Introduction à l'éthique Flashcards

1
Q

Qu’est-ce que l’éthique?

A
  • discours rationnel sur l’agir humain
    - prendre les meilleures décisions et poser les meilleures actions possibles (sur la base des meilleures justifications possibles)

Dans le cours, on va parler d’éthique médicale et clinique (donc l’éthique dans la pratique médicale et dans les décisions de soins)

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Q

Qu’est-ce qu’un discours rationnel?

A

– Savoir clarifier, distinguer et expliciter les concepts et les enjeux
– Pouvoir donner des arguments valides et valables aux décisions et aux actions

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3
Q

Est-ce que le discours rationnel peut être modulé par son expérience et ses mentors?

A

Oui, cela n’empêche pas d’avoir de bonnes intuitions, de puiser dans son expérience ou de se modeler sur nos mentors

– Mais implique d’être critique, exigeant
– Et aussi de bonne foi et ouvert à adapter sa position si nécessaire
– Chercher à bien raisonner plutôt qu’à avoir raison

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4
Q

Quel est l’objectif d’un discours rationnel?

A

C’est de s’approprier réellement une réflexion et de pouvoir assumer une position authentique.

– Dépasser ses propres préjugés et a priori et la tendance à s’y conforter
– Dépasser les arguments historiques, populaires, d’autorité et autres rationalisations
– Se confronter aux meilleurs arguments possibles pour ou contre une position, décision ou action en clinique

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5
Q

Quels sont les rôles des cadres légal et déontologique dans un discours rationnel?

A

– Balisent la pratique et circonscrivent les options
– Éthique sous-jacente est certainement souvent valide…
* Ou pas, on ne peut que le préjuger si on ne s’approprie pas une réflexion authentique

–> Il est donc bien important de les connaitre!

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6
Q

Est-ce que les discours rationnels sont fixés dans le temps?

A

Non, c’est qqch de dynamique :
* Tensions saines entre la tradition, l’évolution de la société, la raison, la majorité, etc.

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7
Q

Quels sont les buts d’un discours rationnel?

A
  • Il faut se demander quelle est la chose à faire éthiquement (serait-elle aussi la chose à faire légalement ou déontologiquement, et inversement)
  • Il permet aussi de résoudre quand il y a plus qu’une option recevable légalement ou déontologiquement
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8
Q

Comment est-ce que le discours rationnel peut intervenir dans la science?

A
  • Il peut agit comme trousse de secours quand la science de dit pas quoi faire.
  • En fait, un des gros problèmes de la médecine, c’est de déterminer ce qu’elle doit faire ou non des tous les moyens dont elle dispose (c’est l’objectif de la bioéthique au sens large)
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9
Q

Est-ce que les sciences biomédicales peuvent, à elles seules, déterminer les bonnes actions?

A

Non, elles ne déterminent que les moyens pour réaliser certaines fins, elles n’éclairent que les enjeux…

–> Elles ne font pas, seules, le bon médecin.

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10
Q

Qu’est-ce qui fait un bon médecin?

A
  • Il est important de déterminer quels moyens sont les mieux adaptés, proportionnés, acceptables pour un individu donné dans des circonstances données
  • C’est un exercice chargé de valeurs, de jugements, de subjectivité…
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11
Q

Est-ce que la maladie est la seule chose au centre de la pratique médicale?

A

NON!

– Il y a aussi une relation d’emblée chargée éthiquement
– Une personne malade, souffrante, vulnérable avec une conscience, un vécu, des contraintes
– Un médecin qui professe compétence et engagement à aider avec une conscience, un vécu, des contraintes

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12
Q

En gros, c’est quoi la médecine?

A

C’est une pratique axée vers le soin, le soulagement et la guérison :
* Qui cherche les actions justes et bonnes en chaque circonstance et dans toutes les disciplines où elle se décline…
* L’éthique clinique est donc inhérente à une bonne pratique médicale, implicitement ou explicitement

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13
Q

Exemple AMM - comment est-elle considérée légalement au Canada?

A
  • initialement un homicide (meurtre par compassion…)
  • Décriminalisé suite à un jugement de la Cour Suprême et changement du code criminel par la suite
  • L’argument a été fait notamment sur la base de la Charte des droits et libertés…
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14
Q

Exemple AMM - comment est-elle considérée légalement au Québec?

