Chap 1 : Etat et Nation Flashcards
(15 cards)
I- Sociogenèse de l’Etat
1- Etat comme produit de la modernisation socio économique
- Approche fonctionnaliste (inspirée de Durkheim)
Idée : L’État apparaît pour répondre aux besoins d’une société complexifiée par la modernisation économique.
Modernisation = spécialisation accrue du travail → multiplication des fonctions sociales → nécessité d’une organisation centrale pour assurer la loi et l’ordre.
Avant : un seul groupe concentrait les fonctions sociales (religion, guerre, culture…).
Après : division des tâches → besoin d’un organe spécialisé = l’État.
- Approche marxiste (Marx)
Idée : L’État est une superstructure créée pour protéger les intérêts de la classe dominante.
Contexte historique : révolution industrielle → montée de la bourgeoisie.
Rôle de l’État : appareil de domination de la bourgeoisie sur le prolétariat (police, armée, justice…).
Conséquence : avec l’abolition des classes (victoire du prolétariat), l’État devient inutile et disparaît.
- Analyse de Stein Rokkan
a) Rôle de l’Église catholique
Distance au centre religieux = facilité de construction de l’État :
Nord de l’Europe (protestantisme) : église locale soutient l’État (ex : Suède, Angleterre).
Sud de l’Europe (catholicisme romain) : Église s’oppose aux États centraux (ex : Espagne).
b) Considération socio-économique
Formation de l’État selon la géopolitique économique :
Centre de l’Europe (ex : Italie) : cités indépendantes sans unité → État faible.
Ouest de l’Europe (ex : France) : centre fort + grandes villes → État national rapide et solide.
Est de l’Europe (ex : Pologne) : centre fort, mais villes peu développées économiquement → État fragile.
I- Sociogenèse de l’Etat
2- Etat comme produit des échanges internationaux
- Immanuel Wallerstein : naissance des États avec le commerce mondial (XVIᵉ siècle)
Paradoxe :
Développement simultané des échanges mondiaux et de l’État.
La force des économies marchandes transnationales entraîne la formation des États-nations régulés. - Division mondiale du travail (XVIᵉ siècle) : naissance d’une économie-monde
Centre (Pays-Bas, Grande-Bretagne, France) :
Nations commerçantes fortes.
Développement industriel et agricole avancé.
Périphérie (colonies d’Amérique latine, Est de l’Elbe) :
Système esclavagiste ou servage.
Monoculture destinée au centre.
Semi-périphérie (Italie, Espagne, Portugal, Scandinavie) :
Métayers sous-rémunérés.
Position intermédiaire.
- Lien entre État et position dans l’économie-monde
Au centre :
États forts :
Exploitation des périphéries.
Protection des activités économiques nationales.
Contrôle des routes commerciales (exemple : accès aux colonies).
À la périphérie :
États faibles ou inexistants :
Monocultures imposées.
Dépendance organisée par les centres pour maintenir leur domination.
I- Sociogenèse de l’Etat
3- Etat comme produit de sa modernité administrative
Définition de l’État selon Max Weber
L’État n’est pas lié au développement économique (contrairement à Wallerstein) mais trouve ses déterminants en lui-même.
Trois caractéristiques fondamentales de l’État :
- Domination continue : les ordres (lois, règlements) doivent être obéis durablement.
- Monopole de la violence physique légitime : l’État use de la contrainte pour se faire obéir.
- Autorité sur des sujets : la domination s’exerce sur une population territorialisée.
Apparition de l’État selon Weber
Résulte de la capacité d’un groupe à obtenir l’obéissance par le monopole de la violence sur un territoire délimité.
Définition canonique :
> « Une entreprise politique de caractère institutionnel dont la direction administrative revendique avec succès, dans l’application des règlements, le monopole de la contrainte physique légitime. »
Domination légale-rationnelle et bureaucratie
Légitimité fondée sur l’acceptation d’un ordre légal impersonnel (non sur la tradition ou le charisme).
Cet ordre légal s’appuie sur la bureaucratie moderne, caractérisée par :
- Activité continue et réglementée → actions fondées sur un cadre légal stable.
- Hiérarchie administrative → chaque autorité est subordonnée à une autre.
- Spécialisation et compétence des fonctionnaires → recrutement basé sur la qualification.
- Séparation entre les fonctions publiques et les moyens d’administration → interdiction d’appropriation personnelle du pouvoir.
- Gestion écrite des décisions → traçabilité et transparence administrative.
