Mes References Flashcards

(263 cards)

1
Q

Frédéric Rouvillois, le gouvernement des juges (2023)

A

Il explore la notion de «gouvernement des juges», qui désigne la montée en puissance du pouvoir Judiciaire dans le champ politique et notamment à travers le contrôle de constitutionnalité des lois. L’auteur retrace l’origine de ce concept aux États-Unis avec l’arrêt Marbury versus Madison (1803), qui a institué le « judicial review».

Rouvillois mets en parallèle la situation française, ou l’idée d’un gouvernement des juges a été rejetée au nom de la souveraineté parlementaire, avant que le conseil constitutionnel ne s’affirme comme acteur politique depuis la décision liberté d’association du 16 juillet 1971.

Mythe mobilisateur, reflet ses tensions entre l’État de Droit et la souveraineté populaire.

Actualité : Plusieurs dirigeants politiques l’utilisent aujourd’hui, après le réquisitoire demandant cinq ans d’inéligibilité à l’encontre de Marine Le Pen dans le procès des assistants FN au parlement européen. Pour l’essayiste américain Fareed Zakaria, cette conception minimaliste de la démocratie a un nom : l’illibéralisme

Invoquée lorsque des magistrats condamnent des responsables politiques, l’expression « gouvernement des juges » vient de fêter ses 100 ans. Elle apparaît pour la première fois en 1921, dans le titre d’un ouvrage d’Edouard Lambert (1866-1947) consacré au rôle déterminant joué, aux Etats-Unis, par la Cour suprême.

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2
Q

Paul Ricoeur, La mémoire, l’histoire, l’oubli

A

L’œuvre est divisée en trois parties principales :

  • La mémoire : Mémoire fidèle vs mémoire manipulée : Ricoeur distingue la mémoire « fidèle » (la remémoration sincère d’un événement) de la mémoire « manipulée », volontairement ou involontairement altérée.
    Le témoignage est au cœur de la mémoire : il lie mémoire individuelle et reconnaissance d’autrui.
  • L’histoire : les étapes du travail historique : L’archive (trace matérielle du passé), La documentation (sélection de traces pertinentes), L’explication/compréhension, La mise en récit (l’historiographie)
    L’histoire est une reconstruction rationnelle du passé, mais elle reste traversée par la subjectivité, notamment via la narration.
  • L’oubli : L’oubli est ambigu : il peut être destructeur (négation des crimes, révisionnisme) ou nécessaire à la réconciliation.

La mémoire, l’histoire et l’oubli sont interdépendants : on ne peut penser l’un sans les autres. La mémoire n’est jamais neutre : elle est fragile, sujette à l’oubli, au mensonge, à la manipulation. L’histoire est une interprétation méthodique du passé, mais elle ne peut prétendre à une objectivité absolue.

Ricoeur y cherche une voie entre fidélité à la mémoire et nécessité d’oubli, entre vérité historique et reconnaissance éthique.

Il défend plus qu’un devoir de mémoire, un «travail d’histoire» visant à promouvoir une approche plus objective de la commémoration du passé, orienter vers le dépassement des différents passés par la rationalisation, dans le cadre d’un processus évolutif de deuil et tourné vers la restauration de la cohésion sociale.

La finalité = fédérer les citoyens autour de projet commun.

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3
Q

Henry Rousso, Face au passé

A

La frénésie commémorative empêche la poursuite du processus de deuil, nécessaire au dépassement des tensions et différentes du passé.
= multiplication des lois mémorielles et des journées commémoratives

Rousso montre comment la mémoire est devenue un enjeu social et politique : elle structure les identités, les revendications, et influence les politiques publiques.
Il critique l’injonction au “devoir de mémoire”, qui tend à imposer un rapport normatif et moralisant au passé, parfois au détriment de la complexité historique.

L’auteur analyse les conflits mémoriels : différentes communautés revendiquent une reconnaissance spécifique de leur souffrance historique (ex. : Shoah, esclavage, colonisation, guerre d’Algérie).
Cette “compétition victimaire” fragmente le récit national et pose des défis à la cohésion sociale.
Il montre les limites de la judiciarisation du passé : la justice ne peut remplacer ni l’histoire ni la mémoire collective.

Henry Rousso plaide pour une éthique du passé qui reconnaisse la pluralité des mémoires sans les ériger en vérités exclusives, et pour une histoire autonome, libre des injonctions mémorielles. Il invite à “penser le passé” plutôt qu’à s’y soumettre.

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4
Q

Sébastien Ledoux, Le devoir de mémoire

A

La consécration du devoir de mémoire peut, en cas de surexploitation, être à l’origine de deux dérives, détournant les politiques mémorielles de leurs objectifs :

  • l’approche morale du passé, orienter vers la commémoration des victimes peut conduire à la revendication d’identité collective nuisant à la construction d’une conscience collective
  • l’investissement excessif de l’État dans les politiques mémorielles pourrait empêcher de dépasser les différents du passé

La formule « devoir de mémoire » apparaît en France dans les années 1990, notamment à propos de la Shoah.
Elle se diffuse ensuite à d’autres mémoires collectives : esclavage, colonisation, guerre d’Algérie, etc.
Le « devoir de mémoire » devient un mot d’ordre politique, éducatif et médiatique, porté par des lois, des commémorations, des discours officiels.

Bien que Paul Ricoeur, Henry Rousso et Sébastien Ledoux s’accordent sur la nécessité de distinguer mémoire et histoire, leurs approches diffèrent. Ricoeur adopte une perspective philosophique et éthique : il explore les tensions entre mémoire, oubli et pardon, tout en soulignant la fragilité du souvenir face au risque de manipulation. Rousso, historien, critique l’inflation mémorielle contemporaine et s’inquiète de l’injonction au devoir de mémoire, qu’il considère comme une menace pour l’autonomie de l’histoire. Ledoux, quant à lui, propose une analyse historique et sociologique du « devoir de mémoire », montrant qu’il s’agit d’une formule récente, issue de revendications identitaires et de politiques de reconnaissance. Ainsi, chacun éclaire à sa manière les enjeux liés à l’usage du passé dans nos sociétés.

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5
Q

Citation d’Ernest Renan, Qu’est ce qu’une Nation?

A

«la nation est un résultat historique»

Selon la conception du philosophe Ernest Renan (1823-1892), une nation est un “plébiscite de tous les jours”, c’est-à-dire que la volonté de vivre ensemble doit être sans cesse réaffirmée.

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6
Q

Max Weber, Économie et société (concernant l’autorité politique)

A

“L’autorité, c’est la capacité de faire accepter à autrui une décision, même contre sa volonté.”

Max Weber analyse l’autorité politique à travers trois types principaux de légitimité :
- L’autorité traditionnelle, fondée sur les coutumes et les pratiques ancestrales ;
- L’autorité charismatique, qui repose sur la dévotion envers un leader exceptionnel ;
- L’autorité rationnelle-légale, caractéristique des sociétés modernes et des bureaucraties, où la légitimité de l’autorité repose sur des normes juridiques et des règles établies.

Weber soutient que l’État moderne est principalement fondé sur cette dernière forme d’autorité, où les individus obéissent non pas à un individu ou une tradition, mais à des règles impersonnelles et légales. Cette analyse permet de comprendre comment l’autorité politique s’exerce et devient légitime dans différentes configurations sociales et historiques.

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7
Q

Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, 1995

A

Le renforcement des mécanismes de démocratie directe comme le référendum et le débat public ou les budgets participatifs est à même d’améliorer le sentiment d’implication des citoyens.

Pour ce faire, la modification de l’article 11 de la Constitution pourrait s’avérer pertinente afin de simplifier le recours au RIP puisqu’aujourd’hui des électeurs peuvent soumettre à référendum une proposition de loi si 1/10ème des citoyens inscrits sur les listes électroales sont soutenus par 1/5ème des membres du parlement. Cependant, ces conditions strictes devraient être assouplies afin qu’un référéndum puisse aboutir. En effet, aucun RIP n’a abouti ajr en France. Ainsi, le peuple-souverain serait valorisé à l’échelle nationale.

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8
Q

Gérald Bronner, La démocratie des crédules 2015

A

La vision que l’on a de l’opinion publique est faussée par le fait que les réseaux sociaux, l’algorithme, est tel que l’avis du spécialiste vaut autant que celui du profane, ce qui incite le premier à quitter cette espace.
Par conséquent, des robots qui publient une opinion avec des centaines de comptes peuvent laisser croire que l’opinion publique penche de tel ou tel côté, sans que cela ne soit le cas.

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9
Q

Gilles Lipovetsky, l’ère du vide 1983

A

Avec l’avènement de la société contemporaine, hypermoderne, émerge une nouvelle morale, qu’il qualifie “d’égoïste et indolore” en ce qu’elle conduit l’individu à refuser tout sacrifice au profit de son épanouissement personnel. En témoigne la Déclaration d’indépendance américaine du 4 juillet 1776 qui consacre le droit à la poursuite du bonheur en tant que DF de l’individu.

L’individualisme démocratique contre lequel Tocqueville mettait la démocratie libérale en garde, à atteint des niveaux qui rendent extrêmement difficile l’émergence de passions communes.

Propre au caractère humain, l’égoïsme s’est développé dans la société moderne en raison de l’individualisme et de l’affirmation selon laquelle la primauté du bonheur et de l’intérêt personnels l’emporte sur le bien commun comme l’ont montré différents sociologues

En effet, toute passion individuelle est désormais légitime à être portée sur la place publique comme l’explique Gilles Lipovetsky dans l’ère du vide. Or, ces opinions sont extrêmement revendicatives et remettent en cause la légitimité de l’État dans sa mission de réaliser l’intérêt général.

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10
Q

Abraham Lincoln, 16 eme President des États Unis, lors de son discours à Gettysburg le 19 novembre 1863

A

«gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple» repris par la constitution du 4 octobre 1958, la démocratie ne peut être pensée sans l’opinion publique et populaire. Cependant celle-ci a été rationalisée par l’instauration de mandat représentatif et des processus de délégation à des institutions indépendantes.

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11
Q

Sieyès, mandat impératif, et Rousseau (Le contrat social 1762)

A

À la suite des travaux de siéyès, la, DDHC 1789 et l’article 27 de la constitution de 1958, déclarent que tout mandat impératif est nul alors même que certains philosophes des lumières, comme Rousseau, dans le contrat social de 1762, considéraient qu’il s’agissait d’une condition impérative à tout système démocratique. Cependant, le mandat représentatif s’est imposé car il permet de stabiliser les choix réalisés par le peuple.

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12
Q

Platon, La république, concernant l’opinion publique

A

Platon insiste sur le danger de l’opinion publique, en rappelant la condamnation à mort injuste de Socrate

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13
Q

Victor Hugo, actes et paroles

A

«l’égoïsme social est un commencement de sépulcre»

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14
Q

La loi Hirsch de 2010

A

Cette loi a créé le service civique qui est un exemple de politique publique s’attachant à encourager l’épanouissement individuel dans le service de l’intérêt général.

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15
Q

Marcel gauchet, comprendre le malheur français, 2016

A

Il déplore l’oubli contemporain des obligations du citoyen au profit des seuls, droits de l’homme.

Selon lui, la société moderne s’est progressivement centrée sur les droits individuels, notamment les droits de l’Homme, en mettant de côté les responsabilités et obligations collectives. Il considère que cette évolution a affaibli le lien social et la cohésion communautaire, en privilégiant une vision atomisée de l’individu plutôt qu’une conception plus collective et solidaire de la citoyenneté. Pour Gauchet, ce déséquilibre conduit à une perte de repères et à un affaiblissement de la démocratie, qui repose sur des obligations réciproques entre les citoyens et la société.

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16
Q

Dominique Schnapper, l’Esprit démocratique des lois, 2014

A

Le renforcement des préoccupations individuelles favorise la multiplication des revendications personnelles. Cette «révolution» est un symptôme de l’évolution de nos démocraties contemporaines, qui courent le risque de l’égalité extrême.
Ainsi, la multiplication des revendications du droit au bonheur individuel et patente, et il appartient à l’état d’y satisfaire, notamment par l’octroi de nouveaux droits aux citoyens

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17
Q

Pierre Rosanvallon, l’Etat en France de 1789 à nos jours, 1990

A

Il analyse la mutation de l’État français depuis la révolution française, en insistant sur son rôle structurant dans la société. Il montre comment, après la révolution française, l’État devient «instituteur du social» en assurant la mission de structurer et encadrer les liens sociaux. L’Etat deviendrait un “Etat protecteur”.

Progressivement avec les crises économiques et sociales du XXe siècle, cette fonction évolue vers celle d’un État-providence, garant de la redistribution des richesses et de la protection sociale des citoyens, ce qui illustre le passage d’un état organisateur à un état protecteur, marquant une nouvelle étape dans le contrat social entre gouvernants et gouvernés.

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18
Q

Le Léviathan, Hobbes, avril 1651

A

“La crainte de la punition est la base de l’autorité.”

L’état de nature, s’il est une vue de l’esprit, exprime l’incapacité des êtres humains à s’entendre en l’absence de tiers, dont le rôle est de mettre un terme à la guerre de tout contre tous.
La puissance publique est cette force surplombante, sans laquelle la coexistence Pacifique des intérêts privés serait impossible. En pratique, l’État est donc souvent conduit à méconnaître le bonheur des citoyens au nom de l’intérêt général.

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19
Q

Hannah Arendt, Condition de l’Homme moderne, 1958

A

Elle rappelle que la politique doit être action, et que vivre dans une polis signifie que «toute décision se prend par la parole et la persuasion» et non par la violence et la force.

Elle décrit la modernité comme correspondant à la société de masse, de consommation. En ce sens, elle critique l’essor du social et de l’économique et dénonce la disparition de la sphère publique au profil de la sphère privée.

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20
Q

Vanessa Springora, Le consentement, 2020

A

«Pour prendre le chasseur à son propre piège, il faut l’enfermer dans un livre»

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21
Q

Karl Marx, Le capital 1867

A

Il réfute l’existence d’un consentement des salariés et ouvriers dans le capital, arguant au contraire, d’un rapport de domination de la classe bourgeoise, qui détient les moyens de production, et corrélativement, la soumission de la classe ouvrière dont le consentement se verrait, contraint par des nécessités alimentaires.

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22
Q

Roman de Nicolas Mathieu, leurs enfants après eux, 2018

A

Il montre la difficulté de la solidarité entre génération dans une société marquée par le déclin économique. Les parents, souvent désillusionnés , soutiennent leurs enfants, tout en peinant à comprendre leurs aspirations. Ce roman explore les tensions et incompréhensions familiales, tout en révélant le poids des héritages sociaux sur les trajectoires individuelles.

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23
Q

Simone Veil, une vie, 2007

A

Elle témoigne des répercussions antisémites en France avec sa désertion, dès 1941, les juifs sont éloignés de l’enseignement alors que l’école est le vecteur privilégié de diffusion de valeur et de maintien du lien social.

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24
Q

Marcel Plagnol, l’eau des collines, 1962
Composé de «Jean de florette» tome 1 + «Manon des sources» tome 2

A

L’histoire se déroule dans un village du sud de la France, à la fin de la Première Guerre mondiale, autour d’un bien précieux en Provence : l’eau.

Jean de Florette hérite d’une ferme en Provence, mais la source est sabotée par Ugolin et César qui veulent s’approprier la terre. Jean meurt d’épuisement, et Ugolin rachète la ferme. Sa fille Manon découvre la vérité et se venge en coupant la source du village. L’instituteur, représentant des « hussards noirs » de la République, soutient Manon et porte la vérité, jouant un rôle clé dans la justice morale qui se rétablit. Cette histoire mêle tragédie familiale, lutte pour l’eau et rôle éducatif dans la transmission de la vérité.

Il met en exergue le rôle des hussards noir dans la promotion des valeurs universelles. En effet, il esquisse le passage de l’église à l’école par la transmission de telles valeurs. Ainsi, ce n’est plus le curé, mais l’instituteur qui vient en aide à Manon, après que les villageois aient tari la source d’eau du domaine de son père, la conduisant à la mort. Finalement, l’État est capable de mettre en place des mécanismes visant à protéger les valeurs universelles.

