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Frédéric Rouvillois, le gouvernement des juges (2023)
Il explore la notion de «gouvernement des juges», qui désigne la montée en puissance du pouvoir Judiciaire dans le champ politique et notamment à travers le contrôle de constitutionnalité des lois. L’auteur retrace l’origine de ce concept aux États-Unis avec l’arrêt Marbury versus Madison (1803), qui a institué le « judicial review».
Rouvillois mets en parallèle la situation française, ou l’idée d’un gouvernement des juges a été rejetée au nom de la souveraineté parlementaire, avant que le conseil constitutionnel ne s’affirme comme acteur politique depuis la décision liberté d’association du 16 juillet 1971.
Mythe mobilisateur, reflet ses tensions entre l’État de Droit et la souveraineté populaire.
Actualité : Plusieurs dirigeants politiques l’utilisent aujourd’hui, après le réquisitoire demandant cinq ans d’inéligibilité à l’encontre de Marine Le Pen dans le procès des assistants FN au parlement européen. Pour l’essayiste américain Fareed Zakaria, cette conception minimaliste de la démocratie a un nom : l’illibéralisme
Invoquée lorsque des magistrats condamnent des responsables politiques, l’expression « gouvernement des juges » vient de fêter ses 100 ans. Elle apparaît pour la première fois en 1921, dans le titre d’un ouvrage d’Edouard Lambert (1866-1947) consacré au rôle déterminant joué, aux Etats-Unis, par la Cour suprême.
Paul Ricoeur, La mémoire, l’histoire, l’oubli
L’œuvre est divisée en trois parties principales :
- La mémoire : Mémoire fidèle vs mémoire manipulée : Ricoeur distingue la mémoire « fidèle » (la remémoration sincère d’un événement) de la mémoire « manipulée », volontairement ou involontairement altérée.
Le témoignage est au cœur de la mémoire : il lie mémoire individuelle et reconnaissance d’autrui. - L’histoire : les étapes du travail historique : L’archive (trace matérielle du passé), La documentation (sélection de traces pertinentes), L’explication/compréhension, La mise en récit (l’historiographie)
L’histoire est une reconstruction rationnelle du passé, mais elle reste traversée par la subjectivité, notamment via la narration. - L’oubli : L’oubli est ambigu : il peut être destructeur (négation des crimes, révisionnisme) ou nécessaire à la réconciliation.
La mémoire, l’histoire et l’oubli sont interdépendants : on ne peut penser l’un sans les autres. La mémoire n’est jamais neutre : elle est fragile, sujette à l’oubli, au mensonge, à la manipulation. L’histoire est une interprétation méthodique du passé, mais elle ne peut prétendre à une objectivité absolue.
Ricoeur y cherche une voie entre fidélité à la mémoire et nécessité d’oubli, entre vérité historique et reconnaissance éthique.
Il défend plus qu’un devoir de mémoire, un «travail d’histoire» visant à promouvoir une approche plus objective de la commémoration du passé, orienter vers le dépassement des différents passés par la rationalisation, dans le cadre d’un processus évolutif de deuil et tourné vers la restauration de la cohésion sociale.
La finalité = fédérer les citoyens autour de projet commun.
Henry Rousso, Face au passé
La frénésie commémorative empêche la poursuite du processus de deuil, nécessaire au dépassement des tensions et différentes du passé.
= multiplication des lois mémorielles et des journées commémoratives
Rousso montre comment la mémoire est devenue un enjeu social et politique : elle structure les identités, les revendications, et influence les politiques publiques.
Il critique l’injonction au “devoir de mémoire”, qui tend à imposer un rapport normatif et moralisant au passé, parfois au détriment de la complexité historique.
L’auteur analyse les conflits mémoriels : différentes communautés revendiquent une reconnaissance spécifique de leur souffrance historique (ex. : Shoah, esclavage, colonisation, guerre d’Algérie).
Cette “compétition victimaire” fragmente le récit national et pose des défis à la cohésion sociale.
