PP semaine 3 Flashcards
(10 cards)
Pourquoi et comment comparer :
Pourquoi comparer ?
- Pour vérifier des faits : La comparaison aide à confirmer si une relation ou un phénomène observé est valide et statistiquement prouvé.
- Pour comprendre les causes : En comparant, on identifie les liens de cause à effet.
- Pour généraliser : Cela permet de tirer des conclusions qui s’appliquent à plusieurs cas, et non à un seul.
- Pour créer des théories : La comparaison aide à formuler des idées ou des théories générales basées sur des observations précises.
Comment comparer ?
- En respectant des règles : Il faut suivre des méthodes claires et rigoureuses pour éviter les erreurs.
- En adoptant une stratégie : Choisir une approche réfléchie et structurée pour conduire la recherche de manière efficace.
La comparaison simplifiée :
La comparaison est une activité courante qu’on utilise pour mieux comprendre notre monde. Par exemple, on compare souvent des options pour faire des choix. Mais quand on utilise la comparaison comme outil scientifique, c’est plus complexe et rigoureux.
Les spécialistes, appelés comparatistes, cherchent à identifier les ressemblances et les différences entre les objets étudiés. Cependant, comparer exige de simplifier une réalité souvent très complexe, car chaque phénomène ou cas est unique.
Roy Macridis souligne que comparer signifie choisir certains aspects spécifiques à examiner, ce qui peut parfois donner une image incomplète ou déformée de la réalité unique de chaque cas.
Comment comparer efficacement : les règles de la comparaison
a) Résoudre le problème de comparabilité
Tout est comparable, mais à deux conditions :
Les phénomènes doivent avoir des points communs (attributs partagés) et des différences (non partagés).
Le chercheur doit être sélectif et précis (parcimonieux) dans son choix pour rendre la comparaison pertinente.
On compare des cas avec similitudes et différences, pour identifier :
Des régularités (éléments communs à plusieurs cas).
Des exceptions (éléments uniques).
En résumé : Comparer, c’est construire une logique d’analyse qui met en valeur ce qui rapproche et distingue les cas.
b) Trouver un bon critère de comparaison
- Priorité à l’analyse :
—–Évitez de simplement lister ou juxtaposer des cas.
—–Adoptez une démarche thématique (un thème précis à explorer) plutôt qu’une simple chronologie.
- Utilisez des concepts analytiques pour donner du sens et établir des ponts entre les cas.
- Choisissez un critère principal parmi plusieurs, selon l’objectif de votre recherche.
c) Théoriser
- Une bonne comparaison va plus loin que la description :
1. Définissez bien votre sujet et vos concepts.
2. Précisez vos objectifs dès le départ.
3. Suivez une logique intellectuelle rigoureuse pour aboutir à des conclusions solides et théoriques.
Les stratégies de recherche en politique comparée :
Qu’est-ce qu’une stratégie de recherche ?
- Une stratégie dépend de l’échantillon choisi (les cas étudiés) et des objectifs poursuivis (ce que l’on cherche à comprendre ou démontrer).
- Les cas étudiés sont choisis selon une catégorie ou plusieurs, basées sur une typologie (classification).
Quels types de stratégies ?
- Cas similaires : On compare des phénomènes ou des situations qui se ressemblent beaucoup, pour mieux comprendre ce qui les différencie malgré leurs ressemblances.
- Cas différents : On analyse des cas très différents pour identifier des points communs ou des régularités inattendues.
L’étude de cas
Qu’est-ce que c’est ? Une étude de cas consiste à analyser un ou plusieurs cas spécifiques pour en tirer des conclusions, en tenant compte des objectifs poursuivis.
Différentes approches :
- Étude de cas déviant : Analyser un cas qui s’écarte des normes ou des attentes pour mieux comprendre les exceptions.
- Comparaison asymétrique : Comparer un cas principal avec d’autres cas secondaires pour mieux situer ses particularités.
Pourquoi utiliser cette méthode ?