A
  • considérée comme un soin
  • Suite à une consultation et une législation (qui ont précédé la décriminalisation)
    – Pour les majeurs aptes, couverts par la RAMQ, souffrance physique ou psychologique intolérable, mort prévisible…
  • C’est en mouvement, à coup de contestations judiciaires
    – Mineurs, patients inaptes, directives anticipées, conditions non terminales
  • Présence d’un droit à l’objection pour motif personnel et une obligation de référer pour les médecins
    – Mais qui voudrait et pourquoi voudrait-on s’objecter ?
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15
Q

Exemple AMM - comment est-elle considérée déontologiquement?

A

– Collège des Médecins du Québec a adapté le code de déontologie suivant l’évolution du cadre légal :
* Propose un guide pour que « tout se passe bien » à l’intérieur de ce cadre
* Ne propose pas de cadre de réflexion particulier pour que ses membres se fassent leur idée…
* Ne dit pas pourquoi on pourrait vouloir ou non s’objecter, sinon que pour des motifs personnels…

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16
Q

Exemple AMM - comment est-elle considérée éthiquement?

A

– Dire que l’AMM est une pratique médicale bien fondée parce que les cadres légal et déontologique l’autorisent n’est pas exactement un raisonnement (circulaire, comme dire qu’auparavant c’était mal parce que c’était interdit… et que maintenant c’est bien parce que c‘est permis…)
– Vide de raisonnement qui ne préjuge en rien qu’éthiquement l’AMM telle que proposée soit généralement une bonne chose ou non, ou qu’un médecin devrait l’endosser ou s’y objecter dans sa pratique…

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17
Q

Exemple AMM - comment peut-on pousser la réflexion plus loin pour se faire une opinion?

A

– Il faut tenter de constituer une vraie réflexion :
* Clarifier et expliciter les enjeux et les concepts (cerner de quoi il est question)
* Examiner les meilleurs arguments en présence (pour et contre)
* Spécifier les enjeux autant que nécessaire
– Et espérer ainsi pouvoir assumer une position réfléchie et authentique qui guidera sa pratique
* Et être éventuellement à l’aise, en conscience, autant de prodiguer l’AMM, que de décliner toute participation dans sa pratique, ou toute autre position intermédiaire

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18
Q

Exemple AMM - quelle forme pourrait prendre une amorce de réflexion éthique sur l’AMM?

A

– D’abord s’entendre sur ce dont il s’agit :
* Au minimum, c’est un geste (une injection) qui précipite la mort… –> Et fait par un médecin, car ce n’est pas le patient qui s’injecte… pas un suicide au sens strict
* Et il faut ajouter volontairement –> Pas par erreur ou accidentellement, mais bien avec l’intention en agissant de causer la mort

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19
Q

Exemple AMM - qu’est-ce qu’on veut dire par «aide»?

A

– Dans un suicide assisté, la notion d’aide ferait du sens…
* En rendant disponible un poison que le patient prendrait ensuite lui-même par exemple
– Mais quand le médecin injecte lui-même un cocktail mortel, le mot aider est problématique
* Mais à chacun de juger…

  • Pourquoi pas « euthanasie » comme avant qui consiste à donner une « bonne mort »
  • Ou reconnaître simplement, pour un médecin, qu’il s’agit :
    – De précipiter ou provoquer la mort d’un patient souffrant qui en fait la demande
    * À l’intérieur d’un cadre légal qui l’autorise
    * Avec des moyens techniques propres et efficaces
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20
Q

Exemple AMM - quelle est l’intention derrière cette pratique?

A

Est-elle de faire mourir ou de soulager…
- Il faudrait être certain
- Au Québec, légalement, l’AMM est un soin, mais éthiquement, est-ce que cela se tient?

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21
Q

Exemple AMM - est-ce qu’une mort est davantage l’objet de souffrance ou de soulagement?

A
  • Un mort ne peut être davantage l’object de souffrance que de soulagement.
  • C’est précisément l’impossibilité de soulager la souffrance (et particulièrement le sentiment de dépendance, de dégradation et d’indignité) qui souvent fait demander la mort…
  • S’il y a soulagement, c’est par analogie
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22
Q

Exemple AMM - si elle ne soulage, guérit et rétablit rien, peut-on vraiment dire que c’est un soin?

