Cours 2 Flashcards

(8 cards)

1
Q

Définir ce que est l’épistémologie et la manière dont on connaît.

A

Lorsque l’on se penche sur les fondements de la science, une question essentielle se pose : comment savons-nous ce que nous savons ? C’est précisément là qu’intervient l’épistémologie.
Étymologiquement, le mot vient du grec epistêmê (connaissance) et logos (discours). L’épistémologie est donc l’étude de la connaissance, et plus particulièrement de la connaissance scientifique. C’est une réflexion critique sur les sciences, leur origine, leur valeur, leur portée et leur évolution.
En d’autres termes, l’épistémologie cherche à répondre à cette question fondamentale : qu’est-ce qu’une connaissance fiable ?

Elle repose sur deux types de réalité ou de sources de savoir :
* La réalité consensuelle : il s’agit de ce que nous considérons comme vrai parce qu’un consensus social ou scientifique existe. Elle est fondée sur des institutions, des experts, et des preuves accumulées. Par exemple, affirmer que « les vaccins préviennent certaines maladies » repose sur un consensus scientifique solide.
* La réalité expérientielle : c’est ce que nous considérons comme vrai parce que nous l’avons personnellement vécu ou observé. Mais attention : elle est plus vulnérable aux biais cognitifs, comme les faux souvenirs ou l’effet placebo. Un individu peut croire que la criminalité a augmenté simplement parce qu’il a été victime d’un vol.

L’épistémologie permet aussi de mettre en lumière les limites de chaque source de connaissance :
* La tradition peut transmettre des erreurs anciennes.
* L’autorité peut être trompeuse si elle n’est pas fondée sur des preuves solides.
* L’expérience personnelle est souvent non généralisable.

En criminologie, cette distinction est cruciale. La science criminologique doit combiner rigueur empirique et écoute des vécus. Par exemple, les enquêtes de victimation associent données statistiques (réalité consensuelle) et perceptions subjectives (réalité expérientielle) pour mieux comprendre le sentiment d’insécurité.

En résumé, l’épistémologie nous donne des outils pour trier, hiérarchiser et valider nos savoirs. Elle nous pousse à adopter une posture critique, rigoureuse, et surtout, ouverte au doute — ce doute qui est le moteur de toute démarche scientifique véritable.

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2
Q

Décrire quels sont les deux systèmes logiques de raisonnement et la
relation entre les deux.

A

Au cœur de toute démarche scientifique — et en particulier en criminologie — se trouvent deux grands types de raisonnement logique : l’induction et la déduction.
Ces deux approches sont complémentaires, et leur bonne articulation est essentielle pour produire des connaissances solides.

Commençons par l’induction.
C’est un raisonnement qui part du particulier pour aller vers le général. On observe des faits, on repère des régularités, et à partir de là, on formule une hypothèse ou une théorie.
👉 Exemple : On constate que plusieurs quartiers pauvres présentent un taux élevé de criminalité. On peut en induire que la précarité favorise la délinquance.
L’induction est créative et exploratoire, mais elle comporte un risque : la généralisation hâtive. Une tendance observée localement ne vaut pas forcément vérité universelle.

À l’inverse, la déduction part du général pour aller vers le particulier.
On part d’un principe ou d’une théorie et on l’applique à un cas concret pour en tirer une conclusion logique.
👉 Exemple : Si l’on accepte la théorie de l’anomie de Merton — selon laquelle le crime résulte d’un décalage entre buts sociaux et moyens légitimes — on peut prédire que dans un quartier très inégalitaire, la criminalité devrait être plus élevée.

La déduction permet de tester les théories existantes, mais elle ne produit pas de nouvelle connaissance par elle-même. Et si les prémisses sont fausses, la conclusion l’est aussi.
Mais en science, et particulièrement en criminologie, on ne choisit pas entre l’un ou l’autre. On passe de l’un à l’autre, dans un véritable aller-retour.
Ce va-et-vient entre induction et déduction constitue le cycle du raisonnement scientifique :
1. Induction : Observation → Hypothèse.
2. Déduction : Hypothèse → Prédiction → Vérification empirique.
3. Puis retour à l’induction pour ajuster ou reformuler l’hypothèse.
👉 Par exemple, on observe que les délits économiques sont plus fréquents dans certaines zones précaires (induction). On formule l’hypothèse que la pauvreté est un facteur de délinquance. On teste cette hypothèse sur d’autres quartiers (déduction). Les résultats nous conduisent à reformuler ou renforcer la théorie initiale.

