Cours 1 Flashcards

(7 cards)

1
Q

Définir la criminologie et expliquer en quoi la criminologie est une science, et comment elle se classe en fonction des différentes typologies des sciences.

A

La criminologie est souvent perçue comme une discipline mystérieuse, voire spectaculaire. Pourtant, elle est avant tout une science rigoureuse, dotée d’un objet d’étude précis : le comportement antisocial et la réaction sociale à ce comportement.

Mais qu’est-ce que cela signifie ? Concrètement, la criminologie analyse les causes, les mécanismes et les impacts du crime dans nos sociétés. Elle ne s’intéresse pas uniquement aux auteurs d’infractions, mais aussi aux victimes, aux institutions pénales, aux politiques publiques et aux perceptions collectives du crime. C’est donc une discipline profondément ancrée dans l’observation du réel et dans la construction de connaissances systématiques.

En quoi est-elle une science ? Pour le comprendre, revenons à la définition même de la science : un système structuré de savoirs, fondé sur deux piliers fondamentaux — l’observation empirique et le raisonnement logique. La criminologie repose exactement sur ces deux supports. Elle collecte des données issues d’enquêtes de terrain, d’entretiens, de statistiques ou encore de dossiers judiciaires. Elle formule ensuite des hypothèses, développe des théories, et teste leur validité à travers des méthodes rigoureuses, qu’elles soient quantitatives ou qualitatives.

La criminologie est donc bien une science empirique, mais elle ne vise pas à établir des vérités universelles comme les sciences naturelles. Elle se situe dans la catégorie des sciences sociales, car elle étudie les comportements humains en interaction avec la société et ses normes. Plus précisément, elle fait partie des sciences humaines et sociales dites “souples”, contrairement aux sciences “dures” comme la physique ou la chimie. Pourquoi “souples” ? Parce qu’elles laissent une marge d’interprétation plus large, liée à la complexité du facteur humain.

La criminologie peut également être divisée en science fondamentale — lorsqu’elle élabore des théories explicatives comme celle du choix rationnel ou de l’anomie — et en science appliquée, lorsqu’elle met en œuvre ces savoirs dans des contextes concrets : prévention du crime, gestion des récidives, amélioration des politiques pénales.

En résumé, la criminologie est une science sociale souple, à la fois théorique et appliquée, qui vise à comprendre, expliquer et parfois prévenir les comportements déviants. Elle n’est pas un simple regard sur le crime, mais une démarche scientifique rigoureuse au service de la justice, de la sécurité, et surtout, de la compréhension de l’humain.
Je vous remercie.

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Q

Quels sont les axes de recherche de la criminologie ?

A

Pour bien saisir la richesse de la criminologie, il faut comprendre qu’elle ne se limite pas à répondre à une seule question, comme « pourquoi commet-on un crime ? ». Au contraire, elle s’organise autour de plusieurs axes de recherche fondamentaux, chacun apportant un éclairage spécifique sur le phénomène criminel.

Premier axe : l’étude du comportement antisocial.
Ici, la criminologie cherche à comprendre pourquoi certains individus enfreignent les normes sociales et juridiques. Cette recherche mobilise des approches diverses — psychologiques, biologiques, sociologiques — et prend en compte des facteurs individuels (comme l’impulsivité ou des troubles de la personnalité), des facteurs sociaux (tels que la pauvreté ou l’exposition à un entourage délinquant), et des facteurs situationnels (par exemple, l’opportunité de commettre une infraction).

Deuxième axe : l’étude de la réaction sociale au crime.
Le crime n’existe pas en dehors du regard que la société porte sur lui. La criminologie s’intéresse donc à la définition du crime — qui peut varier d’une culture à l’autre — et à la manière dont la société réagit : par la loi, les peines, les pratiques policières, et même l’opinion publique. On étudie ici les processus de criminalisation, les réformes pénales, ou encore l’impact des médias sur la perception du danger criminel.

Troisième axe : le déroulement du crime, ou crime commission process.
Ce champ se penche sur le passage à l’acte. Comment l’individu choisit-il sa cible ? Quels risques évalue-t-il ? Quels sont les mécanismes qui le mènent au crime ? Des théories comme celle du choix rationnel ou des activités routinières permettent de modéliser ce processus décisionnel.

Quatrième axe : la victimologie.
Il ne faut pas oublier les victimes. Ce domaine étudie leur profil, les conséquences psychologiques et sociales du crime, et leur prise en charge par le système pénal. Pourquoi certaines victimes ne portent-elles pas plainte ? Comment les accompagner ? Comment éviter la revictimisation ? Ce sont là des questions clés.