A

– Alors dire de l’AMM que c’est un soin pourrait être éthiquement problématique, même si légalement, au Québec, c’est comme ça…
* À chacun d’en juger…
– L‘AMM est certainement une réponse à l‘option de ne plus exister, et qui actuellement sollicite la profession médicale et son expertise pour recevoir les demandes et donner suite à celles qui respectent les balises et cautions applicables

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23
Q

Exemple AMM - comment peut-on la justifier?

A

il faut surtout se demander si cela nous apparaît légitime :
– Qu’une personne qui juge sa situation inacceptable puisse demander à être euthanasiée
– Sous supervision et par une intervention médicale, de façon propre et efficace
– Et si oui dans quels cas ou non, etc.

  • Et on peut être d’avis
    (ou non) qu’une société dans laquelle il y a une pluralité d’opinions sur la question devrait permettre ce choix
    – Pas tant parce qu’une majorité le souhaiterait (argument populaire), que parce qu’une partie des gens, majoritaire ou non, le souhaite…
    – Ce qui n’implique pas une obligation pour un médecin d’être d’accord ou de procéder contre sa conscience personnelle ou professionnelle
    – La provocation de la mort est un interdit qui remonte à Hippocrate…
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24
Q

Exemple AMM : en tant que médecin, que faut-il se demander?

A

– Est-ce que donner suite à une demande d’AMM serait éthiquement recevable pour vous comme médecin traitant
– Ou comme exécutant seulement, via une pratique euthanasique circonscrite et distincte des soins
– Ou d’aucune façon, ou seulement dans certaines situations et pas dans d’autres…

–> Et ainsi à chaque étape, vous approprier une réflexion et développer une opinion authentique, réfléchie, et digne de respect et de considération

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25
Q

Exemple AMM - comment est-ce que les situations vécues influencent la pratique?

A

En clinique et en liaison… et comment l’évolution du cadre légal change la discussion, mais ne change pas la valeur d’aborder les aspects sous l’angle de l’éthique médicale et clinique…

26
Q

Donner des exemples d’enjeux éthiques autre que l’AMM où la réflexion éthique peuvent et devraient être produites.

A

– Ce qui serait une aptitude à consentir suffisante ou un consentement libre et éclairé selon les circonstances
– Déterminer ce qui peut être un soin utile ou futile
– Ce qui est une exception légitime à la confidentialité
– Gestion de la prise de responsabilité pendant la formation
– Conflits d’intérêts et d’allégeances
– Intégration de la recherche et de la clinique
– Application appropriée et justifiée de mesures coercitives

27
Q

Que faut-il faire pour chaque enjeu selon la discipline?

A

Enjeux à spécifier dans chaque discipline et à approfondir selon le domaine de spécialisation :
– Pour se sensibiliser dans nos pratiques personnelles et mieux les reconnaître au quotidien
– Mieux les gérer, avec des actions mieux justifiées
* Pas seulement par habitude, par intuition ou par défaut

28
Q

Quels sont les buts de l’éthique?

A
  • L’éthique (ou l’éthicien) amène à analyser, à abstraire, à ramener à des principes et des normes
    – La clinique (ou le clinicien) est forcée de résoudre, dans une temporalité et des circonstances particulières
  • L’éthique couvre large
    – De la priorisation des patients en attente de greffes aux liens avec l’industrie, en passant par le maintien des compétences, la gestion des refus de soins et la façon de parler à des collègues…
29
Q

Que couvre le professionnalisme?

A

Il couvre lui aussi large :
– Renvoie à ce qui fait le bon médecin, le médecin vertueux
– Se manifeste et s’évalue par les attitudes et actions du bon médecin, mais on aimerait que cela dise quelque chose de son caractère aussi
– Recoupe traditionnellement l’étiquette professionnelle et les bedside manners plus que les capacités à citer Aristote et Kant

30
Q

Que balise le professionnalisme?

A

les attitudes et comportements appropriés ou non envers patients et collègues :
– Peut être compris autant comme la proximité permettant le contact humain, que la distance requise par l’exercice professionnel
– Ce que sont ou ce que devraient être ces comportements et attitudes interpelle une réflexion éthique qui dépasse ce qui peut être codifié, et requiert un souci des circonstances particulières

31
Q

Comment le professionnalisme peut-il aider dans le discours éthique?