Il montre les limites de la judiciarisation du passé : la justice ne peut remplacer ni l’histoire ni la mémoire collective.
Henry Rousso plaide pour une éthique du passé qui reconnaisse la pluralité des mémoires sans les ériger en vérités exclusives, et pour une histoire autonome, libre des injonctions mémorielles. Il invite à “penser le passé” plutôt qu’à s’y soumettre.
Sébastien Ledoux, Le devoir de mémoire
La consécration du devoir de mémoire peut, en cas de surexploitation, être à l’origine de deux dérives, détournant les politiques mémorielles de leurs objectifs :
- l’approche morale du passé, orienter vers la commémoration des victimes peut conduire à la revendication d’identité collective nuisant à la construction d’une conscience collective
- l’investissement excessif de l’État dans les politiques mémorielles pourrait empêcher de dépasser les différents du passé
La formule « devoir de mémoire » apparaît en France dans les années 1990, notamment à propos de la Shoah.
Elle se diffuse ensuite à d’autres mémoires collectives : esclavage, colonisation, guerre d’Algérie, etc.
Le « devoir de mémoire » devient un mot d’ordre politique, éducatif et médiatique, porté par des lois, des commémorations, des discours officiels.
Bien que Paul Ricoeur, Henry Rousso et Sébastien Ledoux s’accordent sur la nécessité de distinguer mémoire et histoire, leurs approches diffèrent. Ricoeur adopte une perspective philosophique et éthique : il explore les tensions entre mémoire, oubli et pardon, tout en soulignant la fragilité du souvenir face au risque de manipulation. Rousso, historien, critique l’inflation mémorielle contemporaine et s’inquiète de l’injonction au devoir de mémoire, qu’il considère comme une menace pour l’autonomie de l’histoire. Ledoux, quant à lui, propose une analyse historique et sociologique du « devoir de mémoire », montrant qu’il s’agit d’une formule récente, issue de revendications identitaires et de politiques de reconnaissance. Ainsi, chacun éclaire à sa manière les enjeux liés à l’usage du passé dans nos sociétés.
Citation d’Ernest Renan, Qu’est ce qu’une Nation?
«la nation est un résultat historique»
Selon la conception du philosophe Ernest Renan (1823-1892), une nation est un “plébiscite de tous les jours”, c’est-à-dire que la volonté de vivre ensemble doit être sans cesse réaffirmée.
Max Weber, Économie et société (concernant l’autorité politique)
“L’autorité, c’est la capacité de faire accepter à autrui une décision, même contre sa volonté.”
Max Weber analyse l’autorité politique à travers trois types principaux de légitimité :
- L’autorité traditionnelle, fondée sur les coutumes et les pratiques ancestrales ;
- L’autorité charismatique, qui repose sur la dévotion envers un leader exceptionnel ;
- L’autorité rationnelle-légale, caractéristique des sociétés modernes et des bureaucraties, où la légitimité de l’autorité repose sur des normes juridiques et des règles établies.
Weber soutient que l’État moderne est principalement fondé sur cette dernière forme d’autorité, où les individus obéissent non pas à un individu ou une tradition, mais à des règles impersonnelles et légales. Cette analyse permet de comprendre comment l’autorité politique s’exerce et devient légitime dans différentes configurations sociales et historiques.
Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, 1995
Le renforcement des mécanismes de démocratie directe comme le référendum et le débat public ou les budgets participatifs est à même d’améliorer le sentiment d’implication des citoyens.
Pour ce faire, la modification de l’article 11 de la Constitution pourrait s’avérer pertinente afin de simplifier le recours au RIP puisqu’aujourd’hui des électeurs peuvent soumettre à référendum une proposition de loi si 1/10ème des citoyens inscrits sur les listes électroales sont soutenus par 1/5ème des membres du parlement. Cependant, ces conditions strictes devraient être assouplies afin qu’un référéndum puisse aboutir. En effet, aucun RIP n’a abouti ajr en France. Ainsi, le peuple-souverain serait valorisé à l’échelle nationale.
