CM PSYCHOPATHOLOGIE 5 Flashcards

Le monde de la psychose

1
Q

Qu’est-ce que la notion de monde ?

A

C’est l’idée que les différentes structures psychologiques déterminent un vécu au monde radicalement différent (même si on est tous à l’intérieur d’une même humanité)

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2
Q

Pour désigner quelle entité Feuchtersleben a utilisé le terme “psychose” ?

A

Pour désigner les maladies mentales

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3
Q

Quels ont été les débats concernant les psychoses dès le 19e siècle ?

A

Débats sur organique/fonctionnel et endogène/exogène

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4
Q

Que désigne le terme psychotique aujourd’hui ?

A

C’est un terme générique qui désigne toute affection avec hallucinations et/ou délire

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5
Q

Quel est le modèle dominant dans l’approche étiologique et thérapeutique des psychoses ?

A

C’est le modèle biopsychosocial

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6
Q

En quoi l’analyse des traits de personnalité des patients psychotiques est peu pertinente ?

A

Les traits de personnalité peuvent être radicalement transformés par la configuration clinique (c’est dur d’établir des traits justes et pertinents quand on nous donne à voir des délires et des hallus)

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7
Q

En quoi l’évaluation de la gravité de la schizophrénie et de la gravité de la nevrose est-elle non pertinente ?

A

Dire que la névrose c’est moins grave que la psychose c’est aussi ignorer que certains patients psychotiques se remettent de leurs symptômes et arrivent à vivre malgré tout

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8
Q

Quelle est la première distinction à faire sur les troubles psychotiques/délirants ?

A

Ils peuvent être endogènes ou exogènes (substances)

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9
Q

Quelle est la deuxième distinction à faire sur les troubles psychotiques/délirants ?

A

Ils peuvent être aigus/transitoires (bouffées délirantes aiguës -> épisode délirant qui dure maximum 45 jours avec un déclenchement très rapide (en 2-3 jours) avec un passage de aucune idée délirante à un délire très bien construit) ou chroniques (schizophrénie, paranoïa)

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10
Q

Parmi les troubles endogènes et chroniques, la psychiatrie française distingue 2 types de psychose, lesquelles ?

A
  • psychoses dissociatives = schizophrénie -> mécanisme de dissociation avec une désorganisation des fonctions du Moi, de la cognition, de la psychomotricité et de la concordance idéo-affective
  • psychoses non dissociatives = psychose hallucinatoire chronique (trouble d’apparition tardive avec des hallus de tout type) -> mécanisme = hallucinations / paranoïa avec aucune hallucination, mais des mécanismes d’interprétation (ici il y a très peu de désorganisation)
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11
Q

Quelles sont les 4 grandes conceptions cliniques de la schizophrénie ?

A
  • perte de réalité: le délire psychotique mène à une perte de contact partiel ou total avec la réalité commune et partagée -> pour les patients eux-mêmes plus rien n’est naturel (les pensées ne viennent pas d’eux, ils ressentent des choses qu’ils ne peuvent pas nommer)
  • le déficit avec chez Kraepelin un diagnostic de démence précoce -> quand les patients vieillissent, on voit un apaisement du caractère violent du délire avec des sortes d’idées délirantes qui ne prennent pas toute la place et une dimension plus déficitaire qui se laisse apparaître
  • dissociation / désorganisation, perte de l’unité intérieure chez Krapelin (fragmentation, désorganisation et pas compartementalisation comme dans le TDI), Spaltung chez Bleuler, discordance chez Chaslin (phénomènes de discordance idéo-affective = le coeur de la schz) -> il y a des choses non concordantes, ça se fragmente et cela tourne autour du mécanisme de la dissociation (ici désorganisation du Moi)
  • rapport entre symptômes positifs (en trop: hallus, délire,..) et symptômes négatifs (déficits cognitufs, psychomoteurs et de reconnaissance des affects -> jusqu’à catatonie apragmatique)
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12
Q

Quelle est la prévalence de la schizophrénie ?

A

Elle touche entre 0,4 et 0,7% de la population générale

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13
Q

A quel âge a lieu le début des troubles ?

A

Avant 23 ans dans la plupart des cas, avec une fenêtre entre 15 et 25 ans

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14
Q

Quelles sont les co-morbidités psychiques de la schizophrénie ?

