Chapitre 6. Les comportements électoraux Flashcards
(13 cards)
I- L’analyse écologique du vote
1- L’invention de la géographie électorale
André Siegfried, Tableau politique de la France de l’Ouest, 1913 : expliquer le vote dans 14 départements de l’ouest (1871-1910), en mettant en relation répartition locale des votes et propriétés géologiques, écologiques, démographiques, étude cadastrale et fiscale des régimes de propriété foncière, proportion de filles scolarisées en « écoles libres », limites géographiques des patois, etc. Résultat : 2 types de milieux politiques :
o 1 : « milieu de droite pure » : « coexistence de la grande propriété, de la petite exploitation et du cléricalisme, dans un pays de population éparse » vote à droite associé à terres granitiques qui retiennent l’eau habitat dispersé autour des nombreux puits et dominés par les grands propriétaires occasions de regroupement = messes forte influence de l’Eglise et des propriétaires fonciers, structure sociale hiérarchique et close.
o 2 : milieu républicain : « où la petite propriété coïncide avec l’absence de cléricalisme et où le groupement des habitations favorise la naissance d’une opinion collective » vote à gauche associé à des terres calcaires imperméables habitat concentré autour des rares points d’eau (paysage d’openfield) structure de propriété + diversifiée et égalitaire, échanges sociaux plus nombreux et influence de l’Eglise catholique moindre.
Modèle explicatif qui repose sur l’étude des structures matérielles de société (géographiques : type de sol ; démographiques : mode de peuplement ; sociales : régime de propriété). Ainsi que l’importance de l’explication/la dépendance sociale (vote qui s’explique essentiellement / contrôle ou non du propriétaire terrien et du prêtre) :
Sous-sol Habitat Régime de propriété Structure sociale Place clergé/instituteur Orientation vote.
o Œuvre fondatrice de la géographie électorale :
o Méthode de cartographie qui sert toujours à visualiser les zones de forces des partis ou la répartition spatiale de l’abstention.
o Nombreux travaux qui mettent en avant les continuités historiques dans la répartition territoriale des votes au XXe siècle.
I- L’analyse écologique du vote
2- Limites de l’analyse écologique
2- Limites de l’analyse écologique
4 difficultés :
1 : Choix de l’unité d’analyse : doit présenter le maximum d’homogénéité sociale car, si les unités sont très hétérogènes, la valeur de chaque variable sera une moyenne réunissant des sous-ensembles très opposés
2 : Risque de confusion entre corrélation et causalité : CAR mise en évidence d’une relation ne permet pas de conclure directement à l’existence d’une causalité.
3 : Risque de passage de corrélation écologique à corrélation individuelle (une corrélation constatée sur un collectif peut ne pas être vérifiée au niveau individuel). Exemple : William Robinson montre que forte corrélation entre le taux d’analphabétisme et le taux de population noire aux USA ne signifie pas que les noirs soient plus analphabètes que les blancs : corrélation qui diminue avec échelle d’observation plus précise relation apparemment forte à un haut degré d’agrégation disparaît au niveau individuel (noirs pas plus illettrés que les blancs) corrélation écologique expliquée d’une autre manière : analphabétisme élevé dans les zones géographiques rurales en particulier, où il y a des noirs et des « pauvres blancs » et diverses minorités ethniques, souvent moins intégrées socialement que les noirs Attention à « l’illusion écologique » (ecological fallacy) !
4 : Risque de l’inférence écologique : Robinson souligne qu’on ne peut inférer des comportement individuels des données recueillies à un niveau agrégé. Exemple : corrélation entre 60% de votes pour un candidat au niveau communal et même proportion de familles ouvrières dans cette commune ne permet pas de dire que les ouvriers ont voté pour ce candidat.
I- L’analyse écologique du vote
3- Le renouveau de la géographie électorale
3- Le renouveau de la géographie électorale
Malgré ces critiques : renouveau de l’analyse écologique CAR utile pour comprendre la progression du FN/RN :
• Sous déclaré dans les sondages
• En bousculant partis et clivages traditionnels, met en question des variables lourdes (sociologie électorale).
• Répartition territorialement de ses bastions électoraux (ligne Le Havre/Valence/Perpignan) intérêt pour les territoires du vote.
« Gradient d’urbanité » = distance entre lieu de résidence et agglomération pour expliquer le vote FN/RN : distance aux centres-villes (infrastructures) frustrations sociales + le sentiment de relégation vote protestataire :
• Catégories populaires qui ont quitté les agglomérations pour le périurbain (revenu assez fragile, fragilité du tissu éco local, dépendance au prix du carburant, petite délinquance, disparition des services publics etc).