A
  • Pour un cours d’éthique, plus intéressant de vous aider à penser le professionnalisme avec un esprit critique que de dicter ce qu’il serait ou à vous en donner ma version, ou vous référer au code de déontologie
    – Se donner des balises, des guides, des repères dans le registre de l’éthique pour y tendre dans notre pratique
    – Ce que fait aussi notre code de déontologie si on y pense
  • Sinon, terme qui peut être creux, peut vouloir tout et rien dire
    – On ne peut être contre la vertu, on veut tous être du bon côté, on s’en revendique par défaut…
32
Q

Qu’est-ce qu’on veut dire par être professionnel?

A

– Celui qui est poli et respecte un certain décorum ?
– Celui qui est compétent et respecte les limites de son expertise ?
– Celui qui est intègre, loyal et honnête ?
– Celui qui gère bien la confidentialité ?
– Qui juge bien ?

33
Q

Qu’est-ce que le professionnalisme abstrait et celui concret?

A
  • Pris abstraitement, c’est convenu, évident, circulaire, vague, et c’est normal

– Seulement en situation concrète que cela se manifeste réellement ou non
* En situation d’incertitude, de tension, quand c’est difficile, quand personne ne regarde
* Quand c’est facile, cela ne coûte pas cher, quand cela se corse, le caractère se manifeste

34
Q

Quelle forme doit prendre le professionnalisme?

A

Ce n’est pas évident à déterminer ni fixe ni unanime..

– Sujette à évoluer dans le temps
– Peut être à adapter selon les patients, influencée par la société
– Au minimum, civisme et politesse… idéalement, exemplarité…

35
Q

Donner des exemples de professionnalisme.

A

– Demandes et interactions avec consultants
– Humour sur les unités
– Retour d’appel, répondre à sa paget…
– Attitude avec équipes, disponibilité
– Tenue vestimentaire
– Vouvoiement-tutoiement
– Ponctualité
– Communication claire et efficace
– Dire la vérité

36
Q

L’éthique, c’est pour qui?

A
  • À qui confier la réflexion éthique au quotidien ? À un comité d’éthique, à un éthicien ?
  • Peut-être…
    – Mais des réflexions abstraites mènent à des conclusions abstraites
    – Des questions rétrospectives à des recommandations rétrospectives
    – Des considérations hypothétiques à des opinions hypothétiques
  • C’est parfois le problème de l’éthique de comité ou d’éthicien
    – Risque d’élargir le problème au lieu de le résoudre
    – Manque aussi parfois…
    * La réactivité et la compréhension de la réalité de la pratique clinique et de la responsabilité médicale
    * Le caractère décisif pour gérer l’incertitude et l’urgence à travers laquelle les actions doivent être prises…
37
Q

Qu’est-ce que le consentement aux soins?

A

– Mais aussi à divulguer information, à impliquer un étudiant, etc.
– Implicite ou explicite, versus assentiment…
– Libre, mais ne l’est jamais parfaitement (sans pression indue ?)
– Éclairé-informé, mais ne l’est jamais parfaitement (sliding scale ?)
– Parfois questionné particulièrement lors de refus ou de demande de retrait de soins…

38
Q

Comment est-ce que le consentement est relié à l’autonomie et à la question de l’aptitude?

A

Idéalement
* Savoir de quel problème de santé on parle
* Intervention proposée versus alternatives, dont l’abstention
* Risques et bénéfices significatifs (fréquents ou importants)
* Qu’il n’y ait pas un état mental qui compromette la capacité à éliciter un choix, à comprendre ou appliquer à soi l’information pertinente…

En pratique
* Qu’est-ce qui est raisonnable ? Où trouver un standard ?
* Se négocie avec le patient, éventuellement ses proches

39
Q

Comment peut-on mettre en pratique le consentement?

A
  • Développer un vocabulaire adapté
    – Fréquent vs rare, typique vs atypique, attendu vs improbable
    – Valider compréhension avec questions ouvertes, pas seulement demander si a compris…
  • Au final tout se peut , et son contraire…
    – Le raisonnement probabiliste et tolérer l’incertitude n’est pas naturel à tout le monde
    – Souvent, les questions cachent de l’anxiété et de l’ambivalence (et la recherche de rassurance n’a pas de fin logique…)
40
Q

Que sont les soins utiles versus ceux futiles?

