclusion d’entente bilatérales et multilatérales.

How well did you know this?
1
Not at all
2
3
4
5
Perfectly
16
Q

Vision libérale et perspective transnationaliste

Qu’est-ce que la perspective transnationaliste?

A

Il y a eu de la difficulté à reconnaître cette approche comme paradigme, parce qu’affinité avec le libéralisme. Les deux prennent l’individu comme point de départ, mais ils en ont une conception différente. Pour le libéralisme, l’individu agit à travers l’État seulement. En effet, Moravcsik dit que les relations que les États entretiennent avec les contextes sociaux interne et transnational dans lesquels ils sont ancrés déterminent leur comportement international en influençant les objectifs sociaux sous-jacents à leurs préférences, mais ce contexte social transnational n’est pas une variable indépendante et les individus ne sont pas des acteurs autonomes. Ces deux éléments caractérisent au contraire le transnationalisme. Ce faisant, le transnationalisme s’émancipe de la philosophie libérale et remise en cause du réalisme: individus et société civile sont des acteurs à part entière, et il y a des liens d’interdépendance entre ces acteurs.

Première vague: Mondialisation, ces relations ne sont pas contrôlées par l’État. Celles-ci sont souvent pacifiques, et pas pris au sérieux par le réalisme. Burton: monde pacifié avec transactions sociétales, car groupe bien intégré (modèle en toile d’araignée c. billards de Wolfers). Mitrany: capacité des OI fonctionnelles à éroder le nationalisme.

Deuxième vague: Keohane et Nye développent l’interdépendance complexe. ces travaux ont permis l’abandon du postulat d’État rationnel, au profit d’une conception pluraliste. Finalement, leur intérêt est plus l’érosion de la puissance de l’État en contexte d’interdépendance: impact des relations transnationales sur la capacité des gouvernements à gérer leur environnement.

Troisième vague: Roseneau développe le “modèle de la turbulence”. Le système international n’est plus seulement interétatique. C’est un monde multicentre en opposition au monde interétatique. Ces deux mondes interagissent et s’interpénètrent.

17
Q

Textes

Joseph S. Nye et Robert O. Keohane 1971 (Transnational Relations and World Politics: An Introduction)

A

L’article s’inscrit contre le courant dominant, où ils proposent d’étudier les relations inter sociétales qui ont lieu sans le contrôle du gouvernement. Les États ne seraient pas les seuls acteurs (ex. Vatican, cie de pétrole, révolutions). L’article s’intéresse à ces “relations transnationales”: Ces “contacts, coalitions et interactions” entre des acteurs au-delà des frontières nationales et qui ne sont pas contrôlées par le gouvernement central. Il y a quatre types “d’interactions globales au-delà des frontières nationales (communication, transportation, finance et voyagement). Les interactions transnationales: Ce sont des mouvements d’items tangibles ou intangibles au-delà des frontières nationales, où au moins un acteur n’est pas un agent du gouvernement. C’est en opposition au paradigme classique, où les relations entre sociétés se font à travers les États. Ces relations ont un effet sur la politique entre les États, car hausse de sensibilité des sociétés les unes aux autres, ce qui altère les relations entre les gouvernements. De plus, impact sur l’État (perte de contrôle?) : Pour les auteurs, les États restent les acteurs principaux du “jeu”. Le gouvernement devient plus sensible aux changements extérieurs, car ils ont plus d’ambitions sur l’extérieur. Alors qu’il devient plus ambitieux, il se crée un “écart de contrôle” entre les aspirations et la capacité de contrôle de l’État qui est créé par les acteurs transnationaux. Cela a des effets sur la centralité de l’État: contamination des relations entre États par les relations “transnationales”. Les effets des acteurs ne sont pas transitoires ou insignifiants, ils aident à comprendre les résultats et caractéristiques des RI. Il faut remplacer le “stato-centrisme”.

