Chapitre 3 : Les citoyens Flashcards

(7 cards)

1
Q

I- Le processus de politisation de la société française

A

Politisation : processus par lequel un intérêt pour la politique, ses jeux et ses enjeux, se développe dans la population.
o Ce processus est graduel au XIXᵉ siècle en France.
o La politisation se développe avec l’extension du suffrage universel et ne la précède pas.
o Processus très lent, car il s’opère dans le cadre d’une population majoritairement rurale et donc peu ouverte a priori aux préoccupations politiques.
 En 1900, 58 % des actifs sont agriculteurs.
 En 1911, les ruraux représentent 53 % de la population.

Deux thèses :
o Thèse de la verticalité de la politisation : la politique « descend vers les masses », des centres urbains vers le monde rural.
o Thèse de la politisation comme processus complexe : s’opère par lente imprégnation et par implication.

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2
Q

I- Le processus de politisation de la société française
1. La fin des terroirs

A
  1. Généralités

Eugen Weber, La fin des terroirs : montre l’uniformisation de la France et la disparition progressive des identités locales au profit d’une appartenance nationale.

Sous la IIIᵉ République, l’intégration des paysans à la vie politique reste tardive.

Les identités locales dominaient auparavant : on se sentait breton, normand, etc., avant de se dire français.

Selon Weber, c’est en constatant l’impact concret des décisions nationales que les ruraux commencent à s’intéresser à la politique.

Politisation = nécessite une nationalisation de la société française.

  1. Les 4 facteurs de nationalisation

Développement des communications :

Progrès des transports et de la presse.

Meilleure circulation des hommes, des idées, des marchandises et de la politique.

Diffusion de l’idée républicaine.

Scolarisation et éducation civique :

L’école développe l’intérêt pour la politique et uniformise le territoire.

Déclin des langues locales, promotion d’un socle commun d’identités et de références.

Enseignement de l’histoire = outil de nationalisation et de cohésion politique.

Suffrage universel :

Permet la nationalisation par la pratique du vote.

Le vote synchronisé dans tout le pays (dans mairies, écoles) renforce le sentiment d’appartenance nationale.

Chaque élection ravive ce sentiment.

Première Guerre mondiale :

Développement du patriotisme.

Brassage massif des populations (régions, classes sociales) dans l’expérience commune du front

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3
Q

I - Le processus de politisation de la société française
2. Les voies multiples de l’acculturation politique

A
  1. Sous-estimation par Weber de l’impact des cultures locales

L’intérêt pour la politique se constitue à partir des cultures locales.

Les républicains s’appuient sur les identités locales, sans chercher à les éradiquer.

Exemple :

J.-F. Chanet, L’école républicaine et les petites patries :

réfute l’idée que les patois ont été pourchassés à l’école.

Les identités locales et républicaines s’emboîtent davantage qu’elles ne s’opposent.

  1. Maurice Agulhon : dialectique entre local et national

Analyse de la diffusion de la symbolique républicaine (Marianne, etc.).

Poids du suffrage universel et de la sociabilité locale dans la politisation.

Suffrage universel = principal facteur d’éducation politique :

« Disposer du droit de vote et en user, c’est apprendre à s’en servir, donc apprendre à discuter et débattre ».

L’intérêt pour la politique découle de l’exercice du droit de vote.

  1. Lieux de sociabilité locale : vecteurs d’acculturation politique

Associations, mutuelles, loges maçonniques, amicales laïques.

Intermédiaires entre les thèmes nationaux et les préoccupations locales.

La structure sociale villageoise se politise progressivement (par imitation, contacts répétés).

Politisation par lente imprégnation.

  1. Cultures locales actives face à la politisation

Politisation = appropriation variable d’usages politiques nouveaux, non simple apprentissage ou contagion.

Campagnes électorales et acteurs politiques jouent un rôle essentiel.

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4
Q

II- La socialisation politique

A

Socialisation : l’ensemble des mécanismes d’intériorisation des normes et valeurs propres à une société.
Socialisation politique :
o « Processus de formation et de transformation des systèmes individuels de représentations, d’opinions et d’attitudes » (Annick Percheron).
o Processus par lequel un individu (se) construit des schèmes de compréhension, de connaissance et d’intelligibilité de l’univers politique (= un « outillage politique »).

Les travaux sur la socialisation s’intéressent à :
o Les agents socialisateurs : famille, amis, médias, pairs, école, univers professionnel, partis politiques, classes sociales.
o Les individus socialisés : part d’autonomie et de « libre arbitre » dans le processus.
o Le contenu de la socialisation : connaissances, affects, sentiment de compétence, rejet…

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5
Q

II- La socialisation politique
1. Le rôle de la famille

A
  1. Le rôle de la famille
  2. Enfance et socialisation politique

L’enfance est la période d’intériorisation des catégories d’évaluation, de jugement, des dispositions politiques et des croyances fondamentales.

  1. Travaux américains (1950-60, Université de Michigan)

Socialisation familiale = rôle central.

Précocité des préférences partisanes : dès l’enfance.

Stabilité des opinions politiques : due à la transmission familiale.

L’identification partisane (loyauté durable à un parti) est héritée de la famille.

Travaux ultérieurs : préférences partisanes peu corrélées avec des idéologies structurées.

  1. Annick Percheron (années 1970)

Prolonge ce modèle en France.

Les 10-14 ans reflètent les préférences politiques parentales, surtout si elles sont fortes.

Modalités de socialisation :

Imprégnation, inculcation, transmission indirecte (ex : choix d’école).

Deux étapes :

Accommodation : adaptation aux normes familiales.

Assimilation : intégration aux normes communautaires.

Se socialiser = assumer son appartenance à une communauté.

