Cours 9 Flashcards
(8 cards)
Trouble de la personnalité antisociale (TPA) - Définition clinique
Définition du TPA : Trouble où les pensées, émotions et comportements sont durablement rigides (peu adaptables), dysfonctionnels (provoquent des conflits), et sources de souffrance pour la personne et les autres.
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Critères comportementaux (DSM-5) :
◦Incapacité à se conformer aux normes sociales ou aux lois.
◦Impulsivité ou incapacité à planifier à l’avance.
◦Tendance à la manipulation, irresponsabilité, absence de remords.
◦Antécédents de trouble des conduites avant 15 ans.
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Modèle dimensionnel (facettes) : Insensibilité, impulsivité, manipulation, malhonnêteté.
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TPA ≠ simple rébellion : Les comportements du TPA ont un caractère auto-destructeur et persistant, menant à plus d’accidents, blessures, tentatives de suicide, moins de suivi médical, et une mortalité accrue.
Distinction de la psychopathie : Définition et caractéristiques spécifiques (Robert Hare)
Distinction de la psychopathie : Traits affectifs et interpersonnels spécifiques distinguent la psychopathie de l’antisocialité.
Traits affectifs et interpersonnels spécifiques :
◦Froid affectif : Absence d’empathie, émotions superficielles.
◦Manipulation et instrumentalisation de l’autre.
◦Mensonge pathologique.
◦Égocentrisme extrême, absence de remords.
◦Charme superficiel utilisé pour obtenir ce qu’il ou elle veut.*
*Définition de Hare : La psychopathie est « un trouble de la structure émotionnelle et relationnelle ». Ce qui est altéré, ce sont les émotions, la manière de se lier à autrui, et la conscience morale.
Contexte institutionnel et conditions de mise en œuvre - Interventions en milieu carcéral (avantage, défis/limites et stratégie d’amélioration)
Interventions en milieu carcéral
Avantages :
* L’accès aux participants est garanti.
* Les programmes peuvent être bien structurés et intensifs.
* Possibilité d’une prise en charge intégrée avec des services psychiatriques ou de désintoxication.
Défis et limites :
- Le climat de violence et de hiérarchie carcérale peut limiter l’engagement des détenus dans le programme.
- Absence de mise en pratique immédiate des stratégies apprises.
- Résistance fréquente des détenus à un traitement perçu comme imposé par l’administration.
- Risque de pression des pairs.
Stratégies pour améliorer l’efficacité:
- Favoriser des groupes homogènes.
- Associer les TCC à une préparation progressive à la réinsertion sociale.
- Permettre une transition vers un suivi en probation ou en externe.
Psychopathie - Approches dimensionnelle et catégorielle (Neumann, Kossom)
Craig Neumann - Approche factorielle et dimensionnelle :
◦ Regroupe les 20 items du PCL-R en deux facteurs :
▪Facteur 1 : Traits interpersonnels et affectifs (manipulation, absence d’empathie, égocentrisme).
▪Facteur 2 : Comportements antisociaux et style de vie (impulsivité, irresponsabilité, instabilité).
◦La psychopathie est présente à des degrés divers dans la population, sur un continuum.
◦Importance de l’approche dimensionnelle : Évite l’étiquetage rigide, permet une meilleure compréhension clinique, plus fidèle à la réalité.
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Keri Kossom - Traits “callous-unemotional” et hypothèse évolutionniste :
◦Traits : Ne pas montrer de remords, peu sensibles aux émotions, froids, distants, manipulateurs, parfois cruels.
◦Hypothèse évolutionniste : Ces traits pourraient avoir été “utiles” dans des environnements hostiles.
◦Différences cérébrales : Système limbique sous-actif, faible connectivité entre zones émotionnelles et cognitives.
◦Contribution de Kossom : La psychopathie n’est pas juste “du mal pur”, mais une construction neuro-développementale complexe qui peut apparaître tôt et fonctionner différemment au niveau cérébral, et qui aurait pu être utile dans certains contextes.
Psychopathie - Vision catégorielle vs dimensionnelle
- Vision catégorielle (binaire)
* Utilisation principale
Milieux judiciaires et institutionnels
* Logique d’évaluation
La personne est ou n’est pas psychopathe
* Avantages
Décision claire et rapide, utile pour les contextes à seuils
* Limites
Réduction d’une réalité complexe, risque d’étiquetage figé, assimilation à la dangerosité
* Principaux chercheurs associés
Tradition issue de Hare (PCL-R) - Vision dimensionnelle
* Utilisation principale
Recherche clinique et développementale
* Logique d’évaluation
Traits évalués sur un continuum, selon leur intensité
* Avantages
Approche plus nuancée, meilleure compréhension des profils, prise en compte du contexte
* Limites
Moins simple à opérationnaliser, moins intuitive pour les décisions institutionnelles
* Principaux chercheurs associés
Neumann, Kossom
Le PCL-R - Forces et limites
*Forces : Standardisation rigoureuse, utilisation prédictive, cadre clinique clair, permet d’identifier des profils différenciés.
*Limites et critiques : Stigmatisation possible, risque d’abus en milieu judiciaire, pas conçu pour les populations non-criminelles, pas un outil de diagnostic psychiatrique en soi.
Différences entre TPA (ASPD) et Psychopathie
- TPA / ASPD (DSM-5)
* Origine du concept
Manuel diagnostique (DSM), ancrage psychiatrique
* Focus principal
Comportements antisociaux observables
* Critères clés
Agressivité, impulsivité, non-conformité, irresponsabilité
* Apparition des symptômes
Avant 15 ans (trouble des conduites)
* Dimension morale
Peu abordée
* Présence dans DSM-5
Oui (trouble de la personnalité antisociale)
* Utilisation clinique
Diagnostic psychiatrique - Psychopathie (Hare, PCL-R)
* Origine du concept
Recherche en psychologie criminelle, clinique (Hare)
* Focus principal
Traits émotionnels et interpersonnels
* Critères clés
Manipulation, froideur, absence de remords, superficialité
* Apparition des symptômes
Souvent dès l’enfance, mais plus subtil
* Dimension morale
Centrale : absence de culpabilité, conscience morale altérée
* Présence dans DSM-5
Non (considérée via des traits ou l’annexe B du DSM-5)
* Utilisation clinique
Profil évalué en contexte médico-légal ou de recherche
Implications cliniques et criminologiques - Difficultés cliniques majeures avec les psychopathes
- Faible motivation au changement : Absence de souffrance perçue, objectifs extérieurs à la thérapie, risque d’illusion de progrès.
- Manipulation du cadre : Utilisation stratégique du dispositif thérapeutique, mise à l’épreuve des intervenants, risque accru si le cadre est flou ou permissif.
- Alliance thérapeutique fragile : Relation souvent instrumentalisée, risques d’épuisement ou de désengagement des professionnel·le·s.
- Citation de Hare : « Travailler avec des personnes psychopathes, c’est comme jouer aux échecs avec quelqu’un qui ne suit pas les règles — mais prétend les suivre. ».