Ces axes ne sont pas isolés les uns des autres. Bien au contraire, ils se complètent et s’entrecroisent. L’analyse du crime n’est pertinente que si elle prend en compte l’auteur, la victime, le contexte, la réaction institutionnelle et la construction sociale du phénomène.
En somme, la criminologie est une science multidimensionnelle. C’est cette richesse qui lui permet d’avoir un impact concret dans la compréhension, la prévention et la gestion du crime dans nos sociétés.

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Q

Expliquer la loi des trois états de la connaissance énoncée par Comte.

A

Aujourd’hui, je vous propose un petit voyage dans l’histoire de la pensée scientifique, à travers une théorie fondatrice : la loi des trois états d’Auguste Comte. Cette loi, formulée au XIXe siècle, décrit l’évolution de la pensée humaine dans sa quête de connaissance.
Selon Comte, toute connaissance passe par trois étapes successives.

Premièrement, l’état théologique ou fictif.
À ce stade, les phénomènes sont expliqués par des forces surnaturelles. Le crime, par exemple, est perçu comme un péché, une offense à une entité divine. C’est l’époque des procès pour sorcellerie, où l’on attribuait les crimes à des pactes avec le diable. Les explications relèvent de la religion, et les réponses sociales sont marquées par la foi et la peur.

Deuxièmement, l’état métaphysique ou abstrait.
Ici, on remplace les dieux par des forces abstraites comme « la nature humaine », « la volonté », « l’âme ». Le crime devient alors une transgression des droits naturels ou du contrat social. C’est l’époque des philosophes comme Beccaria, qui commence à penser la peine en termes de justice et d’égalité. On entre dans le domaine des principes moraux et juridiques, mais on ne s’appuie pas encore sur des données concrètes.

Troisièmement, l’état scientifique ou positif.
C’est l’étape ultime, selon Comte. Les phénomènes sont désormais étudiés de manière empirique et rationnelle. Le crime n’est plus vu comme une malédiction ou une faute morale abstraite, mais comme un phénomène social ou biologique, mesurable, analysable et expliquable par des lois. C’est ici que naît véritablement la criminologie moderne : on collecte des données, on observe, on établit des modèles, et surtout, on confronte les hypothèses à la réalité.

Ce passage de la croyance à la science a transformé notre rapport au crime. Il a permis de sortir de la logique punitive aveugle pour penser en termes de prévention, de réinsertion et d’efficacité. La loi des trois états nous rappelle ainsi que notre façon d’expliquer le monde influence profondément la manière dont nous y agissons.
Et aujourd’hui encore, face aux défis contemporains — qu’il s’agisse de cybercriminalité, de radicalisation ou de récidive — c’est bien l’état scientifique, fondé sur la rigueur méthodologique et l’analyse critique, qui nous permet d’avancer.

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Q

Quels sont les critères fondamentaux/supports nécessaires à la science ?

A

Qu’est-ce qui fait qu’un savoir est scientifique ? Voilà une question fondamentale — surtout en criminologie, où l’on doit distinguer les opinions personnelles des connaissances solides. Pour qu’une discipline soit considérée comme une science, deux critères essentiels doivent être réunis : l’observation empirique et le raisonnement logique.

Commençons par l’observation empirique.
C’est la base de toute démarche scientifique. Elle repose sur l’expérience, sur l’étude du réel. En criminologie, cela signifie analyser les faits concrets : taux de récidive, enquêtes de victimisation, comportements observés sur le terrain, ou encore études de dossiers judiciaires. Sans observation, nous restons dans la spéculation ou le dogme.

Mais observer ne suffit pas. Encore faut-il interpréter les données, les organiser, en tirer des conclusions cohérentes. C’est là qu’intervient le raisonnement logique. Il permet de structurer les savoirs sous forme de modèles explicatifs, de théories. La logique évite les généralisations abusives et les biais cognitifs. Elle transforme l’observation brute en connaissance raisonnée.
Ces deux piliers — l’empirique et le logique — sont indissociables. Si l’un manque, la démarche scientifique est compromise.

Prenons quelques exemples concrets :
* Une idée sans observation ? C’est de la spéculation. Dire que les activités sportives réduisent la criminalité est une hypothèse, mais elle doit être testée.
* Un raisonnement séduisant mais fallacieux ? C’est un sophisme. Comme dire que « plus il y a de fromage, plus il y a de trous, donc plus il y a de fromage, moins il y a de fromage ».
* Une croyance indiscutable ? C’est une doctrine. Par exemple : affirmer que tous les criminels ont un trouble mental est une généralisation idéologique, non un savoir validé.