  1. Influence des groupes d’appartenance

Influence familiale renforcée ou infirmée par amis, école, milieu social.

Socialisation active et affective : identification aux groupes, incorporation des normes et croyances.

  1. Doug McAdam

Engagement politique facilité par un entourage engagé (ex : famille).

Importance du soutien émotionnel de l’entourage pour l’engagement.

  1. La famille et la compétence politique

Transmission de la compétence politique (connaissance des institutions) et du sentiment de compétence ou d’exclusion.

Maîtrise des jugements politiques dépend aussi de la position sociale (Gaxie).

La famille reproduit l’influence du milieu social.

  1. Transmission des choix idéologiques

4 Français sur 10 suivent les choix politiques parentaux.

En ajoutant les filiations « apolitiques » : 2/3 des Français sont des héritiers politiques.

Seuls 8 % ont changé de camp (droite/gauche) par rapport à leurs parents.

  1. Le couple comme élément de socialisation

Politique présente dans l’intimité du couple.

Formation des couples suit des logiques sociales et politiques.

Anne Muxel : ¾ des Français convergent idéologiquement avec leur conjoint :

29 % à gauche, 29 % à droite, 17 % ni à gauche ni à droite.

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6
Q

II- La socialisation politique

  1. Multiplicité des instances socialisatrices et place de l’individu
A
  1. Interactions entre différents univers et normes

Les jeunes sont confrontés à plusieurs univers (enseignants, parents, etc.) avec des normes qui peuvent interagir ou entrer en compétition.

Des événements particuliers (grèves, résultats électoraux, guerres) peuvent perturber les cadres de socialisation hérités.

  1. L’individu dans le processus de socialisation

L’individu n’est pas un réceptacle passif ; il interagit avec les agents de socialisation (famille, école, travail).

La socialisation familiale est essentielle, mais elle n’est pas une reproduction exacte des normes.

Bernard Lahire : L’individu est pluriel, défini par ses multiples identités sociales et rôles dans divers univers.

Muriel Darmon : La socialisation est un processus transactionnel entre l’individu et la société.

  1. Pluralité des agents de socialisation

La socialisation ne dépend pas uniquement de la famille ; l’école, l’appartenance générationnelle, les médias, et l’univers professionnel jouent également un rôle.

Les événements politiques peuvent aussi influencer la socialisation.

  1. L’école comme agent de socialisation

L’école transmet des enseignements sur la vie politique (économie, philosophie, histoire) et propose des expériences citoyennes (délégués de classe, règlement intérieur).

Elle constitue une communauté sociale où l’enfant intériorise des comportements et des codes.

L’école peut contredire ou bousculer les représentations politiques héritées des parents.

  1. L’influence générationnelle

L’influence générationnelle découle des événements vécus en commun (ex : génération 68, Mitterrand).

Exemple : La socialisation dans les années 1970 (clivage gauche/droite fort) diffère de celle des années 1990 (clivage affaibli), entraînant des dispositions politiques distinctes.

  1. Les médias et la dévaluation de la politique

Aujourd’hui, la socialisation tend vers l’indifférentisme (Sophie Maurer).

L’absence de politisation ne signifie pas une absence de socialisation ; les médias contribuent à la montée de cet indifférentisme.

  1. L’activité professionnelle comme agent de socialisation

Plusieurs variables influencent l’activité professionnelle (secteur public/privé, position hiérarchique, relations entre collègues).

Certains univers professionnels peuvent induire un conformisme politique (ex : difficile d’être PDG et de gauche).

Le monde enseignant était longtemps associé à la gauche ; dans les usines CGT-PCF des années 1960, les opinions de droite étaient minoritaires.

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7
Q

III- Compétence et intérêt pour la politique
1- Définitions

A

III- Compétence et intérêt pour la politique
1- Définitions

Participation politique :
• Ensemble des activités par lesquelles les citoyens entrent en contact avec l’univers du pouvoir en respectant certaines contraintes et règles du jeu.
Politisation :
• Attention accordée par les individus au déroulement de la compétition politique (ex : à travers les journaux, la radio, etc.).
Compétence politique :
• Liée à la politisation : l’accumulation de compétences politiques a une incidence directe sur l’intérêt de l’individu pour la politique.
• L’intérêt pour la politique présuppose une certaine compétence politique. En retour, cet intérêt pour la politique renforce la compétence.
Dimensions de la compétence politique :
• Dimension cognitive : Connaissance approfondie des enjeux politiques.
• Dimension politique : Connaissance approfondie qui confère le droit de décider.
Bourdieu et Gaxie :
• Ils intègrent ces deux dimensions via le concept de “compétence statuaire”, définie comme la capacité à penser politiquement les problèmes politiques.
4 postulats de la compétence politique (Loïc Blondiaux) :
1. La compétence est une disposition individuelle.
2. Elle peut faire l’objet de mesures.
3. Elle peut être analysée hors de toute action.
4. La connaissance savante de l’univers politique (maîtrise des codes et idéologies du jeu politique) joue un rôle central dans la compétence politique.
Définition de la compétence politique selon Bourdieu :
• « La possession des connaissances savantes et pratiques nécessaires pour produire des actions et des jugements proprement politiques et la maîtrise du langage politique. »
• Elle se mesure à la connaissance des personnalités et organisations politiques, à la maîtrise des schèmes de classification, ou à la capacité à se situer sur l’axe droite/gauche.
Relativisation de l’importance des connaissances spécialisées :
• Selon la psychologie politique et le courant du Rational Choice, l’acteur politique est vu comme un individu peu informé qui se sert de son expérience personnelle et de raccourcis cognitifs (schémas ou signaux provenant des élites) pour produire des opinions à moindre coût.

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