Oncologie Flashcards
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A 2.2. Définitions * Les radiations ionisantes sont des radiations capables de créer des ionisations dans la matière qu’elles traversent par« arrachement» d’électrons aux atomes des molécules du milieu.
* Les photons correspondent à des« grains» d’énergie sans masse, se déplaçant à la vitesse de la lumière et trans portés par une onde électromagnétique.
* On distingue les photons gamma, produits lors de la désintégration d’atomes radioactifs naturels ou artificiels, cobalt (Co60),
iridium (Ir192), ► 82 ÎRAITEMENT DES CANCERS césium (Cs137),
et les photons X, produits lors des interactions électrons-matière.
En radiothérapie, il s’agit de photons produits par des tubes à rayons X ou par des accélérateurs linéaires à usage médical. À énergie égale, photons gamma ou X ont des propriétés biologiques identiques : seuls les distinguent leurs modes de production.
* Les électrons correspondent à des particules élémentaires de matière chargée négativement. La masse d’un élec tron est environ deux mille fois plus petite que celle des particules constituant le noyau de l’atome (neutrons et protons). En radiothérapie, on utilise essentiellement des électrons produits par les accélérateurs linéaires (dans une gamme d’énergie allant de 4 à 32 MeV).
* Le Gray (Gy) est l’unité de dose en radiothérapie. * Il s’ agit d’une unité de dose absorbée, correspondant à une absorption d’énergie d’l joule par Kg (1 Gy= 1 J.Kg 1
Le mécanisme d’action des radiations ionisantes ne figure pas dans les objectifs de connaissance de cet item et ces informations sont données à titre indicatif.
2.3. Mécanismes d’action des radiations ionisantes * On distingue 4 phases successives (physique, chimique, cellulaire, tissulaire) (Figure 3).
Figure 3. Phases successives d’action des radiations ionisantes 0
10-15 s 10-5 s
seconde minute heure jour
semaine mois
année descendance Réparation cellulaire Irradiation
Ionisations-Excitations Radicaux libres
Réactions biochimiques .—� � Mort différée
Réparation tissulaire Cancéri�
Mutations l 2.3.1. la phasephysique
* Elle correspond aux évènements physiques initiaux (ionisations, excitations) déclenchés par l’interaction des rayonnements avec les atomes des molécules cellulaires. Ces évènements se produisent avec une extrême rapidité (de l’ordre de 10 15
à 10 16 seconde)
- Interaction photons-matière : dans la gamme d’énergie des photons utilisés en radiothérapie, deux effets prédominent largement (Figure 4) : l’effet Compton (l’énergie d’un photon incident est transmise à un électron arraché à une couche périphérique d’un atome et à un photon dit« diffusé»), et l’effet photoélectrique (l’intégralité de l’énergie du photon incident est transférée à un électron arraché à une couche interne d’un atome ; le réarrangement électronique qui s’ ensuit entraîne l’émission soit d’un photon dit de« fluorescence », soit d’un électron Auger).
- Interaction électrons-matière: il peut s’agir soit des électrons« primaires», produits directement par les appareils de traitement, soit des électrons« secondaires», produits au cours des interactions photons-matière. Deux types de phénomènes prédominent : des interactions électron-électron, appelées collisions, entraînant
80 ÎRAITEMENT DES CANCERS 83 ◄
).En radiothérapie, il s’agit de photons produits par des tubes à rayons X ou par des accélérateurs linéaires à usage médical. À énergie égale, photons gamma ou X ont des propriétés biologiques identiques : seuls les distinguent leurs modes de production.
* Les électrons correspondent à des particules élémentaires de matière chargée négativement. La masse d’un élec tron est environ deux mille fois plus petite que celle des particules constituant le noyau de l’atome (neutrons et protons). En radiothérapie, on utilise essentiellement des électrons produits par les accélérateurs linéaires (dans une gamme d’énergie allant de 4 à 32 MeV).
* Le Gray (Gy) est l’unité de dose en radiothérapie.