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25
Victor Hugo, le dernier jour d’un condamné, Fevrier, 1829
Hugo se livre à un véritable plaidoyer contre la peine de mort. François Mitterrand fera allusion à cet œuvre à l’occasion de son discours sur l’abolition de la peine de mort en 1981. Les valeurs universelles enracinées dans la république traversent ainsi les siècles. "Pas de bourreau où le géôlier suffit". L’abolition de la peine de mort, en France par exemple, se fera par étapes : avec la loi du 9 octobre 1981, un long combat raconté magnifiquement par son premier artisan, l’ancien garde des sceaux Robert Badinter dans L’abolition (2000). La loi constitutionnelle du 23 février 2007 qui créé le nouvel article 66-1 : « Nul ne peut être condamné à la peine de mort. ».
26
Hubert Beuve Mery, fondateur du journal Le Monde
« La radio annonce, la télévision montre, la presse l’explique »
27
Tableau d’Edouard Hooper, Les oiseaux de nuit
Dans un cadrage presque cinématographique, il est possible d’observer, sous les néons d’un dinner tristement éclairé, un individu à table, mais seul. Édouard Hooper représente l’individualisme qui caractérise la société américaine.
28
De la démocratie en Amérique, Alexis De Tocqueville, 1835 (2 idées)
« la presse met à la disposition des mêmes hommes, une multitude d’idées, elle leur apprend ce que font les autres, les met en état de se prêter un appui mutuel, elle les force enfin à marcher de concert » tome 2, chapitre 6. La presse est un vecteur de cohésion sociale et politique, permettant de dépasser l’individualisme en reliant les citoyens à une communauté plus large. La démocratie isole l’individu de ses contemporains, lui cache ses aïeux, l’éloigne de ses descendants, car elle repose sur la primauté de l’individu, ce qui peut affaiblir les liens collectifs. + Pour Tocqueville, l’individualisme dans les démocraties modernes est à la fois une bénédiction (car il permet l'autonomie et la liberté) et une malédiction (car il peut isoler les individus et affaiblir la société civile). Il met en garde contre le risque que l'individualisme mène à un repli sur soi et à une centralisation de l'État, et plaide pour un équilibre entre la liberté individuelle et l’engagement civique, favorisé par les associations, l'église, la famille (= organisations intermédiaires). + "Pour combattre les maux que l'égalité peut produire, il n'y a qu'un remède efficace, c'est la liberté politique" en permettant aux individus de préserver leur autonomie et leur capacité à participer activement à la vie politique.
29
Jaime Semprun, L’abîme se repeuple, 1997
Les siècles passés ont tous été traversés par des questions fondamentales : au XVIIIe siècle, l’enjeu était de trouver le meilleur mode de gouvernement, au XIXe siècle, il s’agissait de réintégrer les ouvriers issus de la révolution industrielle ; tendit qu’au XXe siècle, ce sont les questions nationales qui ont ensanglanté l’Europe. Aujourd’hui, nombreux sont ceux soutenant que l’enjeu de notre siècle est celui que pose la question écologique. Néanmoins, comme le relève, Jaime Semprun dans son ouvrage, l’abîme se repeuple, la question écologique n’est pas l’unique défi de notre temps…
30
Klaus Welle, ancien secrétaire, général du parlement européen, « la grande inquiétude des intellectuels » le 26 avril 2024, dans le monde :
Les parties extrémistes essaient de détruire le système établi après 1945, basé sur l’intégration européenne, la coopération transatlantique et la démocratie pluraliste et parlementaire
31
Zaki Laïdi, La norme sans la force, l'énigme de la puissance européenne
L’Europe ne sera jamais une grande puissance car il lui manque deux éléments : le démos (un véritable peuple européen) et un pouvoir de coercition militaire. L'Europe ne s'est jamais pensée comme une grande puissance, tropisme commercial dans l'Europe depuis le début. + Crise des subprimes : bien que la zone euro soit présente, aucune coordination entre les Etats et pas de solidarité non plus.
32
Gauchet, le désenchantement du monde, 1985
Le christianisme et la religion de la sortie de la religion, car celui-ci a donné des armes aux hommes pour penser contre la religion. La religion ne remplit plus son rôle normatif d’origine dans l’organisation de la société.
33
Foucault, développe son concept de biopouvoir dans plusieurs cours du collèges de France et notamment :
- "Il faut défendre la société" (1976) : Ce cours marque une introduction au concept de biopouvoir, où Foucault explore la manière dont le pouvoir s'exerce sur les populations à travers des mécanismes qui visent à réguler la vie biologique, comme les politiques de santé, la natalité ou la gestion des corps. - "Histoire de la sexualité, Tome 1 : La volonté de savoir" (1976) : Foucault y élabore une synthèse du biopouvoir en lien avec la sexualité, montrant comment les discours sur le sexe et les politiques de reproduction sont des outils clés de gestion des populations. Le biopouvoir, selon Michel Foucault, est une forme de pouvoir qui s'exerce sur la vie, en particulier sur les populations. Contrairement au pouvoir classique des souverains, qui se concentrait sur le droit de donner la mort ou de punir, le biopouvoir se concentre sur la gestion et le contrôle de la vie. Le biopouvoir se situe à l'intersection de la politique, de la médecine et de la société, marquant une transition du pouvoir centré sur la souveraineté à une gestion diffuse de la vie humaine L'autorité n'est plus l'apanage d'un individu mais se manifeste par des pratiques qui organisent le quotidien des individus, l'école, la prison, l'hôpital.
34
"Être ou ne pas être ?"
1ère scène de l'acte III de la pièce de Shakespeare de 1603, Hamlet se montre d'une inquiétante indécision.
35
L'étude "fracture française" de 2023, IPSO, Cepivof ++ Baromètre de la confiance politique Cevipof vague 16
Sentiment de déclin de la France pour 82 %. La nostalgie est forte, c'était mieux avant. L'étude mais ainsi a mal l'idée de trois frances qui coexistent : celle de la peur, de la colère et de l'optimisme, l'image de la tripartition de la vie politique. En France, le baromètre de la confiance politique du Cevipof (vague 16, février 2025) montre qu'une majorité de citoyens disent désormais vouloir un vrai chef qui remette de l'ordre. La montée de l'extrême droite en est la principale conséquence.
36
Conférence de Yalta en février 1945
A réuni les dirigeants des États-Unis, du Royaume-Uni, et de l'union soviétique pour discuter de l'avenir de l'Europe après la défaite imminente de l'Allemagne nazie. L'un des principaux résultats : le partage de l'Europe en sphère d'influence. L'union soviétique a obtenu la permission d'établir son contrôle sur les pays d'Europe de lest, y compris la Pologne, ce qui a conduit à la la perte de souveraineté pour eux.
37
L'otium du peuple, Jean Miguel Pire, janvier 2024
S’inspirant de la notion d’otium dans la Rome antique — ce temps libre dédié à la réflexion et à l’élévation de l’esprit — Jean Miguel Pire plaide pour une réhabilitation de cette pratique dans nos sociétés contemporaines. Loin d’être un loisir futile ou un moment perdu, ce temps de recul est, selon lui, essentiel à l’épanouissement collectif. Dans un monde soumis à une cadence effrénée et à l’injonction de productivité, il devient urgent de redonner de la valeur à ce temps de réflexion, trop souvent relégué au rang de luxe inutile. Pire défend une vision du temps libre comme un levier d’émancipation individuelle et de transformation sociale, où le bien-être et la qualité de vie priment sur les impératifs économiques.
38
Le cylindre de Cyrus
Actuellement, détenu par le British Museum, est considéré comme la plus ancienne déclaration des droits de l'homme au monde. Elle a été écrite après la conquête de Babylone en 539 av. J.-C..
39
Frédéric Rouvillois, l'invention du progrès, 2010
Le progrès technique (de Progressus, la marche en avant) est une fin en soi, il ne connaît aucune limite. Il est fondé sur l'idée que "le passé est par essence inférieur au présent, comme celui-ci l'est à l'avenir"
40
Hannah Arendt, La crise de la culture, 1961 (pour la notion de culture mais aussi la notion d'autorité + famille)
La culture est devenue un bien de consommation comme un autre. L'homme de masse ne recherche pas la culture, mais les loisirs. En tant que citoyen, le savant peut s'inquiéter du développement scientifique, mais il est impuissant à le freiner. Le recours à la bombe d'Hiroshima, en constitue une illustration effrayante. Si, à chaque époque, correspond à un type d'autorité, c'est que la notion d'autorité est historique et vouée au déclin. Selon Arendt, l'autorité est la capacité de se faire obéir, sans recourir à la force, mais par la force des arguments, la remise en cause de l'autorité s'est faite au nom d'une conception moderne de la liberté. Elle se transmet par la tradition et s’incarne dans des institutions ou des figures légitimes. Contrairement à la violence, qui impose par la force, l’autorité invite à l’obéissance libre, parce qu’elle est perçue comme juste et nécessaire. Arendt souligne cette différence dans La Crise de la culture (1961) : « L’autorité, si elle veut exister, doit reposer sur quelque chose qui n’est pas la force, mais la reconnaissance. » + Dans "La crise de l'éducation" : la famille a une "fonction pré-politique". La famille permet à l’enfant d’évoluer vers le statut d’adulte. Cette éducation va déterminer le comportement qu’il adoptera en société. Or, la crise de la société, et notamment de l’exercice de l’autorité, est de nature à affaiblir durablement cette fonction de transmission de valeurs par la famille
41
Heidegger, la question de la technique, 1953
L'homme disparaît en tant qu'humain et devient un outil au service des machines. Un outil de plus en plus performant mais dont on maîtrise de moins en moins le fonctionnement. L'homme se trompe quand il pense que la technique est bonne ou mauvaise en fonction de l'usage que l'on en fait. L'homme au service de la technique. La technique n'est donc pas un progrès qui libère l'homme mais l'aliène.
42
Du contrat social, Rousseau, 1762
Rousseau formule le principe fondamental de la légitimité politique : « L'homme est né libre, et partout il est dans les fers » (Livre I, Chapitre 1). Il expose que la liberté individuelle ne peut se réaliser pleinement que par l’adhésion à un contrat social où chacun accepte de subordonner ses volontés particulières à la volonté générale, celle du peuple souverain. Le contrat social, selon Rousseau, transforme la liberté naturelle en liberté civile, en créant des lois qui sont l'expression de l'intérêt commun. Par cet ouvrage, Rousseau ouvre la voie à une réflexion sur la démocratie directe et la légitimité du pouvoir.
43
François Guilluy, fracture française, 2013
Le citoyen français est également exclu de la vie civique en raison de son éloignement géographique des lieux d'échange. L'auteur révèle qu'une partie de la population, en raison de la pression foncière, a été contraint de s'éloigner des centre-ville pour s'installer dans ce qu'il nomme les "territoires périphériques". Cela induit un sentiment d'exclusion qui conduit nécessairement au déclin de la citoyenneté.
44
Tableau peint par Jacques-Louis David , en 1792, le serment du jeu de paume
La volonté des révolutionnaires de 1789, et celle d'une égalité et d'une démocratie dans laquelle ils pourraient effectivement participer à la vie politique et civique. Le 20 juin 1789, le tiers-État et le clergé font le serment de ne pas se séparer avant d'avoir voté une constitution. Dans ce tableau, se dégage l'unanimité qui unissait les membres de l'assemblée qui est d'une volonté de devenir citoyen français. Ce sera parachevé le 26 août 1789 par l'adoption de la DDHC qu aujourd'hui fait partie du bloc de constitutionnalité depuis la décision du conseil constitutionnel, liberté d'association du 16 juillet 1971.
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Athènes, berceau de la démocratie au Ve siècle avant Jésus-Christ
Athènes, c'est le citoyen athénien qui était au cœur de la vie politique et civique. Les réformes successives de Clisthène et Solon ont conduit à instaurer une démocratie directe. C'est à l'Ecclesia que les citoyens prenaient part à la décision. La démocratie athénienne reposait sur trois fondements : - l'isonomie = égalité des citoyens devant la loi - l'iségorie = possibilité de prendre la parole devant l'assemblée - la stochocratie = tirage au sort des magistrats Le citoyen prenait donc pleinement part à la prise de décision et la participation de tous.
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Pierre Cahuc et Yann Algan, la société de défiance, Comment le modèle social français s’autodétruit, 2007
Ils avancent l'idée selon laquelle les citoyens n'ont plus confiance dans leurs représentants, en raison, notamment des différentes polémiques qui ont pu émerger à leur encontre. Les questions de confiance prennent une place importante dans l’analyse des rapports sociaux et sur la manière dont les citoyens jugent leurs représentants et les institutions. Cette défiance entrave la coopération sociale et économique, ce qui affaiblit les mécanismes de solidarité et compromet la pérennité du modèle social français. Selon eux, rétablir la confiance est indispensable pour revitaliser les institutions et assurer une meilleure cohésion sociale. Comme le disait Georg Simmel, « celui qui sait tout n’a pas besoin de faire confiance. Celui qui ne sait rien ne peut raisonnablement même pas faire confiance » (Sociologie. Études sur les formes de socialisation, 1908). L’éducation est donc importante pour transmettre certaines valeurs.
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Pierre, Rosanvallon, la démocratie inachevée, histoire de la souveraineté du peuple en France, 2000
Une démocratie saine repose sur une presse libre, mais nécessite des contres pouvoirs capables de garantir son éthique. La démocratie devient illibérale niant les libertés publiques sous prétexte de paralyser l'expression libre et immédiate de la volonté générale. Il souligne la nécessité d'adapter constamment la démocratie aux réalités changeantes de la société
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Mireille Delmas Marty, résister, responsabiliser, et anticiper, 2013
Elle plaide pour une globalisation régulée qui prend en compte à la fois les défis éthiques et juridiques du monde contemporain. Elle insiste sur la nécessité de résister aux dérives de la mondialisation, de responsabiliser les acteurs économiques et politiques, et d'anticiper les conséquences des transformations sociales et économiques. L’auteur propose une vision de la globalisation fondée sur le respect des droits fondamentaux et sur un système juridique international coopératif, capable de répondre aux crises actuelles tout en préservant les équilibres mondiaux. Mireille Delmas Marty souligne les contradictions de la mondialisation. La logique libérale, marquée par la compétition et la performance prédomine sur la logique humaniste, marquée par le partage et la solidarité. Elle appelle à une résistance contre les dérives de la globalisation sauvage qui exacerbe les inégalités et injustice. Responsabilisation collective pour un développement durable et équitable. Droit global = capable de concilier efficacité, économique et respect, respect des droits humains
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Charles Baudelaire, le peintre de la vie moderne
Il considère que le monde est en constante évolution, parce que le concept de modernité n'a pas de limite. Baudelaire met en lumière l’importance de la sensation immédiate et de la vitesse du changement, deux caractéristiques de la modernité, qu’il oppose aux idéaux classiques de l’art intemporel. Ce texte propose une réflexion sur la tension entre l’éternel et le passager dans l’art et la société modernes.
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Le conseil national de la productivité a publié son quatrième rapport en octobre 2023
Il présente les causes ayant un impact négatif sur la productivité française. Que ce soit sur la délocalisation ou le taux d'emploi, il s'agit d'évaluer une performance française. Aujourd'hui, de nombreux indicateurs permettent d'interroger les effets de la portée d'un culte de la performance (= Alain Ehrenberg) Il met en lumière une stagnation de la productivité du travail depuis plus de dix ans, avec une croissance annuelle moyenne de seulement 0,6 % entre 2010 et 2019. Le rapport note également une importante disparité sectorielle, avec des secteurs comme l'industrie et les services marchands affichant des performances divergentes. Une enquête menée dans le rapport révèle que 55 % des entreprises jugent les crises économiques comme un frein à l'investissement en productivité. Par ailleurs, la transition climatique apparaît comme un enjeu majeur : près de 72 % des dirigeants estiment que l'efficacité énergétique est essentielle pour améliorer la compétitivité tout en réduisant la dépendance aux matières premières.
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Penser la loi, sur le législateur des temps modernes, Denis Baranger
Une crise de légitimité affecte les auteurs de normes, elle vise les élites. Cette remise en cause de l'aptitude et de la légitimité du parlement à édicter des lois, touche profondément, la loi elle-même puisqu'elle conduit à remettre en cause son autorité. Il ne paraît plus aussi essentielle de lui obéir. Parallèle avec : Jean-Claude Farcy, histoire de la France : 1789, à nos jours : crise de la représentation = mouvement général de défiance de la population française à l'égard des élites.
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Kafka, le procès, 1925
Kafka souligne les dangers de normes multiples, incohérentes, inintelligibles pour les libertés (bureaucratie kafkaïenne)
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Michel Foucault, surveiller et punir, 1975 (3 idées distinctes)
Foucault avait montré que la discipline est un art de multiplier les normes, afin de contrôler le moindre geste du sujet. Il débusque dans l'injonction à la transparence, une aspiration à la surveillance. Le modèle du panoptique pénitentiaire vanté par Jérémy Bentham pour optimiser la gestion carcéral s'est généralisé à l'ensemble de la société = société de surveillance. + Savoir et pouvoir sont intrinsèquement liés. A partir du XIX ème siècle, les institutions (écoles, prisons, hôpitaux) utilisent des savoirs spécialisés pour observer, classifier et normaliser les individus. Le pouvoir ne repose pas seulement sur la contrainte, mais sur des dispositifs qui façonnent les comportements. Le savoir n'est jamais neutre, il est instrument du pouvoir disciplinaire. À partir du XIXe siècle, ce qui détiennent le savoir, détiennent aussi le pouvoir (autorité et libertés) + Face au risque d’épidémie, Michel Foucault montre dans Surveiller et punir que le pouvoir doit évoluer pour mieux contrôler les comportements individuels et collectifs. Le risque n’est plus seulement une menace immédiate : il devient un enjeu d’organisation sociale. Afin d’empêcher la contagion, les autorités mettent en place des mesures de confinement, de surveillance systématique et de contrôle des déplacements. Cette réponse n'est pas ponctuelle ; elle structure durablement les institutions. Foucault souligne que l’épidémie agit comme un révélateur du fonctionnement du pouvoir moderne : face au risque, le pouvoir doit anticiper, surveiller, corriger. Cela aboutit à une nouvelle manière d’exercer l’autorité : moins spectaculaire que les châtiments publics, mais beaucoup plus diffuse et omniprésente. Le risque devient ainsi un levier pour justifier l’organisation d’une société disciplinée, où la protection collective impose des contraintes individuelles permanentes. Autrement dit, pour Foucault, la gestion du risque est au cœur de la naissance du pouvoir disciplinaire : elle transforme la manière dont l’État exerce son autorité, en mettant en œuvre des techniques de surveillance, de normalisation et de régulation sociale.
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Thomas Piketty, le capital au XXIe siècle 2013
Les inégalités ne cessaient d'augmenter et que cette augmentation prenait quasiment une allure exponentielle, y compris en France, alors que les normes de régulation et de redistribution sont nombreuses. Or, le « nouvel âge des inégalités », pour reprendre le titre éponyme d’un essai de Jean-Paul Fitoussi et Pierre Rosanvallon (1995), traduit une plus grande sensibilité aux injustices. Ces différentes fractures donnent naissance à un sentiment de mépris (Pierre Rosanvallon, Les épreuves de la vie. Comprendre autrement les Français, 2021) et d’inutilité. Le mouvement des gilets jaunes en constitue un singulier exemple.
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Métaphysique des sexes, Sylviane Agacinski, 2005
Elle a démontré que la pensée occidentale a été profondément marquée par une construction grecque et chrétienne présupposant une supériorité de l'homme sur la femme.
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Le décalogue
C'est un code éthique, délivré par Dieu à Moïse (révélation divine). Code formé par les 10 commandements (tu ne tueras point, un seul dieu, tu adoreras et aimeras parfaitement)
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Podcast, Qu'est ce que l'écologie profonde ? Kosmos sur la peur
Hans Jonas, Le principe responsabilité, publié en 1979. Ce livre comprend un chapitre intitulé Eurystique de la peur : pour que les gens comprennent les dangers qui pèsent sur l'environnement, il faut leur faire peur. Sinon, ils ne comprennent pas. La peur a donc une vocation pédagogique. L'enjeu du catastrophisme, c'est la critique de la modernité sous 2 aspects fondamentaux : le libéralisme économique et politique. En clair, il faut donc avoir peur des conséquences de notre modèle économique c'est-à-dire le marché, la libre production et la libre consommation. Ensuite, il faut avoir peur de notre modèle politique, c'est-à-dire cette fois de la démocratie, laquelle implique l'égalité entre les citoyens, et donc le même droit pour chacun de consommer de la même manière. ce qui pose forcément un problème dans un monde où vivent plusieurs milliards d'individus. Par "écologie profonde" on entend alors une rupture radicale avec tout ce qui fait la modernité, à commencer par la notion de croissance économique. Cette tendance plaide pour un net retour à la nature, la décroissance et une redéfinition des besoins de chacun. La priorité n'est pas dans le bien-être humain, mais dans celui de la nature, considérée comme une personne : nom mythologique de Gaïa, la terre, qui est aussi la mère nature. Face à eux : les "écologistes réformistes" pour qui la société de marché doit être conservée et aménager, afin de concilier les exigences actuelles de la croissance et dans le même temps, les besoins des générations futures = développement durable c'est-à-dire à la fois le développement et la préservation des ressources dans le temps. leur priorité = l'homme qu'il faut sauver. La q° est de savoir si le monde est meilleur avec ou sans l'humanité. Avec le discours écologique, la nature prime sur l'homme, quitte à remettre en cause tous les acquis de l'humanisme. Pour Hans Jonas, imposer des décisions impopulaires, pour faire respecter les droits des générations futures, passe nécessairement par ce qu'il appelle une tyrannie bienveillante c'est-à-dire que le droit des individus serait le prix à payer pour faire respecter celui de l'humanité elle-même. Avons-nous le droit d'être inhumain pour que des humains restent sur terre ? Entre la démocratie et la survie de l'humanité, c'est la 1ère qu'il faudrait sacrifier selon lui.
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René Girard, dans La violence et le sacré (1972)
Il explore la notion de désir mimétique, qui est à l’origine des conflits violents dans les sociétés humaines. Selon lui, les individus imitent les désirs des autres, créant ainsi des rivalités et des tensions qui se concentrent sur les mêmes objets ou objectifs. Ce désir convergent mène inévitablement à des conflits, qui peuvent dégénérer en violence. Girard affirme que, face à cette menace de désintégration sociale, les communautés résolvent le chaos par le biais d’un bouc émissaire, une victime expiatoire sur laquelle toutes les violences sont projetées. Ce mécanisme permet d’instaurer une catharsis, en évacuant les pulsions violentes et en rétablissant, temporairement, l’ordre social. Le châtiment judiciaire arrête le cycle de la violence : au terme d'un procès dont les règles sont déterminées par avance, la justice apaise la société en désignant un coupable au lieu de sacrifier un innocent.
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Les Origines du totalitarisme (1951), 3ème tome = Le système totalitaire, Hannah Arendt
Elle analyse les mécanismes de domination propres aux régimes totalitaires et souligne que dans ces systèmes, chaque individu devient une victime potentielle. Elle explique que le simple fait d’exister, sans exprimer de résistance active, peut suffire à être perçu comme une menace ou une opposition. Dans ce contexte, la violence devient un moyen de contrôle systématique, où l’arbitraire et la peur d’être désigné comme ennemi du régime rendent chaque citoyen vulnérable. Arendt nous met en garde contre l’effacement de la distinction entre pouvoir et violence, une dynamique qui fragilise la liberté et l’individualité.
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François Azouvi, Du héros à la victime, la métamorphose du sacré (2024)
François Azouvi analyse la transformation du rôle du héros dans nos sociétés contemporaines, en mettant en lumière la montée en puissance de la figure de la victime. Selon lui, cette évolution reflète un changement dans les valeurs sociales, où la victime est désormais perçue comme un modèle de dignité et de rédemption, au détriment de la figure héroïque qui représentait autrefois la force et l’action. Azouvi explore ainsi la "métamorphose contemporaine du sacré", où la victimisation devient un moyen de légitimation sociale et politique, modifiant profondément notre rapport à la justice, à la souffrance et à l’identité collective. + le retrait du religieux dans sa forme institutionnelle. La victime a pu ainsi être sacralisée au point d’incarner, dans nos sociétés sécularisées, le Vrai et le Bien. Son règne marque la métamorphose du religieux en sacré. Plaque commémorative d'Arnaud Beltrame inaugurée à Paris en 2020 le mentionne comme "victime de son héroïsme".
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La Concurrence des victimes (2002), Michel Chaumont
Il analyse la manière dont les victimes, particulièrement celles de violences et d'injustices, occupent une position privilégiée dans l'espace public. Chaumont remarque un phénomène de "concurrence des victimes", où différentes catégories de victimes, qu'elles soient sociales, politiques ou individuelles, revendiquent une reconnaissance légitime de leur souffrance et de leurs droits. Cette concurrence s'accompagne d'une compétition pour obtenir un statut symbolique et une réparation. En ce sens, la victimisation devient un moyen d'accéder à des ressources sociales, politiques ou juridiques, souvent au détriment d'autres catégories de victimes ou de personnes moins visibles. Un autre point clé dans l'ouvrage est la manière dont la victimisation, dans ce contexte, est instrumentalisée, parfois perçue comme une forme de capital social ou de pouvoir. Cela conduit à une nouvelle hiérarchie des victimes, où certaines souffrances ou injustices sont considérées comme plus légitimes ou plus urgentes que d'autres. En résumé, Chaumont démontre que la place de la victime dans la société contemporaine est complexe et ambivalente, où la victime devient à la fois un acteur privilégié et un acteur parfois exploité dans une compétition pour la reconnaissance et la réparation
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Marcel Gauchet, La Démocratie contre elle-même : La politique en décomposition, 2007
La victimisation, devenue une figure centrale dans l'espace public conduit à une dépolitisation des enjeux sociaux. Selon lui, l'accent mis sur la reconnaissance des souffrances individuelles et des droits de la victime, renforce une logique d'individualisation, déviant ainsi les objectifs collectifs de de justice et de réconciliation. Fragmentation de la société, affaiblis, l'idée de solidarité et compromis. L'idéal démocratique de responsabilité partagée.
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Karl Polanyi, La Grande Transformation (1944)
- le desencastrement de la sphère marchande qui s’autonomise du politique et du social, promeut l’individu et son intérêt. Karl Polanyi montre que le capitalisme, loin d’être une nécessité naturelle, est une construction historique résultant du désencastrement progressif de l’économie des autres sphères sociales. Il remonte jusqu’au XVe siècle pour démontrer que l’émergence du marché comme entité autonome est liée à des interventions humaines, notamment étatiques, visant à organiser et stabiliser ce système. Polanyi souligne que ce n’est pas le marché mais ces interventions qui sont spontanées, l’économie de marché étant une invention spécifique à l’Occident. En analysant les effets destructeurs du marché sur les rapports sociaux et les ressources naturelles, il fournit une critique essentielle au capitalisme moderne. L’exemple des zadistes, qui défendent des modes d’organisation planifiés et solidaires, illustre cette idée que d’autres systèmes, où l’économie est réintégrée aux relations humaines et écologiques, sont possibles et existent encore.