18
Q

Textes

James N. Roseneau 1992 (Le Nouvel ordre mondial: Forces sous-jacentes et résultats)

A

Pour Roseneau, il y a une réorientation importante des structures mondiales. Pendant 300 ans, la politique mondiale était anarchique et les États y représentaient les “collectivités” humaines. Selon Roseneau, le monde étatique n’est plus prédominant, maintenant nous sommes dans un “monde multicentrique complexe”, avec (1) des acteurs variés et autonomes (2) structures, processus et principes décisionnels qui leurs sont spécifiques. Les États doivent composer avec des rivaux, une augmentation du nombre d’acteurs mène à un ordre hiérarchique plus fluide, où il est difficile d’établir la hiérarchie. Il date ce changement au moment de la crise du pétrole 1973. Cela aura un impact sur les alliances, car moins de risque de guerre. De plus, trop grande décentralisation des forces et structures pour qu’un État dominant apparaisse avec une puissance capable de décider des règles. Les problèmes internationaux demandent plutôt des OI.

19
Q

Textes

Robert D. Putnam 1988 (Diplomacy and domestic politics: The logic of two-level games)

A

Putnam cherche à expliquer quand et comment sont liées la politique domestique et les RI. Il tire son projet de la Conférence du Sommet de Bonn 1978. Putnam propose une théorie “d’équilibre général”, qui tient compte de l’interaction des théories domestiques et internationales. La négociation internationale peut être conçue comme un jeu à deux niveaux: Niveau 1: Négociation entre négociateurs, menant à une tentative d’accord. Niveau 2: discussions séparées avec chaque groupe d’électeur quant à savoir si ratification. ⇒ Aucun des deux jeux ne peut être ignoré tant que les États restent interdépendants et souverains. L’exigence qu’un accord Niveau 1 soit ratifié au Niveau 2, impose un lien théorique important entre les deux niveaux. Le “win-set” pour un Niveau 2 est le schéma de tous les accords possibles au Niveau 1 qui gagneraient (ie qui gagneraient la majorité des électeurs). Le “win-set” du Niveau 2 est important pour comprendre l’accord Niveau 1, pcq (1) un “win-set” plus large rend plus probable l’accord Niveau 1 (2) la taille relative des “win-sets” respectifs du Niveau 2 a un effet sur la distribution des gains communs de la négociation internationale. Plus il y a un gain perçu important, le plus probable qu’il soit “bousculé” par les autres négociateurs Niveau 1.

20
Q

Textes

Andrew Moravcsik 1997 (Taking Preference Seriously: A Liberal Theory of International Politics)

A

Moravcsik, conscient que le libéralisme n’ait pas réussit à construire le libéralisme de manière rigoureuse sur le plan scientifique, cherche à en proposer une conception non-idéologique, non-utopique, soit appropriée aux sciences sociales. Il veut ancrer la théorie libérale en des postulats scientifiques. Proposition de base: La relation entre les États et la société domestique et transnationale environnante, dans lesquels ils sont intégrés, façonne de manière importante le comportement de l’État en influençant les objectifs sociaux qui sous-tendent les préférences de l’État. (1) Les acteurs sont les individus et entités privées qui cherchent à maximiser leur propre bien être d’une manière essentiellement rationnelle, et ces acteurs sont peu enclins aux risques. (2) Les institutions politiques nationales agissent au nom d’un certain sous-ensemble de citoyens nationaux. Les États représentent un sous ensemble de la société domestique, sur lesquels les décideurs politiques définissent les intérêts et agissent en politique internationale. (3) La configuration des préférences interdépendantes des États détermine le comportement des États.

21
Q

Projet constructiviste

Qu’est-ce que le constructivisme?

A

À la fin des années 1980, le dialogue de sourd entre les positivistes et les postpositivistes annonce une division au sein des RI: ignorance mutuelle qui s’explique par la démarche intellectuelle et le peu de recherche empirique des postpositivistes. Pour prendre au sérieux le changement, il faut abandonner l’épistémologie postpositiviste (il n’y a pas de réalité en dehors de la théorie qu’on étudie) et il faut se débarrasser de l’ontologie positiviste (la structure anarchique est une constante et/ou les intérêts des acteurs sont données une fois pour toute). Il faut combiner l’épistémologie positiviste (il existe une réalité objective qu’on peut étudier) avec une ontologie postpositiviste (cette réalité est intersubjective). C’est cette synthèse que propose le constructivisme.