* Il s’ agit d’une unité de dose absorbée, correspondant à une absorption d’énergie d’l joule par Kg (1 Gy= 1 J.Kg
2.4. Facteurs influençant l’effet des radiations * La radiosensibilité intrinsèque est la capacité qu’a une cellule de réparer ou non les radiolésions, ce qui la rend radiosensible (si elle ne répare pas les radiolésions), ou radio-résistante (si elle répare les radiolésions).
* Le cycle cellulaire : la radiosensibilité est maximale durant les phases G2 et M et minimale en phase S. L’irra diation provoque un ralentissement de la synthèse de !’ADN, donc un allongement de la phase S, et un blocage temporaire des cellules en G2,
avec un retard à la mitose et une synchronisation cellulaire.
* L’effet oxygène: la présence d’oxygène est indispensable à l’action biologique des radiations ionisantes. Des radi caux libres à durée de vie très courte (lo-s s) sont formés par les particules chargées traversant la matière. Ils pro voquent, en présence d’02,
la formation de peroxydes responsables de lésions de l’ ADN ( cassures). L’efficacité de ce processus est maximale si l’oxygène est présent au moment de l’irradiation.
* En l’absence d’oxygène (hypoxie), les cellules sont moins sensibles aux radiations. La dose nécessaire pour détruire une cellule en hypoxie est 2,5 à 3 fois plus importante que celle nécessaire pour détruire la même cellule
bien oxygénée.* Le facteur temps: le fractionnement et l’étalement régissent le déroulement d’une irradiation. - Le fractionnement est le nombre de fractions (ou de séances) d’une irradiation. Il définit également l’intervalle de temps entre deux fractions. Il est possible de modifier l’efficacité biologique d’une irradiation en agissant sur les composants du facteur temps. Le fractionnement conventionnel délivre une fraction par jour de 2 Gy qui permet la restauration de !’ADN des cellules normales. Le hi-fractionnement (2 séances par jour) délivre à chaque séance une faible dose, moins toxique pour les cellules normales qui sont capables de se réparer, et plus toxique pour les cellules tumorales qui réparent mal. Ce mode d’irradiation protège donc les tissus sains tout en délivrant une dose d’irradiation efficace (à condition que les deux séances soient espacées d’au moins 6 heures). Différents protocoles de traitement utilisent soit une augmentation du nombre de fractions (hyper fractionnement) pour des traitements curatifs, soit une diminution du nombre de fractions (hypo fractionnement) pour des traitements palliatifs qui recherchent rapidement l’effet désiré (antalgique par exemple) avec peu de séances de traitement. L’hypofractionnement est de plus en plus utilisé en situation curative également.
- L’étalement est la durée totale du traitement. En réduisant l’étalement (accélération), on dépasse la prolifération des cellules tumorales permettant une destruction plus importante. Un allongement du temps de traitement (protraction) est utilisé dans le cadre de traitements palliatifs dits en
« split-course ».
* L’effet dose: In vitro, les cellules tumorales ne sont pas entourées de tissu sain, et de très fortes doses d’irradiation permettent d’obtenir 100 % de stérilisation. En clinique, l’augmentation des doses se heurte à la tolérance des tissus sains, qui est limitée. Néanmoins, il a été montré (cancers ORL, gynécologiques) que l’aug-mentation de la dose totale d’irradiation, pour une même tumeur, améliore les chances de stérilisation. Cet effet est constamment
recherché en clinique pour les tumeurs radio-résistantes.
2.5.1. La radiothérapie externe * C’est la forme d’irradiation la plus utilisée. Elle fait appel à un équipement lourd, les accélérateurs de particules. * La source d’énergie est à distance du volume à irradier. Les radiations ionisantes traversent l’air, puis les tissus sains et déposent leur énergie en profondeur, détruisant ainsi les cellules tumorales. La multiplication des fais ceaux d’irradiation permet de concentrer l’énergie dans la tumeur et de ne pas irradier à haute dose les tissus sains traversés.