A
  • attaque de panique (15%) car les phénomènes hallucinatoires sont terrifiants
  • TSPT (29%) souvent en lien avec des traumas infantiles non pris en charge
  • états dépressifs (50%) quand le patient se rend compte de l’impact de sa pathologie sur sa vie et du sentiment de solitude humaine qui le traverse
  • abus de toxiques (47%) pour essayer d’enlever les voix notamment
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15
Q

La mortalité chez les patients schizophrènes est-elle plus élevée ?

A

Oui, à cause des retards de traitements somatiques qui entraînent des accidents, des pathologies cardiovasculaires, des cancers (qui sont pris en charge trop tard) + taux de suicide 12 fois supérieure à celui de la population générale

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16
Q

Que pouvez vous dire de la présentation du patient dans la schizophrénie ?

A
  • ressenti de bizarrerie, le patient semble lointain, il y a une disparité à l’intérieur de la relation, étrangeté dans le contact
  • maniérisme dans la façon de se mouvoir, comportements étranges dans le miroir (se scrutent)
  • incuries car difficultés à relier corps et esprit + délires qui touchent au corps + apragmatisme
  • paramimies, notamment les sourires immotivés (signe de discordance)
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17
Q

Que pouvez-vous dire de la conscience et des fonctions mnésiques dans la schizophrénie ?

A
  • possibles amnésies dissociatives
  • possible dysmorphophobie
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18
Q

Que pouvez-vous dire concernant les troubles de la perception dans la schizophrénie ?

A
  • hallucinations psychosensorielles et/ou psychiques = signes de dissociation (le patient ne les reconnaît pas comme les siens)
  • illusions perceptives
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19
Q

Que pouvez-vous dire concernant les troubles de la pensée dans la schizophrénie ?

A
  • troubles du cours: discontinuité de la pensée, diffluence du discours, barrages -> relâchement des associations, discours incohérents (coq à l’âne)
  • troubles du contenu: idées délirantes avec des thèmes multiples possibles, articulés bizarrement
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20
Q

Que pouvez-vous dire concernant les troubles du langage dans la schizophrénie ?

A
  • néologismes = mots nouveaux pour tenter de décrire ce qu’il vit (quand les mots de la langue ne sont pas suffisant pour qualifier la nature étrange de ces vécus)
  • schizophasie = langue un peu étrange avec des agrammatismes (désorganisation grammaticale des phrases)
  • glossolalie = invention d’une langue, le patient ne saura pas forcément capable de traduire ou d’expliquer (pas de système de référence)
    -> désorganisation de la fonction communicative du langage donc langage hermétique
    -> ces troubles indiquent la bizarrerie de l’expérience que les patients tentent de communiquer mais aussi une désorganisation qui se donne à entendre de la propre pensée
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21
Q

Que pouvez-vous dire concernant les troubles de l’affectivité dans la schizophrénie ?

A
  • discordance: émoussement affectif, froideur, rires immotivés, apathie, anhédonie, apathie -> non concordance entre l’affect exprimé et l’idée exprimée et qui traduit un sentiment d’être perdu par rapport à ce qu’il raconte + vocabulaire du déficit (symptômes négatifs) + ambivalence des sentiments sur un mode très clivé (soit tout bon soit tout mauvais)
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22
Q

Que pouvez-vous dire concernant les troubles psychomoteurs dans la schizophrénie ?

A
  • apragmatisme, aboulie, négativisme psychomoteur si catatonie, raptus possibles
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23
Q

Que pouvez-vous dire concernant les troubles des conduites instinctuelles dans la schizophrénie ?

A
  • insomnies (du fait des voix)
  • refus alimentaire délirant (délire d’empoisonnement)
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24
Q

Que pouvez-vous dire concernant les troubles des conduites sociales dans la schizophrénie ?

A
  • repli qualifié d’autistique au sens de Bleuler: activité sexuelle auto-érotique (Freud) -> Bleuler enlève le terme d’éros et dit que dans la schz il y a effectivement ce mouvement auto, de centration et de repli sur soi, mais il n’y a plus d’eros donc on perd la dimension de plaisir et donc d’élan vital DONC tendance tendance à la répétition qui tend vers le mortifère, vers le processus morbide, le déficitaire
  • attitudes d’écoute (le patient écoute ses voix et a des attitudes plus ou moins discrètes pour le faire)
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25
Q

Quels sont les 3 dis dans la schizophrénie ?

