DC - 001 - Carcassonne Flashcards
(180 cards)
Différentes définitions de la république
Pour les Romains, le mot désigne l’organisation de la société, la chose publique.
Rousseau appelle « République tout Etat régi par des lois, la monarchie elle-même est République ».
Pour Jean-Marie Ponthier (Dalloz, 1992), elle est, en France, « le gouvernement de tous ».
Pour Carcassonne, elle est, au sens strict, « la forme de gouvernement qui exclut la transmission héréditaire du pouvoir ».
La notion d’indivisibilité en droit constitutionnel
Selon Carcassonne, « elle impose simplement qu’un seul pouvoir politique exerce la souveraineté sur l’ensemble du territoire de la République ». Elle permet toutefois à ce pouvoir d’attribuer des compétences différenciées.
Elle interdit également qu’une autorité puisse se saisir elle-même d’attributions qui ne lui auraient pas été confiées par la Constitution.
Obligation découlant de la détention de la souveraineté
« La justice est la première dette de la souveraineté. »
Portalis
Mise en place de l’élection au suffrage universel du PR :
Situation antérieure et chronologie
Auparavant :
- Sous la Quatrième république : le PR est élu par le Parlement réuni en Congrès à Versailles ;
- Avec la Constitution de 1958 : le collège élargi à 81 000 élus locaux et nationaux.
Le 22 août 1962 : attentat raté du Petit-Clamart ;
Le 20 septembre, annonce de la révision par la voie de l’article 11 de la Constitution (qui lui permet, sur proposition, de soumettre un projet de loi constitutionnelle portant sur l’organisation des pouvoirs publics), plutôt que l’article 89 (qui aurait nécessité l’adoption par les deux assemblées, en termes identiques, du projet de loi).
Le 4 octobre : le Gouvernement est renversé par l’Assemblée nationale.
Le 9 octobre : l’Assemblée nationale est dissoute .
Le 28 octobre : référendum approuvant le projet à 62,2 % (avec un taux de participation de 77 %, contre 85 % pour le référendum du 28 octobre 1958 portant sur l’adoption de la Constitution de la Cinquième république).
Le 25 novembre : une majorité parlementaire homogène est élue, qui désigne le 28 novembre George Pompidou comme nouveau Premier ministre.
Les cinq conditions du projet de constitution de la Ve République
Seul le suffrage universel est la source du pouvoir.
Le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif doivent être effectivement séparés.
Le Gouvernement doit être responsable devant le Parlement.
L’autorité judiciaire doit demeurer indépendante.
La Constitution doit permettre d’organiser les rapports de la République avec les peuples qui lui sont associés.
Preuve de l’inutilité de compléter le Préambule d’une déclaration des droits propres à la Constitution de la Cinquième république
La Charte de l’environnement, « ajout filandreux, mal pensé, mal écrit », prétendant que « le peuple français proclame solennellement » ce sur quoi il n’a pas été consulté.
-> Invention de la « prosopopée constitutionnelle ».
G. Carcassonne, M. Guillaume, La Constitution, 2016
Exclusivité de l’exercice de la souveraineté
Seuls participent à l’exercice de la souveraineté ceux que les Français ont « élus dans le cadre des institutions de la République » (CC, n° 76-71 DC, 1976, Election de l’Assemblée des communautés au suffrage universel direct).
Si l’article 24 C fait du Sénat la « représentation des collectivités territoriales de la République », il est jugé représenter le peuple car « en sa qualité d’assemblée parlementaire le Sénat participe à l’exercice de la souveraineté nationale » (CC, n° 92-308 DC, 1992, Maastricht I).
Le vote obligatoire en France
Le vote n’est pas obligatoire en France.
Seule exception, l’article L. 318 du Code électoral punit d’une amende tout membre du collège des électeurs qui, sans cause légitime, n’aura pas pris part au scrutin pour les élections sénatoriales.
Stabilité de la Constitution
La Cinquième république « est, aujourd’hui, la dernière structure encore solide dans un paysage politique par ailleurs dévasté, de sorte que l’urgence de la détruire à son tour n’apparaît pas certaine ».
G. Carcassonne, M. Guillaume, La Constitution, 2016
Chronologie du passage de la IVe à la Ve République
Le 13 mai 1958 : Putsch d’Alger
Le 1er juin : Charles de Gaulle est investi président du Conseil.
Le 2 juin : adoption de la loi constitutionnelle (LC)
Le 3 juin : promulgation de la LC.
Durant l’été, élaboration de l’avant-projet par Michel Debré, des hauts fonctionnaires et des hommes politiques, puis examen par le comité consultatif constitutionnel.