Gérald Bronner, La démocratie des crédules 2015
La vision que l’on a de l’opinion publique est faussée par le fait que les réseaux sociaux, l’algorithme, est tel que l’avis du spécialiste vaut autant que celui du profane, ce qui incite le premier à quitter cette espace.
Par conséquent, des robots qui publient une opinion avec des centaines de comptes peuvent laisser croire que l’opinion publique penche de tel ou tel côté, sans que cela ne soit le cas.
Gilles Lipovetsky, l’ère du vide 1983
Avec l’avènement de la société contemporaine, hypermoderne, émerge une nouvelle morale, qu’il qualifie “d’égoïste et indolore” en ce qu’elle conduit l’individu à refuser tout sacrifice au profit de son épanouissement personnel. En témoigne la Déclaration d’indépendance américaine du 4 juillet 1776 qui consacre le droit à la poursuite du bonheur en tant que DF de l’individu.
L’individualisme démocratique contre lequel Tocqueville mettait la démocratie libérale en garde, à atteint des niveaux qui rendent extrêmement difficile l’émergence de passions communes.
Propre au caractère humain, l’égoïsme s’est développé dans la société moderne en raison de l’individualisme et de l’affirmation selon laquelle la primauté du bonheur et de l’intérêt personnels l’emporte sur le bien commun comme l’ont montré différents sociologues
En effet, toute passion individuelle est désormais légitime à être portée sur la place publique comme l’explique Gilles Lipovetsky dans l’ère du vide. Or, ces opinions sont extrêmement revendicatives et remettent en cause la légitimité de l’État dans sa mission de réaliser l’intérêt général.
Abraham Lincoln, 16 eme President des États Unis, lors de son discours à Gettysburg le 19 novembre 1863
«gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple» repris par la constitution du 4 octobre 1958, la démocratie ne peut être pensée sans l’opinion publique et populaire. Cependant celle-ci a été rationalisée par l’instauration de mandat représentatif et des processus de délégation à des institutions indépendantes.
Sieyès, mandat impératif, et Rousseau (Le contrat social 1762)
À la suite des travaux de siéyès, la, DDHC 1789 et l’article 27 de la constitution de 1958, déclarent que tout mandat impératif est nul alors même que certains philosophes des lumières, comme Rousseau, dans le contrat social de 1762, considéraient qu’il s’agissait d’une condition impérative à tout système démocratique. Cependant, le mandat représentatif s’est imposé car il permet de stabiliser les choix réalisés par le peuple.
Platon, La république, concernant l’opinion publique
Platon insiste sur le danger de l’opinion publique, en rappelant la condamnation à mort injuste de Socrate
Victor Hugo, actes et paroles
«l’égoïsme social est un commencement de sépulcre»
La loi Hirsch de 2010
Cette loi a créé le service civique qui est un exemple de politique publique s’attachant à encourager l’épanouissement individuel dans le service de l’intérêt général.
Marcel gauchet, comprendre le malheur français, 2016
Il déplore l’oubli contemporain des obligations du citoyen au profit des seuls, droits de l’homme.
Selon lui, la société moderne s’est progressivement centrée sur les droits individuels, notamment les droits de l’Homme, en mettant de côté les responsabilités et obligations collectives. Il considère que cette évolution a affaibli le lien social et la cohésion communautaire, en privilégiant une vision atomisée de l’individu plutôt qu’une conception plus collective et solidaire de la citoyenneté. Pour Gauchet, ce déséquilibre conduit à une perte de repères et à un affaiblissement de la démocratie, qui repose sur des obligations réciproques entre les citoyens et la société.
Dominique Schnapper, l’Esprit démocratique des lois, 2014
Le renforcement des préoccupations individuelles favorise la multiplication des revendications personnelles. Cette «révolution» est un symptôme de l’évolution de nos démocraties contemporaines, qui courent le risque de l’égalité extrême.