* La radiothérapie de conformation est de plus en plus utilisée et demande l’acquisition d’un équipement lourd qui associe un accélérateur linéaire (avec un système de collimation permettant d’obtenir un faisceau de forme complexe grâce à l’interposition dans le faisceau primaire de lames ou« collimateur multi-lames ») et un système informatique sophistiqué permettant l’acquisition des images anatomiques en trois dimensions. Des moyens de contention (masques, matelas … ) et de vérification du repositionnement du patient (imagerie portale) permettent d’assurer une reproductibilité parfaite de l’installation d’un jour à l’autre du traitement.
* Le choix du rayonnement est fonction de la localisation de la tumeur. Les lésions superficielles peuvent être trai tées par des électrons qui pénètrent sur quelques centimètres. Les lésions plus profondes sont traitées par des photons, d’énergie variable de 5 à 25 MV: 6 MV pour un cancer du sein ou un cancer de la sphère ORL, 10 à 25
MV pour un cancer bronchique, abdominal ou pelvien.
2.5.2. la curiethérapie * Cette méthode utilise des sources radioactives mises en place à l’intérieur de l’organisme. On distingue la curie thérapie interstitielle (les sources sont placées à l’intérieur du tissu à irradier) et la curiethérapie endo-cavitaire ou intra-luminale où les sources sont introduites dans une cavité naturelle au contact ou à proximité du tissu à irradier. Durant le temps pendant lequel les sources sont à l’intérieur de l’organisme, l’irradiation est continue. Elle dure de quelques minutes à quelques jours, en fonction du débit utilisé (haut débit= quelques minutes), et de la dose à délivrer.
* En France, on utilise comme sources radioactives l’iridium (Ir192 ) et le césium (Cs137).
* L’intérêt de la curiethérapie par rapport à l’irradiation externe est de délivrer en un faible laps de temps une dose
forte dans un très petit volume, car la dose chute très vite en périphérie du volume irradié.
la radio-immunothérapie ou radiothérapie interne vectorisée * De développement plus récent et administrée par des médecins isotopistes (médecine nucléaire), elle utilise comme vecteur d’un agent irradiant un anticorps monoclonal dirigé contre une structure spécifiquement portée par une cellule tumorale. Le but est d’irradier de façon sélective la cellule tumorale, grâce à un isotope radioactif lié à l’anticorps monoclonal. Une fois l’anticorps fixé sur la cellule tumorale, l’isotope, choisi pour son rayonne ment puissant mais peu pénétrant (quelques microns), peut irradier la cellule tumorale sans endommager les tissus sains.
* Cette technique est en voie de développement en France, surtout dans le cadre des hémopathies malignes.
2.6. Doses de tolérance des tissus sains et doses nécessaires à la stérilisation des tumeurs
* Il est important de connaître les doses de tolérance de chaque organe ou tissu. En effet, l’irradiation d’une tumeur, le plus souvent profonde et entourée de tissus sains, entraîne obligatoirement l’irradiation des tissus péri tumo raux.
* Le plan d’irradiation doit respecter les doses de tolérance de chaque organe sain. Il est possible de délivrer de fortes doses sur une partie d’un organe, et une dose beaucoup plus faible sur la totalité de celui-ci. Ainsi, la moelle épinière tolère 45 Gy, le parenchyme pulmonaire 20 Gy sur un poumon entier.
* La dose nécessaire à la stérilisation d’une tumeur dépend de la tumeur considérée (radiosensibilité propre) et de son volume.
* Schématiquement, un séminome du testicule est détruit par une dose de 30 Gy, une maladie de Hodgkin par 40 Gy, un cancer du sein par 50-60 Gy, un très volumineux cancer ORL par 70-80 Gy. Une dose > 100 Gy serait
nécessaire à la destruction d’un glioblastome.
2.7. Principaux effets secondaires * Leur gravité varie selon l’organe irradié, mais leur fréquence est de plus en plus faible avec l’amélioration des techniques d’irradiation. Le principal fa3cteur à considérer est la tolérance limitée des organes sains situés dans le volume à irradier : la plupart des tissus sains sont lésés pour une dose inférieure à celle requise pour stériliser la tumeur.