I- Sociogenèse de l’Etat
4- Etat comme produit de la guerre
1 - L’État comme produit de la guerre
Charles Tilly : « L’État naît de son désir de faire la guerre »
Citation : « La structure de l’État apparaît essentiellement comme un produit des efforts des gouvernants pour acquérir les moyens de la guerre. »
Idée principale :
L’État moderne se construit par la guerre : pour mener la guerre efficacement, les gouvernants développent des moyens d’organisation, de ressources et d’administration.
Double effet : extension du territoire + renforcement interne de l’administration publique.
Influences de la guerre sur la construction de l’État :
Extraction des ressources :
Nécessité de financer les guerres > création d’un système fiscal > développement d’une administration centralisée.
Constitution des armées :
L’État négocie avec les seigneurs locaux leur participation à l’effort militaire.
Conséquence : intégration progressive des élites locales à l’appareil d’État.
Effet des périodes de paix :
Stabilisation de l’administration militaire.
Réaffectation à des activités civiles : infrastructures (ponts, routes), aménagement territorial, médecine.
Après-guerre : intégration politique :
Les participants à l’effort de guerre (seigneurs) exigent des droits.
Ils deviennent administrateurs ou délégués du roi, renforçant l’implication politique locale.
Conséquence économique :
Endettement massif lié aux guerres > développement d’une bureaucratie des services.
L’État s’engage dans l’économie nationale pour rembourser ses dettes (services publics, fiscalité permanente).
II- Les Etats en Occident
1) L’Etat régulateur
L’État régulateur
- L’État régalien (jusqu’au XVIIIᵉ siècle)
Fonctions principales :
Militaires : guerres, défense du territoire.
Policières : maintien de l’ordre.
Judiciaires et fiscales : justice, prélèvement de l’impôt.
Moyens :
Développement d’instruments administratifs : police, armée, justice, administration fiscale et territoriale.
Production de règles de droit distinctes des simples règles coutumières.
- L’État-Nation (XIXᵉ siècle, apogée en Europe)
Élargissement des missions de l’État par des politiques publiques :
Politiques de transport : routes, canaux, chemins de fer → raccourcir les distances, intégrer le territoire.
Politiques de communication : télégraphe, téléphone.
Politiques d’enseignement et culturelles :
Unification culturelle et linguistique nationale.
Renforcement du patriotisme (enseignement de l’histoire notamment).
II- Les Etats en Occident
2) L’état protecteur
Fin du XIXᵉ siècle : naissance de l’État protecteur
Apparition de politiques publiques redistributives.
Passage d’une responsabilité individuelle à une responsabilité collective.
Exemple : France, loi de 1898 sur les accidents du travail :
L’indemnisation devient collective via des assurances, l’État garantissant les risques liés à l’industrialisation.
Émergence d’une société assurantielle
L’État protège au-delà de la sécurité physique, contre divers risques : travail, maladie, etc.
Origine : réponse au mouvement ouvrier et au socialisme
Exemple : Allemagne de Bismarck (1880’s) :
Création des premières assurances sociales (maladie, accident du travail).
Trois innovations majeures :
- Cotisation obligatoire des ouvriers et employeurs.
- Solidarité organisée par groupe professionnel.
- Intervention et gestion étatique croissantes.
Enjeux
Transfert de responsabilités individuelles vers l’État.
Transferts financiers entre groupes sociaux : cœur des futures politiques sociales.
II- Les Etats en Occident
3) L’état providence
Renforcement des politiques redistributives après les guerres mondiales
Objectif : Ressouder la collectivité nationale.
Conséquence : Extension massive des systèmes de protection sociale.
Idée centrale : L’État rembourse sa “dette” envers une population lourdement affectée par les conflits.
Étapes-clés
Après 1918 :
Indemnisation des victimes de guerre = moteur du développement de l’État-providence.
France : premières assurances sociales (1928-1930).
Après 1945 :
Plan Beveridge au Royaume-Uni.
Création de la Sécurité sociale en France.
Universalisation de la protection sociale.
Crise économique des années 1930
Révèle les limites du capitalisme de marché.
Théories de Keynes : besoin d’une intervention étatique pour soutenir la demande et réguler l’économie.
Après 1945 : montée de l’État producteur et planificateur
Reconstruction économique : nécessité d’une forte intervention étatique.
Mesures :
Planification économique.
Nationalisations.
Soutien à la demande et organisation de la production.