A

La dissociation, la discontinuité et la discordance

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26
Q

Expliquez la dissociation

A

C’est une désorganisation des fonctions mentales, émotionnelles et comportementales, qui explique le sentiment de xénopathie ou de désappartenance des patients schizophrènes (vécus de dépersonnalisation ou de déréalisation) -> ressenti que certains de leurs contenus psychiques ou comportementaux ne viennent pas d’eux + idée d’une unité du processus morbide, d’une perte de l’unité intérieure = fragmentation interne du patient

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27
Q

Expliquez la discontinuité

A

Elle résulte de la dissociation, qui a pour conséquence un relâchement des associations et donc une discontinuité de la pensée avec des troubles du langage associés -> elle se manifeste notamment par de la diffluence et des barrages

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28
Q

Expliquez la discordance

A

Elle résulte de la dissociation et s’exprime par une disharmonie constatable entre le discours et l’expression affectives = perte du lien habituellement très fort entre représentation et affects, qui se manifeste dans plusieurs sphères -> donne de l’extérieur une impression de bizarrerie pu d’étrangeté

29
Q

Quels sont les symptômes positifs des 3 dis ?

A
  • dissociation: hallucinations acoustico-verbales, cénésthésiques, psychiques + délire = la désorganisation générale va mener à un vécu du monde qui va nécessiter une reconstruction par le sujet
  • discontinuités: coqs-à-l’âne, différence du discours
  • discordance: rires immotivés, bizarreries, maniérisme
30
Q

Quels sont les symptômes négatifs des 3 dis

A
  • dissociation: apragmatisme, apathie, aboulie
  • discontinuité: désorganisation de la pensée, alogie ou pauvreté du discours (phrases sorties sans suite de discours), stéréotypies verbales, barrages = perte considérable de richesse dans le discours
  • discordance: émoussement affectif, froideur -= absence d’affects là où on aurait pu s’y attendre, vécu du monde marqué par le fait que ça ne fait rien
31
Q

Comment pouvez vous qualifier l’angoisse dans la schizophrénie ?

A

Ce sont des angoisses primitives = anéantissement, morcellement, mort -> morcellement = effet de la dissociation au niveau somatopsychique, implique que qqch a été construit et est en risque de se défaire, sensation de partir en morceaux, de se déconstruire en tant que sujet, de se fragmenter = suppose que même si le Moi des patients est abîmé / fragmenté / morcelé, et qu’il y a ce processus qui mène à la perte de l’unité intérieure, il y a eu quand même des bases de construction du Moi
-> le processus dissociatif touche la pensée mais aussi le vécu du corps (et les deux ne sont pas dissociables)

32
Q

Quelles sont les mécanismes de défense typiques dans la schizophrénie ?

A
  • clivage du moi et de l’objet: les patients racontent que leurs vécus du monde et d’eux mêmes deviennent très étranges -> clivage du moi = on entend un clivage entre une part étrange et une part du sujet qui tente de lutter contre cette étrangeté / clivage de l’objet entre des bons objets et des mauvais objets, mènent à ce qu’on peut être investis comme idéal ou comme persécuteur du patient
  • déni d’une partie de la réalité (il existe une part saine et une part malade qui est porteuse du déni et donc du délire) -> éloignement de la réalité car réalité = faite d’un sentiment d’unité intérieure et d’ambivalence envers les objets auxquels nous tenons
33
Q

Quels mécanismes de défense permettent l’apparition du délire ?

A

C’est le couple clivage-déni: il faut que le patient soit clivé entre une partie qui reconnaît la réalité et l’autre qui la dénie pour qu’il y ait à la fois délire chez le patient mais aussi reste de raison

34
Q

Selon Freud, quel est le rôle du délire ?

A

C’est une tentative de guérison càd une tentative de donner un nouveau sens au monde, à la réalité que le sujet ne peut supporter et dont il se détourne, il tente de s’expliquer l’étrangeté des phénomènes qu’il est en train de vivre, de donner du sens à une expérience du monde qui s’écroule

35
Q

Quels sont les mécanismes importants pour comprendre le clivage du Moi ?