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Vilfredo Pareto, de l’école italienne de sociologie des élites
Toute organisation humaine suppose une hiérarchie : il n’existe pas de pouvoir sans élite. Vilfredo Pareto, sociologue et économiste italien, développe dans sa théorie des élites l’idée selon laquelle aucune élite ne peut conserver indéfiniment le pouvoir. Il parle ainsi de la « circulation des élites », un renouvellement inévitable qui empêche toute aristocratie de perdurer éternellement. « L’histoire humaine est un cimetière d’aristocraties », écrit-il, soulignant que chaque élite finit par décliner et laisser place à une nouvelle. Pareto adopte une philosophie de l’équilibre : une élite doit être suffisamment fermée pour maintenir son autorité, mais assez souple pour comprendre les évolutions de la société et intégrer de nouveaux membres. Sans cette capacité d’adaptation, elle sombre dans la décadence. En ce sens, l’élite repose sur la logique de la distinction : elle se définit par sa compétence et sa légitimité à occuper une place d’exception.
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Un président ne devrait pas dire ça… Livre de Fabrice Lhomme et Gérard Davet, 2016
"La justice française, institution de lâcheté" Ce livre met en lumière les ambiguïtés du pouvoir en révélant les confidences de François Hollande, alors président de la République. Ce livre illustre les tensions inhérentes à l’exercice du pouvoir : la nécessité de la transparence face à l’exigence de secret, l’écart entre la parole publique et la parole privée, ainsi que la difficulté pour un dirigeant de concilier autorité et proximité. À travers cette plongée dans l’intimité du pouvoir, l’ouvrage souligne aussi la solitude du chef, confronté à la complexité du réel et aux contradictions de son propre discours. Cette fragilité du pouvoir politique, exposée par Hollande lui-même, témoigne des limites d’une fonction soumise à la fois à l’épreuve du temps, aux attentes de la société et aux jeux d’influence des élites. L’ouvrage montre aussi comment l’exercice du pouvoir est miné par la nécessité de composer avec les élites administratives, médiatiques et économiques, tout en cherchant à incarner une figure d’autorité légitime. Paradoxalement, en se livrant ainsi, Hollande dévoile la fragilité du pouvoir politique contemporain, tiraillé entre la volonté d’incarner une autorité forte et l’impératif démocratique d’ouverture et de communication.
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Technopolitique (2024), Asma Mhalla
Dans Technopolitique (2024), Asma Mhalla explore les conséquences démocratiques des transformations induites par les technologies numériques. Elle met en lumière l’émergence d’un "capitalisme de surveillance", où les grandes plateformes collectent et exploitent des données personnelles à des fins économiques et politiques. Par exemple, elle analyse l’influence de ces géants technologiques sur les élections démocratiques, citant le scandale Cambridge Analytica comme une illustration frappante de l’exploitation des données pour manipuler les opinions publiques. L’ouvrage insiste sur l’urgence de repenser la régulation des plateformes numériques pour préserver les libertés individuelles et contrer les dérives autoritaires liées à l’hégémonie technologique.
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Benjamin Constant, en 1819, dans De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes
La liberté des modernes réside dans la « jouissance paisible de l’indépendance privée »
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Le Chasseur dans la forêt, tableau peint par Caspar David Friedrich en 1814. (Il mesure 65,7 cm de haut sur 46,7 cm de large. Il est conservé dans une collection privée à Bielefeld).
Ce tableau illustre la sacralisation de la nature au XIXᵉ siècle. Dans cette toile, un chasseur solitaire, figure humaine réduite à l’impuissance, s’engouffre dans une forêt sombre et enneigée. La nature y apparaît comme une force sublime et absolue, suscitant à la fois admiration et effroi. Cette vision romantique, qui exalte la nature comme un refuge spirituel et un idéal supérieur à l’homme, a nourri des conceptions idéologiques plus tardives.
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Dans Walden (1854), ouvrage nourri de son expérience d'indépendance de la société quand il vit dans une cabane de 1845 à 1847, Thoreau
Thoreau critique l'accumulation de biens inutiles et appelle à une vie de simplicité : "Un Homme est riche de tout ce dont il peut se passer"
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Rosanvallon, Le siècle du populisme, 2020
Rosanvallon analyse le populisme comme une réponse aux dysfonctionnements de la démocratie représentative. Le populisme émerge quand les citoyens se sentent dépossédés de leur pouvoir par les élites perçues comme éloignées des préoccupations du peuple. Cette crise se traduit par une défiance envers les institutions traditionnelles et appelle à une démocratie plus directe et incarnée.
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Quinn Slobodian, dans Le Capitalisme de l’apocalypse (2022)
Il remet en cause l’idée d’une complémentarité entre capitalisme et démocratie. Cependant, Slobodian remet cette idée en cause en s'intéressant à une forme radicale du capitalisme qui cherche à se distancer des institutions démocratiques traditionnelles. Il analyse le crack-up capitalism, courant libertarien radical qui prône un monde post-national fondé sur des charter states, villes privées gouvernées comme des entreprises. Ces zones privées sont autonomes, basées sur des règles économiques de marché, et leurs dirigeants sont plus des PDG que des représentants élus. Cette vision, défendue de Hayek à Peter Thiel, s’oppose au récit dominant de l’après-Guerre froide, marqué par le triomphe du multilatéralisme et de la démocratie. Ce modèle s'oppose directement à la vision dominante qui a émergé après la Guerre froide, une époque marquée par le triomphe du multilatéralisme, de la démocratie libérale et de la mondialisation, où les nations et les institutions démocratiques ont joué un rôle central dans la gestion des relations économiques internationales et politiques. Le récit dominant de l'après-Guerre froide mettait en avant la prospérité et la paix mondiale permises par la coopération entre États démocratiques. Slobodian, en revanche, dénonce cette vision en montrant qu'un certain nombre de penseurs et de praticiens du capitalisme, à la fois intellectuels et acteurs économiques, cherchent à s'affranchir de l'État et des régulations démocratiques pour créer des systèmes où l'intérêt privé prime.
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Céline Spector, No demos, Souveraineté et démocratie à l'épreuve de l'Europe (2021)
La souveraineté peut être partagée entre le niveau communautaire et les Etats au sein d'une véritable République fédérative européenne. Elle soutient la nécessité d'accroitre les pouvoirs du Parlement, de rendre la Commission responsable devant le peuple = Véritable projet commun
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Pierre Manent, La loi naturelle et les droits de l’homme (2018)
Il souligne que l’érosion de l’autorité ne mène pas au chaos, mais accompagne l’extension des mécanismes démocratiques. Il montre que les sociétés modernes ne se fondent plus sur une autorité transcendante, mais sur une régulation par des normes abstraites. Une nouvelle figure symbolique émerge alors : celle des droits de l’Homme, qui devient la référence ultime légitimant les décisions politiques et juridiques, au détriment d’une véritable délibération collective sur le bien commun. L'horizon de la transformation de l'autorité réside, pour lui, probablement dans la cohabitation entre un approfondissement démocratique de toutes les formes institutionnelles et dans le maintien de grandes références d'autorité et de légitimité. Il existe dans notre société, dit-il, toujours autant de choses qui font autorité. S'il est vrai que la famille, l'école, l'État sont affaiblis, une « nouvelle grande figure symbolique émerge : la référence aux droits de l'homme, à l'humanité ». La délibération politique sur le bien commun est ainsi remplacée par l’application automatique de principes universels d’égalité et de liberté. Manent critique cette évolution : selon lui, la politique n’est plus vraiment un exercice de délibération collective, mais devient l’application automatique de principes abstraits censés s’imposer à tous. La démocratie n'est donc plus guidée par une recherche active du bien commun, mais par la protection individualiste de droits déjà définis.
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Pièce de théâtre, Et pendant ce temps Simone veille, Comédie bastille,
Et pendant ce temps, Simone veille ! retrace avec humour et pédagogie l’évolution des droits des femmes en France, de la domination patriarcale aux conquêtes féministes. À travers le regard de plusieurs générations, la pièce met en lumière les résistances aux avancées législatives et les stéréotypes persistants. Elle souligne que le progrès juridique ne suffit pas à garantir une égalité réelle, celle-ci étant sans cesse remise en question par les mentalités et les structures sociales. Par son ton léger mais engagé, la pièce rappelle que les droits des femmes sont le fruit d’un combat continu, loin d’être achevé.
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Pièce de théâtre, Les Téméraires
Les Téméraires explore deux grands combats pour la justice et les droits fondamentaux à travers les figures de Victor Hugo et de l’affaire Dreyfus. La pièce met en lumière le courage de ceux qui, au nom de la vérité et de la justice, osent défier l’ordre établi. En croisant ces deux luttes emblématiques, elle souligne la permanence des engagements contre l’arbitraire et l’injustice. Elle rappelle ainsi que la défense des droits n’est jamais acquise et qu’elle repose sur la ténacité de figures prêtes à affronter l’opinion dominante.
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Fragments, De Hannah Arendt, mise en scène Charles Berling
« L’essentiel pour moi, c’est de comprendre : je dois comprendre », dit Hannah Arendt. Pièce de théâtre, qui érige la culture et la faculté de réflexion au rang de besoins naturels et fondamentaux Fragments (Hannah Arendt) interroge la formation du citoyen et le rôle de l’éducation dans l’émancipation individuelle et collective. À travers la pensée d’Arendt, la pièce met en lumière l’idée que la citoyenneté ne se décrète pas, mais se construit par la réflexion et l’engagement. Elle questionne la manière dont les sociétés forment – ou entravent – l’esprit critique, soulignant que la démocratie repose sur des individus capables de juger par eux-mêmes. En confrontant pensée et action, Fragments rappelle que devenir citoyen, c’est apprendre à penser librement et à assumer ses responsabilités dans l’espace public.
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Pièce de théâtre, Big mother au théâtre des béliers parisiens
Big Mother explore les dérives de la surveillance numérique et le pouvoir grandissant des algorithmes dans nos sociétés contemporaines. À travers une mise en scène haletante, la pièce questionne la frontière entre sécurité et contrôle, et met en garde contre une société où l’intelligence artificielle devance les décisions humaines. Inspirée des enjeux du monde moderne, elle interroge notre rapport à la liberté et à la responsabilité individuelle face à un système qui anticipe nos choix. Big Mother nous confronte ainsi à une inquiétante réalité : jusqu’où sommes-nous prêts à accepter d’être observés pour notre propre bien ?
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La pièce Hépatik Girl au théâtre des béliers parisiens
La pièce Hépatik Girl, écrite et interprétée par Marie-Claire Neveu, ne se contente pas d’aborder la maladie et la résilience individuelle : elle met aussi en lumière l’impact de l’environnement sur la santé. À travers son récit autobiographique, l’autrice évoque les effets délétères de la pollution et des perturbateurs endocriniens sur le corps humain, suggérant ainsi que certaines pathologies trouvent leur origine dans la dégradation de notre écosystème. Ce spectacle illustre donc une problématique contemporaine majeure : la manière dont la crise environnementale devient aussi une crise sanitaire (Hépatik Girl, mise en scène de Tatiana Gousseff, Théâtre des Béliers Parisiens, 2025).
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The Loop,
The Loop plonge le spectateur dans un monde où l’individu est enfermé dans une boucle technologique et psychologique, interrogeant notre rapport au temps et à l’aliénation numérique. À travers une mise en scène immersive, la pièce explore les conséquences d’un monde ultra-connecté où la répétition et le contrôle remplacent le libre arbitre. Elle questionne ainsi la place de l’humain face aux machines et aux systèmes prédictifs, soulignant le risque d’une existence dépossédée de sa spontanéité. The Loop offre une réflexion percutante sur la modernité et l’illusion du progrès technologique.
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Jean Paul Sartre, dans l'article "Qu'est ce qu'un collaborateur?" paru en 1945 dans la revue La République française
"jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande" provoque JP Sartre L'oppression subie pendant l'Occupation a incité, les français et les norvégiens notamment dans le film Numéro 24 réalisé par John Andréas Andersen, à s'interroger sur le prix de la liberté et de ses limites.
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Weber, l'éthique protestante et esprit du capitalisme
Le protestantisme a valorisé le travail, et le capitalisme s'en est nourri. La rationalisation de la production qu'il définit comme la rehcerche d'un maximum de profit corrélée à la fourniture d'un effort minimal. L’éthique protestante, en particulier le calvinisme, valorisait le travail comme une vocation, une mission divine. Cette conception a contribué à instaurer une discipline du travail et une attitude de rationalisation dans les sociétés occidentales. Le capitalisme, selon Weber, s’est nourri de cette éthique, valorisant l’effort, l’efficacité et la maximisation des profits comme des fins légitimes, indépendamment des plaisirs personnels. (le calvinisme = est une doctrine théologique et une approche de la vie chrétienne reposant sur le principe de la souveraineté de Dieu en toutes choses).
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Contre la fin du travail, Dominique Schnapper (1997)
Elle s'interroge sur la place du travail dans les sociétés contemporaines, notamment face aux transformations induites par la mondialisation et les nouvelles technologies. Elle critique l'idée selon laquelle le travail pourrait devenir obsolète, soulignant que le travail reste une source essentielle d’intégration sociale et d'émancipation individuelle. Schnapper plaide pour une révision de notre rapport au travail, qui ne doit pas être réduit à une simple activité économique, mais reconnaître sa dimension sociale et culturelle, essentielle pour l'équilibre de la société
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Conditions de l'éducation, Marcel Gauchet, 2008
Dans La Condition de l'éducation, Marcel Gauchet analyse l'évolution de l'école et son rôle dans la société moderne. Il soutient que l'école, en tant qu'institution, est un lieu fondamental de transmission des valeurs collectives, mais qu'elle a aussi été confrontée à la tension entre l'autonomisation de l'individu et la nécessité de former des citoyens engagés. « ce sont les conditions de possibilité mêmes de l’entreprise éducative qui se voient aujourd’hui remises en question par l’évolution de nos sociétés » (Conditions de l'éducation). En effet, les deux instances sont passées « de la connivence à la discorde ». Car les parents n'élèvent plus leurs enfants dans le souci du collectif, mais en vue de leur « épanouissement personnel ». Touchée de plein fouet par la démocratisation de l'intimité, la famille a changé. Si « l'enfant entre désormais dans un rapport d'égal à égal avec ses parents », la relation entre le maître et l'élève ne peut qu'en être affectée. Selon Gauchet, l'école moderne, tout en étant un lieu d’émancipation, porte en elle la difficulté de concilier l'idéal d'égalité avec l'exigence d'excellence, et elle se trouve face à une crise de sens dans un contexte de pluralisme culturel et de remise en question des autorités traditionnelles. "L'école n'est plus en mesure d'assurer son rôle du fait de l'évolution des sociétés" Echec à l'école serait celui des familles : prône des valeurs d'individus responsables Déjà Ernest Renan : "l'instruction se donne en classe, l'éducation se reçoit à la maison"
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Christian Baudelot et Roger Establet, L'élitisme républicain (2009)
"Forme d'aristocratisme scolaire inavoué" France = paradis scolaire de la prédestination sociale (dichotomie entre grandes écoles et universités)
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Pierre Buhler, ancien diplomate : « L’axiome de la stabilité, sur lequel les Européens se sont reposés, s’est progressivement délité », Le monde le 3 mars 2025
Marquée par l’horreur de deux conflits mondiaux, l’Europe s’est bâtie sur le principe du « plus jamais ça », mis en œuvre par le respect du droit international incarné par la Charte des Nations unies. (La Charte a été signée à San Francisco le 26 juin 1945, à la fin de la Conférence des Nations Unies pour l'Organisation internationale. Le Statut de la Cour internationale de Justice fait partie intégrante de la Charte). Depuis la déclaration Schuman de 1950, sa trajectoire se résume en un mot : « stabilité », assurée par la protection des États-Unis au sein d’un « monde libre » occidental Selon John Mearsheimer (politologue) un retour à la situation d’avant 1939 aurait pu raviver les conflits en Europe après la guerre froide – hormis en ex-Yougoslavie – si les nations libérées du joug soviétique n’avaient pas été intégrées à l’OTAN et à l’UE. Pourtant, l’axiome de stabilité s’est érodé avec la dégradation du système de sécurité collective, marqué par les violations des règles fondamentales de non-recours à la force, violations perpétrées par des acteurs majeurs tels que les États-Unis et la Russie. Paradoxalement, alors que les États-Unis dénonçaient jadis le révisionnisme de la Russie et de la Chine, l’administration Trump revendique aujourd’hui ces mêmes principes pour légitimer ses interventions.
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Définition du concept d’économie verte selon Christian Perthuis, prof émérite d’économie à Paris Dauphine
C’est une économie qui respecte à la fois les plafonds (les limites planétaires) et donc ne dégrade pas les grands cycles de régulation naturelle, permettant la reproduction des ressources et de la vie, et les planchers, autant sociaux (accès à un certain niveau de richesse, au logement, à la santé, à l’éducation, respect de l’égalité et des principes démocratiques), qu’ écologiques (accès du plus grand nombre aux ressources naturelles, lutte contre les pollutions locales)
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Marcel Gauchet, Sous l'amour de la nature, la haine des Hommes
Toute forme de protection de la nature n'est pas souhaitable si elle s’accompagne d’une vision idéologique qui instrumentalise la nature au service d’un projet politique ou social, potentiellement dangereux : Dans l'idéologie nazie, la nature n'est pas seulement un cadre esthétique ou économique, mais un modèle absolu d'organisation sociale et biologique. Le camp "Birkenau" = "le pré des bouleaux" = nature paisible en contraste absolu avec la réalité du camp. + Film Into the wild, Sean Penn : basé sur la vraie histoire de Christopher McCandless, illustre une autre vision de la nature. McCandless, en s’échappant de la société pour vivre seul dans la nature sauvage de l'Alaska, cherche à se libérer des contraintes et des structures sociales qu'il perçoit comme oppressives. Le film montre une recherche intense de liberté et de vérité dans la nature, mais aussi la confrontation avec ses propres limites humaines. La nature, dans ce film, est un lieu de révélation personnelle, mais aussi d’isolement et de danger. Contrairement à l'idéologie nazie, la nature n’est pas vue comme un cadre à imposer, mais comme un espace de découverte de soi, où l'individu est confronté à sa propre vulnérabilité et à la brutalité de l’environnement naturel.
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Distinction entre mondialisation et globalisation + Montesquieu, dans ses lettres persanes à propos de la mondialisation
La mondialisation désigne l'intégration croissante des économies, cultures et sociétés à l’échelle mondiale, notamment à travers les échanges commerciaux, financiers et technologiques. Elle met l’accent sur l’interdépendance entre les nations. La globalisation, quant à elle, englobe un phénomène plus large, incluant non seulement l’économie mais aussi les réseaux de communication, les technologies et les mouvements sociaux transnationaux. Alors que la mondialisation se concentre sur les marchés économiques, la globalisation prend en compte l'impact de l'internet, des infrastructures numériques et de la diffusion de la culture. En pratique, les deux termes sont souvent utilisés de façon interchangeable, mais leurs champs d’application diffèrent légèrement. Montesquieu dans ses lettres persanes : La mondialisation consiste en l’extension, des échanges et des biens, de services et des personnes entre des régions, pays ou continent. Elle peut venir du désir de découverte d’autres cultures pour les individus, par le Voyage, comme le rappelle Montesquieu dans ses lettres persanes. "Le commerce guérit les préjugés destructeurs : et c'est presque une règle générale que partout où il y a des moeurs douces, il y a du commerce, et que partout où il y a du commerce, il y a des moeurs douces" = les échanges économiques ne se limitent pas aux biens matériels, mais favorisent la diffusion des idées.
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Almodóvar, P. (2024). La Chambre d'à côté + dialogue avec un essai féministe célèbre : Virginia Woolf, une chambre à soi, 1929 : collection de conférences faites à Cambridge. Elle nous dit : « il est indispensable qu’une femme possède quelque argent et une chambre à soi si elle veut écrire une oeuvre de fiction ». Il est important qu’une femme, pour être pleinement un individu, bénéfice à la fois d’un capital économique et un lieu, espace pour se retrancher, de réfléchir, de faire le point sur elle même et de faire carrière. L’espace domestique de la femme de maison est un lieu de la création. Elle nous dit que le modèle dont les H ont bénéficié, les F doivent en bénéficier aussi. Les femmes ont le droit d’avoir un endroit de l’individualité.
Dans La Chambre d'à côté, Pedro Almodóvar nous livre l’histoire poignante d’Ingrid, une femme confrontée à la mort imminente dans un monde au bord du gouffre écologique. Comme il le souligne lui-même, ce film est « l'histoire d'une femme qui va mourir dans un monde qui va mourir ». Dans un pays où le suicide assisté n’est pas autorisé, ce que demande Martha à Ingrid est un acte illégal, qui exige une preuve d’amitié inouïe. Malgré sa peur maladive de la mort, Ingrid va pourtant s’y plier, devenant presque le pantin de Martha. People in the Sun d’Edward Hopper symbolise la solitude et la fragilité des personnages. La scène où Ingrid admire cette peinture reflète leur confrontation à la finitude et à l’isolement. Comme les personnages de Hopper, Ingrid et ses proches sont figés dans un moment de réflexion face à l’inévitable. À travers les dialogues entre Ingrid et l’Homme, Almodóvar aborde la tension entre les désirs personnels et les préoccupations écologiques, notamment lorsque l’Homme évoque la difficulté d’informer ses patientes sur les choix médicaux en raison de leur impact environnemental. Au-delà de la mort et de la crise, le film est aussi une ode à l'amitié, à l'art, à la nature et à la liberté, comme le montre la relation d’Ingrid avec ses proches et la manière dont elle cherche à se reconnecter avec la beauté de la nature malgré sa souffrance. Ce film se veut aussi un espace de réconciliation intérieure, entre acceptation de la finitude et quête de liberté personnelle. La Chambre d'à côté est un film à la fois bouleversant et apaisant, où l'intensité des émotions humaines se mêle à une réflexion sur notre rapport au monde et à l'autre.
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La Commission européenne a publié un projet de simplification des textes européens (législation "omnibus") liés au pacte vert pour l'Europe, le 26 février 2025
La Commission européenne a publié le 26 février 2025 une législation "omnibus" visant à simplifier les textes du pacte vert pour l'Europe. L'objectif est d'alléger les contraintes pesant sur les entreprises tout en maintenant l’ambition de neutralité climatique d’ici 2050. Parmi les mesures clés, la directive sur le devoir de vigilance des entreprises (CSDDD) est restreinte aux partenaires commerciaux directs, et la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité (CSRD) exclut 80 % des entreprises initialement concernées. Cette réforme, bien qu’axée sur la compétitivité, suscite des inquiétudes, notamment de la CNCDH, qui craint un affaiblissement des normes environnementales. Elle illustre le défi d’équilibre entre croissance économique et exigences écologiques au sein de l’UE.
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« La guerre au nom de l'humanité : tuer ou laisser mourir » de Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, 2012
Il s'interroge sur la légitimité de l'usage de la force au nom des droits de l'homme. Face à des massacres en cours ou imminents, il examine le dilemme moral : vaut-il mieux intervenir militairement, au risque de causer des victimes civiles, ou s'abstenir et laisser perdurer les atrocités ? Il élabore une théorie réaliste de l'intervention en revisitant cinq critères issus de la doctrine de la guerre juste : - Cause juste : La légitimité de l'intervention repose sur l'existence d'une cause moralement défendable, comme la prévention d'un génocide ou de crimes contre l'humanité. - Autorité légitime : L'intervention doit être menée par une entité reconnue et ayant la compétence pour agir, généralement un État ou une coalition d'États sous l'égide d'organisations internationales comme l'ONU. - Bonne intention : Les motivations derrière l'intervention doivent être principalement humanitaires, visant à protéger les populations civiles et non à servir des intérêts politiques ou économiques cachés. - Dernier recours : Toutes les autres options non violentes, telles que les sanctions diplomatiques ou économiques, doivent avoir été épuisées avant de recourir à la force militaire. - Proportionnalité : Les moyens utilisés lors de l'intervention doivent être proportionnés à l'objectif humanitaire recherché, minimisant autant que possible les dommages collatéraux et les souffrances infligées aux civils. Il considère que la guerre est une notion complexe, aux contours flous, et préfère en analyser les différentes formes et finalités plutôt que d'en donner une définition stricte : vaut mieux s'abstenir de définir la guerre.
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La Guerre du Péloponnèse Livre de Thucydide, écrit à la fin du Vème siècle avant JC
Le « piège de Thucydide » est un concept développé par l’historien américain Graham Allison, qui s’inspire des écrits de Thucydide sur la guerre du Péloponnèse. Il désigne la tendance quasi inévitable à la guerre lorsqu’une puissance émergente menace de supplanter une puissance dominante. Thucydide expliquait que la guerre entre Athènes et Sparte était devenue inévitable parce que la montée en puissance d'Athènes avait suscité la peur chez Sparte, poussant cette dernière à prendre des mesures préventives qui ont conduit au conflit. Graham Allison applique ce raisonnement aux relations internationales modernes, notamment à la rivalité entre les États-Unis (puissance dominante) et la Chine (puissance émergente). - La guerre du Péloponnèse (Sparte vs. Athènes) - La Première Guerre mondiale (Allemagne en ascension face au Royaume-Uni) - Les tensions actuelles entre les États-Unis et la Chine Allison propose plusieurs pistes : diplomatie renforcée, coopération économique, gestion des conflits par des institutions internationales, mais il souligne que l’Histoire montre que ce type de rivalité aboutit souvent à la guerre.
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De la Grande Guerre au totalitarisme, La Brutalisation des sociétés européennes, 1990, George Mosse
Il développe le concept de « brutalisation » des sociétés. Selon lui, la banalisation de la violence extrême et la sacralisation du mythe de la guerre, au cours de la 1GM, auraient rendu possible la violence totalitaire et, par prolongement, le génocide juif.