Conclusion :
En criminologie comme ailleurs, la rigueur scientifique repose sur l’alternance entre induction et déduction. L’induction nous permet de découvrir, la déduction de vérifier. Ensemble, elles forment les deux piliers de toute recherche sérieuse.

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3
Q

Dessiner et décrire le modèle du processus de la recherche.

A

Faire de la recherche scientifique, ce n’est pas avancer au hasard. C’est suivre un processus structuré, rigoureux, progressif. En criminologie, comme dans toute science, la recherche se déroule selon un modèle logique, que je vais vous décrire.
Ce processus peut être visualisé comme un cycle, alternant observation, hypothèse, vérification et révision. Il articule les deux systèmes logiques que nous avons vus précédemment : induction et déduction.
Voici comment il se décompose en six étapes essentielles :

🔹 Phase 1 – Le raisonnement inductif (du terrain vers la théorie)
1. Observation
Le chercheur commence par recueillir des données empiriques.
👉 Exemple : recueil de témoignages, analyse de statistiques criminelles, observation de terrain.
2. Détection de régularités
À partir de ces données, on identifie des tendances, des motifs récurrents.
👉 Exemple : constat que les vols à l’arraché sont plus fréquents dans certains quartiers à certaines heures.
3. Formulation d’une hypothèse
On généralise les observations en une hypothèse explicative.
👉 Exemple : “La faible surveillance dans ces quartiers favorise ce type de délit.”

🔹 Phase 2 – Le raisonnement déductif (de la théorie vers le test)
1. Prédiction
À partir de l’hypothèse, on déduit des conséquences observables.
👉 Exemple : Si on augmente la surveillance, les vols devraient diminuer.
2. Vérification empirique
On teste ces prédictions sur un nouvel ensemble de données ou dans un autre contexte.
👉 Exemple : mise en place d’un dispositif de caméras et observation des effets.
3. Validation ou révision de l’hypothèse
Si les résultats confirment l’hypothèse, elle est renforcée. Sinon, elle est ajustée ou abandonnée.
👉 Exemple : Si les vols baissent, l’hypothèse est corroborée. Sinon, il faut chercher d’autres explications.

Ce modèle cyclique montre que la recherche scientifique n’est jamais figée. Elle est itérative : on observe, on émet des hypothèses, on teste, et on recommence. C’est cette dynamique qui fait progresser la connaissance.
En criminologie, ce modèle est particulièrement précieux car il permet d’éviter deux écueils :
* Tirer des conclusions hâtives à partir de simples impressions (erreur inductive),
* Ou imposer une théorie abstraite sans lien avec la réalité du terrain (erreur déductive).
La recherche rigoureuse, c’est l’équilibre entre intuition informée et validation méthodique.

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4
Q

Comparer les positions de Popper et de Kuhn par rapport à l’évolution de la science et expliquer les différences.

A

Lorsque l’on réfléchit à la manière dont la science progresse, deux grands penseurs du XXe siècle s’imposent : Karl Popper et Thomas Kuhn. Tous deux ont profondément influencé l’épistémologie, mais leurs visions de l’évolution scientifique divergent radicalement.
Pour Karl Popper, la science avance par un processus de falsification.
Selon lui, une théorie n’est jamais définitivement prouvée : elle peut être corroborée, mais doit surtout être testable et réfutable. Une bonne théorie est donc falsifiable — c’est-à-dire qu’on peut imaginer une expérience ou une observation qui viendrait la contredire.
La science, chez Popper, progresse par essais et erreurs :
* On formule des hypothèses.
* On les teste.
* Si elles sont infirmées, on les abandonne ou on les ajuste.
👉 Exemple en criminologie : une théorie affirmant que tous les criminels viennent de milieux précaires est réfutée dès qu’on observe des contre-exemples.
Popper insiste aussi sur le scepticisme scientifique : il faut toujours rester critique, même face aux théories dominantes. Pour lui, l’évolution de la science est donc cumulative et rationnelle — un lent processus d’élimination des erreurs.