Variabilité des États-providence
Selon Esping-Andersen, trois régimes de protection sociale se distinguent selon :
- Leur logique fondatrice (universelle, professionnelle, assistancielle).
- Leur mode de financement et d’allocation des prestations.
- Leur autonomie par rapport au marché (niveau de “démarchandisation”).
III- Nation et nationalisme
1) Etat et nation
Nationalisation du territoire par l’État
Objectifs :
Monopoliser la violence légitime.
Centraliser fiscalement.
Harmoniser les consciences :
Imposer une langue commune, des coutumes partagées.
Faire naître un sentiment communautaire dépassant les allégeances locales, ethniques ou religieuses.
Construction de la nation française
Utilisation de symboles : drapeau, Marseillaise, hexagone.
Valorisation de monuments : Panthéon, Versailles.
Déploiement d’outils : statistiques, noms de rues, monuments aux morts.
Développement de pratiques communes : sports (ex : Tour de France).
L’État, architecte de la nation
Par les outils d’apprentissage : écoles, manuels.
Par les outils de mémoire : musées, cérémonies, monuments aux morts.
Par les outils administratifs :
État civil, papiers d’identification,
Unification des mesures,
Développement des transports pour désenclaver les périphéries.
Résultat : convergence entre espace politique/administratif et espace psychologique/culturel.
Limites de ce modèle
Le schéma État-nation (comme en France) n’est pas universel.
Exemples de nations sans État : Kurdes, Palestiniens, Basques, Tamouls.
III- Nation et nationalisme
2) Deux approches de la Nation
Conception française (révolutionnaire) : la nation « contractualiste »
Nation = Accord volontaire des individus (contrat social).
Inspirée par 1789 : République, DDHC, égalité, liberté.
Nation = construction politique et non naturelle (pas biologique ou historique).
Implications pratiques :
Frontières politiques : la nation s’arrête là où cesse l’accord des volontés (≠ frontières naturelles ou ethniques).
Nationalité = adhésion volontaire : elle peut être acquise ou retirée (ex : expulsion d’aristocrates).
Favorise le droit du sol : nationalité fondée sur la naissance sur le territoire.
Conception germanique (romantique) : la nation « naturelle »
Nation = Réalité historique, culturelle ou biologique indépendante de la volonté politique.
Fondée sur une âme collective préexistante (langue, culture, ethnie, religion).
Implications pratiques :
Frontières fixes : non négociables selon les volontés (ex : revendication des Sudètes par Hitler).
Nationalité innée : elle ne se choisit ni ne se perd.
Favorise le droit du sang : nationalité fondée sur l’héritage familial.
Attention : opposition schématique
Évolutions historiques :
En France comme en Allemagne, l’accès à la nationalité est devenu plus restrictif.
Nuances internes :
Certains Français (Barrès, Maurras) ont défendu une conception fermée.
Des républicains (Renan) ont souligné la diversité des origines nationales.
III- Nation et nationalisme
3) Les théories du « nation building »
Selon ce courant, l’État est à l’origine de la nation : nation
Concept central : L’État comme créateur de la nation
La nation n’est pas une donnée naturelle ou biologique, mais le fruit de l’action historique et culturelle de l’État.
Théories principales
- Ernest Gellner :
Rôle éducatif de l’État :
L’État est au cœur du projet national en offrant une langue et une éducation communes.
La haute culture (vs les cultures rurales) enseignée dans les écoles et musées fonde l’unité nationale.
- Karl Deutsch :
Nationalisme et modernisation économique :
La révolution industrielle brise les communautés villageoises et pousse les individus vers un esprit national.
La mobilité sociale et le développement technique unifient les pratiques professionnelles.
L’État joue un rôle clé en développant des moyens de communication et en subventionnant les industries, facilitant la fusion des mentalités.
- Benedict Anderson :
Nationalisme et révolution de l’édition :
Avec l’essor de l’édition et la diffusion du français, la presse nationale émerge, créant une communauté imaginée.
Les lecteurs partagent des pensées communes grâce aux livres et aux journaux, malgré leur dispersion géographique.
L’État encourage et organise ce marché éditorial, jouant un rôle central dans la construction de la nation.
III- Nation et nationalisme
4) Le nationalisme comme ressource politique
Anthony Smith :
Le nationalisme résulte d’un heurt entre tradition et modernité. Il est un produit de l’ethnisme (donnée) retravaillé par l’État moderne et les élites (construit). Selon Smith, il existe une contradiction entre les valeurs de la modernité et de l’État scientifique d’une part, et celles de la tradition d’autre part. Cette contradiction génère plusieurs solutions politiques.