* On distingue les effets stochastiques et déterministes qui sont détaillés ci-après. 2.7.1.. les effets secondaires stochastiques
* Ils sont également appelés probabilistes: la probabilité d’apparition de l’effet augmente avec la dose. On retrouve essentiellement :
- les effets carcinogènes : le risque (très faible) de cancer secondaire après radiothérapie paraît directement lié à
l’étendue de l’irradiation, aux thérapeutiques associées (chimiothérapie) et à l’âge du patient lors de l’irradiation;les effets génétiques: ils restent très théoriques dans un contexte de radiothérapie. Les doses reçues aux gonades sont souvent faibles, voire très faibles, car les volumes irradiés se situent à distance. Ce risque génétique ne paraît devoir être pris en compte que lorsqu’une irradiation thérapeutique est amenée à délivrer aux testicules ou aux ovaires une dose supérieure à 0,5-1 Gy (inférieure aux doses entraînant une castration).
2.7.2. Les effets secondaires déterministes * Ils ont comme caractère commun :
- d’apparaître à partir d’une« dose-seuil» (variable selon l’organe ou le tissu); - à partir de ce seuil, d’être d’autant plus sévères que la dose est élevée.
* Il s’agit des effets tissulaires, à traduction clinique immédiate ou différée. * On doit différencier les effets précoces (transitoires et réversibles) survenus au cours du traitement et dans les
6 premiers mois qui suivent et les effets tardifs (le plus souvent définitifs) survenant après 6 mois (Tableau 1).
- Les traitements médicaux des cancers font appel à des modalités thérapeutiques distinctes, dont certaines comme l’immunothérapie - sont récentes et encore en cours d’évaluation (Figure 6). Figure 6. Traitements médicaux des cancers Traitements médicaux des cancers
1 Chimiothérapie 1 Thérapies ciblées 1 Hormonothérapie 1
Immunothérapie
3.1..1.. Considérations générales * La chimiothérapie anti-tumorale utilise des médicaments qui entraînent un arrêt du cycle cellulaire (effet cytos tatique) et/ou une mort cellulaire (effet cytotoxique), principalement par apoptose.
* Il n’y a pas de chimiothérapie possible sans preuve histologique. Seules certaines tumeurs germinales peuvent être traitées sans preuve histologique sur la base d’arguments cliniques, radiologiques et biologiques.
* Trois principes régissent l’utilisation de la chimiothérapie systémique : -
une fraction constante de cellules tumorales est tuée à chaque cycle thérapeutique. Par exemple, si un cycle thérapeutique tue 99 % des cellules d’un cancer, une masse tumorale de 1011 cellules sera réduite à approximativement 10 cellules après 5 cycles;
- les cellules néoplasiques sont supposées répondre au traitement suivant une relation linéaire entre la dose et son efficacité, ce qui justifie l’emploi de doses le plus élevées possibles, administrées aux intervalles de temps les plus courts ;
► 90 TRAITEMENT DES CANCERS- l’hypothèse de Goldie-Coldman suggère que les tumeurs ont un taux spontané de mutation d’environ une cellule pour 100 000 et par gène. Ainsi, une tumeur contenant 109 cellules (environ 1 gramme) comprendra spontanément environ 10 000 cellules résistantes à un médicament donné. Mais la résistance simultanée d’une cellule à deux médicaments ne s’observera que pour une cellule sur 10 10.
Ceci explique l’efficacité supérieure
des poly-chimiothérapies.
3.1.2. Définitions des différents traitements * La chimiothérapie peut être administrée : - En phase curative: ► Traitement néo-adjuvant: avant le traitement chirurgical de la tumeur. Cette approche permet de traiter la tumeur primitive en place et les micro-métastases éventuellement présentes.
► Traitement adjuvant : au décours de la chirurgie. Il diminue (mais n’annule pas) le risque de rechute et augmente la survie.
- En phase métastatique : l’objectif n’est plus la guérison mais la qualité de vie et le contrôle des symptômes. On parle de chimiothérapie palliative (bien qu’elle ne soit pas administrée au moment de la fin de vie). Dans certaines situations, la chimiothérapie utilisée en phase métastatique peut être curative (tumeurs germinales métastatiques, cancer colorectal oligométastatique par exemple).