• Grandes villes : accroissement de la population issue de l’immigration (quartiers populaires) + les cadres et professions intellectuelles supérieures poussée FN/RN dans le périurbain VS cœur des agglomération réfractaire au vote Le Pen.
Attention ! Les réalités sociales expliquent ces différentiels de vote :
• Centres villes : beaucoup de jeunes, surdiplômés, cadres supérieurs, (VS populations des zones périphériques : plus âgée, retraitée, parfois précaire et moins dotée en capital culturel).
• Attention : Frédéric Sawicki : toutes les grandes villes ne se ressemblent pas. 2017 : vote Macron 2 fois plus important à Paris qu’au Havre : gradient d’urbanité est aussi un gradient social.
II- L’explication du vote par le groupe d’appartenance
1- L’invention de la sociologie électorale :
a. Ecole de Columbia (Paul Lazarsfeld)
a. Ecole de Columbia (Paul Lazarsfeld)
The People’s choice (1944) : étude de la présidentielle des US de 1940 (président démocrate sortant Roosevelt VS républicain Wilkie) via panel représentatif d’habitants d’un comté de l’Ohio (Erié) interrogé à 6 reprises durant la campagne 3 résultats principaux :
• Effets très limités de camp sur les électeurs : ceux qui la suivent sont les plus politisés (orientations politiques stabilisées), alors que les moins politisés la suivent peu.
• Les individus tendent à voter comme on vote dans leur milieu d’appartenance : milieu social et relations interpersonnelles ont un effet décisif : faible niveau d’information des électeurs en général leurs orientations politiques se façonnent via les groupes primaires (famille, voisinage, etc.) role majeur des leaders d’opinion (les plus intéressés et qui filtrent l’information).
• Rôle déterminant des « variables sociales lourdes » : relations entre les propriétés sociales de individus (religion, catégorie sociale, espace d’appartenance) et orientations politiques indice de prédisposition politique.
o Protestantisme prédispose à voter républicain VS catholicisme démocrate
o Plus le statut social est élevé, plus on vote républicain
o Plus on habite dans une zone rurale, plus on a de chances de voter républicain
o Un électeur pauvre, catholique, résidant dans une zone urbaine, aura 80% de chances de voter démocrate.
Pour Columbia, « une personne pense politiquement comme elle est socialement » VS les mythes de la démocratie américaine (citoyens éclairés votant en leur âme et conscience après avoir étudié les programmes).
II- L’explication du vote par le groupe d’appartenance
1- L’invention de la sociologie électorale :
b. Invention de la socio électorale : Ecole de Michigan
b. Invention de la socio électorale : Ecole de Michigan
The American Voter, 1960, Angus Campbell, Philip Converse, Warren Miller et Donald Stokes : inclination pour variables sociales (cf. Columbia) MAIS s’intéressent plus aux perceptions politiques des électeurs
Notion d’identification partisane = attachement affectif et durable de l’électeur d’1 des 2 grands partis aux US ¾ des interrogés se disent démocrates ou républicains plus l’identification est forte, plus les choix sont fermes et stables.
Identification Politique :
• Se forge dès l’enfance (favorisée par le milieu d’appartenance).
• Augmente avec le degré d’intérêt pour la politique
• Permet de filtrer les messages politiques (point commun avec Columbia)
• Corrélée avec les appartenances sociales : Ex : minorités ethniques, catholiques ou syndicalistes plutôt démocrates.
Travaux français qui confirment l’importance de la famille : politique qui s’apprend et se pratique d’abord en famille
• On manifeste, vote, s’abstient en couple influence des conjoints l’un sur l’autre évolution des positions politiques sur des enjeux de société.
• Identité politique transmise aux enfants : dès 6-7 ans les enfants issus de milieux où l’on assume une identité politique s’affirment de gauche/droite (même s’ils ne n’associent pas des positions à cette identité revendiquée.)
• Dissonance politique (cas des familles aux opinions divergentes) risque de conflit lors des échanges favorise l’évitement du politique dans l’intimité gêne la transmission des préférences.
Guy Michelat et Michel Simon (France, 1980) : role d’homogénéité politique des environs familiaux dans la production des choix électoraux. Via indicateurs d’intégration plus ou moins forte à des milieux porteurs de systèmes de valeurs, montrent qu’ouvriers mariés à des ouvrières, enfants et petit-enfants d’ouvriers, ont plus de chance de voter à gauche qu’ouvriers, enfants d’ouvriers mais petits-enfants d’employés se vérifie aujourd’hui en matière de participation : ex : 2017 : un cadre marié à une cadre a plus de chance de participer aux législatives qu’un cadre marié à une employée.