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Fukuyama, La fin de l'histoire 1992
Le mur de Berlin, construit en 1961 pour empêcher les Allemands de l'Est de fuir vers l'Ouest, est devenu un symbole de la division entre le bloc de l'Est communiste et le bloc de l'Ouest capitaliste. Sa chute le 9 novembre 1989 a été un événement spectaculaire qui a montré la fin de l'isolement de l'Est et a précipité la réunification de l'Allemagne et la disparition du régime communiste en Allemagne de l'Est. En 1989, le communisme soviétique s’effondre, illustré par la chute du Mur de Berlin et les réformes en URSS (Glasnost et Perestroïka). Selon Fukuyama, cette défaite idéologique marque la fin des grands affrontements entre systèmes politiques. Ni le fascisme, ni le communisme, ni d’autres modèles politiques ne semblent capables de concurrencer la démocratie libérale. Il soutient que la chute du communisme marquée à la fin des idéologies et la démocratie libérale de marché devenait la seule option rationnelle pour l'avenir. Il affirme que dans des pays comme la France, l'économie de marché renforce les inégalités. Il considère la démocratie de marché comme un idéal. La démocratie libérale serait le seul système capable de répondre aux aspirations humaines à la liberté et à la prospérité. CEPENDANT, la montée du nationalisme, du populisme et des régimes autoritaires (Chine, Russie, Hongrie, etc.) remet en cause l’idée d’une victoire définitive de la démocratie libérale. Contrairement aux prédictions de Fukuyama, la Chine, avec son modèle autoritaire et capitaliste, est devenue une puissance mondiale sans adopter la démocratie. Si Fukuyama voyait en 1989 la démocratie libérale comme le modèle définitif de l’humanité, les événements des décennies suivantes ont montré que l’histoire ne s’est pas arrêtée. Les tensions géopolitiques, la montée des régimes autoritaires et le rejet du libéralisme économique par certains montrent que l’idée d’une fin de l’histoire était trop optimiste
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Création en 2022 du secrétariat général à la planification écologique (SGPE) et rattaché au cabinet du premier ministre :
La création du SGPE a permis de définir un cadre d'action commun et partager avec une volonté forte : entraîner le monde économique dans une dynamique de décarbonation, de sobriété et de questionnement des modèles existants. L'objectif est clair : atteindre la neutralité carbone en 2050, objectif stratégique, définie par l'accord de Paris, de 2015. En 2030, nous devrons avoir réduit de 50 % de nos émissions de CO2 par rapport à 1990, avec un objectif de baisse annuel oscillant entre 4 et 5 %. En 2023, la France a atteint ses objectifs avec 5,8 % de réduction en un an.
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COP21 (changements climatiques), le 12 décembre 2015
Des dirigeants du monde entier, réunis à la conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) adopte l'accord de Paris. Ce dernier fixe pour objectif de limiter à 2 °C, le réchauffement planétaire et d'atteindre la neutralité carbone à l'échelle planétaire. + en avril 2023. Un règlement européen, interdit la vente de véhicules à moteur thermique neuf à partir de 2035. + en janvier 2020, le gouvernement lance le dispositif MaPrimeRénov' permettant grâce à des aides de financer les travaux d'isolation de chauffage ou encore de ventilation d'un logement
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La Fatigue d’être soi, Alain Ehrenberg, 1998
traite de la multiplication des cas de dépressions. Pour rester au niveau et surmonter le stress, les individus ont recours au dopage, qui concerne non pas le seul sport, mais toute la société, comme le montre l’abondante consommation de drogues, d’anxiolytiques, d’antidépresseurs dans la France contemporaine. Il développe la vision inquiétante d’une « société sous perfusion ». Depuis le 1er janvier 2025, 14 tensions d’approvisionnement et ruptures de stock en médicaments psychotropes ont été publiées par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM).
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La mutation de la société s'est accompagné d'une révolution des mœurs que Yannick Lemel et Olivier Galland dans "valeur et culture en Europe" ont caractérisé en deux mots :
Permissivité et individualisme De nombreux tabous sexuels ont disparu, les rapports entre les hommes et les femmes se sont modifiés, on a enregistré la fin du très vieux ressentiment de classe. La transformation de la société et des mœurs s'est accompagnée d'une forte contestation, dont mai 1968 est l'emblème, qui ne s'effectuait plus directement contre l'État ou le régime politique, mais plutôt contre l'ensemble des normes sociales et des institutions. Ce sont précisément cette contestation et ces mutations qui ont entraîné le déclin de l'autorité.
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René Rémond, politologue (sur l'autorité)
Selon lui, il convient de restaurer l'autorité républicaine en réaffirme les valeurs d'universalisme, du savoir et d'égalité qui ont caractérisé la république comme la transmission du savoir universel, l'égalité des chances, et la lutte contre les discriminations. redéfinition de l’autorité républicaine dans un contexte de mondialisation et de montée des individualismes, cherchant à renforcer les bases de la République tout en garantissant la cohésion sociale. Un des moyens de renforcer l’autorité républicaine, selon Rémond, serait de renforcer l’enseignement de la laïcité et des valeurs républicaines dès le plus jeune âge, notamment à travers l'école. Cela pourrait passer par des programmes d'éducation civique plus ambitieux et réguliers, pour souligner l’importance de la citoyenneté, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
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La Contre-Démocratie : La politique à l'âge de la défiance (2006), Rosanvallon
La contre démocratie ne constitue pas l'inverse de la démocratie mais au contraire, elle permet qu'un système soit pleinement démocratique. Trois piliers fondent la contre-démocratie : - Le peuple-véto - Le peuple-surveillant - Le peuple-juge Ainsi, le citoyen n'attend plus l'élection pour être entendu : il préfère parfois avoir l'occasion de surveiller l'élite gouvernante. (HATVP Loi d'octobre 2023, institution de déclarations d'intérêts). Il critique l'idée d'une démocratie d'autorisation, où les citoyens se contentent de choisir leurs représentants lors des élections sans être véritablement impliqués dans le processus politique au quotidien. Il ne reste plus que les droits de l'homme pour fonder une souveraineté légitime. Ce bouleversement affecte le fonctionnement de l'État et la perception qui peuvent en avoir les citoyens qui réclame une démocratie d'exercice plutôt qu'une démocratie d'autorisation.
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Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé, 2002.
Dupuy développe l’heuristique de la peur, un mode de raisonnement selon lequel l’anticipation rationnelle d’un scénario catastrophique permet d’éviter sa réalisation. Appliquée au travail, cette approche éclaire les discours alarmistes sur l’automatisation et la précarisation (ex. : crainte d’un chômage de masse dû à l’IA ou à l’ubérisation). Elle justifie certaines réformes (flexibilisation, formation aux métiers de demain) en réponse à une menace parfois exagérée mais mobilisatrice.
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MOURIR DANS LA DIGNITÉ, plaidoyer pour la dernière des libertés, de Jonathan DENIS,
La grande majorité de nos concitoyens est favorable à une évolution de la législation, la France rencontre des difficultés à statuer sur la question de la fin de vie assistée. Le retard français sur ce sujet sociétal met en lumière le rôle central de l'Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) qui, depuis de nombreuses années, mène le combat pour légaliser l'euthanasie et le suicide assisté, tout en assurant un accès universel aux soins palliatifs. Jonathan Denis, président de l'ADMD, signe un livre choral qui donne la parole à de nombreuses personnalités : médecins experts, soignants, bénévoles accompagnants, penseurs, juristes, acteurs associatifs à l'étranger, politiques et adhérents engagés. Il constate la lenteur de mise en place des lois successives concernant la fin de vie, comme par exemple celle de 1999 visant à garantir l’accès universel aux soins palliatifs. 25 ans plus tard où en sommes-nous ? Jonathan a organisé son livre autour des trois thèmes majeurs que représente la devise de notre République : Liberté, Égalité et Fraternité. Il y a ajouté la Laïcité qui garantit la liberté de conscience. Qu’entendons-nous par Liberté, Égalité, Fraternité et Laïcité concernant la fin de vie ? Chaque chapitre développe le sens des mots dans ce qu’il devrait être et par contraste sa réalité concrète aujourd’hui lorsqu’il s’agit d’accompagner un être au terme de sa vie qui demande à mourir. Jonathan parle de la fin de vie de son père, de sa complicité avec cet homme qu’il aimait par-dessus tout, qui souhaitait cesser de souffrir et qu’il a aidé à mourir selon ses souhaits, au dehors de la loi française. Je pourrais aussi vous parler de la fin de vie de ma mère qui s’est organisée de la même façon, en toute clandestinité, en cachette, en silence. + convention citoyenne sur la fin de vie 2022/2023 a considéré que l'accès à l’aide active à mourir doit être ouvert.
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Jaime Semprun, L'âbime se repeuple, 1997 (citation)
"Quand le citoyen écologiste (...) prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : quel monde allons nous laisser à nos enfants ?, il évite de poser cette autre question , réellement inquiétante : "A quels enfants allons-nous laisser le monde?"
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"Ceci tuera cela" de Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris (1831) : Livre V, chapitre 2, intitulé "Ceci tuera cela".
L'imprimerie (les livres) va remplacer l'architecture (les cathédrales) comme principal moyen de transmission des idées. Cette même phrase pourrait être appliquée au (...) qui remplace progressivement le livre. Si le déclin de l'ordre ancien susicte l'émotion chez Victor Hugo, à l'ère contemporaine l'avènement du (...) présente de nouveaux avantages.
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Le Monde, le 16 octobre 2024 "En vendant la citoyenneté de l'Union, Malte dégrade le statut de tous les citoyens européens"
La nationalité = composante fondamentale de la dignité. Selon Arendt, elle est l'instrument juridique qui permet à chacun, par l'appartenance à un Etat, de garantir une personnalité juridique, condition sur laquelle repose toute protection. La Cour de justice européenne (CJUE) s'est prononcée contre le programme maltais de "passeports dorés", qui permet aux riches étrangers d'acheter la citoyenneté de l'Union européenne (UE). La plus haute juridiction de l'UE a déclaré que cette pratique constituait une violation du droit européen. "Un État membre ne peut pas accorder sa nationalité — et, de fait, la citoyenneté européenne — en échange de paiements ou d’investissements prédéterminés, car cela revient, pour l’essentiel, à faire de l’acquisition de nationalité une simple transaction commerciale", a expliqué la Cour. Durant la 2GM, privation massive de la nationalité par l'Etat nazi.
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La Commission de Venise (Commission européenne pour la démocratie et le droit)
La commission de Venise a réfléchi à la définition de l'État de droit et en a conclu qu'il s'agissait d'une notion indéfinissable. Donc elle a établi une liste de cinq critères fondamentaux de l'État de droit : Principe de légalité Sécurité juridique Prévention de l'abus de pouvoir Égalité devant la loi et non discrimination Accès à la Justice
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Le chef de l'État du chantier de Notre-Dame de Paris, bouclé dans les temps "une métaphore de la vie de la nation"
"Le brasier de Notre-Dame de Paris était une blessure nationale et vous avez été son remède, par la volonté, par le travail et par l'engagement"
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Syrie, "comment raconter une histoire à un enfant qui, de sa prison, ne sait pas ce que sont le ciel, ni les oiseaux?" Suite à la chute du régime d'al-Assad le 12 décembre 2024
"La Syrie est à tous les syriens et la religion est à Dieu" Ce slogan incarne l'idée que la religion doit rester du domaine privé et que le pays à appartient à tous, quelque soit sa confession. Il est devenu un acte fondateur de la république syrienne, indépendance en 1946.
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Cécile Dufflot, DG d'Oxfam France "La milliardocratie, menace ultime contre la démocratie"
Elle dénonce la concentration extrême des richesses comme un péril pour l'égalité politique. Elle montre comment une élite économique capte le pouvoir influençant les décisions politiques. En limitant la capacité d'action des états en creusant les inégalités, elle menace la cohésion sociale et le contrat démocratique.
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Dans son discours d'adieu, joe Biden, le 15 janvier 2025
"aujourd'hui, une oligarchie prend forme en Amérique, avec une richesse, un pouvoir et une influence extrêmes, qui menacent littéralement notre démocratie." Depuis la victoire de Donald Trump, le concept d'oligarchie devient la "broligarchie", idéal pour qualifier le club de milliardaires qui gravite autour de la Maison-Blanche.
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Dominique Simonnot, CGLPL, le 11 février 2025
"Pour les enfants délaissés, l'État est comme un autre parent défaillant"
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Comme le disait le théoricien politique italien Antonio Gramsci (1891-1937) :
le pessimisme de la raison doit se conjuguer avec l’optimisme de la volonté. Des signes laissent à penser que le pire n’est pas inéluctable.
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Citation Protagoras (philosophe grec du Vème siècle avant notre ère)
"L'Homme devient ainsi la mesure de toute chose" Elle signifie que tout dépend du point de vue de l’homme. Autrement dit, il n’existe pas de vérité absolue, tout est relatif à celui qui perçoit.
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Inventeur Internet, officiellement né en mars 1989
Tim Berners Lee
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Dominique Cardon, 2008, Les réseaux sociaux de l'internet
Affirme que les RS sont des "formidables laboratoires d'alternatives à la démocratie représentative" en ce qu'ils permettent l'expression directe des voix minoritaires.
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Rosanvallon, La crise de l'Etat providence, 1991
Le modèle social hérité de l’après-guerre, fondé sur la solidarité nationale, la régulation keynésienne et la protection contre les risques sociaux, est aujourd’hui confronté à une remise en cause profonde. Cette crise, amorcée dans les années 1970, s’explique par le ralentissement économique, le vieillissement démographique et l’évolution des attentes sociales. Le consensus qui avait permis sa naissance en 1945 – autour d’un État garant de la cohésion sociale – se fragilise, comme en témoigne l’essor des débats sur la soutenabilité financière et l’efficacité des politiques redistributives. Le numérique a également des vertus au plan politique qui peuvent permettre d'endiguer la "crise de légitimité" dont souffre l'Etat en raison de ce qu'il appelle le "miroir brisé de la représentation". En effet, le numérique permet une transparence qui pourrait rétablir la confiance dans les institutions politiques.
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Marshall McLuhan, dans "The medium is the message" 1967
Pour qualifier les effets de la mondialisation, des médias et des technologies, il utilise le terme de "village global" = le monde que le numérique a rendu interconnecté, hyperconnecté et immédiat.
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Amartya Sen
Sociologue indien, il affirme que la pauvreté ne peut pas se résumer à des questions économiques, il s'agit également du fait de "se sentir exclu des décisions qui concernent sa propre vie". Or la fermeture des guichets physiques touche près de 30% de la population.
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Gilles Lipovetsky, De la légèreté, 2015
Il parle de "djihadisme 2.0" dans lequel les jeunes avaient la kalachnikov dans une main et le smartphone dans l'autre. Il fait référence à la manière dont les réseaux sociaux, les outils numériques et les codes de la culture de masse sont utilisés par les groupes terroristes pour séduire et recruter des jeunes, en particulier en Occident. Lipovetsky y analyse cette forme de radicalisation comme un phénomène qui emprunte aux logiques de la société de consommation, de l’image et de l’individualisme.
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La décision CJUE, Google Spain (13 mai 2014)
Cette décision a posé les bases du "droit à l’oubli" numérique dans l’Union européenne. La Cour a jugé que Google, en tant que moteur de recherche, est responsable du traitement des données personnelles figurant dans les résultats de recherche. Un individu peut donc demander la suppression de liens menant à des pages contenant des informations le concernant, si celles-ci sont inadéquates, non pertinentes ou excessives. Ce droit s’exerce même si la publication d’origine est licite. Cette décision a marqué un tournant dans la protection des données en ligne.
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Dans un arrêt du 13 février 2024 du Conseil d’État
le Conseil d’État a déploré une interprétation erronée de la loi de 1986 et appelé à ce que les chaînes tiennent désormais compte « des interventions de l’ensemble des participants aux programmes diffusés, y compris les chroniqueurs, animateurs et invités ». Le chroniqueur Cyril Hanouna y voit « une dictature de la pensée », alors que l’ARCOM est contrainte de vérifier dans les six mois que CNews respecte les nouvelles règles. En 2025, quinze autorisations décennales de diffusion sur la TNT arrivent à échéance. L’ARCOM a notamment décidé de ne pas renouveler les fréquences de C8, qui a cessé d’émettre le 28 février 2025 à minuit, sanctionnée pour ne pas avoir respecté les règles déontologiques du traitement de l’information, entre autres lors de la diffusion de l’émission quotidienne Touche pas à mon poste ! Le sémiologue François Jost, dans "L'opinion qui ne dit pas son nom. Du pluralisme des médias en démocratie" : calculait en 2024 que 78% des invités sur le plateau des émissions de Pascal Praud appartenaient à la droite et à l’extrême droite, contre 10% à la gauche. Un déséquilibre qui n’avait pourtant pas attiré les foudres de l’ARCOM puisqu’elle ne décomptait les déclarations politiques que des élus, dotés d’un mandat
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Selon le rapport en 2022 de la Fondation Jean Jaurès, Les Français et la fatigue informationnelle :
+ 77% des Français disent désormais refuser de consulter l’actualité pour se ménager Résulterait du nouveau régime médiatique une sensation surabondance pour les consommateurs, « hyperconnectés épuisés » vers lesquels convergent un flux incessant, ni classé ni hiérarchisé, d’images et d’articles. En 1981 déjà, en réaction à la politique mitterrandienne de privatisation et de l’audiovisuel, le philosophe Edgar Morin écrivait dans son livre Pour sortir du XXe siècle que « l’excès étouffe l’information quand nous sommes soumis au déferlement ininterrompu d’évènements […]. Nous sommes comme aveuglés par un nuage informationnel ». Saturés d’éléments répétitifs et contradictoires, englués dans les notifications perpétuelles, 53% des Français de plus de 15 ans qui, pour 87% d’entre eux, possèdent un smartphone, seraient fatigués de subir ce flux générateur de stress et de confusion.
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Rapport des états généraux de l'information - Protéger et développer, le droit à l'information : une urgence démocratique, septembre 2024
« L’information est un bien public et un bien commun, essentiel au bon fonctionnement de l’espace public démocratique. Face à la polarisation, à la désinformation et à la paupérisation des médias, les États généraux de l’information appellent à une politique ambitieuse pour sauvegarder le droit à l’information. Car sans information fiable, pas de citoyenneté éclairée, et sans espace public fondé sur une réalité partagée, pas de démocratie » (États généraux de l’information, Rapport 2024, synthèse, p. 6-8) En France, les conclusions des états généraux de l’information présentent une alternative. Soit, d’ici 2050, les pouvoirs publics parviennent à sortir l’écosystème médiatique de la zone d’influence du marché et ainsi assurent un « âge d’or de l’information » dans un monde pacifié et dominé par les démocraties. Soit les grandes firmes du numériques, appuyées sur l’Intelligence artificielle générative, font proliférer la désinformation. Le scénario de « la mort de l’information » ruine les démocraties. Pour parer les périls, le rapport préconise quinze initiatives, dans l’esprit de la ligne défendue par le Conseil d’État en matière de pluralisme. Une meilleure protection du secret des sources journalistiques est ainsi préconisée alors que s’engage une réflexion sur la gouvernance des médias d’information. La création en 1951 d’une première société de journalistes du quotidien Le Monde a permis de défendre l’indépendance de la rédaction à l’égard du propriétaire du journal. La Société des rédacteurs du Monde a ainsi rédigé une charte d’éthique et de déontologie interdisant aux actionnaires d’influencer la ligne éditoriale. Ce modèle pourrait, selon le rapport des états généraux de l’information, se généraliser.
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La sportokratura sous Vladimir Poutine, Une géopolitique du sport russe, 2021de Lukas Aubin
Il distingue deux modèles de pouvoir liés au sport : - La sportocratie, où le sport est un outil démocratique servant la cohésion sociale et le soft power dans un cadre libéral (comme aux États-Unis ou en Europe occidentale) - Et la sportokratura, qui désigne un régime autoritaire utilisant le sport comme instrument de domination politique, de propagande et de contrôle. Le cas russe incarne cette sportokratura : depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, le Kremlin a fait du sport une vitrine de la puissance nationale, en organisant de grands événements (Jeux olympiques de Sotchi 2014, Coupe du monde 2018) et en renforçant l’emprise étatique sur les institutions sportives. Le sport devient alors un outil stratégique au service d’un pouvoir verticalisé, cherchant à affirmer son influence autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.
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Alexander von Humboldt, dans son Essai sur la géographie des plantes (1807)
Cette prise de conscience de l’impact humain sur la nature n’est pas nouvelle puisque dès le début du XIXe siècle, Alexander von Humboldt, dans son Essai sur la géographie des plantes (1807), mettait en évidence les liens entre activités humaines, climat et écosystèmes, alertant déjà sur les conséquences de la déforestation ou de l’agriculture intensive. Sa vision interconnectée du vivant fait de lui un précurseur de l’écologie moderne, démontrant que la durabilité suppose une compréhension globale des équilibres naturels. ++ prise de conscience contemporaine : l’ouvrage de la biologiste et militante américaine Rachel Carson Printemps silencieux (1962) marque un tournant dans l’avènement d’un mouvement écologiste dans le monde occidental : dénonçant les effets nocifs des pesticides et particulièrement du DDT sur les oiseaux, il conduira finalement à son interdiction en 1972 et est apparaît encore aujourd’hui dans de nombreux classements comme une des œuvres littéraires les plus importantes du XXème siècle.
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Le Contrat naturel (1990), Michel Serres ++ Luc Ferry dans Le Nouvel Ordre écologique (1992).
M.Serres appelle à repenser en profondeur notre rapport à la nature. À l’image du contrat social qui régit les relations entre les humains, il propose d’instaurer un "contrat naturel" qui intégrerait la Terre comme un véritable partenaire, sujet de droits et non plus simple objet d’exploitation. Selon lui, l’environnement doit être reconnu comme un acteur à part entière, capable de « répondre » à nos actions par des catastrophes écologiques. Cette approche philosophique invite à une responsabilité collective à l’échelle planétaire, fondée sur la réciprocité, et préfigure les grands principes du développement durable et de la justice environnementale contemporaine. Cette pensée, qui prône une écologie radicale et une remise en question de la domination humaine sur le monde vivant, a suscité une réponse de Luc Ferry dans Le Nouvel Ordre écologique (1992). Ferry critique l’approche de Serres et l’humanisme écologique, qu’il juge excessif. Selon lui, accorder une valeur égale à la nature sous toutes ses formes serait irrationnel, et il défend une vision plus modérée, rappelant l’importance de l’humanisme classique dans la réflexion écologique. Ferry propose une écologie anthropocentrée mais responsable, où l’on protège la nature par devoir envers l’humanité et non parce que chaque élément naturel aurait une valeur morale équivalente à celle de l’homme.
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Le rapport Brundtland, 1987
Le rapport définit le développement durable comme un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. - Dimension : économique, sociale et environnementale. - Objectif : Conciliation entre croissance économique, justice sociale et préservation de la planète. - Exemples : Transition énergétique, lutte contre la pauvreté, urbanisme durable. Le rapport a été rédigé au nom de l’ONU et fait apparaître le développement durable apparaît comme un compromis entre trois contradictions fondamentales : les intérêts des générations actuelles face à ceux des générations futures, les intérêts des pays industrialisés face à ceux des pays en développement, et les besoins de tous les êtres humains face à ceux de la préservation des écosystèmes. Le Pacte vert pour l’Europe, présenté par la Commission européenne en décembre 2022, est un exemple de prise en compte de l’impératif écologique par le biais du développement durable : en associant un ensemble de directives sur l'économie circulaire, la rénovation des bâtiments, la biodiversité, l'agriculture et l'innovation, le Pacte a pour objectif de rendre l’Europe climatiquement neutre à horizon 2050. TANDIS QUE l'Économie verte est un modèle économique visant à réduire les impacts environnementaux tout en créant de la croissance et de l'emploi. - Logique marchande : intégrer les coûts environnementaux dans l’économie (écotaxes, investissements verts, marchés du carbone). - Objectif : Réconcilier écologie et croissance économique. - Exemples : Energies renouvelables, mobilité douce, éco-innovation Si l’écologie inspire la conscience des limites, le développement durable propose une voie de compromis, tandis que l’économie verte cherche à en faire un levier de croissance
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Ulrich Beck, (1986). La société du risque : Sur la voie d'une autre modernité
Ulrich Beck analyse comment la modernité a donné naissance à une nouvelle forme de société, caractérisée par l'extension et la multiplication des risques globaux. Remettant radicalement en cause ce qu’il appelle « la religion moderne du progrès » et partant de l'idée que, dans toutes les sociétés industrielles, les promesses de la modernité n’ont pas été tenues (la misère n’est pas vaincue, les inégalités croissent, les catastrophes écologiques se multiplient, le développement des technologies fait craindre l'apparition de nouvelles formes de contrôle social...), Selon Beck, les sociétés industrielles, qui étaient auparavant définies par leur capacité à produire des biens, sont désormais devenues des "manufactures du risque", c'est-à-dire des sociétés capables de produire des dangers à une échelle mondiale, tels que des catastrophes écologiques, des crises économiques ou des pandémies. Ces risques, qui échappent aux frontières nationales, affectent l'ensemble de l'humanité et remettent en question les certitudes de la modernité. Beck insiste sur le fait que ces dangers peuvent mener à la destruction de notre environnement et à la disparition de nos sociétés si elles ne prennent pas conscience de leur responsabilité collective. L’ouvrage met donc en lumière une nouvelle dynamique de risques et appelle à repenser les modèles de gestion de ces dangers à l’échelle globale. Exemple de la bombe nucléaire larguée à Nagazaki puis Fukushima en août 1945. -> Le film Oppenheimer, réalisé par Christopher Nolan, retrace le parcours de J. Robert Oppenheimer, physicien à l’origine du projet Manhattan et de la fabrication de la première bombe atomique. Oppenheimer incarne la tragédie du savant moderne : en contribuant à une découverte capitale, il devient aussi responsable d’un pouvoir de destruction inédit. Cette œuvre illustre ainsi la thèse d’Ulrich Beck sur la « société du risque », où les progrès scientifiques et techniques produisent eux-mêmes des menaces systémiques à l’échelle mondiale.