- De façon concomitante à la radiothérapie (association radiothérapie + chimiothérapie, appelée chimio radiothérapie), cette association a pour but de renforcer l’action respective de chacun des traitements. La chimiothérapie a sa propre action de destruction des cellules cancéreuses, mais elle les rend aussi plus sensibles aux rayonnements. La chimiothérapie peut être également administrée de manière séquentielle (chimiothérapie suivie de la radiothérapie) : ce qui permet la coopération temporelle et spatiale entre
chimiothérapie et radiothérapie.
Mesures d’initiation d’une chimiothérapie 3.1.3.1. Mesures générales
* Demande de prise en charge en Affection de Longue Durée (ALD 30). Ce document est établi par le médecin généraliste.
* Pose d’une voie d’abord veineux centrale: chambre implantable le plus souvent; ou un PICC-line (cathéter cen tral à abord périphérique).
* Bilan des grandes fonctions vitales : - bilan nutritionnel avec mesure du poids, albuminémie et pré-albuminémie ; - évaluation cardiaque: ECG, échographie cardiaque (notamment en cas d’utilisation des anthracyclines ++) ; - ionogramme sanguin, créatininémie, bilan hépatique (transaminases, PAL, GGT et bilirubine); - épreuve fonctionnelle respiratoire (EFR) en cas de traitement par la bléomycine ; - HCG chez les femmes non ménopausées;
* Consultation fertilité, conservation des gamètes (CECOS) dans un nombre croissant de cas. * Pour déterminer la dose administrée, il faut calculer la surface corporelle (poids, taille) et avoir la clairance de la
créatinine pour certaines molécules (carboplatine notamment).
3.1.3.2. Principales contre-indications * Polynucléaires neutrophiles< 1 G/L, plaquettes< 100 G/L, encore qu’il soit possible dans des situations d’urgence carcinologique de passer outre à cette règle. Il est parfois possible d’administrer des médicaments non hémato toxiques dans cette situation (bléomycine, par exemple).
* Syndrome infectieux. * Indice d’activité ( « Performance St a tus ») > 2 * 1
er
trimestre de la grossesse ou allaitement.* Certaines contre-indications sont directement liées au médicament utilisé: par exemple, clairance de la créatinine < 60 ml/mn pour le cisplatine.
3.1.3.3. Prévention des effets secondaires * Anti-émétiques, à adapter selon le potentiel émétisant : anti-NKl (aprépitant), antagonistes sérotoninergiques (anti 5-HT3: sétrons), corticoïdes et anti-dopaminergiques.
* Injection de facteurs de croissance hématopoïétiques (G-CSF retard ou standard) après certaines chimiothérapies: - en prévention primaire pour les protocoles de chimiothérapie à fort risque de neutropénie fébrile(> 20 %) ; - en prévention secondaire si épisode de neutropénie fébrile lors du cycle de chimiothérapie précédent.
* Prévention et traitement de l’anémie: fer intra-veineux si carence martiale, érythropoïétine (EPO) possible si Hb
< 10 g/dl et anémie symptomatique, transfusion si Hb < 8 g/dl.
3.1.4.1. Les alkylants et sels de platine * La cible principale des alkylants est la molécule d’ADN, ce qui offre à ces médicaments une place majeure en cancérologie, mais il peut aussi s’agir d’une protéine, qu’elle soit cellulaire ou extra cellulaire.
* Les agents alkylants n’altèrent que des cellules engagées dans le cycle cellulaire. Ils se caractérisent par une grande hétérogénéité notamment dans leurs indications cliniques qui les rend utiles tant dans la prise en charge des mala dies hématologiques malignes que des tumeurs solides. Ils regroupent principalement les moutardes à l’azote (ex: chloraminophène), les oxazaphosphorines (ex: cyclophosphamide) et les nitroso-urées (ex: CCNU).