Comme le postpositivisme et le féminisme, le constructivisme est une approche pour étudier les relations sociales à partir de l’humain comme être social, et non pas des individus rationnels guidés par l’efficacité. Ils ne sont pas guidés par une logique de conséquence, mais plutôt d’appropriation.

(1) Finnemore et Sikkink: La structure internationale est moins déterminée par des rapports de force matériel, que par une structure cognitive (2) Katzenstein: Les identités des États sont socialement construits (3) Onuf: Les agents et les structures se co-constituent.

La meilleure présentation de cette ontologie se trouve chez Wendt: L’ontologie renvoie aux deux grands débats qui traversent depuis toujours les sciences sociales et la philosophie (1) La réalité sociale est-elle déterminée par la matière ou l’idée? (matérialisme v. idéalisme) (2) Qui de la structure sociale/du système social ou de l’agent/de l’acteur détermine l’autre? (individualisme v. holisme). Le constructivisme combine idéalisme et holisme.

22
Q

Projet constructiviste

Qu’est-ce que le débat agent/structure?

A

Le débat pose la question de l’autonomie d’action de l’agent, ou de l’acteur, par rapport aux structures internationales qui l’entourent. Pour les constructivistes, les structures du système international sont des constructions sociales reflétant les pratiques des agents, et ne se limitent donc pas à la polarité ou à la répartition de la puissance comme chez les néoréalistes. La formation des intersubjectivités serait au cœur du processus de constitution des agents et des relations qu’ils entretiennent entre eux. Les ressources matérielles prennent tout leur sens dans la manière dont on en fait usage vis-à-vis des autres. Les pratiques des agents deviennent aussi primordiales dans l’interprétation des structures. Selon le concept de co-constitution, les agents jouissent d’une certaine autonomie d’action, mais qui est cependant conditionnée, plutôt que déterminée, par les structures du système international. Les structures participent à la constitution des intérêts et de l’identité des agents autant que ces derniers produisent et reproduisent ces structures sociales par leurs actions et pratiques.

23
Q

Textes

Alexander Wendt 1992 (Anarchy is What States Make of It: The Social Construction of Power Politics)

A

Il recadre le débat réalisme/libéralisme comme un argument quant aux déterminants de l’État, ie si l’État est influencé par la structure (anarchie + puissance relative) ou par le processus (interaction + apprentissage). Ajd le débat des “néo” a un engagement commun envers le rationalisme, ce qui les amène à poser certaines questions et pas d’autres. Le rationalisme traite les identités et intérêts comme données, mettant l’accent sur la façon dont leur comportement génère un “résultat”. Pour Wendt, il propose le constructivisme, c’est-à-dire que les gens (ou États) agissent envers l’objet (ou autre acteur) sur la base du sens que l’objet a pour eux. Ainsi, si la distribution de la puissance peut jouer un rôle dans le calcul, il dépend aussi de “compréhensions intersubjectives” qui a un effet sur la conception de soi et de l’autre (ex. É-U v. Cuba v. Canada). Pour Wendt, les identités sont intrinsèquement relationnelles. Ainsi, un État peut avoir plusieurs identités selon ses rôles institutionnelles et relations aux autres États. Ces identités sont la base des intérêts. Ainsi, il rejette l’idée réaliste que les États ont une identité identique pour maximiser la puissance. Wendt met de l’avant un argument “constructiviste”, rejetant l’idée des réalistes comme quoi la “structure” du système international (anarchie + “self-help”) force les États à jouer une politique de puissance compétitive. Selon Wendt, cette structure (anarchie + “self-help”) ne suit pas “logiquement ou de façon causale” de l’anarchie, elles existent dues aux processus, et non pas à la structure. Ainsi, les identités et intérêts des États ne sont pas données (variables exogènes qui existent pré-relation), mais plutôt façonnées et transformées par le système international (variable endogène).