- Stratégie néo-traditionnaliste
Exemples : Hamas, Hezbollah
Refus des valeurs de l’État moderne, préférant la tradition.
Cependant, ils reconnaissent l’utilité de la modernité (médias modernes, système scolaire) pour se faire entendre et encourager l’adhésion.
Contradiction entre rejet de l’État et nécessité de sa bureaucratie, entraînant souvent l’échec des acteurs politiques.
- Stratégie assimilationniste
Exemple : Campagne d’Égypte de Napoléon
Constat de la réussite de l’État moderne (force militaire et technique), ayant mis à mal les sociétés traditionnelles fondées sur la religion.
Exemple des nationalismes arabes : suite à l’agression de l’Occident (jugé techniquement supérieur), les dynasties locales modernisent leur société (armées, bureaucratie), parfois contre l’avis des peuples.
L’assimilationnisme fonctionne parfois mais ne réussit pas toujours.
- Stratégie réformiste
Solution intermédiaire entre traditionalisme et assimilationnisme.
L’État défend les valeurs traditionnelles tout en s’appuyant sur des éléments ethniques (cultures, langues, croyances) pour revitaliser la tradition et entrer dans la modernité.
Exemples :
Réveil des langues oubliées (ex. Basque).
Valorisation de la production locale (ex. bière Pietra en Corse).
Adoption de symboles culturels (ex. kilt écossais).
III- Nation et nationalisme
5) Au-delà du Nationalisme
Le projet nationaliste- et sa traduction politique et culturelle qu’est la nation – se trouve confronté à trois principaux défis :
1- L’intégration post nationaliste : ex : ambition européenne à partir des années 1950
2- L’émergence de la mondialisation > globalisation économique, migratoire et culturelle, qui fragilise l’unité des ensembles nationaux
3- La critique de l’uniformisation nationale par des groupes culturels soucieux de la reconnaissance et de l’affirmation de leur identité propre.
Définition : Etat
“L’ennemi numéro 1 de tout Etat est l’homme qui est capable de penser par lui-même sans considération pour les superstitions et les sophismes de la pensée unique. Presque inévitablement il parviendra alors à la conclusion que l’Etat sous lequel il vit est malhonnête, insensé et insupportable, ainsi si cet homme est idéaliste il voudra le changer. S’il ne l’est pas, il témoignera suffisamment de sa découverte pour générer la révolte des idéalistes contre l’Etat.”
Henry Louis Mencken - 1880-1956
Définition de l’Etat
Etymologie : du latin status, forme de gouvernement, régime.
Avec une majuscule, l’Etat désigne la personne morale de droit public qui, sur le plan juridique, représente une collectivité, un peuple ou une nation, à l’intérieur ou à l’extérieur d’un territoire déterminé sur lequel elle exerce le pouvoir suprême, la souveraineté.
L’Etat est la forme la plus élaborée de la vie commune d’une société humaine. Il exerce son pouvoir par le biais du gouvernement. L’Etat dispose d’un certain nombre de monopoles comme l’utilisation légitimée de la contrainte physique (pour faire respecter le loi), la collecte des impôts…
Par extension, l’Etat désigne l’ensemble des institutions et des services qui permettent de gouverner et d’administrer un pays : ministères, directions, préfectures, délégations, administrations déconcentrées ou décentralisées.
Etat-nation : L’Etat coïncide avec la nation définie en fonction d’une identité commune et qui lui confère sa légitimité.
Etat-providence : conception de l’Etat qui met l’accent sur le rôle particulièrement important de celui-ci en matière de redistribution des richesses, de régulation de l’Economie, d’assistance aux plus défavorisés et de fourniture de biens collectifs.
Etat français : L’Etat français désigne le régime politique de la France entre juillet 1940 et août 1944. Le Parlement, réuni à Vichy, donna le 10 juillet 1940 tous pouvoirs au Maréchal Pétain pour “promulguer une nouvelle Constitution de l’Etat français”, succédant à la République.
L’Union européenne est une organisation supranationale constituée d’Etats membres, mais elle-même n’est pas un Etat car elle ne possède que certains de ses attributs.
Définition: Nation :
“L’humanité ou le genre humain ne vivra en paix que lorsqu’il ne formera qu’un seul corps, une Nation.”
Anacharsis Cloots - 1755-1794 - La Révolution universelle
Définition de nation
Etymologie : du latin natio, naissance, extraction, dérivant de natus, né.