Ainsi, la multiplication des revendications du droit au bonheur individuel et patente, et il appartient à l’état d’y satisfaire, notamment par l’octroi de nouveaux droits aux citoyens
Pierre Rosanvallon, l’Etat en France de 1789 à nos jours, 1990
Il analyse la mutation de l’État français depuis la révolution française, en insistant sur son rôle structurant dans la société. Il montre comment, après la révolution française, l’État devient «instituteur du social» en assurant la mission de structurer et encadrer les liens sociaux. L’Etat deviendrait un “Etat protecteur”.
Progressivement avec les crises économiques et sociales du XXe siècle, cette fonction évolue vers celle d’un État-providence, garant de la redistribution des richesses et de la protection sociale des citoyens, ce qui illustre le passage d’un état organisateur à un état protecteur, marquant une nouvelle étape dans le contrat social entre gouvernants et gouvernés.
Le Léviathan, Hobbes, avril 1651
“La crainte de la punition est la base de l’autorité.”
L’état de nature, s’il est une vue de l’esprit, exprime l’incapacité des êtres humains à s’entendre en l’absence de tiers, dont le rôle est de mettre un terme à la guerre de tout contre tous.
La puissance publique est cette force surplombante, sans laquelle la coexistence Pacifique des intérêts privés serait impossible. En pratique, l’État est donc souvent conduit à méconnaître le bonheur des citoyens au nom de l’intérêt général.
Hannah Arendt, Condition de l’Homme moderne, 1958
Elle rappelle que la politique doit être action, et que vivre dans une polis signifie que «toute décision se prend par la parole et la persuasion» et non par la violence et la force.
Elle décrit la modernité comme correspondant à la société de masse, de consommation. En ce sens, elle critique l’essor du social et de l’économique et dénonce la disparition de la sphère publique au profil de la sphère privée.
Vanessa Springora, Le consentement, 2020
«Pour prendre le chasseur à son propre piège, il faut l’enfermer dans un livre»
Karl Marx, Le capital 1867
Il réfute l’existence d’un consentement des salariés et ouvriers dans le capital, arguant au contraire, d’un rapport de domination de la classe bourgeoise, qui détient les moyens de production, et corrélativement, la soumission de la classe ouvrière dont le consentement se verrait, contraint par des nécessités alimentaires.
Roman de Nicolas Mathieu, leurs enfants après eux, 2018
Il montre la difficulté de la solidarité entre génération dans une société marquée par le déclin économique. Les parents, souvent désillusionnés , soutiennent leurs enfants, tout en peinant à comprendre leurs aspirations. Ce roman explore les tensions et incompréhensions familiales, tout en révélant le poids des héritages sociaux sur les trajectoires individuelles.
Simone Veil, une vie, 2007
Elle témoigne des répercussions antisémites en France avec sa désertion, dès 1941, les juifs sont éloignés de l’enseignement alors que l’école est le vecteur privilégié de diffusion de valeur et de maintien du lien social.
Marcel Plagnol, l’eau des collines, 1962
Composé de «Jean de florette» tome 1 + «Manon des sources» tome 2
L’histoire se déroule dans un village du sud de la France, à la fin de la Première Guerre mondiale, autour d’un bien précieux en Provence : l’eau.
Jean de Florette hérite d’une ferme en Provence, mais la source est sabotée par Ugolin et César qui veulent s’approprier la terre. Jean meurt d’épuisement, et Ugolin rachète la ferme. Sa fille Manon découvre la vérité et se venge en coupant la source du village. L’instituteur, représentant des « hussards noirs » de la République, soutient Manon et porte la vérité, jouant un rôle clé dans la justice morale qui se rétablit. Cette histoire mêle tragédie familiale, lutte pour l’eau et rôle éducatif dans la transmission de la vérité.
Il met en exergue le rôle des hussards noir dans la promotion des valeurs universelles. En effet, il esquisse le passage de l’église à l’école par la transmission de telles valeurs. Ainsi, ce n’est plus le curé, mais l’instituteur qui vient en aide à Manon, après que les villageois aient tari la source d’eau du domaine de son père, la conduisant à la mort. Finalement, l’État est capable de mettre en place des mécanismes visant à protéger les valeurs universelles.