A
  • À part tenter de réanimer un mort, à peu près rien n’est jamais parfaitement, absolument ou objectivement futile
    – Tant qu’il y a une intervention avec une possibilité d’impacter quelque chose…
    – Qualité des indications et des évidences peut être limitée ceci-dit…
  • Impact important ou marginal dépend de celui qui regarde
    – Même s’il peut y avoir prépondérance d’un point de vue
  • Des mots à utiliser avec prudence et à qualifier constamment
    – Dans quel sens, par rapport à quoi…
  • Très à propos dans les situations de refus et de retrait de soins aussi…
41
Q

Comment est-ce que la confidentialité est au cours de la relation médecin-patient?

A

– Prérequis pour confiance et confidences…
– Exceptions trop nombreuses, même si légitimes, fragilisent la profession et son rôle auprès de la société

42
Q

Comment peut-on gérer la confidentialité à l’hôpital?

A
  • Pas grand-chose de réellement confidentiel dans un hôpital
    – Nombre de soignants impliqués est considérables, tiers ayant accès à de l’information souvent nombreux…
    – Intégration des dossiers, informatisation…
    – Et si on veut savoir si quelqu’un est hospitalisé… (exemples de mes patientes qui se connaissent…)
  • Respecter les règles de confidentialité ne fait pas que les choses soient très confidentielles (formulaires, tiers, DPJ…)
    – Parcimonie dans la tenue de dossier ? Quelles garanties peut-on réellement donner ?
    - Attention à la complaisance ou à l’omission d’information qui serait requise toutefois (e.g. patiente ex-toxicomane et formulaire SAAQ, patient dépression et ROH et conduite train, ou comment s’appuyer sur notre déontologie pour tenter d’aider sans garanties ni complaisance…)
  • On se casse parfois exagérément la tête sur la confidentialité, le gros bon sens s’applique…
    • Ce que les gens savent déjà et ce que l’on ne leur apprend pas…
    • Consentement verbal ou écrit? (ma patiente DPJ…)
    • Policiers qui veulent être avisés quand un patient sortira…
  • On peut aussi faire évoluer une impasse vers quelque chose qui se résout
    – Mineur de 15 ans à l’hôpital (après 12h, faut obligatoirement avertir les parents sans nécessairement dire la cause) …
    – Mettre les gens dans la même pièce…
  • Utile d’être honnête et transparent sur les limites à la confidentialité (lien avec vérité et intégrité…)
    – Divulgation des limites (expertises, formulaires à faire ou à venir…)
    – Et d’être rigoureux et ciblé dans la tenue de dossier, cela ne sert pas à noter nos états d’âmes
43
Q

Comment applique-t-on la coercition et les contraintes?

A
  • Cela devrait être clair et simple, car c’est très légal… (quelques cas de figures clairs sur papier, traitement de la tuberculose…
  • Mais souvent…
    – Jeune homme de 20 ans, profil impulsif, consommateur, admis pour sepsis et antibiotique IV, veut partir, entrain d’arracher son soluté…
    – Danger grave et imminent ? Y a-t-il trouble mental ?
    * Comment articuler autonomie, aptitude, liberté ?
44
Q

Comment sont gérés les cas en psychiatrie par rapport à la coercition et les contraintes?

A

Gardes et ordonnances à démêler et apprendre à appliquer, critères clairs mais…
– Garde préventive
* Est-ce que l’on prévient réellement quelque chose ?
* Quel prix à payer, expérience traumatique, antagonisme, pour des interventions qui ne s’imposent souvent pas…
– Plaider une ordonnance de traitement
* C’est beaucoup de travail, tentant d’attendre la prochaine fois
* Il y a des inconvénients, et il y a des choses qui ne s’imposent pas…

45
Q

Comment applique-t-on la vérité et l’intégrité?