* Les organoplatines (ou sels de platine) sont parmi les médicaments les plus utilisés en cancérologie. On y trouve le cisplatine et le carboplatine, dont les indications sont très larges, et l’ oxaliplatine, réservé au traitement des cancers colorectaux. La dose du carboplatine n’est pas calculée selon la surface corporelle mais en fonction de l’exposition du patient traduite par l’aire sous la courbe (AUC) des concentrations de platine libre et impose le
calcul de la clairance de la créatinine.
3.1.4.2. Les inhibiteurs des topo-isomérases I et II * Les topoisomérases I et II sont des enzymes essentielles dont le rôle fondamental est de résoudre les contraintes topologiques de la molécule d’ADN qui se trouve physiologiquement dans un état dit« super-enroulé». Les topo isomérases assurent la création ou le retrait des supertours de !’ADN.
* Deux médicaments sont inhibiteurs de la topo-isomérase I: l’irinotécan et le topotécan. * On trouve plusieurs classes de médicaments susceptibles d’inhiber la topo-isomérase II, parmi lesquels: - les épipodophyllotoxines (ex: étoposide);
- les anthracyclines (dont le chef de file est l’adriamycine ou doxorubicine).
3.1.4.3. Les poisons du fuseau * Ce sont des médicaments actifs sur les microtubules. On distingue schématiquement les agents inhibiteurs de la polymérisation des microtubules qui regroupent les alcaloïdes de la pervenche ou vinca-alcaloïdes (ex : vinorel
bine), par opposition aux agents inhibiteurs de la dépolymérisation représentés par les taxanes (ex: paclitaxel).
3.1.4.4. Les antimétabolites * Ces médicaments ont une formule chimique dont l’analogie est plus ou moins étroite avec la structure de com posés endogènes nécessaires à la synthèse des acides nucléiques et des protéines tout en étant suffisamment dif férente pour agir avec eux comme des inhibiteurs compétitifs. La synthèse des acides nucléiques (et, donc, des protéines) se voit secondairement interrompue.
* On y regroupe: - les anti-pyrimidiques (ex: 5-fluoro-uracile);
- les antifoliques (ex: méthotrexate);
3.1..5. Complications des thérapeutiques médicamenteuses spécifiques du traitement cancer
3.1.5.1. Complications des chimiothérapies
* Toxicités communes : asthénie, hématotoxicité (leuco-neutropénie, anémie, thrombopénie), nausées/vomisse ments et toxicité gonadique à des degrés variables selon les molécules de chimiothérapies utilisées ;
* Toxicités spécifiques (cf Tableau 2) :
Tableau 3. TOXICITÉS SPÉCIFIQUES POUVANT ENGAGER LE PRONOSTIC VITAL TOXICITÉS
— -Cardiaque
–Pulmonaire
-·—— —-· Néphrologique
-
Urologique � Neurologique
� -Allergique -
* angor par spasme coronarien voire syndrome coronarien aigu ST+: 5-FU * cardioniJ�P �_thie dilatée aux anthracyclines : cumulative, dose-dépendant� * pneumopathie interstitielle diffuse puis fibrose: bléomycine * pneumopathie aiguë d’hypersensibilité : méthotrexate
‘ ‘ * insuffisance rénale aiguë par toxicité tubulaire directe: méthotrexate, cisplatine
* néphropathie immuno-allergique: cisplatine * syndrome hémolytique et urémique: mitomycine, gemcitabine * cystite hémorragique : cyclophosphamide, ifosfamide * encéphalopathie métabolique: ifosfamide
—·-· ………
* choc anaphylactique : bléomycine, pacli
Un déficit complet en DHPD (dihydro-pyrimidine déshydrogénase) peut provoquer des toxicités mortelles en cas d’administration de 5-FU. Celui-ci étant réduit par la DHPD, il s’accumule en cas de déficit complet de l’en zyme. Un déficit partiel est possible; il sera géré par une administration du 5-FU à dose réduite de moitié. li est recommandé depuis 2018 de réaliser un dépistage systématique du déficit en DHPD avant toute administration
de 5-FU ou Capécitabine.