Une vraie science, en revanche, produit des connaissances vérifiables, reproductibles et falsifiables. Elle accepte d’avoir tort. C’est ce qui la distingue de l’opinion.
Dans ce sens, la criminologie n’est pas un simple discours sur le crime. C’est une discipline scientifique rigoureuse, qui s’appuie sur des méthodes empiriques et logiques pour comprendre, expliquer, et intervenir.
Et si l’on veut que la criminologie reste crédible et utile, il est essentiel de toujours revenir à ces deux supports : observer, raisonner — et ne jamais céder aux jugements hâtifs.

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5
Q

Enumérer et expliquer les buts de la recherche criminologique.

A

La criminologie ne se contente pas de décrire des crimes ou d’accuser des coupables. Elle poursuit des buts bien définis, au cœur d’une démarche scientifique. Ces objectifs sont au nombre de cinq : exploration, description, explication, prédiction et intervention.

Commençons par le but exploratoire.
Il s’agit de découvrir un phénomène encore peu connu, de poser les premières bases de compréhension. La recherche exploratoire est souvent utilisée lorsqu’on n’a pas encore de cadre théorique clair. Elle permet de formuler des hypothèses, souvent à travers des approches qualitatives. Par exemple, une étude du FBI a interrogé 36 tueurs en série pour comprendre leurs motivations — une démarche exploratoire qui a permis d’élaborer des typologies nouvelles.

Ensuite vient le but descriptif.
Ici, le chercheur cherche à décrire avec précision un phénomène : combien, où, comment ? C’est le rôle des statistiques criminelles, des cartographies du crime, ou des portraits sociologiques de certains types de délinquance. Ce travail descriptif permet de dresser une image claire et neutre du réel, sans interprétation prématurée.

Le troisième but est l’explication.
C’est sans doute l’un des plus ambitieux. Il s’agit de comprendre les causes du phénomène observé. Pourquoi certains jeunes deviennent-ils violents ? Quels facteurs favorisent la récidive ? Cette étape permet de tester des théories à partir de données empiriques, et d’aller au-delà des apparences. L’explication est le cœur de la science : elle répond à la question « pourquoi ? ».

Vient ensuite la prédiction.
À partir des causes identifiées, peut-on anticiper le futur ? Peut-on prévoir quels profils sont à risque ? Quels quartiers vont connaître une recrudescence de violence ? La criminologie prédictive, bien que parfois controversée, vise à éclairer la prise de décision : affectation des ressources policières, prévention ciblée, etc.

Enfin, le cinquième but est l’intervention.
La recherche ne s’arrête pas à la théorie. Elle vise aussi à agir concrètement. On évalue par exemple l’efficacité des programmes de prévention pour les jeunes à risque, des mesures de traitement pour les délinquants sexuels, ou encore des stratégies de réinsertion. L’objectif est simple : réduire le crime, améliorer la justice, et protéger les victimes.
Ces cinq buts — exploration, description, explication, prédiction et intervention — forment une chaîne logique, de la découverte à l’action. C’est ce qui fait la force et la pertinence de la criminologie : une science qui éclaire le réel, mais aussi qui cherche à le transformer.

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Q

Décrire les 5 exemples utilisés pour expliquer les buts de la recherche criminologique.

A

Pour bien comprendre les cinq grands buts de la recherche criminologique — exploration, description, explication, prédiction et intervention — rien de mieux que de les illustrer par des exemples concrets issus du terrain. Voici cinq études qui incarnent chacun de ces objectifs.