II- L’explication du vote par le groupe d’appartenance
2- Le rôle des variables lourdes
a. Religion et classe sociale
a. Religion et classe sociale
Michelat et Simon :
• Vote de droite : plutôt pratique de la religion catholique + appartenance aux classes moyennes et supérieures.
• Vote de gauche : plutôt ouvriers sans religion déclarée + appartenance à la classe ouvrière
A partir de ces deux pôles, continuum sur lequel chaque électeur peut être placé + pratique religieuse fréquente, + proba de voter à droite qui s’élève, VS le nombre « d’attributs ouvriers » (profession de l’enquêté, du père et du conjoint, sentiment d’indépendance) s’élève, + probabilité de vote à gauche croît classe sociale et religion = attributs individuels susceptibles de favoriser un ensemble de valeurs/normes façonnant les représentations du monde et les perceptions politiques.
• Législatives 1978 : Cevipof confirme la validité de l’analyse + mise en évidence du vote des classes moyennes : plutôt PS, mais en fonction de l’origine sociale (si populaire), du secteur (public/privé), des valeurs (libéralisme culturel) ce groupe se distingue des « catholiques déclarés » et des « communisants » sur mœurs (peine de mort, avortement).
• Nouvelles variables explicatives du vote prises en compte : secteur privé ou public, salarié ou indépendant, posséder ou non un patrimoine.
• + on est salarié, rattaché au secteur public, moins on a de patrimoine vote à gauche.
o Même si variabilité : plus revenu en lien avec le mérite individuel, moins de vote à gauche : importance de la place dans une hiérarchie d’une entreprise/administration, (plus on est proche de la direction, plus on vote à droite), embourgeoisement du vote PS.
II- L’explication du vote par le groupe d’appartenance
2- Le rôle des variables lourdes
b. Le genre
b. Le genre
Existe-t-il un comportement politique différencié entre hommes et femmes quant à la participation aux scrutins et à l’orientation du vote ?
• Evolutions du gender gap : différences se transforment, s’estompent : jusque 1970’s, écart de participation hommes/femmes = 7 à 10% + orientation + conservatrice des femmes (survote pour la droite de 12%)
• Explication : situation socio-professionnelle des femmes : moins éduquées (vont deux fois moins au lycée), plus âgées (3M de plus de 65 ans VS moins de 2M d’hommes), plus pratiquantes (52% vs 29% en 1952), moins actives (1954 : 34.5% des actifs) femmes moins enclines à s’intéresser à la politique et à voter à gauche diminution du gender gap dans 1970’s (entrée massive sur le marché du travail plus + le déclin de la pratique religieuse et le féminisme).
• Emergence d’un nouveau gender gap (1980’s) : léger survote de gauche (socialiste et écologiste) + moindre vote FN ce radical right gender gap s’estompe depuis 2010’s (changement à la direction du parti et adoption d’une stratégie de « dédiabolisation »). Ex : 2017, programme FN qui insiste sur l’égalité salariale, lutte contre la précarité pro (qui concerne plus de femmes) et lutte contre l’islamisme (présenté comme menace pour les droits des femmes).
• 2e acceptation du genre = vote sous l’angle de l’orientation sexuelle : pas déterminante en dépit d’un agenda politique tourné sur des enjeux liés (mariage pour tous, PMA, adoption pour les couples gays) Brouard : orientation sexuelle qui n’a guère d’influence sur le vote : homosexuels votent dans les mêmes proportions qu’hétéros pour FN/RN. Seule nuance : femmes homosexuelles qui votent plus à gauche (43% vs 28% des femmes hétéros).
II- L’explication du vote par le groupe d’appartenance
2- Le rôle des variables lourdes
c. L’âge
c. L’âge
Age non déterminant dans l’orientation électorale pas de vote jeune distinctif
Taripeuton déterminant dans orientation électorale pas de vote jeune distinctif du vote général.
MAIS :
1. Niveau de participation électoral indexé sur l’âge : surreprésentation des jeunes (18-30 ans) parmi les abstentionnistes, moins ensuite : Ex : législatives 2017 : abstention de 74 % des 18/24 ans VS 43 % des 60/69 ans (39% des +70 ans) ; législatives 2022 : abstention de 75% des 18/30 ans.