A
  • Si erreur, accident, omission…
    – Prendre la responsabilité de rencontrer la personne concernée, même si pas de faute a priori
    – Se montrer désolé de la situation, ne pas être sur la défensive
  • Sur ce que l’on peut livrer ou non…
    – Attention à ce que l’on promet, être parcimonieux, moyens versus résultats…
  • Pour les dossiers
    – Être à l’aise de les lire avec patient concerné ?
  • Pour le pronostic
    – Se souvenir de la discussion sur le consentement, l’utilité et la futilité…
    – Vignette patiente réfractaire… est-ce que vous y croyez encore ?
46
Q

Comment gérer les conflits d’intérêts et d’allégeances?

A
  • Idéalement, on n’aurait pas de conflits d’intérêts
    – Dans les faits, on en a constamment, reste à voir s’ils sont prépondérants ou problématiques…
  • On doit servir d’abord l’intérêt du patient
    – Même si on sert d’autres intérêts accessoirement, y compris les siens (statistiques, rémunération, pression externe pour ressources…)
  • État, système judiciaire, expertises, AMM ?
    – Dévoiler quand on sort d’une relation fiduciaire, le patient doit savoir car, a priori, on est là pour lui et le préjugé est tenace…
  • Liens avec l’industrie
    – Effets des cadeaux et des repas
    – Dette relationnelle, consciente ou non, réciprocité et réflexes sociaux (et les histoires que l’on se raconte quand on veut se convaincre que cela n’a pas d’impact…)
47
Q

Comment est-ce que la recherche diffère de la clinique?

A

– Le but est différent : de bons soins versus de bonnes connaissances ?
– Et l’approche et le discours au patient devraient l’être aussi des attentes réalistes et un souci accru au consentement
– Attention à la confusion, à la pression ressentie par le patient et aux conflits d’allégeances…

48
Q

Comment gère-t-on l’enseignement dans la pratique médicale?

A

Présence des étudiants et délégation de responsabilités :

– Transparence
* Si on a un doute, c’est qu’il n’y a pas de doute, on ne veut pas tromper…

– ECT, qui donne le choc… chirurgie, qui opère…
* Comment justifier qu’un étudiant fasse quoique ce soit?
* Rôle de la simulation ?

49
Q

Comment résoudre une situation éthique?

A

Tentant de réduire les enjeux à leurs aspects juridiques ou déontologiques:
– Toujours bonne idée de parler au Collège ou à l’ACPM par ailleurs…
* L’éthique, sauf exception, devrait nous aider à naviguer à l’intérieur de ces balises, et pas en sortir
* Mais éviter de penser que l’éthique est réservée aux cas que la loi ne résout pas –> implicitement, elle est dans chaque interaction avec chaque patient, et on parle ici surtout de l’expliciter

Tentant aussi de « psychiatriser » les choses :
– Réduire les enjeux à leur dimension émotionnelle
* Parfois pour effet d’évacuer la dimension proprement éthique
– Certainement utile pour analyser et comprendre les positions, réactions, préjugés, biais, de part et d’autre de la relation thérapeutique
* Mais cela ne résoudra pas éthiquement une question éthique…

Il n’y aura pas de bonne éthique clinique sans de bon faits
– L’expertise médicale en est centrale pour identifier, analyser et résoudre adéquatement les enjeux éthiques survenant dans la pratique
– L’éthique clinique devrait être incarnée par les cliniciens d’abord et avant tout
* Et idéalement, cela devrait être explicité, assumé et reflété dans la formation et la supervision

50
Q

Comment analyser un dilemme éthique?

A

Le modèle de délibération éthique présenté en début de formation médicale suggère de :
– Repérer et formuler le problème éthique
– Identifier les valeurs en jeu
– Identifier le cadre légal/déontologique applicable
– Analyser et argumenter les options possibles en référant aux 4 principes…
– Et finalement prendre une décision et la justifier

Cadre certainement pertinent, utile et réflexif
– Parfois, cela s’applique mieux en comité et en prenant du recul qu’au chevet dans le feu de l’action

51
Q

Quels sont les quatre principes bioéthiques souvent cités?

A

– Bienfaisance
– Autonomie
– Non-malfaisance
– Justice

52
Q

Est-ce que les quatre principes bioéthiques sont largement consensuels?

A

Oui, les repérer et les articuler dans un dilemme ou une délibération éthique permet effectivement une analyse du cas et une formulation des options en termes éthiques…

53
Q

Comment sont appliqués les quatre principes bioéthiques?