Le 28 août : le Conseil d’Etat rend son avis.
Le 3 septembre : adoption du projet en conseil des ministres.
Le 28 septembre : ratification par 82,6 % des suffrages exprimés (taux de participation de 80 %).
4 octobre : promulgation de la nouvelle constitution.
Rôle de l’article 5 C
Principe constitutionnel
Symbolique
Il définit 6 missions pour le PdR ;
- Veiller au respect de la Constitution ;
- Assurer le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ;
- La continuité de l’Etat ;
- Être le garant de l’indépendance nationale ;
- De l’intégrité du territoire
- Du respect des traités.
Un seul moyen : l’arbitrage.
Il a permis au Constitutionnel de dégager des principes à valeur constitutionnelle (la continuité du service public, n°79-105 DC).
La place du titre indique la position première de la fonction présidentielle par rapport aux autres pouvoirs publics constitutionnels.
Selon Carcassonne, cet article donne un support constitutionnel aux propos fameux et discutables donnés par le Général de Gaulle dans sa conférence de presse du 31 janvier 1964.
Organisation des partis politiques
La loi du 11 mars 1988 relative à la transparence financière de la vie politique prévoit, pour les élections législatives et présidentielles :
- Le financement public des partis ;
- La possibilité de recevoir des dons ;
- Le plafonnement de la campagne électorale.
La loi du 15 janvier 1990 relative à la limitation des dépenses électorales et à la clarification du financement des activités politiques prévoit :
- L’amnistie des infractions en relation avec les financements de campagnes électorales antérieures à 1989 ;
- L’ouverture du financement public aux partis non représentés au Parlement ;
- Une extension des plafonnements de campagne électorale.
- > La législation alloue des ressources aux partis en contrepartie de la transparence.
Les contraintes du mode de scrutin, renforcées par la simplicité binaire du second tour de l’élection présidentielle, obligent des tendances différenciées à coexister au sein du même parti et des partis concurrents à se fédérer en coalition.
Action déterminante des partis dans la vie politique :
- Sélection des candidats aux fonctions électives ;
- Maintien d’un ensemble d’élus locaux ;
- Relais à une candidature présidentielle ;
- Soutien de forces canalisées au bénéfice de ceux qui gouvernent.
L’article 4 C leur garantit une participation équitable à la vie démocratique de la Nation.
Considérant constitutionnel de principe à propos de l’égalité
« Le principe d’égalité ne s’oppose ni à ce que le législateur règle de façon différente des situations différentes ni à ce qu’il déroge à l’égalité pour des raisons d’intérêt général, pourvu que dans l’un et l’autre cas la différence de traitement qui en résulte soit en rapport direct avec l’objet de la loi qui l’établit ».
Par exemple, CC, n°2012-662 DC, Loi de finances pour 2013.
La même décision poursuit : « il n’en résulte pas pour autant que le principe d’égalité oblige à traiter différemment des personnes se trouvant dans des situations différentes ».
Origine de l’alinéa 5 de l’article 2 C
Le principe de la République : « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » reprend la formule d’Abraham Lincoln dans son Adresse de Gettysburg (1863).
La formule a pour Carcassonne plus de sonorité que de sens, en ce que notamment, selon la Constitution, le peuple ne peut même pas prendre seul l’initiative de modifier par référendum les lois qui lui sont applicables.
Les conditions institutionnelles d’une démocratie moderne pour Carcassonne
Trois conditions :
- Les gouvernés doivent choisir effectivement les gouvernants : pour ce faire, les coalitions doivent être formées avant le scrutin (majoritaire uninominal à un tour en G-B) et non après (Knesset israélienne, Pays-Bas…) ;
- Les gouvernants doivent effectivement avoir les moyens de gouverner : naturellement (PM britannique, chancelier allemand, Pdt du gvt espagnol) ou artificiellement, par le mécanisme du parlementarisme rationalisé (ex : motion de censure constructive en Allemagne ou en Espagne) ;
- Les gouvernés doivent effectivement être responsables devant les gouvernés : non seulement aux élections suivantes mais, dans l’intervalle, doivent être garantis transparence du pouvoir, liberté de la presse, moyens d’enquête du Parlement, limogeage par le parti (Thatcher en 1990 pour porter John Major élu en 1992 ; en France, le PdR ne peut être révoqué mais son pouvoir lui être retiré en cas de cohabitation).
En l’absence de la réunion de ces conditions, le régime peut rester démocratique mais pour des raisons autres qu’institutionnelles (traditions, tolérance, consensus…).
-> la France rassemble bien ces trois critères de la démocratie moderne, selon Carcassonne.