24
Q

Textes

Martha Finnemore et Kathryn Sikkink 1998 (International Norm Dynamics and Political Change)

A

Cet article s’intéresse au rôle que jouent les normes dans le changement politique. Selon les auteurs, comme d’autres théories des RI, la grande partie de l’équipement macrothéorique est meilleure pour expliquer la stabilité que le changement. Cet article s’intéresse donc aux questions théoriques auxquelles sont confrontées ceux qui s’intéressent à la recherche empirique sur les processus de construction sociale et l’influence des normes dans la politique internationale. Les auteurs avancent trois arguments : (1) Le « virage » idéologique des dernières années en RI est en fait un retour à des préoccupations traditionnelles de la discipline (après la place du behaviorisme). (2) Les normes évoluent en « cycle de vie » avec des logiques comportementales dominantes différentes, soit a) émergence avec entrepreneur + plateforme b) acceptation, ie socialisation (cascade) c) internalisation (statut de « pris pour acquis »). (3) La tendance à opposer rationalité et normes ne permet pas d’expliquer certains processus politiques, soit des « constructions sociales stratégiques », dans lesquels les acteurs élaborent des stratégies rationnelles pour configurer les préférences, identités ou le contexte social. Les normes et la rationalité sont donc liées, mais la littérature académique ne s’accorde pas sur leur relation.

25
Q

Textes

John Ikenberry et Charles A. Kupchan 1990 (Socialization and Hegemonic Power)

A

Ikenberry et Kupchan proposent une analyse approfondie du contrôle hégémonique à travers la socialisation, soulignant que l’hégémon exerce son pouvoir non seulement par des incitatifs matériels, mais aussi par la diffusion et l’adoption des normes. La socialisation implique une internalisation des normes de l’hégémon par les élites étrangères, façonnant ainsi l’agenda politique. Ce processus s’articule via la persuasion normative, les incitations externes et la reconstruction interne. Leur étude des cas historiques comme la diplomatie américaine post-Première et Deuxième Guerres mondiales ainsi que l’expérience coloniale britannique en Inde et en Égypte soutient trois hypothèses : la synchronisation de la socialisation dépend des efforts de l’hégémon et de la réceptivité des États secondaires, elle est principalement influencée par les élites et est liée à la coercition, mais la persuasion normative seule est souvent insuffisante. La socialisation, bien que liée à la coercition, contribue à légitimer l’ordre hégémonique et devient plus importante lorsque le pouvoir coercitif décline, comme peut-être le cas des États-Unis dans une ère post-Pax Americana.

26
Q

Textes

Margaret Keck et Kathryn Sikkink 1998 (Activists Beyond Borders: Advocacy Networks in International Politics)

A

Ce chapitre de livre définit les termes, fondations théoriques et effets des réseaux internationaux de plaidoyers, ie des activistes qui peuvent se distinguer par la centralité des principes, idées et valeurs dans les motifs de leur implication. Ce qui est unique avec ces réseaux, c’est leur “plaidoyer”, ie ils plaident une cause pour d’autres ou défendent une proposition. Les réseaux engagent souvent des acteurs plaidants des changements politiques qui ne peuvent être facilement liés à des compréhensions “rationnels” de leurs intérêts. Ces réseaux sont importants aux niveaux transnationaux et domestiques en créant de nouveaux liens entre la société civile, les États et OI. Ce sont des formes d’organisation caractérisées par des modes de communication et d’échange volontaires, réciproques et horizontaux. Ce sont des structures communicatives, qui font un usage stratégique de l’information afin de créer et implémenter de nouvelles idées, normes et discours. Leur objectif est de changer le comportement des États et OI, pour ce faire ils “cadrent” des enjeux. Ainsi, leur capacité de générer et de diffuser de l’information est très importante, c’est central à leur identité. Ils n’utilisent pas de la puissance traditionnelle, mais misent plutôt sur la persuasion et la socialisation (politique d’information, symbolique, levier, responsabilité). Ce faisant, ces réseaux aident à transformer la pratique de la souveraineté en rendant la frontière nationale plus poreuse. Ce concept se base dans une tradition sociologique: interactions complexes entre les acteurs, construction intersubjective des cadres de sens, et négociations et malléabilité des intérêts. => Ce qui distingue ces réseaux: Centralité des principes, usages stratégiques de l’information, et usage de leviers afin d’obtenir le soutien d’autres institutions.