A
  • les angoisses corporelles rapportés par les patients
  • l’enjeu dispersion / rassemblement au quotidien (dispertion = fragmentation, désorganisation, laissent des bouts d’eux même à pleins d’endroits, disent bcp de choses à bcp de gens donc on en sait plus ce qui est réel ou non / rassemblement = moments où les patients sont là et rentrent en contact réel car ils sont rassemblés du côté psychique et corporel)
  • transfert dissocié sur de multiples objets -> le patient va répéter des bouts de relation, des traits relationnels avec tout un tas de personnes, ces personnes vont donc vivre le patient sur des modes très différents au quotidien d’où la nécessité de travailler en équipe pour une meilleure prise en charge
36
Q

Que pouvez-vous dire des relations d’objet dans la schizophrénie ?

A
  • flou dans les limites entre le Moi et l’autre parce que le Moi est clivé et que l’objet n’est pas forcément perçu comme une unité différente du Moi (et le Moi comme une unité différente de l’objet)
  • structuration du rapport à l’autre pas en fonction de l’Oedipe donc relation à l’autre non triangulée = modalités parfois très fusionnelles et confuses -> la partie délirante du sujet ne reconnaît pas la castration, ne se représente pas qu’il ne peut pas tout faire
37
Q

En quoi le complexe d’Oedipe est un complexe “anticonfusion” ?

A
  • Chacun est d’un sexe ou d’un autre dans son identité sexuée et appartient à un genre sexuel -> dans la schz ces limites se floutent
  • Chacun est d’une génération ou d’une autre […] -> il y a des choses entre les générations qui ne se font pas, des choses au sein de la famille qui ne se font pas -> dans la schz ces limites se floutent
  • Quelle que soit notre identité sexuelle ou générationnelle, nous sommes tous nés du ventre d’une femme et nous sommes donc mortels » (Pirlot et Cupa, 2012) -> empêchement du fantasme d’auto-engendrement (né de personnes, enfant de Dieu) = façon de nier la rattachement à une lignée, qui nous resitue comme étant mortel
38
Q

Comment faut-il s’intéresser au sujet pour déterminer s’il est atteint de schizophrénie ou de psychose non dissociative ?

A

Il faut prendre le sujet malade en considération dans sa dimension existentielle et sociale, dans sa trajectoire de vie

39
Q

Quels sont les 3 groupes de psychoses chroniques systématisées ?

A
  • paranoïas (trouble du jugement -> interprétation), psychose hallucinatoire chronique (hallucinations), paraphrénie (délirants , très peu hallucinés, très imaginatifs)
40
Q

A partir de quels éléments l’entité de la paranoïa est constituée en France ?

A
  • des monomanies raisonnantes d’Esquirol: paranoïa classée au même titre que la névrose obsessionnelle parmi les monomanies qui résonnent c’est à dire les monomanies qui ne sont pas caractérisé par la déraison, le patient ne semble pas avoir perdu la raison mais pourtant il délire
  • de l’étude du d&lire de persécution (Lasègue, 1852): le délire est très exclusivement un délire de persécution
  • de l’étude des “délires chroniques à évolution systématique” (Magnan, Sérieux) -> on a une évolution continue de la paranoïa
    -> la folie est raisonnante car il y a toujours un élément de vérité, une injustice vécue dans le délire mais aussi des mécanismes interprétatifs que l’on peut avoir beaucoup de mal à repérer et qui pour autant structurent un monde délirant à côté duquel on peut se retrouver à passer à côté
41
Q

Que peut-on dire concernant la paranoïa côté allemand ?

A
  • premières utilisations par Heinroth (1818)
  • importants travaux de Kraepelin qui qualifie la paranoïa de “développement insidieux, sous la dépendance de causes internes et selon une évolution continue, d’un système délirant durable et impossible à ébranler, qui s’instaure avec une conservation complète de la clarté et de l’ordre dans la pensée, le vouloir et l’action” -> il n’y a aucune désorganisation dans la paranoïa, le délire se développe à partir de troubles du jugement qui n’occultent pas nécessairement les capacités cognitives des patients
42
Q

Quelle est la différence entre “paranoïde” et “paranoïaque” ?

A
  • paranoïde = ça y ressemble mais ce n’est pas ça
  • paranoïaque = c’est exactement ça
43
Q

Que peut-on dire de la pensée et des idées dans la paranoïa ?