Thomas Kuhn, lui, propose une vision très différente dans La structure des révolutions scientifiques.
Selon lui, la science ne progresse pas linéairement, mais par ruptures, par révolutions paradigmatiques.
Il distingue deux grandes phases :
1. La science normale : période de stabilité, durant laquelle une communauté travaille selon un paradigme dominant (un cadre de pensée partagé).
👉 Exemple : le paradigme positiviste en criminologie, axé sur les statistiques et les causes objectives du crime.
2. La science extraordinaire : quand les anomalies s’accumulent, le paradigme est remis en question. Une nouvelle théorie peut alors émerger — c’est le changement de paradigme, parfois brutal.
👉 Exemple : le passage du paradigme du criminel-né (Lombroso) à celui des causes sociales de la délinquance (Durkheim, Merton).
Kuhn affirme que ces changements sont rarement rationnels : ils dépendent aussi de facteurs sociaux, politiques, ou même émotionnels. La science ne serait donc pas toujours aussi “objective” que Popper le croit.

En résumé :
Karl Popper:
La science progresse par falsification

Processus rationnel et continu

Toute théorie est provisoire mais testable

Accent sur la logique et l’objectivité

Thomas Kuhn

La science évolue par changements de paradigme

Processus discontinu et conflictuel

Un paradigme domine jusqu’à être renversé

Accent sur l’histoire et le contexte social

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5
Q

Comparer les positions de Popper et Morin par rapport à la construction de connaissance et autour de la question de l’objectivité.

A

Aujourd’hui, je vais confronter deux visions fondamentales de la connaissance scientifique : celle de Karl Popper, théoricien du falsifiabilité, et celle d’Edgar Morin, penseur de la complexité.
Ces deux intellectuels ont une préoccupation commune : comprendre comment la science produit du savoir. Mais leurs réponses sont très différentes, notamment sur la question de l’objectivité.

Commençons par Popper.
Pour Karl Popper, la science vise l’objectivité. Cela signifie que les connaissances doivent être indépendantes des croyances ou des biais du chercheur. Mais Popper sait que cette objectivité absolue est difficile à atteindre. C’est pourquoi il propose un critère rigoureux : la falsifiabilité.
Une théorie est scientifique si elle peut être réfutée.
Ainsi, une hypothèse doit pouvoir être testée, critiquée, et éventuellement rejetée. Le savoir scientifique progresse par un processus de remise en question permanente.
👉 Exemple en criminologie : si l’on affirme que tous les délinquants viennent de familles dysfonctionnelles, il faut pouvoir tester cette hypothèse, et accepter de la modifier si des contre-exemples apparaissent.
Pour Popper, la science avance grâce à la confrontation d’idées, à la critique ouverte. Ce processus collectif, appelé intersubjectivité, est ce qui permet d’atteindre une forme d’objectivité partagée.

Edgar Morin, quant à lui, adopte une posture plus radicale : il remet en question l’idée même d’une objectivité pure.
Pour Morin, toute connaissance est une construction sociale et intellectuelle.
« Une théorie n’est pas un fait, c’est une vision du monde. »
Il souligne que nos observations ne sont jamais “pures” : elles sont toujours filtrées par nos catégories mentales, nos outils, notre culture. L’observateur influence ce qu’il observe.
👉 Exemple : en criminologie, étudier la délinquance en partant d’une théorie du choix rationnel conduit à voir le crime comme une stratégie logique — mais cela invisibilise les émotions, les contextes sociaux ou les traumatismes.
Morin propose une épistémologie complexe, où la science doit intégrer l’incertitude, la subjectivité, et le contexte. Il refuse les modèles réductionnistes, qui prétendent isoler une cause unique à un phénomène.

Alors, que retenir de cette comparaison ?

Karl Popper:
La science vise une objectivité intersubjective

Une bonne théorie est falsifiable

Le savoir progresse par critique rationnelle

Vise la neutralité scientifique

Edgar Morin:
La science est une construction sociale complexe

Une théorie est toujours provisoire et contextualisée

Le savoir est influencé par l’observateur et le contexte

Assume la non-neutralité et la complexité

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6
Q

Définir ce qu’est un paradigme selon Kuhn, quelles sont les philosophies de recherche en général et quels sont les paradigmes existants en criminologie.

A

Nous allons aujourd’hui explorer une notion-clé de la pensée scientifique : celle de paradigme, introduite par Thomas Kuhn.

Qu’est-ce qu’un paradigme ?
Pour Kuhn, un paradigme est bien plus qu’une théorie. C’est un cadre global de pensée, un ensemble de croyances, de méthodes, de valeurs partagées par une communauté scientifique.
C’est une paire de lunettes à travers laquelle on observe, on interroge, et on comprend le monde.
Il détermine :
* Les questions légitimes à poser.
* Les méthodes acceptables pour y répondre.
* Les interprétations possibles des résultats.
Mais attention : un paradigme filtre la réalité. Ce que l’on voit dépend du paradigme adopté.
👉 Exemple historique : avant Galilée, le paradigme géocentrique empêchait d’envisager que la Terre tourne autour du Soleil.
Kuhn distingue deux périodes :
* Science normale : les chercheurs travaillent à l’intérieur d’un paradigme dominant.
* Science extraordinaire : lorsque le paradigme ne peut plus expliquer certaines anomalies, une révolution scientifique peut se produire, menant à un changement de paradigme.