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La Domination masculine (1998), Pierre Bourdieu
Dans La Domination masculine (1998), Pierre Bourdieu analyse les mécanismes sociaux et culturels qui perpétuent la subordination des femmes dans les sociétés patriarcales. Ce discours qui tend à justifier l’infériorité sociale des femmes en se fondant sur des caractéristiques physiologiques est appelé « la biologisation du social » À travers une approche sociologique, il montre que cette domination ne se réduit pas à une simple relation de pouvoir, mais s’enracine profondément dans les structures sociales, économiques et symboliques. Bourdieu souligne le rôle des habitus, ces schémas de pensée et de comportement intégrés dès l’enfance, qui reproduisent les inégalités entre les sexes. Selon lui, les pratiques, les représentations et les institutions (éducation, famille, travail) participent tous à l'instauration d'une « domination symbolique » qui invisibilise et légitime la supériorité des hommes. Cette analyse met en lumière l’importance de déconstruire ces normes sociales pour véritablement atteindre l’égalité entre les sexes.
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Citation du général de Gaulle, en novembre 1959, faisant référence au débat qui l’opposait au président américain Eisenhower (1890-1969).
"Qui peut dire si, dans l’avenir (… ), les deux puissances qui auraient le monopole des armes nucléaires ne s’entendraient pas pour partager le monde ?"
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L'alerte de hauts magistrats français, Le 7 mars 2025 :
« Il ne faudrait pas découvrir la valeur de l’Etat de droit une fois perdu »  Le professeur de droit constitutionnel Dominique Rousseau souligne la gravité de l’époque : « Nous sommes dans un moment historique où il y a une tension entre deux formes d’Etat : l’Etat de droit, où être élu par le peuple ne suffit pas ; l’Etat brutal, comme on le voit avec Trump, où l’élection est censée donner tous les droits. » Le droit contre la souveraineté populaire, les juges contre l’opinion, les conventions et traités européens contre la liberté de chaque Etat… Le ministre de l’intérieur n’est pas seul : du fondateur de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, proclamant : « La République, c’est moi », lors d’une perquisition, au ministre de la justice, Gérald Darmanin, s’opposant à une éventuelle peine d’inéligibilité de la leader du Rassemblement national, Marine Le Pen, en passant par la droite et l’extrême droite, qui fustigent le « coup d’Etat de droit » du Conseil constitutionnel lors de la censure partielle de la dernière loi « immigration », en janvier 2024…
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Légitimité d'un parlementaire et d'un juge, selon Christophe Soulard : à la question "Les tribunaux, lieux d’apaisement social ?" Le 7 mars 2025
"La légitimité d’un parlementaire se fonde sur son élection ; la légitimité du juge, elle, est toujours remise en cause, en tout cas, elle ne va jamais de soi. Je pense qu’il ne faut pas y voir une faiblesse, plutôt une force. Cela oblige le juge à appuyer sa légitimité sur la qualité des débats qui conduisent aux décisions prononcées et sur la prudence qui marque ces dernières. Quand il n’y a pas d’Etat de droit, on règle nos différends par la force, et c’est le plus fort ou le plus violent qui l’emporte. Dans un Etat de droit, on règle les conflits par le droit, et c’est le juge qui est chargé de résoudre les différends en appliquant la loi. Il garantit ainsi une forme d’apaisement. Dans une période de grands bouleversements, de défis sécuritaires ou climatiques, c’est le moment où les institutions doivent être solides. Plus les vents soufflent, plus il faut que les institutions soient stables."
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Le discours à Munich du vice-président américain, J. D. Vance, lors du sommet sur la sécurité :
Il est venu nous donner des leçons de liberté d’expression, alors qu’il défend les intérêts commerciaux des GAFA [Google, Apple, Facebook, Amazon] dans un pays où le président des Etats-Unis choisit désormais les journalistes qui sont autorisés à l’interroger
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« Qu’est-ce qu’être français ? » : François Bayrou, le 27 février 2025 :
Il lance des conventions citoyennes décentralisées sur l’identité française, pour débattre de la question : « Qu’est-ce qu’être français ? » : Aux « trois vertus républicaines, liberté, égalité, fraternité », qui fondent la « nation », le chef du gouvernement suggère, dans Le Figaro, d’« ajouter la laïcité et le contrat social » lors de ce débat. « La laïcité philosophique et religieuse est une immense conquête, terriblement contestée sur la planète. Elle est notre force. Je crois qu’elle doit être complétée par une laïcité politique : ce n’est pas parce que quelqu’un n’est pas d’accord avec moi que je veux l’écraser », détaille le premier ministre. « Quant au contrat social, il fait que le principe de notre vie en commun n’est pas le “chacun pour soi”, mais le “tous pour un. Ces questions sont des composantes de ce que nous sommes comme peuple », ajoute-t-il. « Etre français, ça ne peut pas être le hasard de la naissance. Etre français, c’est une volonté », a soutenu le ministre de la justice, Gérald Darmanin, favorable à un retour au régime en vigueur entre 1993 et 1998, sous la loi Méhaignerie, qui imposait une manifestation de volonté aux enfants d’étrangers nés en France pour qu’ils acquièrent la nationalité à leur majorité. Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a, le 12 février sur France Inter, rappelé que lors des débats au Sénat sur la loi « immigration », fin 2023, « pour ne pas devenir français par hasard », il avait fait voter une restriction du droit du sol en ce sens (finalement censurée par le Conseil constitutionnel). Après avoir détonné en accréditant le sentiment de « submersion » migratoire, le premier ministre, François Bayrou, dit vouloir un débat « plus large » sur la question « Qu’est-ce que c’est qu’être français ? ». Comment en vient-on à remettre en question les règles entourant l’acquisition de la nationalité à partir de prises de position portant sur l’immigration ? « Cette prédominance du jus soli [droit du sol], non exclusive de l’application du jus sanguinis [droit du sang], concorde avec la conception révolutionnaire de la Nation et de la solidarité nationale, écrit la juriste Danièle Lochak dans Etrangers : de quel droit ? Dans cette optique, l’élément déterminant n’est pas la filiation mais la naissance et surtout la résidence sur le territoire français, dans la mesure où celle-ci est l’expression en actes de la volonté de vivre selon les lois que s’est données la Nation française. »
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Antiféminismes et masculinismes d’hier et d’aujourd’hui, 2019, l’historienne Christine Bard : spécialiste des féminismes, introduit une réflexion sur la manière dont diverses formes de haine – sexisme, racisme, antisémitisme, xénophobie et homophobie – se croisent et s’entrelacent dans certains discours idéologiques.
Exemple récent : masculiniste politique d’extrême droite, Nick Fuentes qui déclarait lors de l’élection de Trump en novembre 2024 « your body, my choice » L’analyse de Bard permet de mettre en lumière la manière dont les discours antiféministes et nationalistes se nourrissent souvent de la même matrice idéologique, combinant des ressorts de haine contre les femmes et contre les minorités. Cette approche fait écho à l’idéologie de l’Action française, mouvement nationaliste et royaliste d’extrême droite sous la IIIe République. Dirigé par Charles Maurras, l’Action française prônait une vision de la société française reposant sur des valeurs chrétiennes et traditionnelles. Dans cette optique, Maurras et ses partisans imaginaient une réaction virile et purificatrice contre ce qu’ils percevaient comme des dangers civilisationnels : le péril franc-maçon, juif, protestant, métèque (étranger), et bien sûr, féministe. Bard souligne donc l’importance de comprendre la convergence des idéologies qui, sous couvert de défendre une société « idéale » et « pure », nourrissent des discours discriminants et exclusifs qui, loin de se limiter à un seul type de haine, les combinent pour formuler une opposition globale à des catégories sociales perçues comme déviantes ou menaçant l’ordre traditionnel.
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La convention d’Aarhus, 25 juin 1998, sur l'accès à l'information, la participation du public au processus décisionnel et l'accès à la justice en matière d'environnement
En signant la convention d’Aarhus, la France s’est engagée à publier tous les cinq ans un panorama complet de l’état de l’environnement, engagement respecté par tous les gouvernements depuis 1994. Grâce aux évolutions technologiques et au durcissement des normes dans les transports ou l’industrie, la qualité de l’air s’améliore. Depuis 2000, la baisse du dioxyde d’azote a été de 53 % et celle du dioxyde de soufre de 87 %. Autre indicateur plutôt favorable : la surpêche touche moins de populations de poissons (de 53 % à 41 % entre 2000 et 2021) alors que ce taux est en nette augmentation dans le monde (de 27 % à 38 %)
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La fenêtre d'Overton, développée par Joseph P. Overton :
Désigne l'éventail des idées considérées comme politiquement acceptables dans une société donnée à un moment précis. Selon ce concept, les idées se situent à l'intérieur de cette fenêtre si elles sont jugées légitimes, et à l'extérieur si elles sont perçues comme extrêmes ou inapplicables. Ce cadre peut évoluer au fil du temps, notamment par le biais de changements dans l'opinion publique, les actions des mouvements sociaux ou l'influence des médias. En modifiant cette fenêtre, les acteurs politiques peuvent faire accepter des idées autrefois marginales, contribuant ainsi à redéfinir les normes sociales et politiques. La fenêtre d'Overton est un outil utile pour comprendre l'évolution du discours public et les stratégies de communication dans les sociétés contemporaines.
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Leitmotiv de Trump, "Make America Great Again" MAGA
Depuis son élection, Donald Trump utilise régulièrement le slogan "Make America Great Again" (MAGA) pour mobiliser ses partisans et affirmer son rejet des élites politiques. Il associe ce slogan à ses promesses de relancer l'économie, de réduire l'immigration et de protéger les valeurs traditionnelles américaines. MAGA est devenu un symbole fort de son programme nationaliste et de son opposition à la mondialisation. Il permet à Trump de maintenir une base fidèle et de continuer à influencer le débat public.
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Le pape, apôtre de la paix + apport du Pape François avec : corpus théologique catholique avec l’encyclique Laudato si’ (2015)
Le pape, en tant que chef de l'Église catholique, est souvent perçu comme un apôtre de la paix, incarnant un message de réconciliation, de dialogue et de solidarité. À travers ses discours et ses actions, il appelle à la paix mondiale, encourage le respect des droits de l'homme et milite pour la justice sociale. Le pape utilise également son influence pour résoudre des conflits internationaux, favoriser le dialogue interreligieux et promouvoir une culture de paix, en soulignant l'importance de la charité et de la compréhension mutuelle. Son rôle spirituel et moral lui confère une position unique pour œuvrer en faveur de la paix, dans un monde souvent marqué par les tensions et les violences. + En introduisant l’écologie dans le corpus théologique catholique avec l’encyclique Laudato si’ (2015), il aura accompli un pas comparable à celui de son prédécesseur Léon XIII qui, en 1891, y avait intégré la question sociale. Ayant pour sous-titre « sur la sauvegarde de la maison commune », elle est consacrée aux questions environnementales et sociales, à l'écologie intégrale, et de façon générale à la sauvegarde de la Création. François, dans Laudato si’, ne se contente pas d’appeler à la protection de l’environnement. Il élabore une véritable écologie intégrale, qui lie les questions environnementales, économiques, sociales et spirituelles. Il affirme que « tout est lié », soulignant l’interconnexion entre la pauvreté, la dégradation de la planète, et l’oubli de Dieu. En ces temps de nationalisme et de xénophobie, il aura porté haut et fort la cause des immigrés et des réfugiés, en dénonçant « la mondialisation de l’indifférence » à leur égard.
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La guerre mondiale n’aura pas lieu. Les raisons géopolitiques d’espérer, Frédéric Encel, 2025
Les guerres en Ukraine et au Proche-Orient, ainsi que d’autres conflits, ont engendré un discours empreint de peur : l’humanité, professent les pessimistes, serait à l’aube d’un nouveau conflit planétaire. Le spécialiste de géopolitique Frédéric Encel explique que le risque d’un conflit généralisé est très faible, malgré les tensions internationales actuelles. la dissuasion nucléaire change radicalement la donne : la menace d’anéantissement limite le risque de conflit ouvert entre les puissances dotées de l’arme atomique (Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Corée du Nord et Israël). Le « piège de Thucydide », une théorie du politiste américain Graham Allison selon laquelle les deux puissances dominantes, à savoir aujourd’hui les Etats-Unis et la Chine, sont poussées à entrer en conflit, a donc peu de chance de se refermer. La boussole isolationniste et mercantiliste de Donald Trump le pousse à rejeter la guerre : elle coûte trop cher et rapporte trop peu.
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Pierre Rosanvallon, Les Institutions invisibles, 2024
Il analyse les trois « institutions invisibles » que sont l’autorité, la confiance et la légitimité. Selon lui, ces éléments, bien que non codifiés, structurent en profondeur le lien entre gouvernants et gouvernés. Leur érosion nourrit le désenchantement démocratique contemporain. Comme l’a récemment souligné Pierre Rosanvallon dans Les Institutions invisibles (2024), l’efficacité d’un ordre démocratique ne dépend pas uniquement de ses institutions formelles, mais aussi de la qualité du lien invisible qui unit les citoyens à celles-ci. Rosanvallon redéfinit l’autorité : ce n’est pas l’obéissance imposée, mais une capacité à incarner un projet commun, une direction, une cohérence. Une autorité démocratique ne contraint pas, elle convainc ; elle est référentielle : elle montre la voie, elle lie passé et avenir, elle donne du sens à l’action publique. Exemple : un bon enseignant ou un juge n’est pas craint, mais respecté parce qu’il incarne un idéal collectif (justice, savoir, impartialité…). Une autorité contribue à ce que chacun intériorise plus facilement « un certain souci du bien public » selon les termes de Pierre Rosanvallon. Ainsi, l’individu ne subit pas une contrainte car il se voit consacrer comme un citoyen actif. Cet objectif ambitieux nécessite de revoir les modalités de relation avec les citoyens, les usagers ou les contribuables. Plutôt que de rechercher une forme d’obéissance, l’autorité au sens moderne doit incarner un collectif. L’autorité c’est ce qui fait référence, ce qui indique une direction à suivre, en liant une histoire à un projet collectif là aussi. Ainsi les politiques publiques doivent être inclusives sans quoi elles ne seraient pas légitimes et porteraient atteinte à l’autorité de celles et ceux qui les élaborent, faute de confiance. Quand on dit que les magistrats rendent la justice au nom du peuple français, ce n’est pas simplement parce qu’ils le « représentent », mais parce qu’ils sont les gardiens d’une souveraineté populaire définie par les valeurs fondatrices du contrat social. Les juges incarnent, tout autant que les élus, le principe démocratique de la souveraineté du peuple. En invoquant « le » peuple à tort et à travers, les défenseurs de Marine Le Pen s’inscrivent dans la lignée des dirigeants populistes : ils exaltent la figure d’un « peuple-un » opprimé par les élites dont ils prétendent être les représentants authentiques.
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Rapport Draghi, remis le 9 septembre 2024 à Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission européenne
Le 9 septembre 2024, Mario Draghi remet à Ursula von der Leyen un rapport de près de 400 pages sur la compétitivité européenne. Il alerte sur le décrochage économique de l’UE, dont le PIB accuse un retard de 30 % par rapport aux États-Unis, en grande partie dû à un sous-investissement dans les technologies. Il plaide pour une intégration plus poussée du marché intérieur, une stratégie industrielle ambitieuse et une meilleure coordination énergétique. Il souligne l'importance de lier transition écologique et croissance, et de renforcer la sécurité économique face aux dépendances stratégiques. Sans refonte profonde du modèle économique et politique de l’Union, il estime que l’Europe risque un déclin irréversible.
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Bien juger (2016), Antoine Garapon
Antoine Garapon montre que la justice européenne, notamment française, reste profondément marquée par son héritage religieux. Le juge y incarne une figure d’autorité quasi sacrée, héritée du modèle chrétien du jugement, où la vérité doit être révélée, et non simplement débattue. Contrairement au modèle anglo-saxon accusatoire, fondé sur la confrontation entre les parties, le modèle inquisitoire continental met le juge au centre, garant d’un ordre moral et d’une quête de vérité absolue. Cet héritage explique encore aujourd’hui certaines spécificités du fonctionnement judiciaire en France.
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Juger sous Vichy, juger Vichy (préface de R. Badinter), Jean-Paul Jean, 2018
L'ouvrage met en lumière la responsabilité de la magistrature sous le régime de Vichy. Dès octobre 1940, les magistrats prêtent serment de fidélité au maréchal Pétain – tous, sauf un, Paul Didier. Ce serment symbolise une allégeance personnelle au chef de l’État, rompant avec la tradition républicaine de neutralité. La majorité de la magistrature applique sans résistance les lois d’exception, notamment les textes antisémites qui excluent les Juifs de la fonction publique ou les placent en marge du droit commun, les transformant en citoyens de second ordre. Cette collaboration juridique a durablement affecté la légitimité morale de la justice française, en montrant son incapacité à s’opposer à des lois injustes.
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Rapport de l’OCDE de décembre 2021 = Mise en œuvre de la Convention de l'OCDE sur la lutte contre la corruption : France
Rapidement devenu un acteur central de la justice pénale économique, le PNF a pourtant été l’objet de nombreuses critiques de la part d’élus mis en cause, qui l’accusent d’acharnement ou de partialité politique. Cette remise en cause de sa légitimité institutionnelle atteint un point critique lorsqu’elle provient de responsables au sommet de l’État, comme lors de l’affaire Fillon en 2017. Pourtant, un rapport de l’OCDE publié en décembre 2021 affirme au contraire la légitimité de l’existence du PNF, tout en recommandant un renforcement de ses moyens pour mieux remplir ses missions. Ce contraste entre reconnaissance internationale et soupçons nationaux illustre à quel point la relation entre justice et politique peut se tendre lorsque des institutions judiciaires spécialisées s’attaquent à la délinquance en col blanc. La méfiance des politiques envers une justice qu’ils perçoivent comme une menace pour leur pouvoir fragilise alors la séparation des pouvoirs et nourrit un climat de suspicion généralisée.
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Le rapport d’information sénatoriale de 2022 sur la judiciarisation de la vie publique
Il invite ainsi à dépasser le face-à-face conflictuel en privilégiant « le dialogue plutôt qu’un duel ». Il souligne le double malaise : côté politique, un sentiment de mise en accusation systématique ; côté judiciaire, la crainte d’un discrédit du rôle de la justice. Parmi les pistes évoquées, la possibilité pour le Parlement d’intervenir à titre de tierce partie devant la Cour européenne des droits de l’homme dans des affaires de grande importance incarne cette volonté de renouer un lien institutionnel.
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La société comme verdict, Didier Eribon, 2013
Didier Eribon explore la honte liée aux différences sociales et à l'ascension sociale. À travers son expérience personnelle, il montre comment la société impose des rôles et comment, malgré la réussite, il se sent toujours honteux de ses origines ouvrières dans les milieux intellectuels, et de son homosexualité dans son village d’origine. Il souligne que, même en accédant à un milieu social plus élevé, l’individu reste marqué par son passé et éprouve une forme de rejet de la part de ses deux mondes. Cette réflexion met en lumière le poids des attentes sociales et la difficulté d’être pleinement accepté, tant dans son milieu d’origine que dans son nouveau milieu.
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Daniel Pennac « tribalisation de l’échec », dans Comme un roman (1992)
La "tribalisation de l’échec", c’est quand les élèves en difficulté se retrouvent tous ensemble dans les mêmes classes, les mêmes filières, les mêmes quartiers… et finissent par croire qu’ils sont faits pour l’échec. phénomène préoccupant du système scolaire : lorsque des élèves en difficulté sont regroupés dans les mêmes classes, les mêmes filières ou établissements, cela crée une forme de communauté de l’échec. Ces élèves, souvent issus de milieux défavorisés, finissent par intérioriser leur position comme étant « normale », voire « naturelle ». L’échec cesse d’être une expérience individuelle surmontable pour devenir une identité collective subie. Ce phénomène est d’autant plus problématique qu’il est renforcé par certaines pratiques scolaires : orientation précoce, filiarisation hiérarchisée (voie générale vs. voie professionnelle), ou encore ségrégation urbaine et scolaire. Plutôt que de corriger les inégalités, l’école peut donc parfois les figer et les renforcer, en créant des espaces où l’échec est surreprésenté — et donc auto-entretenu. La « tribu » dont parle Pennac ne se définit pas par la culture, mais par un sentiment d’exclusion partagé, une sorte de fatalisme collectif face à l’institution scolaire. En ce sens, il critique une école qui reproduit les inégalités sociales au lieu de les combattre, rejoignant ainsi les constats de sociologues comme Bourdieu ou Baudelot et Establet.
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Le risque et le principe de précaution
En 1992, dans le principe 15 de la Déclaration de Rio : « En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l'absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement ». En France, la loi Barnier de 1995, codifiée dans le code de l'environnement, précise dans une seconde formulation, que « l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût économiquement acceptable ». La Charte de l’environnement de 2004 a modifié pour la troisième fois cette formulation. Elle a été intégrée dans la Constitution en 2005. Les autorités publiques sont ainsi tenues d'appliquer le principe de précaution, qui est devenu un principe d'action et non d'inaction : face à l'incertitude, il faut développer des programmes de recherche pour lever le doute
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Quatrevingt-treize de Victor Hugo (1874)
Pendant la Révolution française, Quatrevingt-treize raconte l'affrontement entre les royalistes et les républicains en Bretagne. Trois personnages — Lantenac, Gauvain et Cimourdain — incarnent les choix déchirants entre fidélité politique, justice et humanité. Victor Hugo montre la violence tragique de la guerre civile, mais aussi la persistance de la compassion dans un monde déchiré. « La Révolution a été la vision humaine du salut universel. » Elle résume bien l'idée que, malgré toute la violence, Victor Hugo voit dans la Révolution une tentative de libérer l'humanité. malgré les violences, la Révolution incarne une espérance : celle d’un monde plus juste et plus fraternel. Elle est une tragédie, mais une tragédie porteuse d’un sens humaniste. Le roman suit trois personnages principaux : Lantenac, un noble royaliste qui dirige la révolte contre la République. Gauvain, son petit-neveu, jeune officier républicain idéaliste. Cimourdain, un ancien prêtre devenu révolutionnaire fanatique, qui a élevé Gauvain et incarne la Révolution la plus dure. L’histoire raconte : Lantenac débarque en Bretagne pour rallumer la guerre contre la République. Gauvain, chargé de l'arrêter, est partagé entre son amour pour la liberté et son affection pour sa famille. Cimourdain, lui, représente la froide rigueur révolutionnaire : il pense que toute pitié est une trahison de la Révolution. 🔹 Lantenac commet des actes violents, mais montre aussi de la grandeur d’âme en sauvant des enfants prisonniers dans un incendie. 🔹 Gauvain, touché par cet acte, décide de libérer son oncle au lieu de le faire exécuter. Il se livre alors lui-même à la justice révolutionnaire, par fidélité à ses principes. 🔹 Cimourdain, déchiré, condamne Gauvain à mort, puis, pris de remords, se suicide juste après l’exécution.
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Emmanuel Todd, La Défaite de l'Occident, 2024
Il présente une analyse du déclin des sociétés occidentales. Todd y avance l'idée que l'Occident traverse une phase de décadence, marquée par des crises économiques, sociales et politiques profondes. Selon lui, la mondialisation et les inégalités croissantes affaiblissent les sociétés occidentales, qui ne parviennent plus à maintenir leur leadership mondial. L'ouvrage suscite de nombreuses contestations. Certains refusent l'idée de déclin, arguant que l'Occident reste une puissance majeure, capable d'adaptation et de renouvellement. D'autres considèrent que Todd, en se concentrant sur certains aspects négatifs, exagère les signes de déclin et ne prend pas assez en compte les évolutions positives. En résumé, La Défaite de l'Occident soulève un débat sur l'avenir de l'Occident : déclin inexorable ou simple période de transition ?
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Phrases pour la division de l'espace public qui n'est pas nouvelle
Jacobins contre Girondins pendant la Révolution, libéraux contre ultra-conservateurs sous la Restauration, défenseurs du communisme contre ceux du modèle néo-libéral pendant la guerre froide illustrent des visions opposées. Encore faut-il que le débat public permettre d’avancer dans cette confrontation sans basculer dans d’autres formes conflictuelles. Les exemples précités témoignent du risque de dégradation : la Terreur, le risque d’un retour « bonapartiste » ou la répression violente comme celle de 1947 contre les ouvriers en grève. La société n’est pas toujours en mesure d’assumer ces débats. Cela dépend deplusieurs éléments. Une maturité démocratique, des leaders responsables, des tiers de confiance écoutés et respectés sont autant d’éléments indispensables
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Émile Durkheim, Le Suicide (1897)
Dans Le Suicide, Émile Durkheim montre que le lien social joue un rôle fondamental dans l’équilibre psychologique des individus. Il identifie une forme particulière de malaise social, qu’il appelle l’anomie : il s’agit d’un état de désorganisation où les règles et repères collectifs s’effondrent ou deviennent flous. Dans un tel contexte, les individus ne savent plus ce qu’on attend d’eux, leurs désirs deviennent illimités, et l’absence de régulation peut entraîner un profond mal-être, parfois jusqu’au suicide. Durkheim insiste ainsi sur le fait que l’être humain n’est pas fait pour vivre sans cadre : il a besoin de normes, de valeurs communes, de liens d’appartenance pour se construire. Selon lui, l’éducation joue un rôle essentiel dans la transmission de ces repères : elle n’est pas seulement un apprentissage de savoirs, mais aussi un vecteur de cohésion sociale. Par elle, la société forme des citoyens capables de vivre ensemble, en partageant un sens commun. Durkheim nous met donc en garde contre une société trop individualiste, où chacun serait livré à lui-même, sans cadre ni finalité commune. Ce diagnostic garde toute son actualité : la montée des crises identitaires, de la solitude ou de la perte de sens dans les sociétés modernes peut être analysée comme une forme d’anomie contemporaine. « Une société peut-elle se passer de repères communs ? » « Le progrès affaiblit-il le lien social ? » « L’ordre est-il nécessaire à la liberté ? » « Transmettre des valeurs est-il un enjeu politique ? » Loin de favoriser la liberté, cette dérégulation peut conduire à des comportements destructeurs, comme le suicide, que Durkheim analyse comme un symptôme d’une société déréglée. Cette réflexion invite à penser que l’ordre – entendu comme ensemble de règles et de valeurs partagées – n’est pas forcément l’ennemi de la liberté. Au contraire, il peut en constituer la condition. L’éducation, par exemple, joue un rôle central pour Durkheim : en transmettant des normes, elle permet aux individus de s’inscrire dans une communauté, de donner du sens à leurs choix et de construire une liberté qui ne soit pas vide de direction. Durkheim nous rappelle ainsi qu’une société sans cadre ne libère pas, elle désoriente. La véritable liberté suppose un ordre juste, capable d’orienter les individus sans les écraser, et de leur fournir un horizon commun où inscrire leurs choix.