  1. Exemple d’exploration : l’étude du FBI sur les tueurs en série
    Il s’agit d’un travail fondamental, réalisé à partir d’entretiens approfondis avec 36 meurtriers en série incarcérés aux États-Unis. Le but ? Comprendre leurs motivations, analyser leurs modes opératoires, identifier des schémas communs. Cette étude exploratoire, fondée sur la méthode qualitative de la “grounded theory”, a permis d’élaborer une typologie entre tueurs organisés et désorganisés. Ce travail a jeté les bases du profilage criminel, un outil désormais central dans les enquêtes.
  2. Exemple de description : étude sur les femmes diagnostiquées comme sadiques sexuelles
    Dans cette recherche, les scientifiques ont décrit précisément les comportements de cinq femmes incarcérées présentant ce diagnostic rare. Grâce à l’analyse de dossiers psychiatriques et d’entretiens cliniques, ils ont pu décrire des dynamiques relationnelles spécifiques, comme la « nurturance paradoxale » — une alternance entre violence et soins affectifs. Ce type d’étude est essentiel pour documenter des phénomènes peu étudiés et améliorer leur reconnaissance clinique.
  3. Exemple d’explication : identification des causes du crime
    Un exemple marquant est l’analyse des facteurs qui influencent la récidive criminelle. À travers des données statistiques, les chercheurs ont mis en lumière l’impact de variables telles que l’âge, le type de délit, ou encore l’environnement social. Ce travail explicatif permet de valider ou d’infirmer des théories sur le comportement délinquant, et donc de mieux cibler les politiques de prévention.
  4. Exemple de prédiction : étude des affaires criminelles non résolues
    Les chercheurs ont identifié des facteurs prédictifs de non-résolution, comme la scène du crime en extérieur, l’absence de surveillance, ou encore la situation sociale de la victime (ex : sans-abri, intoxiquée). Ces analyses permettent d’anticiper les difficultés d’enquête et de développer des outils pour les surmonter, comme des technologies de traçage plus avancées ou des stratégies d’enquête adaptées.
  5. Exemple d’intervention : le programme CHROME au Canada
    Ce programme de supervision intensive visait à réduire la récidive chez des délinquants sexuels à haut risque. L’évaluation a montré des résultats mitigés : peu d’effet sur les infractions sexuelles, mais une augmentation des violations techniques. Cela illustre l’importance de tester empiriquement les politiques publiques. Grâce à ces résultats, les autorités peuvent ajuster les programmes en fonction des besoins réels des personnes concernées.

Ces exemples montrent que la criminologie n’est pas une science théorique détachée du monde réel. Au contraire, chaque étape — de la découverte d’un phénomène à l’évaluation de l’intervention — repose sur une démarche scientifique rigoureuse, tournée vers l’amélioration de la société.

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7
Q

Enoncer les 4 types d’idoles décrits par Bacon et donner des exemples pour
chacun d’entre eux.

A

Aujourd’hui, je souhaite vous parler d’un obstacle fondamental à la pensée scientifique : les idoles de l’esprit humain, un concept développé par Francis Bacon, philosophe du XVIIe siècle considéré comme un des pères de la méthode scientifique moderne.

Bacon identifie quatre types d’”idoles”, c’est-à-dire de biais cognitifs ou de fausses croyances qui empêchent l’être humain de penser de manière objective. Ces idoles sont toujours d’actualité, notamment dans la recherche criminologique, où elles peuvent fausser l’analyse des faits.

Premièrement, les idoles de la tribu (Idola Tribus).
Elles proviennent de notre nature humaine. Ce sont des biais universels : nous avons tendance à généraliser trop vite, à voir des intentions là où il n’y en a pas, ou encore à confirmer ce que nous croyons déjà.
👉 Exemple : croire que “la criminalité augmente” simplement parce que les médias en parlent plus souvent, alors que les statistiques montrent le contraire.

Deuxièmement, les idoles de la caverne (Idola Specus).
Ces biais viennent de notre expérience personnelle, notre éducation, notre culture. Chacun vit dans sa “caverne”, avec sa propre vision du monde.
👉 Exemple : un sociologue ayant toujours travaillé en milieu urbain pourrait minimiser la criminalité en zone rurale, par simple manque d’exposition ou d’intérêt.

Troisièmement, les idoles du marché (Idola Fori).
Ce sont les erreurs liées à l’usage du langage. Les mots sont parfois vagues, ambigus, ou chargés d’émotion. Ils peuvent donc détourner la pensée scientifique.
👉 Exemple : l’expression “délinquance des jeunes” peut être trompeuse si elle n’est pas précisément définie. De quels jeunes parle-t-on ? Quels types d’actes ?

Quatrièmement, les idoles du théâtre (Idola Theatri).
Ce sont les croyances héritées de la tradition, des dogmes, ou des systèmes philosophiques. Ces idées, séduisantes et bien construites, sont acceptées sans remise en question.
👉 Exemple : croire que “tout criminel est forcément malade mental” est une idée dogmatique, héritée d’un modèle dépassé, mais encore très présent dans les représentations sociales.

Ces idoles sont de véritables pièges. Et Bacon nous invite à les reconnaître et les dépasser pour produire un savoir fondé non sur la croyance ou l’idéologie, mais sur l’observation et l’expérimentation. En criminologie, cela signifie ne jamais tirer de conclusions hâtives, toujours confronter nos hypothèses à la réalité, et surtout : rester critiques — même envers nos propres convictions.
Car comme le disait Bacon : “Le savoir, c’est le pouvoir.” Mais encore faut-il que ce savoir soit libéré de nos illusions.

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