A

Les idées se coordonnent, elles se circonscrivent d’elles-mêmes, et se rassemblent dans un cercle dont il n’est pas impossible de limiter les contours -> le malade est travaillé par le besoin d’expliquer, et qui limite spontanément ses interprétations dans le cercle le plus étroit DONC une fois qu’il a découvert que ses ennemis le persécutent, il se résigne au rôle de victime, et ne tient pas autrement à se renseigner (= délire de persécution)

44
Q

Comment sont les délires dans la paranoïa ?

A

Ils sont chroniques, souvent monothématiques, avec des idées non-bizarres

45
Q

Quels sont les mécanismes sous-jacents du délire dans la paranoïa ?

A

Ce sont les interprétations et les intuitions (pas d’hallucinations) -> le délire n’est pas présent pour expliquer le vécu hallucinatoire étrange mais ce vécu du monde est quand même très étrange donc ce qui compte est la façon dont le patient interprète la réalité, càd le problème n’est pas au niveau de la perception donc la dimension perceptive est intacte, mais c’est l’interprétation de ce qu’il perçoit qui pose problème, et la façon dont il “sent” des choses et tire des conclusions dans le domaine des idées par rapport à ça

46
Q

Comment est perçu l’extérieur par le paranoïaque ?

A

Tout ce qui est perçu de l’extérieur se réfère et surtout se réfère au mal qu’on veut faire au sujet

47
Q

L’insertion sociale et professionnelle est elle meilleure dans la paranoïa que dans la schizophrénie ?

A

Oui

48
Q

Comment le délire est-il vécu par le patient paranoïaque (défense du délire, participation thymique) ?

A

On observe une grande ferveur dans la défense du délire (= participation thymique ++), pas de dissociation/discordance -> vit de façon très intense son délire de persécution, avec bcp d’angoisses

49
Q

Quels sont les 3 types de délires que l’on distingue dans les paranoïas ?

A
  • Délires interprétatifs (mégalomanie, idées de référence, vécu de persécution)
  • Délires passionnels (délire de revendication, érotomaniaque, de jalousie) = ce qui va dominer c’est pas forcément le mécanisme interprétatif et la rationalité du discours mais l’emportement du patient par des vécus affectifs à partir desquels il interprète et juge tout
  • Délire de relations des sensitifs (idées de références, tonalité dépressive avec asthénie, anxiété) = le seul délire qui est à bas bruit, persuasion que le sujet a que les gens rentrent en relation entre eux pour dire du mal de lui, va donner lieu à une tentative non pas de défense mais de perte de la motivation d’exister avec une tonalité dépressive très forte
50
Q

Quelle est l’étymologie de paranoïa et qu’est-ce que cela signifie ?

A

Du grec ancien : παράνοια = « Para » (παρά), préfixe signifiant à la fois « à côté », « en parallèle », ou « contre » + « nous » (νοῦς), il signifie l’intelligence, l’esprit.
-> troubles du jugement que ce soit interprétatif (une traduction, un don de sens à qqch de réellement perçu) ou intuitif (ressenti qui nous donne le sentiment d’être immédiatement connecté au sens du monde)

51
Q

Que pouvez vous dire concernant l’épidémiologie de la paranoïa ?

A
  • 0,02% de la population générale, 1 à 2% des patients hospitalisés
  • début souvent après 35 ans
  • sex ratio: : délires de jalousie -> + souvent manifestés chez des hommes / délires érotomaniaques -> + souvent manifestés chez des femmes
  • Épidémiologie du trouble de la personnalité paranoïaque : 0,4 – 4,4% de la population générale, 10-30% patients hospitalisés
52
Q

Comment est la présentation dans la paranoïa ?

A
  • contact étrange, contact méfiant -> pas de la réticence ou pas d’inconfort à dire qqch de son délire = le paranoïaque se demande si on fait partie des persécuteurs, s’il est possible de nous faire confiance
53
Q

Comment sont la conscience et les fonctions mnésiques dans la paranoïa ?

A

On observe de l’hypervigilance car ils vivent à fond le fait d’être persécuté par une entité, le risque est vécu de façon très authentique par le patient

54
Q

Que pouvez vous dire concernant les troubles de la pensée dans la paranoïa ?