2. Vote jeune = vote « pionnier » accentue les résultats électoraux des formations challengeuses / non consensuelles.
o Ex : 1980’s : Verts très portés par primo-votants
o 1er tour de la présidentielle 2017 : vote des 18/34 ans porté sur Le Pen (25,7 %) et Mélenchon (24,6 %) VS Macron (21,6%) et PS (12 %)
o Chez les primo-votants (18-24 ans), Mélenchon en tête en 2017 (27 %) et en 2022 (42 %).
o 2017 : vote Fillon attire les +65 ans (45 %) (VS 14 % pour Le Pen).
o Plus que l’âge, l’appartenance générationnelle joue un rôle : renvoie au contexte historique de la socialisation politique des individus. Ex : sur-vote à gauche de la génération née dans 1950’s (mouvement de Mai 68).
II- L’explication du vote par le groupe d’appartenance
3- Les variables lourdes aujourd’hui
3- Les variables lourdes aujourd’hui
Débat sur perte de portée explicative des variables lourdes (CAR évolutions du vite des ouvriers).
• Désalignement du vote ouvrier de la gauche (PCF puis PS) depuis 1970’s : 1988 : écart de 33% entre gauche et droite chez les ouvriers ; 2007 : écart de 13% ; 2017 : 37% des ouvriers à gauche
• Réalignement du vote ouvrier de droite avec prépondérance pour la droite radicale (VS traditionnelle) dès 1980’s.
• Le mouvement de droitisation du vote des ouvriers : FN/RN = principal bénéficiaire : aujourd’hui alignement du vote des ouvriers sur droite radicale : Le Pen en tête au 1er tour de la présidentielle (33% en 2017, 36% en 2022).
Attention ! Ce ne sont pas forcément les mêmes ouvriers qui hier votaient à gauche qui aujourd’hui votent RN : nouvelles cohortes (contexte de dégradation des conditions d’emploi et de vie) glissement de défense d’une « respectabilité ouvrière » vers une « respectabilité nationale face à des immigrés perçus comme « assistés » et facteurs d’insécurité.
A partir des 1970’s : PS évolue d’un électorat populaire/petites classes moyennes vers un électorat + CSP diplômées, de grandes villes. Ex : 2012 : positionnement à gauche des cadres : +19% par rapport à droite. CSP + (et urbaines) s’alignent ensuite largement en faveur d’E. Macron (2017, 2022).
o Aujourd’hui, le vote le + marqué socialement = vote des indépendants : bastion social de la droite très fort alignement sur ce camp.
o Autre grande variable : rapport à la religion catholique : grande stabilité et alignement des catholiques.
II- L’explication du vote par le groupe d’appartenance
3- Les variables lourdes aujourd’hui
b. Peut-on parler d’un vote musulman ?
b. Peut-on parler d’un vote musulman ?
Enquêtes IFOP (2012) et RAPFI (Rapport au Politique des Français de l’immigration, Cevipof, 2015) tendent à montrer l’existence d’un vote musulman pour la gauche. Attention ! 5% des électeurs français se déclarent musulmans : effet de masse mineur mais réel.
2012 :
• Survote à gauche lors du 1er tour : Hollande obtient 57% chez les musulmans (VS 29% en moyenne) et Mélenchon 20% (vs 11% en moyenne).
• A l’inverse, seulement 7% pour Sarkozy et 4% pour Le Pen
• Survote Hollande encore plus prononcé dans les catégories populaires musulmanes (+36% par rapport aux catégories populaires non-musulmanes).
Mais ATTENTION : variable religieuse qui peut cacher d’autres variables : origine géographique : expérience (directe ou indirecte) des discriminations etc Plusieurs travaux montrent que sur-vote à gauche des musulmans ne s’explique pas / appartenance religieuse MAIS les origines et réactions stigmatisantes (ou non-reconnaissance) subies (au travail, accès au logement) épreuve des discriminations.
III- L’individualisation du vote
1- Une nouvelle conception de l’électeur
a. Un nouvel électeur ?
a. Un nouvel électeur ?
A partir des 1960’s, développement d’approches laissant une + large place à l’autonomie des individus dans les choix électoraux
The Changing American Voter, 1976 (Norman Nie, Sidney et John Petrocik) : il y aurait désormais aux USA + d’électeurs indépendants (ni républicains ni démocrates) les identifications seraient moins durables que par le passé. Alors qu’en 1964, + de ¾ des américains s’identifient aux deux grands partis, ils ne seraient que 62% 10 ans plus tard autonomie croissante des électeurs s’expliquerait par une part plus importante du « vote sur enjeux » : sur certains enjeux jugés prioritaires (chômage, insécurité), électeurs prendraient le temps de regarder les programmes et feraient le choix des candidats les + à même de défendre leurs intérêts.