Les grandes philosophies de recherche
Elles correspondent aux visions du monde qui sous-tendent ces paradigmes. Les plus fréquentes sont :
1. Le positivisme :
○ La réalité est objective.
○ On peut la mesurer, tester des hypothèses.
○ Méthodes : quantitatives.
2. L’interprétativisme :
○ La réalité est construite socialement.
○ Le sens des phénomènes dépend du contexte.
○ Méthodes : qualitatives.
3. Le réalisme critique :
○ Il existe une réalité, mais notre accès à elle est imparfait.
○ Il combine explication et compréhension.
○ Méthodes : mixtes.
4. Le pragmatisme :
○ Ce qui compte, c’est ce qui fonctionne dans la pratique.
○ Approche flexible, adaptée aux besoins concrets de recherche.

Et en criminologie ? Quels paradigmes retrouve-t-on ?
Contrairement aux sciences dures, la criminologie n’a pas un paradigme unique. Elle est traversée par plusieurs courants, parfois opposés :
1. Le paradigme du consensus :
○ Inspiré de Durkheim.
○ Le crime est vu comme une déviance par rapport à des normes partagées.
○ On y retrouve la théorie du contrôle social, l’anomie, etc.
👉 Les institutions (police, justice) sont perçues comme protectrices de l’ordre social.
2. Le paradigme du conflit social :
○ Inspiré de Marx et des approches critiques.
○ Le droit est un outil de domination des élites.
👉 Exemple : la criminalisation de certains groupes sociaux marginalisés.
3. Le paradigme interactionniste :
○ Influencé par la théorie de l’étiquetage.
○ Le crime est une construction sociale, produite par les processus d’étiquetage.
👉 Un acte devient crime lorsqu’il est perçu et traité comme tel par la société.
4. Le paradigme du choix rationnel :
○ Le crime est un calcul coût/bénéfice.
○ Focus sur les situations d’opportunité (ex. : théorie des activités routinières).
5. Le paradigme postmoderne ou critique :
○ Le crime est vu comme un discours produit par le pouvoir.
👉 Exemple : Foucault et l’idée que la prison est un dispositif de contrôle social.
6. Le paradigme intégratif / biopsychosocial :
○ Combine des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux.
👉 Approche holistique, visant une compréhension plus complète du comportement criminel.

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7
Q

Dessiner et décrire le diagramme à oignon de la recherche.

A

Pour comprendre une recherche scientifique, et particulièrement en criminologie, il ne suffit pas de regarder la méthode utilisée. Il faut aussi remonter à la racine de ses fondements philosophiques. C’est exactement ce que permet de visualiser un outil précieux : le diagramme à oignon de la recherche.
Pourquoi « oignon » ? Parce que ce modèle, proposé par Saunders et ses collègues, est construit en couches successives, de l’extérieur vers l’intérieur — comme on épluche un oignon pour en découvrir le cœur.

Voici les six couches principales du diagramme, que je vais vous présenter du plus large au plus opérationnel :

🧅 1. Philosophie de la recherche
C’est la couche la plus profonde. Elle représente la vision du monde du chercheur.
* Positivisme, interprétativisme, réalisme critique, etc.
👉 Exemple : Un chercheur positiviste croit en une vérité objective mesurable.

🧅 2. Approche théorique
C’est la logique du raisonnement adopté :
* Déductive : part d’une théorie pour tester des hypothèses.
* Inductive : part des données pour construire une théorie.
👉 Exemple : Une étude qualitative inductive explorera des récits de vie pour générer des concepts.

🧅 3. Stratégie de recherche
Elle désigne le plan d’action général :
* Étude de cas, enquête par questionnaire, ethnographie, expérimentation, etc.
👉 Exemple : Utiliser une étude de cas pour analyser en profondeur un centre de réinsertion sociale.

🧅 4. Choix méthodologique
On décide ici entre :
* Quantitatif, qualitatif, ou méthodes mixtes.
👉 Exemple : Une étude sur les taux de récidive utilise une méthode quantitative ; une recherche sur le vécu des victimes adopte une approche qualitative.