A
  • troubles du raisonnement et du jugement: intuitions (“j’ai bien senti que c’était lui”, l’intuition va servir à alimenter le sentiment de référence et de persécution, on est ici dans un mode de connaissance du monde préréflexif, et le patient va assurer qu’il l’a senti et que c’est ça, il n’a pas de doute sur ses intuitions), interprétations (traduction, don de sens spécifique au sujet, en référence au sujet, allant du côté du délire de persécution, qui vient par dessus un vécu du monde perceptif pourtant correct), fausseté de jugement (ne désigne pas une mécanisme mais ce à quoi on aboutit -> on arrive à un jugement sur le monde, l’intensité des émotions va amener le sujet à émettre un jugement sur le monde)
  • troubles du contenu: délire monothématique et systématisé (= pas hermétique, explicable et qui donne des illusions de rationalité) avec des affects cohérents à son délire (persécution, revendication, jalousie)
55
Q

Que pouvez vous dire concernant les troubles de l’affectivité dans la paranoïa ?

A
  • comorbidité dépressive fréquente + risque de TS ++ pour échapper à la persécution -> l’intensité du sentiment de persécution va mener le patient, notamment quand le délire évolue de secteur à réseau, à une dépression car quand on se sent en permanence persécuté et qu’on a aucune solution pour échapper à notre persécuteur, on s’effondre, et cela peut conduire à un ressenti que la seule alternative est la TS (qui a de fortes chances d’aboutir)
  • anxiété ou possible hyperthymie / hyperréactivité émotionnelle (angoisse, tristesse, agressivité) -> le patient étant constamment sur le qui-vive, il est persuadé qu’on le persécute et ses affects sont au niveau de cette persuasion
56
Q

Que pouvez vous dire concernant les troubles psychomoteurs dans la paranoïa ?

A

On peut voir une éventuelle agitation psychomotrice (sthénicité = tonus physique car en combat avec son persécuteur) liée l’anxiété ou à l’excitation (lié au délire de persécution lié au fait que le patient est très interprétatif)

57
Q

Que pouvez vous dire concernant les troubles des conduites instinctuelles dans la paranoïa ?

A

Insomnies, refus alimentaire délirant

58
Q

Que pouvez vous dire concernant les troubles des conduites sociale dans la paranoïa ?

A

Il y a un risque de passage à l’acte agressif sur le persécuteur -> va vivre dans une binarité donc soit en finir avec lui même soit se défendre de son persécuteur (il est agressif parce qu’il se sent agressé)

59
Q

Que pouvez vous dire de la personnalité paranoïaque ?

A

La distinction entre personnalité et délire paranoïaque tient au caractère inébranlable et fixe des idées délirantes. La personnalité n’inclut pas le délire, mais repose sur 4 grands éléments: méfiance, hypertrophie du Moi, fausseté de jugement, inadaptation sociale

60
Q

Que pouvez vous dire de la méfiance dans la personnalité paranoïaque ?

A

susceptibilité, tendance à la suspicion, humeur ombrageuse -> on aime la rigueur et l’ordre parce qu’on se méfie de tout le monde, il n’est possible pour eux de ne se fier à personne DONC susceptibilité + tendance à la suspicion (ce que font les gens nous touchent ET ils le font contre nous) + humeur ombrageuse = bataille contre le fait qu’il se sent toujours la victime d’un autre

61
Q

Que pouvez vous dire de l’hypertrophie du Moi dans la personnalité paranoïaque ?

A

Orgueil, surestimation de soi, suffisance, sentiment de supériorité et d’être incompris -> mépris fort sur autrui, “je suis victime mais personne ne veut l’entendre et personne ne le comprend”

62
Q

Que pouvez vous dire de la fausseté de jugement dans la personnalité paranoïaque ?

A

Pensée paralogique empreinte de subjectivité & dominée par les émotions -> pensée paralogique = donne l’impression que c’est logique mais ça ne l’est pas, empreint de subjectivité car guidé par les affects et leur intensité (émotions guidées par le binôme susceptibilité et tendance à la suspicion)

63
Q

Que pouvez vous dire de l’inadaptation sociale dans la personnalité paranoïaque ?

A

Agressivité, intolérance, rigidité et intransigeance dans les positions prises -> le paranoïaque est rigide parce qu’il est persuadé que c’est lui qui a raison (à la diff du NO qui est rigide parce que ça le rassure)

64
Q

Que désigne le terme paranoïaque dans “style de personnalité paranoïaque” et “trouble de la personnalité paranoïaque” ? Quand passe-t-on du style au trouble ?

