Wharton Flashcards
(72 cards)
Quelles sont les différentes temporalités du Temps de l’Innocence ?
3 temporalités :
- New York des années 1870 dans lequel se déroule l’action
- Newland au début du XXe siècle à la fin du roman
- Le point de vue de l’auteure en 1920 lors de la publication
A quoi renvoie l’innocence ?
C’est un bonheur fragile dans la méconnaissance du mal : à la fois le fait de ne pas nuire (être innocent) et d’être ignorant de la réalité.
Qu’interroge le roman d’Edith Wharton ?
Elle interroge la fonction de la communauté :
- Est-elle protectrice ? : Oui.
- Est-elle l’endroit où l’individu se constitue, s’épanoui, advient à soi ? : Le roman l’étudie.
Comment décrire la communauté new-yorkaise du Temps de l’Innocence ?
C’est une bulle illusoire à l’intérieur de laquelle on peut avoir l’impression d’une stabilité mais qui est en réalité fragile
Que raconte l’histoire de Newland ?
C’est le récit de la découverte de l’illusion par Newland qui prend conscience du caractère artificiel de son monde.
La communauté produit une image cohérente mais fausse, elle se constitue en décor pour protéger ses membres. De quoi les membres cherchent-ils à se protéger par la communauté ?
Non pas d’un danger concret mais de la réalité elle-même
Quel est l’argument associé aux citations : «retard tout personnel » + «s’il avait pu fixer avec le régisseur la minute précise de son arrivée, il n’aurait pu choisir un moment plus propice » ?
Commenter.
Le sort de l’individu est déterminé par sa communauté
«retard tout personnel » et «s’il avait pu fixer avec le régisseur la minute précise de son arrivée, il n’aurait pu choisir un moment plus propice »
- Newland arrive au théâtre avec «un retard tout personnel » : c’est-à-dire à un moment qu’il a choisit de lui-même, en tant qu’individu, dans la plus grande autonomie dont il puisse disposer
- pourtant ce moment ne pourrait être « plus propice » : il saisit un kaïros dont il n’est pas le maitre
- «régisseur » = metteur en scène, Newland est un élément de la scène, il est déterminé par son milieu et s’inscrit comme un rouage dans la mécanique de la société
- l’individu, même lorsqu’il se croit autonome et singulier, est en fait parfaitement à sa place : le sort de l’individu est déterminé par sa communauté
Quelle est la citation associée à l’argument : Le sort de l’individu est déterminé par sa communauté ?
«retard tout personnel » + «s’il avait pu fixer avec le régisseur la minute précise de son arrivée, il n’aurait pu choisir un moment plus propice »
Que signifie “sulfureux” ?
Qui choque la norme sociale
Quel est l’argument associé à la citation : «Il n’y a rien à craindre à New-York, ajouta-t-il avec une pointe de sarcasme » ?
Commenter.
La communauté est une construction
«Il n’y a rien à craindre à New-York, ajouta-t-il avec une pointe de sarcasme »
- Newland semble faire l’éloge de la communauté New-Yorkaise à laquelle il appartient, comme si sa communauté le protégeait de tous les dangers
- «sarcasme » : ironie, la communauté n’est pas le lieu où l’on a rien à craindre mais seulement le lieu où l’on a l’impression que l’on a rien à craindre
- volonté de perpétuer une image idéalisée de la communauté à travers le discours, malgré la connaissance de ses limites
- la communauté est un faire-croire qui n’existe que parce que ses membres y croient ou font semblant d’y croire
Quelle est la citation associée à l’argument : La communauté est une construction ?
«Il n’y a rien à craindre à New-York, ajouta-t-il avec une pointe de sarcasme »
En quoi la communauté chez Wharton est-elle différente de chez Eschyle ?
Chez Eschyle, la communauté est d’abord territoriale concrète. Pour Wharton, ce n’est pas New York qui est important mais le groupe d’individus privilégié qui y évolue et s’efforce de maintenir une vision du monde qu’il partage
En quoi la menace intérieure est-elle aussi la plus dangereuse chez Wharton ?
Le plus gros risque est l’apparition à l’intérieur de la communauté d’une vision alternative, puisque celle-ci se maintient par la volonté de chacun de faire communauté et de croire en la vision proposée
Quel est l’argument associé à la citation : « bizarre quartier » ?
Commenter.