- Elle permet une analyse approfondie et détaillée (précision monographique).
- Elle peut générer de nouvelles hypothèses pour expliquer des phénomènes.
- Elle sert à tester des théories existantes en les confrontant à des cas concrets.
Exemple : L’expérience de modernisation du Japon est un bon exemple d’étude de cas. En comparant le Japon à d’autres pays, on comprend comment il est passé d’un système féodal à un État moderne. Cette comparaison repose sur l’observation des autres tout en tenant compte de sa propre situation.
La comparaison individualisante :
Qu’est-ce que c’est ?
- Ce type de comparaison cherche à mettre en lumière des propriétés communes à travers plusieurs cas, pour expliquer un phénomène particulier.
- Contrairement à d’autres approches, elle se concentre davantage sur l’objet étudié que sur le choix spécifique des cas (échantillon).
Pour quoi est-elle utilisée ?
- Elle est idéale pour des recherches qui visent une connaissance détaillée et approfondie (approche idiographique).
- Exemple : Analyser ce qui rend l’Occident unique en étudiant ses caractéristiques à travers plusieurs cas.
Quels sont ses avantages ?
- Les résultats obtenus sont souvent très solides et fiables.
- Elle produit à la fois :
———Des grandes généralisations (des conclusions qui s’appliquent à de nombreux cas).
———Des connaissances détaillées (spécifiques à un phénomène particulier).
Comment ça fonctionne ?
- Utilise la méthode d’entonnoir :
——-Étudier un grand nombre de cas pour en extraire une explication unique ou centralisée.
——-L’objectif est de faire ressortir un phénomène singulier en comparant plusieurs contextes.
La stratégie de la comparaison binaire :
Qu’est-ce que c’est ?
- Une méthode qui compare deux cas seulement, souvent pour analyser :
1. Des cas très similaires (identifier ce qui les différencie malgré leurs ressemblances).
2. Des cas très différents (trouver ce qui les rapproche malgré leurs écarts).
Objectifs de cette stratégie
- Comprendre les divergences dans des contextes similaires.
- Repérer des convergences malgré des différences importantes.
Exemple concret :
- La démocratisation au Bénin et au Niger :
—Ces deux pays ont connu des transitions démocratiques à partir de 1990, influencées par trois facteurs communs :
1. Une crise économique entraînant une faiblesse de l’État.
2. Une perte de légitimité des régimes en place.
3. L’émergence de mouvements sociaux et politiques revendiquant le changement.
- La comparaison permet de comprendre pourquoi les trajectoires démocratiques ont divergé malgré des points de départ similaires.
Variantes de cette méthode
- Comparaison entre pays analogues : Semblable à la comparaison binaire mais se limite à deux cas précis pour une analyse plus ciblée.
- Comparaison entre pays contrastés :Nécessite deux étapes :
1. Homogénéisation conceptuelle : Trouver un cadre commun pour comparer malgré les grandes différences entre les cas.
2. Réaliser l’analyse en gardant à l’esprit ces différences pour éviter des conclusions erronées.
La comparaison universalisante ou systémique (globale)
Qu’est-ce que c’est ?
- Une méthode très ambitieuse qui cherche à donner une explication globale d’un phénomène, à une échelle large (parfois mondiale).
- Elle nécessite une vision complète du système étudié, qui peut être un pays, une région, ou même le monde entier.
La stratégie utilisée :
- Sujet choisi : Un phénomène spécifique, comme les coups d’État ou la modernisation.
- Objectif principal : Trouver des facteurs causaux nécessaires et suffisants pour expliquer ce phénomène.
Exigences de cette méthode :
- Une connaissance approfondie des cas étudiés et des cas potentiels, même s’ils ne sont pas centraux à l’analyse.
- Une capacité à abstraire (généraliser) pour produire des modèles ou théories.
- Produire des généralisations solides applicables à de nombreux contextes.