Une nation est une communauté humaine ayant conscience d’être unie par une identité historique, culturelle, linguistique ou religieuse. En tant qu’entité politique, la nation, qui est un concept né de la construction des grands Etats européens, est une communauté caractérisée par un territoire propre, organisée en Etat. Elle est la personne juridique constituée des personnes régies par une même constitution.
Les critères évoqués ci-dessus ou une partie d’entre eux (identité historique, culturelle, linguistique, religieuse, géographique) ne peuvent à eux seuls caractériser une nation. Il y a aussi un système de valeurs, souvent résumé en une devise et qui repose sur un contrat social implicite entre les membres de la nation. Pour certains sociologues le seul critère déterminant est subjectif : il faut que les membres d’une communauté soient convaincus qu’ils relèvent d’une même appartenance nationale.
En France, depuis la Révolution, la nation est un ensemble de citoyens détenant la puissance politique (souveraineté). Il y a superposition entre la nation, le peuple et l’Etat auquel la nation délègue sa souveraineté.
“Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation” (Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen).
Toutes les nations ne sont pas constituées en Etat. Exemple : la nation kurde qui géographiquement est répartie entre la Turquie, l’Irak, la Syrie et l’Iran.
Certaines communautés ou sous-ensembles d’une communauté revendiquent l’appartenance à une nation alors qu’elles dépendent d’un Etat géographiquement plus étendu (Ex : les Basques, les Québécois, les Ecossais, les Catalans, Les Flamands, les Corses…). Elles peuvent trouver une relative autonomie au sein d’institutions fédéralisées.
Definition : Nationalisme :
“… l’avenir de la nation ne résulte pas essentiellement d’un projet rationnel, mais se confond avec une mission sacrée, inscrite depuis ses origines dans un héritage à défendre, un corps de valeur à répéter fidèlement. L’explosion des nationalismes a donc permis l’extension à l’échelle planétaire de véritables religions séculières, dans laquelle la nation sert de foyer de transmutation de la symbolique religieuse.”
Jean Plumyene - 1932-1986 - Les nations romantiques, 1979
Définition du nationalisme
Etymologie : du latin natio, naissance, extraction, dérivant de natus, né.
Premier sens : le nationalisme “libérateur”
Ce nationalisme est une doctrine et une action politique qui visent à l’indépendance d’une nation lorsqu’elle est placée sous une domination étrangère. Le nationalisme peut aussi chercher à défendre une culture opprimée ou niée par un occupant ou dissoute au sein d’un ensemble plus vaste.
Le nationalisme s’appuie alors sur l’unité historique, culturelle, linguistique de la population (Voir Nation). Il est fondé sur le principe d’autodétermination des peuples (“droit des peuples à disposer d’eux-mêmes”) avec pour conséquence la souveraineté populaire et l’indépendance de l’État sur un territoire national.
Ce mouvement, qui s’est développé au XVIe siècle, a abouti à la création de nations indépendantes (Grèce, Italie, Allemagne). La fin de la Première Guerre mondiale et la chute des Empires allemand, austro-hongrois et ottoman ont conduit à une autre vague de créations d’Etats indépendants : Pays baltes, Pologne, Finlande, Yougoslavie, Turquie…
Lorsqu’il s’agit de revendications par une communauté particulière au sein d’un Etat-nation plus étendu, on parle de régionalisme, d’autonomisme ou d’indépendantisme, suivant le degré souhaité d’autonomie.
Second sens : le nationalisme “dominateur”
Au sein d’un Etat-nation existant, le nationalisme “dominateur” est une idéologie politique qui donne la primauté à la nation par rapport à toute autre considération dans les relations internationales.
Ce nationalisme peut trouver son origine dans des peurs provoquées par des dangers extérieurs ou par un ennemi intérieur (xénophobie, antisémitisme). Il conduit alors à un certain isolement et au retour vers le système de valeurs sur lequel est fondée la nation. Le nationalisme est une des caractéristiques du Front National en France et des nouveaux mouvements politiques d’extrême droite européens.
Lorsqu’il découle d’une volonté de puissance, de grandeur et de domination, le nationalisme conduit alors à un expansionnisme agressif (impérialisme, colonialisme), cherchant parfois une justification dans l’Histoire même très ancienne. Ainsi, dans la première moitié du XXe siècle, le nationalisme a été à l’origine du fascisme italien et du national-socialisme allemand (nazisme).