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Le rapport d'activité 2022-2024 de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires)
Le rapport dresse un constat préoccupant de l'évolution des phénomènes d’emprise mentale en France. Si la liberté de croyance est protégée, l'État lutte contre les dérives sectaires, qui consistent en l’instrumentalisation de croyances à des fins de manipulation et de sujétion psychologique ou financière des individus. Le rapport souligne que ces dérives, autrefois cantonnées aux sphères religieuses, se sont étendues à de nombreux domaines contemporains comme la santé, le bien-être, le coaching, l'éducation et les réseaux sociaux. Elles exploitent souvent des aspirations spirituelles ou existentielles, particulièrement dans un contexte de crise sanitaire, climatique ou sociale, et touchent de plus en plus les personnes vulnérables, notamment les mineurs. Face à la hausse des signalements (+111 % entre 2015 et 2024), l'État a renforcé son arsenal juridique avec la loi du 10 mai 2024, créant notamment un délit de sujétion psychologique. Une Stratégie nationale de lutte contre les dérives sectaires 2024-2027 a été adoptée, visant à prévenir les risques, accompagner les victimes et mieux coordonner l’action publique. Le rapport insiste enfin sur la nécessaire vigilance collective et sur la place du principe de fraternité républicaine pour protéger chacun sans remettre en cause la liberté de croire ou de ne pas croire. Il convient de distinguer les croyances religieuses, protégées par la liberté de culte, des dérives sectaires, qui consistent en l’instrumentalisation de croyances pour placer des individus sous emprise psychologique, financière ou physique.
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Problématiques
Dans quelle mesure être citoyenne et citoyen aujourd’hui, demeure un idéal commun qu’il apparaît nécessaire de renouveler ? Si le numérique est considéré comme un progrès technique qui libère l’homme moderne, dans quelle mesure doit-il être considéré comme un péril sourde d’aliénation ? Aussi convient-il de se demander si le numérique ne représente pas un péril pour nos sociétés démocratiques, individualistes, et de surcroît, en proie à une crise de la démocratie représentative ? Dans quelle mesure le numérique initialement synonyme de progrès est-il aujourd’hui porteur de menaces ? Comment faire face à ce nouveau péril numérique? Dans quelle mesure les médias sont-ils un pilier indispensable de la démocratie tout en mettant en péril son bon fonctionnement ?
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Nietzsche, ainsi parlait Zarathoustra (1883)
Le concept de libre arbitre n’est qu’une illusion, une construction morale, utilisée par les faibles pour se donner une illusion de pouvoir sur leur destin qui cherche à se donner une justification morale pour leur faiblesse. « le ressentiment des faibles » L’homme peut être tenté de fuir sa responsabilité en se soumettant à des autorités comme la religion, la société. Pour Nietzsche, le libre arbitre est une illusion : ce n’est pas une force intérieure réelle permettant à l’homme de se déterminer librement, mais plutôt une invention morale. Elle est née, selon lui, du ressentiment des faibles : c’est-à-dire de ceux qui, n’ayant pas la force d’agir, cherchent à se convaincre qu’ils choisissent leur situation, ou que leur impuissance est un choix moralement supérieur. Plutôt que d’assumer leur impuissance ou leur soumission, ces individus inventent des valeurs morales qui retournent la force en faiblesse et la faiblesse en vertu. Ils valorisent ainsi la passivité, l’humilité, l’obéissance, et s’en remettent à des autorités extérieures (Dieu, les règles sociales, etc.) pour se décharger de leur responsabilité. C’est ce que Nietzsche critique dans Ainsi parlait Zarathoustra : l’homme préfère souvent la sécurité de la soumission à la difficulté d’assumer une vie libre, sans excuse ni maître. Il rejette ainsi la véritable liberté, qui suppose de créer ses propres valeurs et de vivre selon sa propre volonté – ce qu’il appelle le surhomme. Nietzsche invite alors à dépasser cette illusion et à embrasser une liberté plus authentique, celle du surhomme, capable de se libérer du poids des conventions et de s’inventer lui-même. Il suggère que la vraie liberté n’est pas donnée ni naturelle, mais qu’elle demande un effort individuel, un dépassement de soi. En ce sens, l’homme est souvent prisonnier de ses peurs et de ses faiblesse, ce qui limite sa liberté réelle. La liberté ne peut être pleinement assumée que si l’on accepte de prendre la responsabilité totale de ses choix, sans chercher refuge dans des autorités ou des excuses.
157
Du contrat social, Jean Jacques Rousseau, 1762
Le contrat corrige les inégalités naturelles et consacre les hommes « égaux par convention de droit », écrit-il en 1762 dans son livre Du contrat social. Ainsi s’institue une République qui préserve les hommes de la tyrannie. Pour les libéraux, l’égalité est un danger que la justice corrige. Pour les démocrates, l’égalité est une indispensable condition de la liberté qui n’est envisageable que sous la garantie de la loi. La justice sociale pratiquée en France depuis un demi- siècle répond-elle à un projet libéral ou démocratique ?
158
Jürgen Habermas (les médias)
Les médias sont un élément central de la sphère publique, un espace où le débat démocratique peut s’épanouir. Les médias remplissent une fonction de contre-pouvoir en surveillant et en exposant les abus des autorités politiques et économiques. Ainsi, les médias ne se contente pas d’informer, ils façonnent le débat public.
159
Rapport les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie, Benjamin Stora (remis au PDR en 2021)
L’historien insiste sur l’impossible oubli qui caractérise la décolonisation. De fait, les relations entre la France et l’Algerie, 70 ans après l’indépendance de cette dernière, semblent plus que jamais tumultueuses. Au début de sa présidence, Macron montrait une volonté de réconciliation mémorielle. Après avoir qualifié, à Alger, la colonisation de « crime contre l’humanité ». Depuis 2021, l’ambassadeur algérien en France a été rappelé 3 fois, un signal de tension diplomatique très fort entre 2 pays qui partagent des liens étroits, historiques et économiques. Une crise diplomatique a été provoquée par les propos de Macron qui a qualifié le régime algérien de « système politico militaire »
160
Pétition « Liberté pour l’histoire » parue dans le quotidien Libération en 2005
Ses auteurs soulignent que « dans un état libre, il n’appartient ni au parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique » et demandent l’abrogation immédiate de toutes les lois mémorielles. Rappelant que l’histoire n’est ni une religion ni la morale, ni l’esclave de l’actualité, ni la mémoire, ni un objet juridique.
161
Joachim du Bellay, Regrets, 1558
« France, mère des arts, des armes et des lois » Cette vision d’une France porteuse de culture, de puissance militaire et d’ordre juridique s’enracine déjà au XVIe siècle.
162
Paris et le désert français, François Gravier, 1947
Il stigmatise la trop forte concentration des institutions artistiques à Paris, qui contraste avec ce qu’il qualifie, non sans exagération, de « désert culturel de la province »
163
Pythagore, VIeme siècle
« Il y a un principe bon qui crée l’ordre, la lumière et l’homme. Il y a un principe mauvais qui crée le chaos, les ténèbres et la femme » Mis en lumière par Simone de Beauvoir, dans Le deuxième sexe, cette phrase de Pythagore opère d'ores et déjà une distinction fondamentale entre H et F similaire à celle entre le bien et le mal.
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Deux facteurs objectifs ont invité les francais à former une Nation
- Le christianisme : les francs ont été le premier peuple barbare en occident à s’être converti au catholicisme, lors du baptême de Clovis et de ses guerriers, à Reims, autour de l’an 500. Sous la monarchie, le roi de France était dit « très chrétien ». - La langue française : elle joue dans notre identité un rôle particulièrement important. L’ordonnance de Villers Cotterêts (1539) rend obligatoire l’usage du français dans les documents officiels. En 1635, Richelieu crée l’académie française afin de donner à l’unité du royaume une langue qui la symbolise.
165
Candide, Voltaire, 1759
« Le travail éloigne de trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin »
166
Pierre de Coubertin, 1872 déclare :
« Vouloir réveiller le grand corps inerte de la France » En 1872, dans le grand amphithéâtre de La Sorbonne, il annonce son projet de ressusciter les JO de l’Antiquité. C’est un succès : en 1896, les premiers sont organisés à Athènes.
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État des finances publiques, 2025
dette à 3 305 milliards d’euros, soit 113 % du produit intérieur brut (PIB), les intérêts versés, qui s’élèvent à 58 milliards d’euros, et son déficit à 5,8 % du PIB. Placée, depuis juillet 2024, en procédure de déficit excessif, la France, budget après budget, décret d’annulation après décret d’annulation, « surgels » après gels, court désormais après des dizaines de milliards d’euros d’économies. Pour le budget 2026, ce sera 40 milliards.
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Étude réalisée par l’institut Montaigne, 2025 sur le travail « Les jeunes et le travail : aspirations et désillusions des 16-30 ans »
A rebours des clichés, une majorité des 16-30 ans a une appétence à travailler plutôt supérieure à celle des plus âgés, selon une vaste étude réalisée par l’Institut Montaigne. Mais ils attendent légitimement du management, qu’il soit public ou privé, reconnaissance, autonomie et respect.
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Commémoration du 8 mai, site vie publique
Contrairement à ce que le soulagement général à la fin Seconde Guerre mondiale aurait pu laisser penser, la commémoration de la victoire du 8 mai 1945 reste problématique en France. Dès sa naissance, elle est la célébration la plus contestée de toutes et encadrée par de nombreux textes réglementaires dans un pays féru de commémorations nationales (17 fêtes et journées nationales en 2025). Son histoire tourmentée, ses pratiques et signification révèlent l'importance des débats sur le "devoir de mémoire", expression à laquelle les historiens préfèrent celle de "travail de mémoire" ou "devoir d'histoire". De plus, le général de Gaulle, soucieux de "renationaliser" la victoire contre le nazisme pour mieux se légitimer, ne prise guère cette célébration jugée trop internationale et qui risquerait de minorer le rôle des Résistances purement françaises. Il lui préfère largement le 18 juin commémorant son célèbre appel de 1940 à continuer la lutte, voire le 25 août de la Libération de la capitale et de son discours commençant par "Paris outragé, Paris martyrisé".
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Le discours du Président Jacques Chirac en 1995 a marqué un tournant :
Il reconnaît la responsabilité de l'État français dans la rafle du Vél d'Hiv (13 152 Juifs arrêtés par la police française les 16 et 17 juillet 1942). Les initiatives de l'État se multiplient. Cette reconnaissance de la responsabilité de l'État français entraîne des mesures étatiques, mobilisant plusieurs acteurs publics. La mission Mattéoli, formée en 1997, enquête sur la spoliation et le pillage des biens des Juifs en France sous l'Occupation. Les conclusions de la mission aboutissent à l'indemnisation des victimes de la spoliation, mais aussi à la création de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, par décret du 26 décembre 2000. Dotée des fonds en déshérence, elle a pour mission de contribuer au développement et à la diffusion des savoirs sur la Shoah et les persécutions antisémites. Sa première présidente est Simone Veil. L'État se dote d'un appareil législatif pour lutter contre le négationnisme (loi Gayssot de 1990, loi Taubira de 2001).
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Un sondage de janvier 2025, publié sur le site de la Claims Conférence
Indique que 46% des jeunes âgés de 18 à 29 ans déclaraient ne pas avoir entendu parler de la Shoah ou de ne pas en être sûrs. Le peu de temps consacré à chaque thème du programme scolaire, les difficultés rencontrées par les enseignants, entraînant parfois un contournement du sujet, la méconnaissance des outils pédagogiques à disposition sont autant d'éléments à prendre en considération. Par exemple, des élèves peinent à faire la distinction entre camps de concentration et centres de mise à mort, ou entre Juifs et résistants.
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La journée du 10 mai, depuis 2006
En France, depuis 2006, le 10 mai est la "journée nationale de commémoration des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition". Le décret Schoelcher abolit en théorie l’esclavage le 27 avril 1848, Après la découverte de l'Amérique par les Européens en 1492, du XVe au XIXe siècles, plus de 11 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont été capturés en Afrique, transportés à travers l’Atlantique et réduits en esclavage pour travailler dans des conditions très dures au sein d'exploitations coloniales en Amérique. C’est aussi une journée de réflexion civique sur le respect de la dignité humaine et la notion de crime contre l’humanité, notamment au sein du ministère de l’éducation nationale. La date du 10 mai commémore l’adoption de la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité du 21 mai 2001, aussi appelée "loi Taubira" du nom de la députée qui a porté la proposition de loi. Par cette loi, la République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques, aux Caraïbes et dans l'océan Indien contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité. Depuis 1949, le 2 décembre est reconnu comme la journée internationale pour l’abolition de l’esclavage. Elle commémore l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies de la Convention pour la répression et l'abolition de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui.
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Budget 2025 : 3,1 milliards d'euros de dépenses de l'État annulées par décret
Un décret daté du 25 avril 2025, paru au Journal officiel le 26 avril 2025, porte des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d'euros (Md€) en autorisations d'engagement (AE) et de 2,7 Md€ en crédits de paiement (CP). L'écologie, l'économie et la recherche : les missions les plus touchées Si l'annulation des crédits porte sur la quasi totalité des missions du budget de l'État, pour cinq d'entre elles la diminution des crédits se chiffre en centaines de millions d'euros (M€). - L'écologie, le développement et la mobilité durables avec -549,6 M€ - L'économie avec -517,7 M€
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La France a été condamnée le 24 avril 2025 par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH)
Pour des défaillances dans la protection de mineures ayant déposé plainte pour viol auprès des autorités françaises. La CEDH conclut à la violation de plusieurs dispositions de la Convention européenne des droits de l'homme, notamment l'interdiction des traitements inhumains ou dégradants et le droit au respect de la vie privée. Concernant la qualification des viols dénoncés, la réalité du discernement et du consentement des requérantes n'a pas été correctement évaluée. Les autorités internes n'ont pas suffisamment pris en considération : la situation de particulière vulnérabilité dans laquelle se trouvaient les victimes, notamment en raison de leur jeune âge, ainsi que d'un état de fragilité psychologique et médicale pour l'une d'elles ; les effets des circonstances environnantes (par exemple, une forte alcoolisation). La Cour condamne par ailleurs la France en raison de la victimisation "secondaire" subie par l'une des requérantes. La CEDH relève que celle-ci a dû faire face à "des propos culpabilisants, moralisateurs et véhiculant des stéréotypes sexistes propres à décourager la confiance des victimes dans la justice". En ce sens, les autorités internes ont été à l'origine d'une discrimination fondée sur le sexe. Dans la définition pénale française actuelle du viol, la notion de consentement ne figure pas. Le viol ne peut être caractérisé qu'en cas de "violence, contrainte, menace ou surprise" exercée par son auteur (article 222-23 du code pénal). Dans son arrêt, la CEDH rappelle à la France que "le cadre juridique européen et international plaide en faveur d'une référence claire à la notion de libre consentement pour réprimer le viol et les agressions sexuelles". Elle précise que "le consentement doit traduire la libre volonté d'avoir une relation sexuelle déterminée, au moment où elle intervient et en tenant compte de ses circonstances". La Cour avait déjà conclu en ce sens dans un arrêt du 23 janvier 2025 condamnant la France pour un divorce prononcé pour manquement au "devoir conjugal".
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Le 24 avril 2025, le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, a présenté son rapport annuel ;
En 2024, dans le cadre de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), les investissements de défense des alliés européens et du Canada ont sensiblement augmenté pour la dixième année consécutive. L'effort d'investissement supplémentaire sur dix ans se monte à plus de 700 milliards de dollars. En 2014, lors du sommet du Pays de Galles, les dirigeants des pays membres de l'OTAN se sont formellement engagés, à l'horizon 2024, à consacrer au moins 2% de leur produit intérieur brut (PIB) à la défense. L'OTAN dégage trois priorités de résilience : - faire face aux campagnes de déstabilisation ; - renforcer la sécurité des infrastructures sous-marines critiques ; - pouvoir compter sur des approvisionnements énergétiques fiables et stables.
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Rapport 2024 sur le climat en Europe publié par le Service Copernicus pour le changement climatique (C3S)
Fait état d'une situation climatique alarmante en Europe en 2024. "Depuis les années 1980, l’Europe se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, ce qui en fait le continent qui se réchauffe le plus rapidement sur Terre", souligne le rapport. L'année 2024 a été l'année la plus chaude pour l'Europe, les températures de la surface de la mer ont été les plus élevées jamais enregistrées.
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La journée de l'Europe : le 9 mai
La Journée de l'Europe a été instaurée par les dirigeants européens à l’occasion du Conseil européen de Milan en juin 1985. Elle est un des cinq symboles de l’Europe. Fêtée la première fois en 1986, elle rend depuis hommage à ce moment fondateur du 9 mai 1950. En 2019, le Luxembourg, un des six pays signataires du traité de Paris, a institué la date du 9 mai comme un jour férié légal. La Journée de l’Europe est organisée de manière à mieux rapprocher institutions européennes et citoyens. Cet événement est l’occasion de valoriser leurs liens spécifiques par les symboles de l’Europe : le drapeau, la monnaie unique, l’hymne et la devise "Unie dans la diversité". C'est aussi un moment de prise de conscience d'une réalité européenne qui se vit au quotidien : une Union fondée sur les principes de l'État de droit dont les membres sont des démocraties. La fête doit rappeler le chemin parcouru depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe le 8 mai 1945.
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"Tout est lié", Pape François
« Tout est lié », avait coutume de dire le défunt pape François. Au cours de son pontificat (2013-2025), un lien a été établi par des commissions d’enquête et des experts entre la prévalence des crimes sexuels commis contre des enfants et des femmes, souvent religieuses, dans l’Eglise catholique, et la structure de pouvoir clérical masculine, qui caractérise cette institution. En Allemagne, la Conférence des évêques établit qu’au moins 4,4 % ont agressé sexuellement 3 677 mineurs, de 1946 à 2014.
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Préambule de la Charte des Nations unies signée par les représentants d’une cinquantaine de pays à San Francisco, le 26 juin 1945, va fêter ses 80 ans
NOUS, PEUPLES DES NATIONS UNIES, RÉSOLUS à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l'espace d'une vie humaine a infligé à l'humanité d'indicibles souffrances, à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites, à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international, à favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande,
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E. Macron, le 8 mai 2025
Face au retour du « spectre de la guerre » sur le continent européen, « nous n’aurons jamais fini de défendre la paix », a déclaré Emmanuel Macron lors de la célébration du 80e anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie, jeudi 8 mai.
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Alain Jakubowicz, avocat : « Il est temps de traiter le racisme et l’antisémitisme comme des délits de droit commun », Le monde le 8 mai 2025
Il ne sert à rien de ressasser que « le racisme est un délit » si on ne se donne pas les moyens de le poursuivre et de le condamner comme tel. Pour cela, il faut arrêter de traiter les infractions racistes et antisémites comme des délits d’opinion relevant de la loi sur la presse, et les réintégrer dans le code pénal, comme l’a proposé la ministre [chargée de la lutte contre les discriminations] Aurore Bergé, lundi 28 avril, à l’issue des Assises de la lutte contre l’antisémitisme.
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Steven Spielberg en fondant en 1994 la Shoah Foundation
En 1994, à la suite du tournage de La Liste de Schindler, Steven Spielberg crée la Shoah Foundation avec pour objectif de recueillir les témoignages filmés de survivants de la Shoah. En moins de dix ans, plus de 50 000 témoignages ont été enregistrés dans plus de 60 pays et en 39 langues. Ces entretiens, archivés à l’Université de Californie du Sud, constituent aujourd’hui l’une des plus vastes bases de données audiovisuelles sur les crimes de masse. En élargissant depuis son champ à d’autres génocides (Rwanda, Arménie, Cambodge), la fondation illustre le rôle crucial de la mémoire filmée dans la lutte contre le négationnisme et dans la pédagogie historique auprès des jeunes générations. « Un trésor, affirme Catherine Clark, professeure d’histoire et d’études françaises au Massachusetts Institute of Technology, depuis peu à la direction des programmes de la Shoah Foundation. Un trésor qui résonne avec les troubles et les menaces du monde actuel. Si on s’interroge parfois sur l’utilité de l’histoire, je vous assure qu’ici, à la fondation, on sait à quoi elle sert, ce qu’elle nous apprend, ce contre quoi elle nous met en garde. Et si 56 000 rescapés de la plus grande tragédie du XXe siècle ont pris la peine de partager leur douloureuse histoire, c’est dans l’espoir de prévenir, d’instruire et d’éviter que la montée de la haine et de l’intolérance produise les mêmes effets. »
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Evènement catastrophes naturelles, utilisé en accroche pour la dissertation sur l'impératif écologique
Dans la nuit du mardi 29 au 30 octobre 2024, la région de Valence en Espagne a été submergée par de terrifiantes inondations, tuant plusieurs centaines de personnes et semant la désolation dans une vaste zone urbanisée. Alors même que les violents orages d’automne constituent un phénomène ancien dans cette région méditerranéenne, cette catastrophe, sans précédent par son ampleur et son intensité, nous rappelle l’existence d’un impératif écologique toujours plus pressant.
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Kant à travers le concept d’« impératif catégorique », énoncé pour la première fois dans les Fondements de la métaphysique des mœurs (1785)
« Agis de telle sorte que le principe de ton action puisse être érigé en loi universelle ». Hans Jonas, dans son célèbre Le Principe responsabilité (1979) emploie précisément cette expression d’impératif écologique dans une référence explicite à Kant, en formulant ainsi cette nouvelle injonction : « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur Terre ».
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Hans Jonas, dans son célèbre Le Principe responsabilité (1979)
« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur Terre ».
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selon la célèbre phrase de Jacques Chirac au sommet de la terre de Johannesburg :
« notre maison brûle et nous regardons ailleurs ».
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Politiques internationale et nationales sur les questions environnementales :
Les rapports successifs : - Du groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC). Le GIEC a été crée en 1988 sous l'égide des Nations Unies. - 1991= création d'un ministère de l'environnement et de l'association GreenPeace. - Sommet de la Terre à Rio de Janeiro 1992 - Protocole de Kyoto (1997) - Les multiples Conférences des Parties (COP) à la convention cadre des Nations-Unies de 1992 (CCNUCC) dont l'Accord de paris en 2015 réunissant 193 Etats dans lequel ils se sont accordés sur un accord juridiquement contraignant, universel, établissant des mécanismes ayant pour objectif de maintenir le réchauffement entre 1,5° et 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. La COP 28 de Dubaï de 2023, en réussissant après d’intenses négociations à conclure un accord engageant l’ensemble des parties vers la sortie des énergies fossiles, prolonge encore cette mise en œuvre d’un nouvel impératif écologique, désormais incontournable rythment désormais la politique internationale sur les questions environnementales et semblent acter l’impuissance de nos sociétés contemporaines face à cet impératif écologique. La crise qui s’annonce, inédite dans l’histoire de l’humanité, pourrait mettre en péril jusqu’à notre capacité à poursuivre la construction d’un futur commun. Selon l'étude statistique publiée le 6 mai 2025, en 2022, la France a consacré une dépense de 6 milliards d’euros d’aides publiques pour la protection de l’environnement.
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Un épisode du chant XXI de l’Iliade illustre particulièrement cette faiblesse de l’Homme face aux éléments déchaînés
Pour arrêter l’ardeur d’Achille et empêcher la ruine des troyens, le dieu fleuve Scamandre entre en crue. Le héro ne devra son salut qu’à l’intervention divine d’Héphaïstos, même les plus grands héros se retrouvant démunis face à la nature déchainée. Le tsunami de 2004 en Indonésie, l’ouragan Katrina en 2005 ou bien encore les inondations de Valence nous rappellent à quel point ces mythes fondateurs demeurent d’actualité.
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Selon le Rapport Planète Vivante de 2024 de l'ONG WWF :
Depuis les années 1970, les populations mondiales de vertébrés ont chuté de 73% en raison de l’action de l’homme. De même, l’organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations-Unies estime que l’intensification agricole, l’usage massif de pesticides et d’engrais chimique a dégradé près de 40% des sols arables de la planète, environ 33% des terres cultivables étant aujourd’hui modérément à fortement dégradées. Les nations ont fixé des objectifs mondiaux pour garantir un avenir prospère et durable, notamment ceux de stopper et d’inverser la perte de biodiversité (dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique, ou CDB), de limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C (dans le cadre de l’Accord de Paris), et d’éradiquer la pauvreté et de garantir le bien-être des humains (dans le cadre des Objectifs de développement durable, ou ODD). Malgré ces ambitions mondiales, les engagements nationaux et les actions sur le terrain sont loin d’être suffisants pour éviter les points de bascule qui empêcheraient pourtant la réalisation de nos objectifs fixés pour 2030.
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Selon les conclusions du sixième rapport du GIEC publié en 2023 dans le cadre de la préparation de la COP28 de Dubaï,
Le réchauffement du système climatique est sans équivoque, et depuis les années 1950, beaucoup des changements observés sont inédits. L’atmosphère et les océans se sont réchauffés, la quantité des neiges et glaces a diminué, le niveau des mers s’est élevé et les concentrations des gaz à effet de serre ont augmenté. Depuis les années 1970, les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont été multipliées par deux sous l'effet de la croissance économique et de la forte augmentation de la demande d'énergie fossile provenant des pays émergents. Si les réserves de combustibles fossiles disponibles sont entièrement utilisées, des réchauffements de l'ordre de 4 à 5 °C seraient atteints en 2100, ce qui entraînerait une poursuite de ce réchauffement au siècle suivant jusqu'à 7 ou 8 °C.