A

Il désigne un mode de rapport à l’autre, le trouble arrive quand ce style crée des situations répétitives de souffrances dans les relations

65
Q

Quel diagnostic différentiel pouvons-nous faire ?

A
  • Schizophrénie paranoïde -> méca principal : dissociation ou interprétation ? -> pas de dissociation = paranoïa; présence de discordance ou non ? -> pas de discordance = paranoïa ; place des hallucinations ? = mécanisme principale ou pas -> si le méca principal c’est l’interprétation et pas les hallucinations alors = paranoïa
  • Prise de toxiques / BDA (installation progressive ou rapide ?) -> il peut y avoir des phases d’excitation où on voit de la méfiance ou des idées de persécution, la question est: est il persistant, est-ce que l’installation est progressive ou rapide ?
  • Manie délirante (quand sthénicité et exaltation revendicante = volonté de convaincre l’autre) -> est-ce que c’est un trouble de l’humeur et est-ce que c’est majoré par l’interprétation
  • Mélancolie délirante (cf délire des relations des sensitifs) -> processus de plongée dépressive forte avec des idées d’auto-accusations (je suis la pire personne du monde) et que les autres s’en rendent compte, la question est “est-ce que le patient se sent persécuté par autrui”
66
Q

Comment peut-on qualifier l’angoisse dans la paranoïa ?

A

C’est une angoisse de persécution qui signale un rapport particulier à l’autre -> on remarque qu’il n’y a pas de désorganisation du moi, pas de sentiment de perte de l’unité intérieure, lorsqu’il revendique qu’il est persécuté, il se vit comme un Moi dont le contours sont bien délimités mais il vit l’objet sur un mode un peu particulier (soit il est le persécuteur, soit il est une personne à convaincre qu’il est victime de persécution, avec qui la coexistence peut se faire sans méfiance) donc présence de clivage de l’objet DONC cette angoisse ne peut apparaître à partir du moment où le moi et l’objet sont bien représentés, indique que l’angoisse de morcellement n’est pas fondamentale, mais le rapport à l’objet est teinté de méfiance parce que le clivage de l’objet inclut un objet tout mauvais = le persécuteur

67
Q

Quels mécanismes de défense pouvez-vous citer ?

A
  • projection de l’agressivité: “La tendance agressive se révèle fondamentale dans une certaine série d’états significatifs de la personnalité, qui sont les psychoses paranoïdes et paranoïaques. […] C’est le délire même de la belle âme misanthrope, rejetant sur le monde le désordre qui fait son être. » Lacan, L’agressivité en psychanalyse (1948) -> le sujet intégralement bon détestant le monde car réceptionnant son propre message sous forme inversé, elle est projetée dehors et revient sur le sujet, se justifie d’être une pure victime d’un monde affreux parce qu’elle vit toujours que c’est du côté du monde que ça a commencé, c’est lui qui a été agressé et pas l’inverse, il projette sa part “mauvaise” sur le monde
  • déni de la réalité (partie délirante)
68
Q

Comment qualifieriez-vous les relations d’objet dans la paranoïa ?

A
  • problématique de préservation du Moi (cf M.Klein) -> le premier but du sujet se sentant persécuté c’est de préserver son Moi, qui est ressenti comme attaqué de l’extérieur, il ressent toujours que son Moi est fragile, à cause du monde qui lui en veut (pas interne, mais en tant qu’unité attaquée par l’extérieur)
  • Objet vécu sur un mode “partiel” et non total (“mauvais objet”) -> pas de reconnaissance de l’ambivalence car clivage de l’objet (que deux possibilités d’incarnation des objets; persécuteur ou ami qui colle au délire) + le sujet se vit comme un objet tout bon (belle âme misanthrope)
  • pas de tiers entre le sujet et l’objet (rapport en miroir -> sentiment de menace du Moi) -> persuadé qu’il est le seul objet persécuté de son persécuteur, le paranoïaque vit ça comme un duel à mort avec “soit moi soit l’autre”, ne se représente pas que l’objet peut avoir d’autres centres d’intérêt que lui car pense que tout ce qu’il fait est en rapport avec lui