Le but et les moyens du parlementarisme rationalisé
La finalité du parlementarisme rationalisé est de « faire en sorte, en disciplinant les procédures, que le gouvernement en place dispose des moyens nécessaires à son action, aussi longtemps qu’il n’existe pas une majorité alternative susceptible de donner naissance, et durée, à un autre gouvernement ».
Guy Carcassonne, Marc Guillaume, La Constitution, 2016.
Marge d’amélioration de la démocratie en France
La marge d’amélioration de la démocratie réside moins dans l’organisation des institutions, dans leur fonctionnement :
- Les commissions d’enquête sont notoirement sous-utilisées, par exemple ;
- le PM britannique ou le chancelier allemand préside les solennités nationales ou internationales flanqués du principal responsable de l’opposition, contrairement au(x) chef(s) de l’exécutif français.
Les progrès accomplis :
- En 1974, ouverture à la minorité parlementaire de la saisine du Conseil constitutionnel ;
- Depuis 1998, un élu de l’opposition siège obligatoirement dans la commission habilitée à émettre un avis en matière de secret-défense ;
- Depuis 2003 (à l’initiative de J.-L. Debré, alors président de l’Assemblée nationale), le groupe parlementaire qui prend l’initiative de proposer une commission d’enquête a droit à ce que l’un des siens soit désigné comme pdt ou rapporteur ;
- Présidence de la Commission des finances attribuée à l’opposition à partir de 2007.
Raison première du déséquilibre du couple exécutif/parlement dans la Cinquième république
Le système instauré par la Constitution de la Ve République était conçu pour compenser l’absence du fait majoritaire, mais il est devenu excessif avec l’apparition de celui-ci en 1962.
Rejet de tout ce qui peut s’apparenter à l’affirmative action par le CC
CC, n° 82-146 DC, 1982, Quotas par sexe I : la distinction entre candidats à l’élection municipale en raison de leur sexe porte atteinte au principe d’égalité devant la loi (art 6 DDHC).
CC, n° 2006-533 DC, 2006, Loi relative à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes : on ne saurait faire prévaloir la considération du sexe sur les capacités (article 6 DDHC) et l’utilité commune (seule à même, selon l’article 1 DDHC, de fonder les “distinctions sociales”).
Limites au droit de propriété
Le droit de propriété (articles 2 et 17 DDHC) n’est pas absolu et peut être mis en balance avec d’autres principes, par exemple “Tout bien, toute entreprise dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public national ou d’un monopole de fait doit devenir la propriété de la collectivité” (alinéa 9 du Préambule de la Constitution de 1946). Seule une “erreur manifeste” commise par le législateur dans cette appréciation peut entraîner la censure (CC, n°81-132 DC, 1982, Nationalisations).
A noter que dans cette décision, le Conseil se réfère au référendum du 5 mai 1946, qui portait sur un projet de Constitution rejeté par les électeurs, pour en déduire que le peuple a refusé la nouvelle déclaration des droits qu’il contenait.
Réforme de la dissolution en Grande-Bretagne
Fixed-term Parliament Act de 2011 :
La loi supprime la capacité discrétionnaire du monarque (en pratique, du PM) de dissoudre la Chambre des communes. Celle-ci ne peut plus être dissoute qu’après la chute d’un gouvernement dont aucun successeur ne pourrait être investi dans les quatorze jours, ou par un vote des députés eux-mêmes à la majorité des deux tiers.
Cela n’a pas empêché la PM Theresa May d’obtenir en 2017 l’auto-dissolution de l’assemblée, par un vote à la majorité qualifiée des MPs.
La clef de voûte des institutions de la Cinquième
Expression de Michel Debré (discours du 27 août 1958 devant le CE) pour désigner le Président de la république.
Pour Carcassonne, cette expression désignant le point géométrique où s’équilibrent des forces antagoniques, elle devrait plutôt être utilisée pour le Premier ministre, le chef de l’Etat, dans la Constitution de la Cinquième république, étant quant à lui plutôt « la flèche de l’édifice ».
Statuts liés à celui de président de la République
Chanoine honoraire de Saint-Jean-de-Latran à Rome.
Haut protecteur de l’Académie française.
Co-prince d’Andorre avec l’évêque d’Urgell (_/!_ le PR a donc des sujets).
Origine de l’usage obligatoire du français
Ordonnance de 1539, dite de Villers-Cotterêts, prise par François 1er et rendant obligatoire l’usage du français pour tous les actes judiciaires.
Elle s’exerce au détriment du latin, qui les rendait souvent incompréhensibles.