A
  • La pensée des auteurs est en fait assez complexe et nuancée, mais concrètement
    – On reste parfois sur notre faim sans une méthode plus clinique, qui s’applique au chevet
    – Opposer la bienfaisance du médecin et l’autonomie du patient nous laisse dans une perspective qui détonne avec une relation de soins basée sur la collaboration et la confiance
    * Bienveillance bien comprise devrait inclure une grande considération pour l’autonomie du patient, pas s’y opposer…
  • Une éthique professionnelle plus riche et satisfaisante devrait intégrer une référence
    – À la nature et aux buts de la profession
    – Au caractère sacré de la relation de soins
    – À une considération de la dignité et du respect de la personne
    – À l’articulation de la pratique médicale avec la société qu’elle dessert
  • Autrement dit, les 4 principes n’épuisent pas la réflexion éthique
54
Q

Comment appliquer la méthode des «quatre cases» au quotidien?

A

4 cases ou domaines :
– Indications médicales
– Préférences du patient
– Qualité de vie
– Facteurs extérieurs

  • Raisonnement éthique qui ressemble (étrangement) au raisonnement clinique :
    – Intégratif, prospectif
    – Peu d’abstraction
    – Dirige et organise l’information pertinente
    – Permet une décision et de passer au cas suivant
55
Q

Quelles sont les indications médicales?

A

Avant toute chose…
– Est-ce que l’on a un diagnostic clair ? Est-ce que l’on a les idées claires et circonscrit le problème médicalement ?
– Quelles sont les options envisageables et qu’est-ce qui n’est même pas sur la table, pas indiqué d’aucune façon ?
* Attention à juger de ce qui est utile ou futile à ce stade
– Est-ce que l’on est au clair avec les bénéfices et risques possibles

56
Q

Quelles sont les préférences?

A
  • Est-ce que le patient a pu exprimer une opinion ?
  • Est-ce qu’il a été renseigné ?
  • S’il est inapte, qui sera notre interlocuteur, ou est-ce qu’il y a des directives anticipées ?
  • S’il ne participe pas, pourquoi ?
57
Q

Comment doit-on considérer la qualité de vie?

A
  • Quel sera l’impact plus large des interventions considérées sur le fonctionnement, le pronostic global et la satisfaction du patient ?
  • Regarder au-delà du symptôme…
  • Quel sera le fardeau physique ou psychologique que le patient aura à porter
    – Indépendamment ou au-delà des actions considérées ?
58
Q

Comment doit-on considérer les circonstances extérieures?

A
  • Est-ce que le cadre légal ou déontologique, ou les règlements de l’hôpital ou le cadre professionnel limitent ou orientent déjà la conduite ?
    – On ne réinvente pas la roue au chevet du patient…
  • Est-ce que des aspects financiers, culturels ou spirituels déterminent la trajectoire ?
  • Ressources limitées, autres réalités ayant des impacts sur les décisions ?
59
Q

Synthèse - peut-on apprendre l’éthique une seule fois et être correcte pour le restant de notre carrière?

A

Illusoire de penser que l’éthique peut s’apprendre et être réglée à un moment ou un autre de la formation
– Elle se précise et se spécifie au fur et à mesure que l’expertise et les responsabilités augmentent

60
Q

Synthèse - comment appliquer l’éthique au quotidien?

A
  • Ce qui vaut d’abord et avant tout, ce sont de bonnes dispositions et une bonne volonté, un bon caractère en quelque sorte
  • Ensuite entrainement aux capacités réflexives, à augmenter la sensibilité et la qualité du jugement
    – Parallèlement, un entrainement à être courageux, juste, tempérant, même quand c’est difficile et même quand personne ne regarde
  • Comme patron, il y a aussi un devoir d’exemplarité…
61
Q

Synthèse - qu’est-ce que le curriculum caché?

A

L’éthique clinique s’enseigne de toutes les façons :
– Par nos exemples et contre-exemples, attitudes et contre-attitudes
– Par nos façons de reconnaître et résoudre les enjeux au quotidien (notre « ethos »)
– Par le type et la qualité des arguments qui sous-tendent vos actions (notre « logos »)
– Par les valeurs que nous incarnons
* Loyauté, engagement, intégrité, honnêteté, transparence…
* Ou préservation de soi, détachement, objectivation…