L’émergence d’une entité autonome au sein de la communauté menace cette dernière
«bizarre quartier »
- Ellen réside dans le quartier des artistes qui est qualifié de «bizarre » et ainsi mis à distance
- ses habitants sont proches du vieux New York, notamment par leur éducation, et c’est pourquoi ils sont particulièrement dangereux : ils pourraient presque être acceptés mais déstabiliserait la communauté par leur décalage, leur capacité à penser différemment de ce que la communauté propose
- la communauté se protège alors en décrivant cet extérieur comme «bizarre », moins enviable car il ne suit pas les mêmes conventions
- c’est en réalité une manière d’éviter qu’en son sein ne se développe, ou ne s’introduise, une vision alternative, une réflexion autonome
Quelle est la citation associée à l’argument : L’émergence d’une entité autonome au sein de la communauté menace cette dernière?
«bizarre quartier » + «gens qui écrivent»
En quoi Le Temps de l’Innocence est-il le récit d’une crise double ?
Quel est le lien entre les deux crises ?
Il raconte une crise individuelle épistémologique (passage de l’ignorance à la connaissance) et une crise communautaire contre les sceptiques, les visions alternatives.
La première induit la deuxième
Comment définir la crise ?
Comme la situation qui exige une réaction, qui force l’action
Quel est l’argument associé à la citation : «Newland remercia le ciel d’être un citoyen de New York » + «espèce » ?
Commenter.
La communauté ne doit pas se penser absolue
«Newland remercia le ciel d’être un citoyen de New York » + «espèce »
- l’individu constate le profit qu’il tire de sa communauté des « citoyen[s] de New York » : la communauté se définit donc d’abord comme une caractéristique que d’autres n’ont pas, une singularité
- il revendique au même moment son appartenance à une «espèce » particulière : la communauté est une singularité spécifique, qui n’a rien d’absolue
- «le ciel » : Newland se croit même l’objet d’une attention particulière de Dieu, comme s’il existait une communauté idéale et absolue et qu’il y appartenait
- mode hyperbolique qui traduit l’ironie et le jugement critique porté par Wharton : malgré la contingence de son appartenance le personnage essentialise à tort sa condition
Quelle est la citation associée à l’argument : La communauté ne doit pas se penser absolue ?
«Newland remercia le ciel d’être un citoyen de New York » + «espèce »
Quel rôle jouent l’éducation et la culture procurées par la communauté ?
L’éducation et la culture qui sont procurées à l’intérieur de la communauté sont nécessaires à l’épanouissement de l’individu mais non suffisantes car elles ne lui permettent pas de prendre conscience de la réalité
Qu’appelle-t-on un discours indirect libre et quel est son effet ?
Il s’agit de reprendre littéralement propos d’un autre locuteur sans porter les marques d’un discours indirect, c’est une marque très subtile d’ironie qui peut facilement ne pas être remarquée et permet une double lecture
Quel est l’argument associé à la citation «c’était incroyable, mais c’était un fait : Ellen, tournant le dos à son destin de privilégiée, se déclassait » ?
Commenter.
La communauté ne doit pas considérer comme une faute la singularité individuelle
«c’était incroyable, mais c’était un fait : Ellen, tournant le dos à son destin de privilégiée, se déclassait »
- retranscrit la pensée de Mrs. Welland, personnage particulièrement conservateur du roman : «incroyable » : qu’on ne peut pas croire, qu’on refuse d’accepter, jugement péjoratif
- «mais c’était un fait » : ironie, montre l’absurdité de la situation : le personnage est incapable d’accepter la réalité et n’arrive même pas à envisager la différence alors même qu’elle se présente comme une évidence.
- ironie renforcée par la forme du discours indirect libre : ce n’est pas qu’Ellen sorte de son milieu, qu’elle prenne une décision au-delà de sa communauté, qui est incroyable mais c’est le fait même qu’on puisse trouver cela incroyable
- l’auteure dénonce une société hyper-communautaire dans laquelle l’individu prend pour absolue et nécessaire une vision du monde contingente et considère donc la différence comme une faute
Quelle est la citation associée à l’argument : La communauté ne doit pas considérer comme une faute la singularité individuelle ?
«c’était incroyable, mais c’était un fait : Ellen, tournant le dos à son destin de privilégiée, se déclassait »
Pourquoi l’auteure n’évoque jamais les périls historiques de la société alors que l’histoire de situe à la suite de la Guerre de sécession et que le roman est publié au lendemain de la Seconde guerre mondiale ?
L’auteure soustrait volontairement cette dimension pour montrer l’indifférence de ses personnages à la réalité qui les entoure, et souligner l’enfermement de la communauté sur elle-même