Poussée du « vote sur enjeux »
• Due à apparition de nouveaux enjeux : droits civiques, réformes sociales (Johnson), guerre du Vietnam
• Due à un accroissement de compétence politique : électeurs + diplômés, mieux informés, + mobilisés seraient – fidèles aux organisations partisanes nouveaux électeurs – captifs et plus rationnels que leurs prédécesseurs.
III- L’individualisation du vote
1- Une nouvelle conception de l’électeur
b. L’électeur rationnel
b. L’électeur rationnel
o Courant du choix rationnel qui gagne en indépendance à partir de 1970’s : devient le paradigme central en science politique aux USA (moins en France) : électeur agit rationnellement, via un raisonnement comparant couts/avantages des choix électoraux.
o Electeur = homo economicus (=calculateur utilitariste) : jour de l’élection, il fait son marché :
G.Tullock : « Electeurs et consommateurs sont essentiellement les mêmes personnes, Monsieur Martin consomme et vote. Qu’il soit dans un supermarché ou dans un isoloir, il demeure le même homme. Aussi n’y a-t-il aucune raison majeure de croire que dans son comportement soit différent selon qu’il se trouve dans l’un ou l’autre de ces lieux (…). Le citoyen, tantôt électeur supposé participer à « l’intérêt général », tantôt consommateur dans une boutique cherchant à réaliser son « intérêt personnel », est-il à la fois Docteur Jekyll et Mr Hyde ? ».
o Electeurs évoluant dc actions des gouvernements via 2 critères principaux : taux d’inflation et chômage. Selon ses promoteurs, ce modèle permet de comprendre les changements électoraux : c’est parce que les électeurs modifient leurs préférences entre 2 élections, qu’il y a alternance politique. Ces travaux permettraient en outre d’effectuer des prédictions électorales : en fonction des perfs économiques des gouvernements, possibilité de prévoir l’évolution des soutiens au gouvernement en place.
o MAIS beaucoup de critiques : CAR trop forte rationalité prêtée aux électeurs (qui suppose un niveau d’infos peu réaliste) certains travaux tiennent compte des critiques alternative : modèle de l’électeur raisonnant (S. Popkin, the reasoning voter, 1991).
o Electeur raisonnant : électeurs ont un niveau de connaissances médiocres, mais ce déficit cognitif n’est pas paralysant : les citoyens activent de short cuts (raccourcis cognitifs) suffisants pour faire des choix raisonnables ces raccourcis permettent de classer les candidats : Ex : stéréotypes, impressions fugaces lors d’un passage TV, sens commun etc.
III- L’individualisation du vote
2- Individualisation du choix électoral : contexte de l’élection
2- Individualisation du choix électoral : contexte de l’élection
o Enjeux d’élection dépendent d’offre électorale : programmatique et personnelle (image, personnalité, parcours etc des candidats).
Si offre programmatique différenciée et polarisée (=élections de combat) : participation favorisée et vote renvoyant à des clivages larges (gauche/droite) Ex : Présidentielles de 1981 en France, élections de 2016, 2020 et 2024 aux USA.
Si offre programmatique faiblement différenciée (= élections d’apaisement) : participation moins forte et décalage entre vote et préférence partisane plus important : Ex : élections de 1969.
o Important role de l’offre électorale en cas d’émergence d’une force politique nouvelle (ex : Macron en 2017) = élections de réalignement forte mobilité des électeurs (idem avec affirmation électorale du gaullisme) qui modifient parfois durablement leurs préférences électorales habituelles.
o Contexte électoral : type d’élection, mode de scrutin, nombre de candidats ou de partis en lice et surtout à la campagne électorale (importance de + en + soulignée, vs Columbia).
o Camp élections : ensemble des actions pour informer et propager des conceptions politique pour mobiliser et persuader électeurs mobilisation de différentes ressources : matérielles (financement), humaines (militants, bénévoles), organisations (partis), idéologiques, symboliques (emblèmes).
o Campagnes structurent offre électorale en construisant agenda politique (sélection et hiérarchisation des enjeux) : offre dépend des candidats mais aussi du traitement médiatique, de l’actu (ex : affaire Fillon en 2017, invasion Ukraine en 2022) et des sondages › importance des campagnes: changements d’intention de vote au cours de celle-ci (1/2 électeur lors de présidentielle 2022 selon le Cevipof), caractère très tardif du choix (28 % des électeurs incertains de leur choix à j-7 du 1er tour en 2017, 30 % des électeurs de Mélenchon se seraient décidés à en 2022).
o Nécessité d’analyser camp électoral en tenant compte de l’ensemble des interactions entre candidats, électeurs et médias pour comprendre variations et mobilité des choix électoraux C’est via le camp électoral que s’ajustent facteurs de long terme (variables lourdes) et de court terme (singularités de chaque élection).