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Bruno Latour dans : Où atterrir ? Comment s'orienter en politique (2017)
C'est un ouvrage écrit à la suite de l’annonce par Donald Trump du retrait des Etats-Unis des accords de Paris sur le climat. Latour y affirme que le dérèglement climatique – qu’il qualifie « d’évènement cosmique » – est l’enjeu géopolitique majeur de notre modernité et dénonce avec virulence l’insuffisance des politiques publiques actuellement mises en œuvre dans le cadre des COP . Le 6ème rapport du GIEC semble confirmer le triste constat de Bruno Latour : malgré la signature des accords de Paris 8 ans plus tôt, les émissions de gaz à effet de serre sont toujours en augmentation et la température de la surface du globe s’est déjà élevée d’1,1°C par rapport à la période préindustrielle.
192
Article, 1968 , le biologiste Garrett Hardin explique « la tragédie des biens communs »
Il prend l’exemple d’un pâturage partagé par tous les habitants d’un village. Chacun y fait paître ses animaux pour en tirer le maximum de profit. Mais comme la ressource est limitée et gratuite, tout le monde l’utilise sans se soucier des autres. Résultat : le champ est surexploité, se dégrade et ne profite plus à personne. Hardin montre ainsi que lorsque chacun agit dans son intérêt personnel, cela peut détruire une ressource utile à tous. Dans un système poussant à l’exploitation sans limite, les acteurs individuels seraient donc incapables de dépasser la recherche individuelle de la plus grande accumulation possible d’une ressource limitée mais accessible gratuitement, quand bien même le résultat final serait dommageable pour tous. La pratique de la surpêche est un exemple flagrant de la pertinente thèse de Hardin. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture estime à 77 % la proportion d’espèces de poissons impactées à différents degrés par la surpêche : 8 % serait épuisées, 17 % surexploitées et 52 % exploitées à leur maximum. Le paradoxe réside dans l’incapacité des acteurs concernés (au premier rang desquels les grandes pêcheries) à mettre fin à cette pratique alors même que selon un rapport de la Banque mondiale publié en 2017, le coût de la sous-performance annuelle des pêcheries mondiales représentait 83 milliards de dollars perdus par comparaison à un scénario de pêche durable.
193
Serge Latouche dans La Décroissance (2019)
Le libéralisme économique, fondé sur le profit et la croissance, serait incompatible avec les défis environnementaux auxquels notre modernité doit faire face C’est ce qu’affirme l’économiste Serge Latouche dans La Décroissance (2019). Le courant de pensée de la décroissance critique particulièrement l’emblème des politiques de croissance qu’est le calcul du produit intérieur brut (PIB). Les théoriciens de la décroissance lui reprochent de mesurer la richesse sans prendre en compte les externalités négatives, notamment sur l’environnement. L’obsolescence programmée apparaît comme une illustration flagrante des dérives de cette recherche effrénée de croissance au détriment d’un impératif écologique.
194
TA Paris, l'affaire du siècle, 3 février 2021
L’Etat est reconnu responsable de manquements dans la lutte contre le réchauffement climatique. Par un jugement du 3 février 2021, le tribunal administratif de Paris reconnaît l’existence d’un préjudice écologique lié au changement climatique. Il juge que la carence partielle de l’Etat français à respecter les objectifs qu’il s’est fixés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre engage sa responsabilité. Mais par une décision récente du 25 avril 2025, après l’avoir condamné à plusieurs astreintes, le Conseil d’État juge aujourd’hui que l’État a mis en place les actions nécessaires pour améliorer la qualité de l’air en France et exécuté sa décision de justice de 2017 dans sa totalité. Plus aucune zone ne dépasse les seuils de pollution aux particules fines (PM10) et le seuil de pollution au dioxyde d’azote (NO2) est quasiment respecté à Lyon et proche de l’être à Paris.
195
Définitions de la famille
Pour Claude Lévi-Strauss, la famille est une « communauté de personnes réunies par des liens de parenté existant dans toutes les sociétés humaines et dotées d’un nom, d’un domicile et qui créé entre ses membres une obligation de solidarité morale et matérielle censée les protéger et favoriser leur développement social, physique et affectif ». Pour l’INSEE, c’est la partie d’un ménage comprenant au moins deux personnes. Elle est constituée d’un couple vivant au sein du ménage, avec le cas échéant son ou ses enfants ou d’un adulte avec son ou ses enfants.
196
Alain Renaut, dans La Libération des enfants (2002)
L’enfant appartient virtuellement à la communauté des égaux, considéré de plus en plus comme un « homme en devenir ». La relation parents-enfants est de plus en plus encadrée par des normes juridiques qui contribuent à un affaiblissement de la construction historique familiale fondée sur un principe de hiérarchie. La loi du 4 mars 2002 a refondé l’autorité parentale : la famille n’est plus un lieu d’obligations de l’enfant envers ses parents mais un lieu d’obligations des parents envers l’enfant puisque l’autorité est définie comme un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l’intérêt de l’enfant. La crise de la famille tient également au recours à de nouvelles techniques procréatives. Enfin, les changements dans la géométrie familiale résultent également d’évolutions scientifiques. Les avancées scientifiques permettent d’améliorer la prise en charge médicale des couples infertiles. L’assistance médicale à la procréation qui permet la naissance d’environ 20 000 enfants par an a connu des évolutions dans sa prise en charge et ses bénéficiaires avec une ouverture aux couples lesbiens. Les débats témoignent également là d’une vision de la famille comme source de fécondité. En réalité, le recul de la fécondité est le premier facteur qui explique la crise de la famille. Le fait de ne plus atteindre le seuil de remplacement des générations (2,1 enfants par femme) constitue une inquiétude. Ces données ont un retentissement dans les sociétés confrontées à une inquiétude populationniste.
197
Dans un article du Monde publié le 13 mai 2025, intitulé « L’arrestation d’une juge de Milwaukee, symbole de l’affrontement entre Trump et la justice »
La juge Hannah Dugan a été arrêtée pour avoir tenté de protéger un migrant sans papiers d’une expulsion. Ce geste lui a valu une inculpation fédérale pour entrave à l’action de la police, dans un climat de forte pression exercée par l’administration Trump sur les magistrats locaux. Cette affaire concrète montre comment un pouvoir exécutif peut chercher à intimider les juges pour imposer ses priorités politiques, au mépris de leur indépendance. Elle illustre les risques de dérive autoritaire même au sein d’un régime démocratique, et questionne la solidité des contre-pouvoirs face à une gouvernance autoritaire.
198
Pierre Bourdieu La Distinction, La Reproduction ou Les Héritiers, 3 ouvrages sur la reproduction sociale :
La famille demeure le lieu privilégié de la reproduction sociale. Ses ouvrages démontrent le rôle central que joue la famille dans la transmission des capitaux économiques, culturels et sociaux, perpétuant la reproduction d’un ordre social inégalitaire que l’école peine parfois à modérer.
199
Jean Bodin, l’auteur des Six livres de la République (1576) :
« Il n’y a de richesses que d’hommes » La famille a donc toujours constitué un objectif politique. La famille est un rouage en lien avec l’organisation politique et sociale. La population est la source première de l’existence et de la puissance de l’État. Elle constitue en particulier le fondement de toute prospérité économique et peut aussi bien servir d’un point de vue militaire. Se met alors en place, à l’âge classique, un ensemble de stratégies politiques pour favoriser la démographie. Emmanuel Macron, dans sa conférence de presse du 16 janvier 2024, a déclenché de nombreux débats en appelant à un « réarmement démographique », préfigurant la mise en place d’une grande politique nataliste. La cause, c’est bien sûr la baisse du nombre des naissances sur le territoire français : avec moins de 700 000 nouveau-nés en 2023, la fécondité atteint 1,68 enfant par femme. Critiques : - D’abord, d’un point de vue féministe, car encourager les femmes à porter des enfants pour le bien de la patrie, ou pour contribuer à « l’effort de guerre », reconduit insidieusement l’idée de « destin », d’utilité spécifique de la femme, qui serait donc essentiellement procréatrice. - D’un point de vue plus libéral : l’État doit il s’immiscer dans le choix des individus ? En effet, l’expression de « réarmement démographique » s’inscrit en faux contre une manière moderne de concevoir le désir d’enfant – ou le non-désir d’enfant, tout aussi légitime – comme une volonté intime et éminemment personnelle. Autrement, dit c’est aller contre l’esprit du temps. D’ailleurs, les politiques natalistes menées dans d’autres pays ne marchent pas bien.
200
Pièce de théâtre, Antigone de Sophocle
Elle brave l'interdit de son oncle Créon d'enterrer son frère accusé de haute trahison. Antigone défend avant tout les valeurs familiales et oppose aux lois de la cité, des lois plus anciennes, non écrites, qu'elle considère comme supérieures. Cette tragédie montre à quel point les liens familiaux sont un enjeu profond qui mérite d'être pris au sérieux.
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L’Évangile selon Matthieu
Si l’homme est un être fait pour la mort, il doit donc s’y préparer. C’est la mission première des religions qui ont décrété que la mort est bien la grande affaire sérieuse de nos existences. Chez les Chrétiens par exemple, il est un devoir de préparer son salut : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure où le Seigneur viendra »
202
Montaigne nous rappelle dans Les Essais (1580) :
La philosophie aussi tente de nous préparer à la mort : « philosopher c’est apprendre à mourir ».
203
Philippe Ariès dans L’Homme devant la mort (1985) :
La mort, qui a longtemps été considérée comme un événement social, est même devenue tabou : « La mort, si présente autrefois, tant elle était familière, va s’effacer et disparaître. Elle devient honteuse et objet d’interdit ». Dans les sociétés archaïques la mort faisait partie de la vie de tous les jours. Elle s’intégrait même à l’existence, elle rythmait la vie, à l’image de la « fête des morts » toujours très présente dans l’actuel société mexicaine et qui rend hommage aux esprits des ancêtres et honore leur mémoire. Comment ne pas être étonnés aujourd’hui de voir, dans nos sociétés contemporaines, que l’on cache nos cimetières derrières des murs et de hautes enceintes ? Dans les grandes métropoles capitalistes et matérialistes, la mort a en effet disparu. Elle ne se donne pas à voir.
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la philosophe Claire Marin dans L’Homme sans fièvre (2013) + Mouvement de fond qui refuse désormais la mort sous toutes ses formes : antispécisme, zéro mort, suicide...
Même la maladie, la compagne de la mort qui nous accompagne tout au long de la vie, est désormais considérée comme une anormalité et une injustice que la société doit prendre en charge par l’intermédiaire de la seule technique. Le « droit à la guérison » ou « l’absence de toute pathologie » sont devenus de véritables « injonctions sociales », comme l’explique la philosophe Claire Marin. Tout se passe comme si notre besoin de sécurité s’était déplacé dans la sphère médicale. Ce mouvement s’inscrit dans une dynamique de fond qui refuse désormais la mort sous toutes ses formes : que ce soit la mort des animaux, longtemps mise à mort « autorisée » mais qui est de plus en plus contestée dans nos sociétés occidentales, au nom de « l’antispécisme » comme le prône par exemple Aymeric Caron dans Antispéciste (2016) réclamant d’accorder des droits à la condition animale ; que ce soit l’idéologie du « zéro mort » qui est devenue un référentiel de nos armées sous la pression des opinions publiques qui exigent désormais des « guerres sans mort », encourageant l’utilisation de plus en plus importante de drones pour protéger la vie de nos soldats ; que ce soit enfin le suicide, pourtant « fait social »
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Initiative 2045, lancé en 2011 par le milliardaire russe Dmitry Itskov
Les « trans-humanistes », qui renouent avec une tradition millénaire en souhaitant prolonger la vie sans fin, réactivent ainsi le vieux fantasme de nous rendre immortels ou du moins « a-mortels ». Mais cette ambition de prolonger la vie humaine s’inscrit en réalité dans une lecture très contemporaine de l’idée de progrès : - Un progrès qui n’est plus « moral » comme au 18ème siècle (où il s’agissait pour l’homme d’être perfectible, de progresser moralement, humainement) - Non plus « matériel » comme au 19ème siècle (où il s'agissait pour l’homme de s’enrichir, de vivre mieux, matériellement), - Mais qui est désormais entré dans une troisième dimension, celle du surhomme ou de l’homme augmenté. Dans L’Odyssée, Ulysse est retenu plusieurs années sur une île par la déesse Calypso, qui tombe amoureuse de lui. Elle lui propose un marché : rester avec elle pour toujours, sans vieillir, en échange de l’immortalité. Cela signifie abandonner son voyage, son passé, sa famille, et sa condition humaine. Mais Ulysse refuse. Il préfère rester un homme mortel et continuer son périple vers Ithaque, sa terre natale, pour retrouver les siens. Ce choix montre son attachement à ce qui fait de lui un être humain : la mémoire, l’amour, le lien aux autres, et même la finitude
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Spinoza dans L’Éthique (1677)
Penser à la vie, pour la rendre la plus riche possible, c’est-à-dire vaincre les « passions tristes » comme le recommande Spinoza dans L’Éthique (1677) qui écrit magnifiquement : « La sagesse de l’homme libre (…) est une méditation non de la mort, mais de la vie ».
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Film Tu ne mentiras point (2024), réalisé par Tim Mielants
Bill Furlong, un père de famille irlandais découvre, à la veille de Noël, que des jeunes filles sont enfermées et maltraitées dans une blanchisserie dirigée par des religieuses. L’histoire se passe dans les années 1980, mais tout le village semble fermer les yeux, par peur ou par habitude. Bill, homme simple et discret, se retrouve face à un dilemme : se taire comme tout le monde ou agir au nom de sa conscience. Ce film, inspiré d’un fait historique réel (les blanchisseries de la Madeleine), montre à quel point il peut être difficile de dire la vérité ou de faire le bien quand cela signifie aller contre la majorité ou l’ordre établi. Il met en valeur le courage moral d’un individu ordinaire, et nous interroge sur notre capacité à agir quand personne ne le fait
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Film Youth de Paolo Sorrentino (2015)
La jeunesse est évoquée en creux à travers deux artistes âgés confrontés à leur passé et à la vitalité des jeunes générations. Le film interroge ce qu’il reste de la jeunesse : un souvenir, un regret, ou un moteur de création.
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Ahnenerbe, institut fondé en 1935 sous l’égide d’Heinrich Himmler, haut dignitaire nazi
L’instrumentalisation de la science par le pouvoir peut conduire à ses pires dérives, comme en témoigne l’exemple de l’Ahnenerbe, institut fondé en 1935 sous l’égide d’Heinrich Himmler, haut dignitaire nazi. Sous couvert de recherches scientifiques en anthropologie, en archéologie ou en génétique, cette organisation visait à justifier l’idéologie raciale nazie en « prouvant » la supériorité supposée de la race aryenne. De nombreuses expériences pseudo-scientifiques furent menées dans les camps de concentration, au mépris total de l’éthique et de la dignité humaine. Ce cas illustre tragiquement comment la science, lorsqu’elle se coupe de toute exigence morale, peut devenir un outil au service de la barbarie.
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Convention citoyenne sur les temps de l'enfant
Dans la perspective de la Convention citoyenne sur les temps des enfants organisée à partir de juin 2025, le tirage au sort des citoyens appelés à y participer débute le 19 mai 2025. Pour répondre à la question suivante : "Comment mieux structurer les différents temps de la vie quotidienne des enfants afin qu'ils soient plus favorables à leurs apprentissages, à leur développement et à leur santé ?" Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a été chargé d'organiser une Convention citoyenne sur les temps des enfants. Cette convention a été annoncée par le président de la République le 2 mai 2025, la lettre de saisine a été rédigée par le Premier ministre.
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Rapport Cour de cassation, avril 2025, IA et justice
Comme l’a montré le rapport de la Cour de cassation d’avril 2025 sur l’intelligence artificielle, une intégration éthique et encadrée de l’IA dans la justice est possible, à condition de respecter la primauté du juge, la transparence des algorithmes et la protection des droits fondamentaux. L’office du juge, dans un État de droit, ne peut être réduit à une suite d’opérations logiques ou statistiques. Dans son rapport de 2025, la Cour de cassation rappelle que « l’IA ne peut être qu’un outil d’assistance ponctuel, jamais un substitut à la décision judiciaire », mettant ainsi en garde contre la tentation d’une justice automatisée. Cette prudence montre qu’à l’heure du tout-algorithme, les garants de l’État de droit restent vigilants face aux risques de déshumanisation.
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Rrapport, 6 mai 2025, Cour des comptes dresse un bilan contrasté de la dernière relance de l’éducation prioritaire, appelée "refondation", engagée en 2015
La France fait partie des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) où le niveau scolaire des élèves issus de milieux plus défavorisés baisse depuis 20 ans et où les inégalités sociales pèsent le plus sur les destins scolaires. La politique d’éducation prioritaire menée depuis 1981 peine à réduire les inégalités.
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Proposition de loi relative à la fin de vie ++Proposition de loi visant à garantir l’égal accès de tous à l’accompagnement et aux soins palliatifs
Elle crée une aide à mourir pour les malades majeurs condamnés par une affection grave et qui en ont exprimé la demande, sous certaines conditions. Cet ultime recours est, en effet, encadré. Une clause de conscience est prévue pour les professionnels de santé qui refuseraient de participer à cette procédure. Sur amendement du gouvernement, ils ont en revanche rétabli le principe de l’auto-administration par le malade du produit létal, sauf exception lorsqu'il en est incapable physiquement. La commission des affaires sociales avait au contraire voté pour le libre choix du malade (auto-administration ou administration par un médecin ou infirmier). Les malades qui pourront demander cette aide devront être : - majeurs (au moins 18 ans) ; - français ou résidents étrangers réguliers et stables en France ; - aptes à manifester leur volonté de façon libre et éclairée ; - atteints d’une affection grave et incurable, qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale ; - victimes de souffrances réfractaires aux traitements (qu'on ne peut pas soulager) ou insupportables selon eux lorsqu'ils ont choisi de ne pas recevoir ou d’arrêter de recevoir un traitement. ++ Ce texte vise à développer les soins palliatifs et à mettre en œuvre la stratégie décennale des soins d'accompagnement présentée par le gouvernement en avril 2024 pour renforcer les soins palliatifs, améliorer la prise en charge de la douleur et l’accompagnement de la fin de vie. Cette stratégie est dotée d'1,1 milliard d’euros d'ici 2034, notamment pour que chaque département dispose d'une unité de soins palliatifs (USP). En mars 2025, 19 départements n'ont toujours pas d’USP. Les députés ont introduit la possibilité pour le malade, sa personne de confiance ou, à défaut un proche, de saisir le juge administratif en référé afin que soit ordonnée sa prise en charge palliative.
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Rapport VIOLENCES SEXUELLES FAITES AUX ENFANTS : « ON VOUS CROIT », de la CIIVISE Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants
- 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année - 5,4 millions de femmes et d’hommes adultes en ont été victimes dans leur enfance - l’impunité des agresseurs et l’absence de soutien social donné aux victimes coûtent 9,7 milliards d’euros chaque année en dépenses publiques. Les deux tiers de ce coût résultent des conséquences à long terme sur la santé des victimes. Elle dénonce le déni des violences incestueuses
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Pierre Clastres, La société contre l'Etat, 1974
L'Etat ne serait pas le seul moyen d'organiser une société. En effet, plutôt que de donner le pouvoir à une élite gouvernante, Pierre Clastres propose de le donner à l'ensemble de la communauté. Ainsi la société serait fondée sur la conscience collective et le consensus, ce qui empêcherait la montée des courant populistes d'aujourd'hui. Le peuple exercerait pleinement sa souveraineté autour d'un projet commun et les citoyens devraient collaborer pour exprimer leurs opinions. Cependant, ce système n'est pas pleinement satisfaisant. En effet, déjà Platon dans La République, insistait sur le caractère dangereux de l'opinion publique en rappelant la condamnation injuste de Socrate. Même si la démocratie repose essentiellement sur la majorité, elle ne peut pas s'en satisfaire pleinement puisque la majorité peut rapidement tendre à diminuer les droits des minorités et ainsi devenir tyrannique.
216
Traités de Westphalie, 1648
= Chaque Etat est souverain sans être contraint par un autre Etat. Les traités de Westphalie signés en 1648, qui mirent fin à la guerre de Trente Ans, constituent un moment fondateur dans l’histoire des relations internationales. Ils consacrent la reconnaissance mutuelle entre États souverains et posent les bases d’un ordre international fondé sur la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres puissances. En affirmant la souveraineté des États, les traités de Westphalie marquent la fin de l’unité politique de la chrétienté médiévale et le début de l’État moderne comme acteur central de l’ordre juridique et politique. Ce modèle westphalien reste une référence structurante, bien que de plus en plus discutée à l’heure de la mondialisation et des interdépendances croissantes : ingérences étrangères, numérique ... (annulation élection roumaine par la Cour constitutionnelle fin 2024)
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Sartre, l'Etre et le néant, 1943
"C'est dans l'angoisse que l'Homme prend conscience de sa liberté" : la responsabilité est énorme. = Insiste sur la liberté comme une capacité à faire des choix indépendants, même si induit une grande responsabilité.
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Tableau, Gustave Caillebotte, raboteurs de parquet, 1875
Rapport de domination sociale dans le travail : accroupis et teminent le parquet dans un immeuble haussmanien dans lequel diendront habiter des bourgeois.
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La Condition ouvrière (1951), la philosophe Simone Weil
Après avoir travaillé en usine, décrit un travail marqué par l’humiliation, la répétition mécanique et la dépossession de soi. Elle y voit une souffrance extrême, non seulement physique mais surtout spirituelle, née de la perte de sens et de liberté. Pourtant, elle n’en appelle pas à la disparition du travail, mais à sa transformation : Weil considère que le travail, lorsqu’il est librement consenti, structuré par la justice et orienté vers le bien commun, peut devenir une expérience spirituelle et une forme d’attention au réel. À l’heure où certains prédisent la fin du travail sous l’effet de l’automatisation, cette pensée invite à ne pas idéaliser sa disparition, mais à repenser en profondeur les conditions de sa dignité.
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Enquête DARES (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail) "Souffrances au travail" 2019
37% des actifs condièrent leur travail comme insoutenable + environ 1000 morts au travail en 2021 + En 2022, selon les derniers chiffres connus, 738 décès ont été recensés parmi les AT reconnus. Soit deux morts par jour. Un chiffre en hausse de 14 % sur un an, mais stable par rapport à 2019. A cela s’ajoutent 286 accidents de trajet mortels (survenus entre le domicile et le lieu de travail) et 203 décès consécutifs à une maladie professionnelle. + Quatre-vingt-dix pour cent des victimes sont des hommes, et les ouvriers ont cinq fois plus de risques de perdre la vie que les cadres. + selon Eurostat, en 2021, la France avait le quatrième taux le plus élevé d’accidents mortels : 3,32 pour 100 000 travailleurs, soit près du double de la moyenne de l’Union européenne (1,76). Ce chiffre plus élevé s’explique par la reconnaissance quasi systématique, en France, des malaises fatals comme accidents du travail (en 2022, 57 % des morts au travail étaient consécutives à un malaise), ce qui n’est pas le cas dans les autres pays.
221
Rimbaud, Une saison en enfer
"La vie fleurit par le travail" = devient un lieu d'épanouissement personnel. L'Homme travail car il est un être de besoin.
222
David Graeber, Bullshit Jobs (2018)
David Graeber dénonce la prolifération d’emplois vides de sens, souvent bien rémunérés, mais perçus comme inutiles par ceux-là mêmes qui les occupent. Selon lui, la société moderne produit artificiellement du travail pour maintenir l’illusion de l’utilité sociale, au lieu de favoriser des activités réellement bénéfiques. Cette thèse interroge la valeur symbolique du travail dans les sociétés contemporaines : la disparition de certains emplois ne serait pas une perte, mais une libération. À rebours de l’idéal productiviste, Graeber invite à repenser la finalité du travail, non en termes de présence ou d’occupation, mais de contribution authentique au bien commun. Le métier de "chargé de communication interne" dans certaines grandes entreprises, quand ce poste consiste principalement à produire des contenus que personne ne lit ou à organiser des réunions inutiles, uniquement pour donner l’impression qu’il y a de l’activité.
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Dominique Méda, Le travail, une valeur en voie de disparition
Réduction de la place du travail dans nos vies permet l'apparition d'autres modes de sociabilités. La sociologue Dominique Méda montre que le travail, longtemps au cœur de l'identité individuelle et du lien social, perd aujourd’hui de sa centralité. Elle souligne que cette évolution n’est pas forcément une régression : la réduction du temps de travail et la remise en question de sa place dominante permettent l’émergence de nouvelles formes de sociabilité, d’engagement ou de réalisation de soi, notamment dans les sphères familiale, associative ou créative. Cette pensée invite à penser la disparition partielle du travail salarié non comme une crise, mais comme une opportunité de réinventer le lien social autrement que par la seule activité productive.
224
"Arbeit yacht frei"
"Le travail rend libre" inscrit à l'entrée des camps de concentration et d'extermination + Devise du régime de Vichy : "Travail, famille, patrie"
225
Adam Smith, La richesse des nations, 1776
Adam Smith analyse la division du travail comme un puissant moteur de productivité et de progrès économique. Il prend l’exemple d’une manufacture d’épingles pour montrer que la spécialisation des tâches — chacun n’accomplissant qu’un geste précis — permet une augmentation spectaculaire de l’efficacité collective. Le travail devient alors un facteur d’enrichissement pour les nations et un pilier de la modernité économique. Mais cette analyse, centrée sur les gains de productivité, fait peu de cas de l’aliénation individuelle qu’une telle spécialisation peut engendrer.
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Piketty, dans un article du monde en avril 2024
L'entrée de l'Ukraine dans l'UE doit être l'occasion de redéfinir l'UE comme une communauté politique au service de l'Etat de droit et du puralisme démocratique et de sortir de la religion économique du libre-échange.
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Le juriste Sotelleis s'agissant de l'Europe
« L’Europe se singularise par sa focalisation spécifique sur le droit ». Cette remarque éclaire une caractéristique essentielle de la culture politique européenne : loin de s’appuyer d’abord sur une puissance militaire ou une foi commune, l’Europe s’est historiquement construite autour de normes juridiques, de contrats sociaux, et d’institutions fondées sur la règle de droit. Cette centralité du droit se retrouve dans l’Union européenne contemporaine, où la juridicisation des relations économiques, sociales et même symboliques devient un vecteur d’unité. Face aux bouleversements contemporains (disparition du travail, crise démocratique, mutations technologiques), cette « culture du droit » reste une ressource spécifique pour organiser les transformations sans céder à la brutalité. Selon lui, l'originalité du droit européen repose sur 3 miracles : - L'identité juridique européenne doit beaucoup au droit romain - Jamais autant, un ensemble de règles n'avait échappé à la religion - Traduction et diffusion dans toute l'Europe grâce aux textes d'Aristote