Avantages de cette stratégie :
- Fournit des modèles théoriques robustes qui peuvent influencer de nombreuses disciplines.
- Produit des résultats marquants s’il est bien exécuté.
Défis et limites :
- Exige une grande érudition, souvent issue d’une approche historique.
- Risque de simplifier ou déformer les particularités des cas étudiés pour les intégrer dans un modèle global.
Exemples concrets :
- Samuel Huntington et sa théorie du choc des civilisations, qui tente d’expliquer les conflits mondiaux à travers des différences culturelles et civilisationnelles.
- Modernisation de l’Asie et ses leçons pour l’Afrique : Exemple : Le Japon et la Chine ont réussi leur modernisation. Peut-on appliquer ces expériences à l’Afrique pour améliorer le niveau de vie et sortir de la pauvreté ?
- La stratégie de la comparaison par la recherche de variations
Qu’est-ce que c’est ?
- Ce type de comparaison cherche à analyser les variations d’un même phénomène dans différents contextes ou configurations.
- L’objectif principal est de généraliser en identifiant des catégories explicatives pour comprendre ces variations.
Comment fonctionne cette stratégie ?
- Choix du phénomène : Le politologue se concentre sur un thème spécifique, comme la démocratie ou le développement.
- Objectif : Montrer comment ce phénomène varie ou évolue selon les cas étudiés.
- Cas étudiés : Leur nombre est au moins équivalent au nombre de variations ou trajectoires identifiées.
Caractéristiques principales :
- Proche de la comparaison binaire : Elle cherche à identifier des variations précises entre des cas.
- Opposée à la comparaison universalisante : Elle se concentre sur les variations spécifiques au lieu de chercher une explication globale.
Importance de cette stratégie :
- Utilisation fréquente : Par des organisations comme le PNUD ou la Banque mondiale pour analyser les différences entre pays (ex. niveaux de développement).
- Généralisation pratique : Bien menée, elle produit des généralisations facilement applicables à de nouveaux cas ou contextes.
Défis de cette stratégie :
- Requiert une connaissance approfondie des cas et une approche qualitative, comme l’histoire, pour bien analyser les variations.
- Demande une érudition importante pour identifier et expliquer les trajectoires.
Exemple concret : La transitologie (1970-1990)
- Étude des processus de démocratisation dans différentes régions et périodes :
1. Années 1970 : Europe du Sud.
2. Années 1980 : Amérique latine.
3. Années 1990 : Afrique et Europe de l’Est.
- Bien qu’il s’agisse du même phénomène (la démocratisation), les trajectoires varient en fonction du contexte géographique et temporel.
Les risques ou pièges de la comparaison
- Collection irraisonnée de données
- Collecter trop de données sans les organiser ou les analyser correctement peut nuire à la compréhension. C’est un problème souvent reproché aux approches quantitatives excessives. - Jugements de valeur
- Les comparaisons peuvent être biaisées si le chercheur introduit des opinions personnelles au lieu de s’appuyer sur des faits objectifs. - Positions idéologiques
- Relativisme extrême : Trop insister sur les différences culturelles peut empêcher d’établir des comparaisons utiles.
- Culturalisme : Le danger est de tomber dans des généralisations simplistes basées sur la culture seule. - Ethnocentrisme
- Juger d’autres cas à partir des normes ou valeurs de sa propre culture peut conduire à des interprétations biaisées ou erronées. - Pièges liés aux concepts
- Localisme : Croire que ce qui est vrai dans un contexte local s’applique partout.
- Gradualisme : Supposer que tous les cas évoluent progressivement de la même manière.
- Anachronisme : Appliquer des concepts modernes à des périodes ou contextes historiques où ils n’ont pas de sens. - Piège de l’enfermement
- La comparaison peut devenir une prison théorique si les concepts utilisés ne sont pas adaptés à d’autres contextes ou époques.
- Précaution à prendre : Toujours vérifier si les concepts peuvent s’appliquer à d’autres lieux ou périodes sans perte de sens.