3.1.5.3. Une complication sévère: le syndrome de lyse tumorale * Le syndrome de lyse tumorale est la conséquence de la destruction massive de cellules tumorales, conduisant au relargage dans la circulation sanguine de composés intracellulaires. Ce syndrome de lyse tumorale intervient après l’instauration de la chimiothérapie dans des tumeurs de développement rapide comme notamment les hémopathies ou dans les tumeurs à fort volume tumoral comme par exemple les tumeurs germinales.
* Le syndrome de lyse tumorale biologique est défini par � 2 manifestations biologiques : - hypocalcémie ; - hyperkaliémie ; - hyperuricémie ; - hyperphosphatémie.
* Sur le plan clinique, peuvent apparaitre une insuffisance rénale aiguë (quasi constante), des troubles du rythme cardiaque, des troubles neurologiques notamment des convulsions, des crampes musculaires, des nausées/ vomissements ou de la diarrhée.
* La prévention passe par une hydratation importante avec du sérum physiologique pour maintenir une diurèse
satisfaisante et par l’administration de rasburicase (Fasturtec*) qui permet de prévenir l’hyperuricémie.
3.2.1. Généralités * Les thérapies ciblées peuvent agir : - sur les facteurs de croissance ( qui sont des messagers déclenchant la transmission d’informations au sein d’une cellule) ;
- sur leurs récepteurs (qui permettent le transfert de l’information à l’intérieur de la cellule) et ceci à différents niveaux (domaine extracellulaire, intracellulaire);
- sur des éléments à l’intérieur de la cellule.
* Les thérapies ciblées bloquent la croissance ou la propagation tumorale en interférant avec : - un des mécanismes de la croissance du cancer ; ex : les inhibiteurs de l’ angiogénèse ; - une anomalie moléculaire spécifique d’un type de cancer («mutation conductrice»); ex: mutation de l’EGFR
dans les cancers bronchiques non à petites cellules, mutation BRAF V600 dans les mélanomes métastatiques.
3.2.2. Les grandes classes 3.2.2.1. Anticorps monoclonaux (AcMo)
* Ils portent tous le suffixe - mab ( monoclonal antibody ). * Leur terminologie permet de comprendre leur structure : - omab: AcMo murin (exemple: ibritumomab); - ximab: AcMo chimérique (exemple: rituximab); - zumab: AcMo humanisé (exemple: bévacizumab); - mumab: AcMo humain (exemple: panitumumab).
► 94 ÎRAITEMENT DES CANCERS
91Ils se fixent soit sur le domaine extra-cellulaire du récepteur ciblé empêchant la fixation du ligand (exemple : cétuximab sur le récepteur de l’epidermal growth factor, EGFR), soit directement sur le ligand empêchant la fixation sur son récepteur (exemple : bévacizumab sur le vascular endothelial growth factor, VEGF), soit sur le domaine de dimérisation du récepteur, empêchant alors son activation (exemple: pertuzumab qui bloque l’hété rodimérisation de HER2 avec HER3).
* Ces médicaments sont dirigés contre : - la voie VEGF (ex: bévacizumab); - la voie EGF (ex: cétuximab);
- la voie HER2 (ex: trastuzumab, pertuzumab).
3.2.2.2. Inhibiteurs pharmacologiques * Les inhibiteurs pharmacologiques sont des petites molécules qui - au contraire des anticorps monoclonaux agissent à l’intérieur de la cellule.
* Ils sont pour la plupart dirigés contre les récepteurs membranaires à activité tyrosine kinase et se fixent au niveau du site de fixation de l’ATP, bloquant ainsi les mécanismes de phosphorylation à l’origine des cascades de signa lisation qui conduisent le signal au noyau cellulaire. Ils portent le suffixe - inib.
* D’autres ont une action cytoplasmique. * Ils sont administrés par voie orale. Leur profil de tolérance est globalement plus favorable que la chimiothérapie mais impose une éducation thérapeutique du patient.
* Ces médicaments sont dirigés contre : - le récepteur de l’EGF ( ex : erlotinib) ; - la translocation de ALK ( ex : crizotinib) ; - la mutation BRAF V600 (ex: vémurafénib);
- la voie CDK4/6 (ex: palbociclib)