228
Charles Taylor, Les Sources du moi (1989) :
il explique que, contrairement aux sociétés traditionnelles où l’identité était donnée par la famille, la religion ou la communauté, l’individu moderne doit construire lui-même son identité en se choisissant. Cette liberté implique une responsabilité mais aussi un questionnement profond, car il n’existe plus de cadre stable qui dicte ce que l’on doit être. Taylor montre ainsi que la modernité est marquée par une tension entre liberté individuelle et besoin de reconnaissance sociale. Cette réflexion s’applique aussi à l’Union européenne, qui tente de forger une identité collective malgré la diversité culturelle, historique et linguistique de ses États membres. L’UE s’appuie alors davantage sur des valeurs communes et le droit que sur une identité culturelle unifiée, ce qui reflète les tensions identitaires de la modernité européenne décrites par Taylor.
229
Mona Ozouf, Compositions françaises
Elle montre comment la France s’est constituée au fil du temps par des récits divers, mêlant héritages locaux et projet national. Mona Ozouf explique que l’identité française ne vient pas d’une seule origine ou d’un seul groupe, mais qu’elle s’est construite petit à petit, en mélangeant plusieurs histoires et traditions locales. Par exemple, les régions de France ont chacune leur culture, leurs langues, leurs fêtes. Ces héritages différents ont été rassemblés dans un projet commun pour créer ce qu’on appelle la nation française. L’identité française est donc comme un collage, un patchwork d’éléments variés qui, ensemble, forment un tout cohérent.
230
Colette Beaune dans Naissance de la nation France
Elle insiste sur la lente émergence d’un sentiment national qui s’est construit au Moyen Âge et s’est renforcé par des symboles et des institutions. Elle explique comment les rois, les guerres, les alliances et les lois ont peu à peu uni des territoires et des peuples différents. Par exemple, le royaume de France s’est agrandi au fil du temps, rassemblant des régions qui avaient chacune leurs propres coutumes. Ainsi, la France est devenue une nation en construisant une identité commune à partir de cette diversité.  c’est précisément à partir de cette diversité que s’est forgée une identité commune. Beaune met ainsi en lumière que l’identité nationale française est le produit d’une construction historique, mêlant pouvoir royal, imaginaire collectif et appropriation progressive d’un sentiment d’appartenance. Cette approche historique nuance toute conception essentialiste de l’identité nationale, en en rappelant la dimension évolutive et politique.
231
Robert Castel, La discrimination négative : citoyen ou indigène, 2007
La conception républicaine traditionnelle est mise à mal, comme le souligne Robert Castel, qui analyse la discrimination négative en distinguant entre citoyens et "indigènes" au sein de la société française. Il analyse comment, dans la société française contemporaine, certains groupes se retrouvent marginalisés et traités comme des "indigènes" plutôt que comme de vrais citoyens. Cela crée une discrimination négative, c’est-à-dire un rejet social qui exclut ces personnes des droits et de la reconnaissance pleine. Cette distinction entre citoyen "à part entière" et "indigène" souligne les fractures sociales et identitaires, et montre que l’égalité républicaine n’est pas toujours réalisée en pratique.
232
Ensemble de statues "Les sept pétrifiées" réalisées par Carl Butcher en 1995
Elles regroupent les valeurs du Conseil de l'Europe : l'Etat de droit, le pluralisme, la démocratie et en même temps les atrocités commises au XXème siècle représentent le rapport ambivalent que le citoyen entretient avec l'Europe.
233
Vaste enquête "Libertés à l'épreuve du siècle"
A mis en exergue le fait que 60% des personnes se consièdrent comme citoyens européens, toutefois personne ne saurait justifier leur identité européenne et seulement 15% connaissent l'initiative législative européenne nécéssitant 1 million de participants. Exemple récent : Un million d’Européens appellent à interdire les « thérapies de conversion » contre les LGBT+. Maintenant que ce seuil est atteint, la Commission européenne doit répondre publiquement à cette pétition. Mais rien ne l’oblige à transformer cette initiative citoyenne en nouvel acte juridique européen. + L'élection des eurodéputés se déroule au SUD depuis 1976, première application en 1979. + Le scandale du Quatargate a éclaté en 2022 et a profondément remis en cause la légitimité des membres du parlement européen. Il s'agit d'une enquete toujours en cours dans laquelle des membres du parlement européen avaient été placés en détention provisoire car ils auraient accepté de l'argent en échange d'un travail législatif influencé. Cette situation a conduit le parlement a légiférer : désormais les eurodéputés ayant des fonctions importantes (président, vice président et rapporteur) doivent remplir une déclaration d'intérêts.
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Nomination E.Borne en mai 2022 en tant que PM
"Aller au bout de leur rêve" La nouvelle première ministre a eu raison, lorsque Jean Castex lui a transmis le flambeau, d’appeler les petites filles d’aujourd’hui à oser aller au bout de leur rêve. Chaque fois que la cause des femmes progresse, un point est marqué.
235
Article 1er de la DDFC, Olympe de Gouges, 1791
"La femme naît libre et demeure égale à l'homme" + Après 2GM : les F acquierent le droit de vote et font leur entrée à l'AN et au Séant + Mai 68 : accélération de l'évolutiion des moeurs et mentalités Paradoxe de la place des femmes : l'égalité dans les textes ne signifie pas égalité dans les faits. + Obsession nataliste : Années 1920 : lois contre l'avortement et la contraception : correctionnalise l'avortement et répriment toute information sur la contraception.
236
Rapport 2023 du Haut conseil à l'égalité sur l'état du sexisme en France
"Le sexisme perdure et ses manifestations les plus violentes s'aggravent" Sensibilité + grande aux inégalités = 93% mais ne rejette pas le sexisme en pratique = 40% estiment qu'il est normal qu'une F arrête de travailler pour les enfants.
237
Focus femme
- Il aura fallu attendre 1965 pour qu'une femme puisse exercer une profession sans l'accord prélable de son mari et gérer leurs biens. - 1975 = autoriser à divorcer par consentement mutuel + IVG - Loi du 6 juin 2000 sur la parité favorise l'égale accès des femmes et hommes aux mandats électoraux et fonctions électives qui le constitutionnalise à l'article 1Er alinéa 2 de la Constitution. - "On ne naît pas femme, on le devient" Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe - Sylviane Agacinski, Politique des sexes : la nature féminine devrait être une force. elle souhaitait revaloriser le rôle des femmes à travers leur fécondité. - Romain Gary, La promesse de l'Aube : l'auteur décrit sa mère comme quelqu'un ayant fait preuve d'abnégation toute sa vie pour entretenir et élever son enfant quitte à s'affamer en secret afin que son fils puisse manger à sa faim. Cette dernière souhaitait la réussite de son fils à tout prix et se convainc elle-même du destin extraordinaire qu'il aura nécessairement. - Discrimination à l'embauche difficilement prouvée -
238
Grégoire Chamayou, Théorie du drone (2013)
Grégoire Chamayou montre comment les nouvelles technologies militaires, en particulier les drones, transforment radicalement notre rapport à la guerre. Celle-ci devient unilatérale : on tue à distance, sans risque pour soi, ce qui inverse le principe même du combat. La guerre devient une forme de "chasse à l’homme" permanente, où l’ennemi est surveillé, traqué, éliminé sans défense. Chamayou parle ainsi d’une "guerre terrorisée", où la terreur n’est plus de part et d’autre, mais imposée par une puissance invisible et omniprésente.
239
Marc Bloch, L’Étrange Défaite, 1946
Marc Bloch cherche à comprendre pourquoi la France s’est effondrée si rapidement face à l’armée allemande. Il accuse d’abord les hauts responsables militaires d’avoir été figés dans des méthodes dépassées, incapables de s’adapter à une guerre moderne. Mais il va plus loin : selon lui, cette défaite révèle une crise plus profonde. Il critique une partie de la société française, en particulier la bourgeoisie, qu’il décrit comme égoïste, repliée sur ses plaisirs, aveugle aux dangers et peu soucieuse du bien commun. Pour Bloch, la défaite n’est donc pas seulement militaire : c’est une défaite morale et collective, le symptôme d’un affaiblissement du lien entre les citoyens et leur nation.
240
Rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance (1er avril 2025)
Il dresse un constat alarmant de la situation de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) en France. Il met en évidence des défaillances systémiques : surpopulation des structures d’accueil, pénurie de personnel (avec un manque estimé à 30 000 postes), recours accru à l’intérim et aux opérateurs privés, et conditions de vie précaires pour les enfants pris en charge. Le rapport souligne également les disparités territoriales dans les financements et les prises en charge, ainsi que la vulnérabilité accrue des mineurs non accompagnés. Il formule 92 recommandations pour réformer en profondeur le système, notamment en renforçant la gouvernance, en améliorant les conditions d’accueil, en assurant un accompagnement vers l’autonomie, et en plaçant les besoins fondamentaux de l’enfant au cœur des politiques publiques.
241
Jean-Jacques Rousseau dans Émile ou De l’éducation (1762)
La notion moderne d’enfance émerge au XVIIIᵉ siècle, notamment avec Jean-Jacques Rousseau dans Émile ou De l’éducation (1762). Pour la première fois, l’enfant n’est plus vu comme un adulte en miniature, mais comme un être en développement, avec des besoins, un rythme et une dignité propres. Rousseau insiste sur l’importance de respecter les étapes de la croissance et de former l’enfant à la liberté et à la vertu, posant ainsi les bases d’une nouvelle vision de l’éducation et de l’enfance.
242
Les Lieux de mémoire (2007), Pierre Nora
Pierre Nora distingue l’histoire, discipline savante et critique, de la mémoire, vivante, subjective, souvent communautaire. Selon lui, l’inflation mémorielle contemporaine — c’est-à-dire la multiplication des commémorations, musées, lois mémorielles — révèle une société en quête d’identité, parfois au détriment de la réflexion historique rigoureuse. Il s’interroge : « L’histoire ne risque-t-elle pas de devenir un refuge dans le passé, pour éviter d’affronter le présent ? » En mobilisant l’histoire pour figer des récits ou légitimer des appartenances, on peut en effet perdre sa vocation première : comprendre le passé pour éclairer le présent et agir sur l’avenir.
243
Les stades de la vie, Nietzsche
Nietzsche illustre le parcours de l’esprit humain à travers trois métamorphoses symboliques : d’abord le chameau, qui porte le poids des croyances et des obligations imposées par la société et la tradition ; puis le lion, qui représente la révolte contre ces contraintes, l’esprit critique et la quête de liberté intérieure ; enfin l’enfant, qui incarne la capacité ludique, créative et naïve, où l’esprit s’approprie librement ses savoirs pour inventer et jouer. Nietzsche souligne que les croyances jouent un rôle fondamental car la raison seule peut aveugler, et que cet aller-retour entre foi, critique et innocence est essentiel à la maturation intellectuelle.
244
Sénèque sur la guerre
Sénèque affirme que « la crainte de la guerre est encore pire que la guerre elle-même », soulignant ainsi le poids psychologique et social de la peur dans les conflits. Cette idée illustre que l’angoisse permanente liée à la menace guerrière peut parfois avoir des effets plus destructeurs que la violence concrète, impactant profondément les sociétés bien avant l’affrontement physique.
245
Privatisation de la guerre :
Les mercenaires, en particulier des groupes privés comme la Société militaire privée (SMP) Wagner, illustrent la privatisation croissante du monopole de la violence légitime. Présente en Ukraine et dans plusieurs zones de conflit, cette organisation russe opère sans statut officiel reconnu par Moscou, ce qui lui confère une opacité stratégique et juridique. En échange de ses services militaires, Wagner tire profit de l’exploitation des ressources naturelles, notamment l’exploitation minière, renforçant ainsi son autonomie financière et politique. Ce phénomène soulève des questions majeures sur la dérégulation de la guerre, l’érosion des souverainetés étatiques et la difficulté de contrôler des acteurs privés armés dans les conflits contemporains.
246
La Société du spectacle (1967), Guy Debord
Guy Debord analyse la transformation des sociétés modernes en sociétés où la médiatisation et la représentation remplacent la réalité vécue. Selon lui, le spectacle ne se limite pas aux images ou aux médias, mais constitue un mode dominant de la vie sociale, où les relations humaines sont médiatisées par des images et des représentations détachées de l’expérience réelle. Cette société du spectacle produit une aliénation généralisée, en réduisant les individus à des simples spectateurs passifs, tandis que le capitalisme utilise ce spectacle pour maintenir son pouvoir.
247
Mai 68
Mai 1968 ne se résume pas à une simple révolte étudiante ou à un mouvement ouvrier : il marque une rupture profonde dans les mentalités et les structures sociales. L’intérêt fondamental de cet événement réside dans sa capacité à ébranler l’ordre établi — qu’il s’agisse de l’autorité patriarcale, du pouvoir gaulliste ou des hiérarchies universitaires et professionnelles. Il ouvre un espace de contestation inédit, où les aspirations à l’émancipation, à l’égalité et à la liberté d’expression prennent une ampleur collective. Sur le plan social, Mai 68 débouche sur les accords de Grenelle, qui améliorent les conditions de travail (hausse du SMIC, reconnaissance syndicale, etc.) et participent à la modernisation des relations professionnelles. Sur le plan culturel, il contribue à libérer la parole dans les sphères privées et publiques, en valorisant des thèmes jusque-là marginaux : sexualité, droits des femmes, critique de la consommation. L’enjeu de Mai 1968 réside donc dans sa portée symbolique : c’est un moment où l’idée de changement devient centrale, et où l'identité nationale s’ouvre à de nouveaux récits, plus critiques, plus démocratiques, et moins figés dans les héritages du passé.
248
Dans sa Théorie de la justice, John Rawls
Rawls dégage les principes qui régissent une société juste. Il cherche à réconcilier deux principes qui s’opposent souvent, mais qui sont au cœur de l’idéal démocratique : la liberté et l’égalité. Les démocraties libérales ont privilégié le respect des libertés, parfois au détriment de l’égalité, tandis que les régimes socialistes ont restreint les libertés au nom de l’égalité. Rawls envisage une solution à ce dilemme : une société juste doit s’appuyer sur des principes qui garantissent la liberté et l’équité. Rawls introduit dans sa pensée le concept de « biens premiers ». Ces derniers recouvrent les libertés et droits fondamentaux (revenu, richesse, pouvoir, opportunités et bases sociales du respect de soi). Ces « biens premiers » forment les soubassements d’une société juste, il convient de les mettre à disposition de tous. Amartya Sen ira plus loin que Rawls en considérant que l’accès aux « biens premiers » n’est pas suffisant pour garantir la justice d’une société. Pour Sen, il faut également se préoccuper d’égaliser les capacités ("capabilités") des citoyens à profiter de ces biens (la santé, la réflexion, une longue espérance de vie, etc.).
249
Hartmut Rosa, Accélération (2010)
Nous chercherions à produire plus vite, mais aussi davantage, dans une forme d’union permanente entre vitesse et croissance. Il en résulte une accélération du rythme de vie, qualifiée par Rosa de « densification », « d’intensification du temps quotidien ». Avec le développement des nouvelles technologies et tout particulièrement d’internet, la société contemporaine permet aux hommes d’effectuer un nombre record d’actions distinctes dans une même unité de temps. Instantanéité et immédiateté font désormais partie de nos catégories de pensée et surtout de nos modes de vie. Le psychanalyste Serge Tisseron démontre ainsi dans Virtuel, mon amour (2008) que sous l’influence des technologies de l’information et de la communication, les hommes ont développé une capacité à réaliser non plus seulement deux mais trois ou quatre « tâches » simultanément.
250
Rapport annuel 2025 de la Cour des comptes sur les politiques publiques en faveur des jeunes
« les politiques publiques en faveur des jeunes ne sont pas seulement une réponse à des besoins immédiats, mais un investissement stratégique pour bâtir une société plus équitable, résiliente et prospère » La Cour des comptes met en lumière les limites de l’action publique à destination des 15-25 ans, pourtant bénéficiaires de plus de 53 milliards d’euros par an, soit 2 % du PIB. Malgré cet effort budgétaire, les inégalités d’accès à l’emploi, au logement ou à l’enseignement supérieur restent marquées, notamment pour les jeunes issus de milieux défavorisés, des territoires ruraux ou d’outre-mer. Par exemple, plus de 10 % des jeunes sont sans emploi, ni en formation, ni en études, et seuls 36 % obtiennent leur licence en trois ans. La Cour recommande de passer d’un pilotage fondé sur l’offre à un pilotage par les besoins et les résultats, et alerte sur l’inefficacité des dispositifs mal coordonnés ou mal ciblés, comme l’obligation de formation des 16-18 ans, dont 58 % des bénéficiaires identifiés sont restés sans solution. Elle appelle à la création d’un plan stratégique national, doté d’objectifs mesurables, pour rendre l’action publique plus lisible, mieux évaluée, et réellement tournée vers les jeunes les plus en difficulté. Près de 90% des 15-25 ans suivent des études, une formation, ou ont un emploi, mais inégalités persistantes. Si la catégorie "jeunes" ne renvoie pas à une population uniforme, la jeunesse se caractérise par des étapes qui mènent à l'autonomie. Les politiques publiques à destination de la jeunesse ont pour objectif de faciliter le franchissement de ces étapes. La jeunesse est une période de construction identitaire marquée par des basculements : passage de l’éducation à l’emploi, de la dépendance familiale à l’autonomie, de la minorité politique à l’intégration dans la cité. Elle est marquée par des défis psychologiques : stress lié aux études, incertitudes face à l’avenir, pression des pairs ou isolement social. Sans accompagnement, ces difficultés peuvent être sources de vulnérabilité, d’exclusion ou d’échec, notamment pour les jeunes en situation de précarité.
251
Rapport sur l’application des lois de financement de la sécurité sociale, mai 2025
Dans son rapport 2025, la Cour des comptes alerte sur le déficit croissant de la sécurité sociale, qui a atteint 15,3 milliards d’euros en 2024, soit bien plus que les 10,5 milliards prévus. Elle prévoit un déficit de 22 milliards en 2025 et de 24 milliards d’euros en 2028, notamment à cause de la hausse continue des dépenses de santé. La dette sociale ne peut plus être reprise par la CADES depuis 2024, et devrait dépasser 110 milliards d’euros d’ici 2028. La Cour critique un pilotage inefficace des dépenses et appelle à des réformes urgentes pour éviter une mise en danger du financement des prestations sociales essentielles, comme les soins ou les retraites.
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Pour mieux lutter contre les ingérences étrangères et la désinformation, la Commission européenne propose :
La mise en place d’un « bouclier européen de la démocratie ». Il faut saisir cette opportunité pour construire une autonomie européenne en matière informationnelle, fondée sur le journalisme fiable et indépendant. D’abord, l’Europe doit imposer des conditions à l’ouverture de son espace informationnel. Tout média issu de pays tiers devrait accepter de se soumettre aux règles du marché audiovisuel européen s’il souhaite y accéder, en particulier celles qui sont relatives à l’indépendance, l’honnêteté et le pluralisme de l’information. Il s’agit d’un enjeu de concurrence loyale mais aussi de souveraineté. L’Europe est une terre d’accueil pour de nombreux journalistes et médias étrangers contraints à l’exil en raison de leur métier.Ces journalistes sont bien sûr des acteurs majeurs de la lutte contre la désinformation et les ingérences étrangères, à condition que les Etats d’accueil les mettent à l’abri de la répression transnationale, favorisent leur reprise d’activité, et les aident à contourner la censure d’Etat pour atteindre leurs publics. Depuis mars 2022, les sanctions prises à l’encontre de certains médias d’Etat russes, fers de lance de la diffusion de désinformation à grande échelle, dont Russia Today et Sputnik, se sont révélées inefficaces, notamment sur Internet. La législation européenne sur le numérique – en l’occurrence le Digital Services Act (DSA) – est percluse de failles dont profitent les professionnels de la désinformation pour mener leurs opérations, en s’appuyant sur la passivité des principales plateformes américaines.
253
"Lettre ouverte sur les limites de la Convention européenne des droits de l’homme – 22 mai 2025
Dans une lettre ouverte rendue publique le 22 mai 2025, plusieurs chefs d’État et de gouvernement européens, dont Mette Frederiksen (Danemark) et Giorgia Meloni (Italie), appellent à repenser l’interprétation de la Convention européenne des droits de l’homme par la Cour de Strasbourg. S’ils réaffirment leur attachement aux valeurs démocratiques et à l’État de droit, ils expriment une inquiétude croissante face à des décisions judiciaires jugées excessivement contraignantes, notamment en matière d’expulsion des délinquants étrangers ou de maîtrise des flux migratoires. Cette initiative souligne une revendication de restauration de la souveraineté nationale, à savoir la capacité pour chaque État de décider qui peut entrer, séjourner ou être expulsé de son territoire, au nom de la sécurité collective et de la cohésion sociale. En toile de fond, se joue également une interrogation sur l’identité nationale : comment préserver des valeurs, des normes et un cadre commun dans un contexte de mondialisation et de mobilités accrues, où certains refusent d’adhérer aux principes fondamentaux (égalité, démocratie, liberté) des sociétés d’accueil ? Cette lettre témoigne d’un tournant politique européen où le principe de souveraineté est de plus en plus revendiqué face aux juridictions supranationales, et où l’identité nationale est invoquée pour légitimer des politiques plus fermes à l’égard des étrangers perçus comme non intégrés ou menaçants. C'est un signal aussi inédit qu’alarmant. Pour la première fois, des dirigeants européens ont collectivement critiqué la jurisprudence de la Cour européenne et publiquement appelé à une évolution de « l’interprétation de la Convention européenne des droits de l’homme » au sujet des ressortissants étrangers. Derrière le récit politique et médiatique, la réalité juridique apparaît donc clairement : ce n’est pas la jurisprudence européenne qui est allée « trop loin », mais certains gouvernants qui aimeraient désormais réécrire les règles.
254
Contrat de génération, par F. Hollande, suppression 2017 
aide annuelle de 4 000 euros pendant 3 ans max, aux entreprises de moins de 300 salariés, dès lors qu’elles embauchent un jeune de moins de 26 ans en CDI, tout en maintenant un sénior de 57 ans dans l’emploi.
255
Le Monde d’hier, Souvenir d’un européen Stefan Zweig, 1942
« Ce n’est pas tant mon destin que je raconte que celui de toute une génération ». Stefan Zweig évoque une époque où, avant 1914, les jeunes allaient jusqu’à se vieillir artificiellement — en portant, par exemple, de faux ventres — pour gagner en crédibilité et en autorité. Ce comportement contraste fortement avec la société contemporaine, marquée par un véritable culte de la jeunesse. L’apparence jeune est aujourd’hui valorisée au point de susciter une industrie florissante autour de la chirurgie esthétique, des soins anti-âge ou des implants capillaires. Vieillir devient alors une sorte de stigmate, perçu non comme un signe de sagesse, mais comme une déchéance physique et morale. Ce « jeunisme », largement relayé par les médias, creuse le fossé entre générations et alimente des tensions symboliques où les anciens se sentent mis à l’écart et dévalorisés.
256
Les Pires (2022), un film de Lise Akoka et Romane Gueret :
Quatre adolescents d’un quartier populaire de Boulogne-sur-Mer — Lily, Ryan, Maylis et Jessy — sont choisis pour jouer dans un film après un casting sauvage. Le réalisateur de fiction les sélectionne précisément parce qu’ils sont considérés comme "les pires" par le voisinage, en raison de leur passé difficile, de leur comportement ou de leur apparence. Ce choix questionne profondément les intentions de la production : s'agit-il de faire entendre des voix marginalisées ou d’exploiter leur souffrance pour produire un "réalisme choc" ? Le film, en brouillant les frontières entre documentaire et fiction, met en lumière une forme de violence symbolique souvent dissimulée derrière les bonnes intentions artistiques. Il interroge ainsi la manière dont les milieux populaires sont représentés à l’écran, souvent réduits à des caricatures misérabilistes au nom de l’authenticité.
257
Questions de sociologie, Pierre Bourdieu, 1984 :
Certaines des oppositions entre les générations sont en quelque sorte naturelles : elles tiennent aux incompréhensions qui séparent nécessairement des individus dont l’expérience et le vécu sont différents. Pierre Bourdieu a analysé le mécanisme de frustration qui explique les conflits de valeurs entre parents et enfants « Beaucoup de conflits de générations sont des conflits entre des systèmes d’aspirations constitués à ces âges différents. Ce qui pour la génération 1 était une conquête de toute la vie est donné dès la naissance, immédiatement, à la génération 2. Le décalage est particulièrement fort dans le cas des classes en déclin qui n’ont même plus ce qu’elles avaient à vingt ans et cela à une époque où tous les privilèges de leurs vingt ans (…) sont devenus communs ».
258
Le sociologue Talcott Parsons, dans les années 1950, identifie la "youth culture"
Il identifie la "youth culture" comme une étape intermédiaire et nécessaire entre l’enfance et l’âge adulte. Pour lui, cette culture propre aux adolescents permet un détachement progressif du noyau familial et favorise l’adaptation aux rôles sociaux attendus à l’âge adulte. Loin d’être une simple rébellion, elle a une fonction de socialisation essentielle dans les sociétés modernes.
259
Le scandale révélé en 2022 autour du groupe Orpéa, l’un des principaux gestionnaires d’EHPAD en France :
Ce scandale a mis en lumière des cas graves de maltraitance institutionnelle infligée à des personnes âgées dépendantes : rationnement des soins, sous-alimentation, gestion comptable des protections hygiéniques… Ces révélations, publiées dans le livre Les Fossoyeurs du journaliste Victor Castanet, ont suscité un choc national et interrogé la manière dont notre société traite ses aînés. Alors que l’on parle souvent d’une société du vieillissement, ce scandale rappelle que la vieillesse peut encore être synonyme d’abandon, d’indignité et d’invisibilisation, y compris dans des structures censées en garantir la protection.
260
Rousseau, Lettres écrites de la montagne, 1764
"Il est de l'essence d'une puissance souveraine de ne pouvoir être limitée" La souveraineté est pensée comme indépassable
261
Durkeim, L'éducation morale
L'autorité représente un moyen de transmettre des valeurs et des normes sociales aux jeunes générations, contribuant ainsi à la cohésion sociale. Cependant, la société contemporaine est marquée par une crise de l'autorité tant du point de vue de l'institution familiale que religieuse.
262
Gabriel Attal, lors de sa déclaration de politique générale en janvier 2024
"Nous devons faire respecter l'autorité partout : dans les classes, dans les familles (...) Dès le plus jeune âge, il faut revenir à un principal simple : tu casses ? tu répares. Tu défies l'autorité ? Tu apprends à la respecter"
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Jean-François Bayart, L’Illusion identitaire, Fayard, 1996.
L’identité ne se pense que dans la relation, dans la transaction, dans le conflit. Elle est une construction sociale, toujours en devenir, et non une essence. » remet en cause l’idée selon laquelle l’identité — qu’elle soit nationale, culturelle ou religieuse — serait une réalité stable et naturelle. Il montre que l’identité est avant tout une construction sociale et politique, façonnée par des rapports de pouvoir, des conflits et des dynamiques historiques. Pour lui, « l’identité ne se pense que dans la relation », ce qui implique qu’elle est toujours en évolution, et qu’elle ne peut être réduite à une essence figée. Cette analyse permet de comprendre que les discours sur « l’identité nationale » sont souvent moins une description fidèle de la réalité qu’un outil de légitimation, d’exclusion ou de mobilisation politique.