🧅 5. Horizon temporel
Deux possibilités :
* Transversal : une photo à un moment donné.
* Longitudinal : suivi d’un phénomène dans le temps.
👉 Exemple : Étudier l’évolution du sentiment d’insécurité pendant une réforme policière.

🧅 6. Techniques de collecte et d’analyse des données
C’est le niveau le plus concret. Il s’agit des outils utilisés :
* Entrevues, observations, questionnaires, analyse documentaire, statistiques, codage thématique, etc.

7. Aspect ethique

Pourquoi ce modèle est-il utile ?
Parce qu’il nous oblige à justifier chaque choix méthodologique en fonction d’une cohérence philosophique. On ne choisit pas une méthode « par habitude », mais parce qu’elle s’aligne avec notre vision du savoir et notre objectif de recherche.
👉 Par exemple, une étude sur le sens que les jeunes donnent à leurs actes délinquants doit logiquement s’appuyer sur une philosophie interprétativiste, une approche inductive, une stratégie d’entretiens, et une analyse qualitative.

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8
Q

Décrire les 4 perspectives par rapport à la relation entre recherche qualitative et recherche quantitative.

A

L’un des débats les plus anciens — et parfois les plus vifs — en méthodologie de recherche, concerne la relation entre approches qualitatives et quantitatives. Doit-on choisir entre les deux ? Sont-elles incompatibles ? Complémentaires ? Ou intégrables dans une même étude ?
Pour répondre à cette question, il existe quatre grandes perspectives, qui reflètent des positions épistémologiques différentes.

🔹 1. La perspective de l’incompatibilité (ou dualiste)
Selon cette vision, qualitatif et quantitatif sont inconciliables, car ils reposent sur des philosophies opposées :
* Le quantitatif relève du positivisme : il cherche des faits objectifs, mesurables, généralisables.
* Le qualitatif relève de l’interprétativisme : il cherche à comprendre le sens que les individus donnent à leur réalité.
👉 Conclusion : il faudrait choisir son camp. Une étude ne peut pas combiner les deux sans contradiction.
Mais cette perspective est aujourd’hui minoritaire, car elle rigidifie inutilement les démarches scientifiques.

🔹 2. La perspective de la compatibilité (ou complémentariste)
Ici, on reconnaît que qualitatif et quantitatif sont différents mais complémentaires.
* Le quantitatif répond aux questions « combien ? », « à quelle fréquence ? ».
* Le qualitatif répond aux questions « pourquoi ? », « comment ? », « avec quel vécu ? ».
👉 Exemple : une étude peut mesurer le taux de récidive (quantitatif) puis explorer les raisons vécues de la rechute à travers des entretiens (qualitatif).
C’est une approche pragmatique, qui cherche à tirer profit des forces de chaque méthode.

🔹 3. La perspective de l’intégration (ou mixte)
Ici, on va plus loin : il ne s’agit pas seulement d’utiliser les deux approches, mais de les articuler activement dans une seule et même étude.
C’est la méthode dite “mixed methods”, très en vogue dans les sciences sociales.
* On peut commencer par une phase qualitative exploratoire, suivie d’une enquête quantitative de validation.
* Ou l’inverse : une enquête quantitative génère des résultats qui sont ensuite interprétés en profondeur par une analyse qualitative.
👉 Exemple en criminologie : identifier les quartiers les plus criminogènes (quantitatif), puis interviewer les habitants pour comprendre leur ressenti (qualitatif).
L’enjeu est de croiser les données, confronter les résultats, et produire une compréhension plus riche et nuancée du phénomène étudié.

🔹 4. La perspective transformationnelle (ou critique)
Cette approche s’appuie sur les courants féministes, post-coloniaux, ou critiques. Elle ne choisit pas une méthode en fonction de sa neutralité, mais de son potentiel de transformation sociale.
Dans cette perspective :
* La recherche est un acte politique.
* On utilise qualitatif, quantitatif ou les deux, selon les objectifs d’émancipation, de dénonciation ou de changement.
👉 Exemple : une recherche sur les violences policières pourra combiner statistiques (quantitatives) et récits de victimes (qualitatifs), dans une visée militante de réforme.

Conclusion
Incompatibilité: Les deux approches sont inconciliables
Compatibilité: Elles sont complémentaires
Intégration: Elles sont intégrées méthodologiquement
Transformation: Elles sont choisies selon un objectif critique ou militant

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