27
Q

Textes

Peter M. Haas 1992 (Epistemic Communities and International Policy Coordination)

A

Les incertitudes techniques et la complexité des problèmes ont rendu la coordination politique à la fois plus nécessaire et plus difficile. La façon dont les États identifient leurs intérêts et la latitude de leur action dépend de la façon dont les décideurs comprennent ou se font représenter les enjeux, notamment par les communautés épistémiques. La communauté épistémique se définit par quatre éléments (1) partage d’un schéma de croyances normatifs (2) croyances causales partagées (3) notion partagée de validité (4) entreprise politique commune. Le processus causal (1) incertitude, stimule demande pour information (2) interprétation du monde social et physique d’un phénomène (3) institutionnalisation au sein de la bureaucratie. L’auteur fait deux arguments : (1) le contrôle de l’information est une dimension importante du pouvoir (2) la diffusion de nouvelles idées et d’information peut mener à de nouveaux schémas comportementaux et être des éléments de coordination politique.

28
Q

Textes

Thomas Risse 2000 (“Let’s argue!”: Communicative Action in World Politics)

A

Les processus argumentatifs, délibératifs et persuasifs constituent un mode distinct d’interaction social, distinct du marchandage stratégique (rationalisme) et du comportement guidé par les règles (constructivisme). Aux logiques de « consequentialism » et de « appropriateness », il explique que ce débat est passé outre l’idée que le constructivisme social met l’accent aussi sur une logique argumentative. Contrairement à la « logic of appropriateness », les normes ici sont contestées. Cela peut amener à voir si nos conceptions du monde sont les bonnes, si elles peuvent être justifiées, et quelles normes dans quelles circonstances. Ainsi, argumenter = défier la validité du postulat et quête de consensus sur leur compréhension de la situation, et justification des principes et normes. De plus, les participants doivent être ouverts à être convaincus, ainsi les acteurs ont un objectif de consensus raisonné. Il existe trois formes de communication en RI (1) marchandage sur des préférences fixes; sert à échanger de l’info, faire des promesses ou menacer (2) rhétorique; sert à convaincre les autres, sans être prêt à être convaincu soi-même (3) quête de vérité; les acteurs cherchent les uns les autres les croyances ou principaux causaux.

29
Q

Ann E. Towns 2012 (Norms and Social Hierarchies : Understanding International Policy Diffusion « From Below »)

A

L’article approfondit la compréhension des normes dans le contexte des relations internationales, remettant en question la perspective dominante qui les considère principalement comme des standardisateurs de comportement étatique. L’auteur propose une vision novatrice en soutenant que les normes, au lieu de simplement homogénéiser, participent à la création de hiérarchies sociales. Ce concept implique que les normes définissent non seulement ce qui est considéré comme normal et souhaitable, mais aussi ce qui est jugé anormal et indésirable, établissant ainsi des critères pour classer les États. À travers l’étude de cas des quotas légaux basés sur le sexe, l’article illustre comment ces normes influencent la diffusion des politiques en influençant la compréhension et la légitimation des nouvelles pratiques étatiques. Il met en évidence le fait que les normes ne conduisent pas simplement à une homogénéisation des comportements, mais qu’elles contribuent également à différencier et à hiérarchiser les acteurs sur la scène internationale. Cette refonte conceptuelle, intégrant la dimension du classement social, offre ainsi une perspective plus nuancée et complexe sur la manière dont les normes façonnent la dynamique des relations internationales et la diffusion des politiques.

30
Q

Textes

Rebecca Adler-Nissen 2014 (Stigma Management in IR: Transgressive identities, norms, and order in international society)

A

Depuis la fin de la Guerre froide, augmentation de l’utilisation de la « honte » ou « humiliation » (shaming) pour promouvoir les normes internationales. La dynamique relationnelle entre ceux qui imposent le comportement normal et ceux stigmatisés reste toutefois sous théorisé. Ce ne sont pas des valeurs communes, mais une insécurité ontologique qui est « la poussée » originale pour la relégation des États transgressifs à la marge de la société internationale. Les processus de stigmatisation démontrent la normalité et clarifient les frontières de l’identification et du comportement acceptable. Le désir d’imposer des stigmas vient d’une incertitude quant à ce qui « tient » réellement la société internationale ensemble. La notion de société internationale requiert non pas une acceptation unanime des normes, mais un processus de stigmatisation du bris de normes qui menacent l’ordre. L’État stigmatisé a un rôle dans la société, en ce qu’il permet la promulgation performative du normal. Ce n’est pas seulement une définition positive de la communauté, mais aussi de marquer l’acteur déviant. La notion du comportement normal requiert un extérieur constitutif. La diffusion des normes doit être vue comme un processus bidirectionnel. La stigmatisation est produite par les interactions entre une audience de normaux et un stigmatisé transgressif. Une « audience de normaux » est un groupe d’États qui tente d’imposer son stigma. Plutôt qu’automatiquement accepter le stigma, les États stigmatisés peuvent tenter de modifier leurs effets excluant ou modifiant la façon dont les « normaux » les perçoivent : (1) reconnaissance (2) contre-stigmatisation (3) rejet du stigma. L’humiliation ne fonctionne pas tjs, même quand il y a de clairs incitatifs matériels de conformité aux normes, ex dans le cas de Cuba, Iran, Bélarus, cela n’a pas d’effet ou peut renforcer la violation de la norme. En somme, la stigmatisation peut être un facteur de maintien de l’ordre international, mais il n’y a rien d’automatique dans ces processus. Ce sont des processus qui ne sont pas unilatéraux. Les États n’acceptent pas d’être stigmatisés comme ça, ils développent des façons d’y faire face.

31
Q

Textes

Charlotte Epstein 2013 (Constructivism or the Eternal Return of Universals in IR. Why Returning to Language is Vital to Prolonging the Owl’s Flight)

A

Dans ce texte, Epstein énonce des contradictions de la théorie constructiviste : si les mondes qu’on étudie sont socialement construits, ils sont nécessairement particuliers, contingents et multiples : il ne peut y avoir de règles généralisables/universelles (ce que fait pourtant Wendt avec l’État). Cette contradiction bloque le constructivisme dans le structuralisme. Selon l’auteure, alors que le projet constructiviste a promis de résoudre la dialectique entre structuralisme et poststructuralisme, la dialectique existe tjs : le constructivisme a été absorbé bcp plus près du structuralisme et de ses ancrages universels naturels. Pour l’auteure, afin de saisir les dynamiques de la construction sociale, il faut aller jusqu’au fond, comme Wendt a refusé de le faire : le poststructuralisme permet de théoriser un monde construit sans quête d’universels, mais non pas sans les structures (le langage).

32
Q

Textes

David McCourt 2016 (Practice Theory and Relationalism as the New Constructivism)

A

Deux nouvelles approches en RI (1) Théorie pratique: c’est porter attention aux logiques quotidiennes en RI; les acteurs sont motivés par des impératifs pratiques habitudes, plutôt que des intérêts nationaux et préférences et normes sociales. En conséquence, la théorie de la pratique met l’accent sur le “quotidien” - les habitudes et les routines courantes que les gens développent pour mettre de l’ordre dans la complexité de l’interaction sociale - et sur les fondements affectifs et émotionnels de l’action sociale. (2) Relationnisme: Rejet de l’idée que les entités (États et OI) sont les unités de base des RI. Il faut plutôt mettre l’accent sur les processus continus; les États et les OI sont constitués par des processus continus, et il faut donc traiter les processus et relations comme analytiquement primitif. Argument de McCourt: Les deux approches représentent le nouveau constructivisme en RI. De plus, leur valeur est de garder les académiques sensibles aux contextes sociaux et culturels où se joue la politique. L’intérêt envers ses deux approches survient, car “rétrécissement” (narrowing) du constructivisme dans les RI É-U, car maintenant le constructivisme ne définit plus qu’une ontologie limitée composée de normes, cultures et identités comme façonnant les actions de l’État. Ces deux nouvelles approches répondent aux problèmes des RI “rétrécis” et élgarissent encore une fois les lentilles des théories RI. Ces approches ont des contributions uniques, mais leurs postulats de base reviennent à l’idée que des aspects des RI ne sont pas données, mais plutôt le produit de processus sociaux. Il faut reconnaitre ces liens des nouvelles approches au constructivisme. Les “ismes” en RI existent en tant qu’espace sociale; elles ont un rôle dans la pratique de la discipline. Dans l’univers académique, le constructivisme a une place, car il est sensible “aux contextes”. Les deux approches représentent ainsi une importante revigoration de la théorie constructiviste.