CM PSYCHOPATHOLOGIE 4 Flashcards
Le monde de la névrose
William Cullen est le premier à utiliser le terme de névrose, comment le définit-il ?
: « Je comprends sous le titre de névroses ou maladies nerveuses, toutes les affections contre nature du sentiment ou du mouvement, où la pyrexie ne constitue pas une partie de la maladie primitive ; et toutes celles qui ne dépendent pas d’une affection topique des organes, mais d’une affection plus générale du système nerveux, et des puissances du système d’où dépendent plus spécialement le sentiment et le mouvement » -> il regroupe sous le terme de névrose un dérangement d’un système fonctionnel qui touche le sentiment et le mouvement par opposition à des affections organiques
Que va proposer Pinel sur les névroses ?
Il va proposer que les névroses sont “tous les symptômes nerveux sans base organique connue”
Qui sont les 2 personnes principales à avoir travaillé sur l’hystérie et la névrose de contrainte (obsessionnelle)
C’est Freud et Janet, au début du 20e siècle
Que va dire Widlöcher en 1998 sur le terme “névrose” ?
« le concept unitaire de névrose repose actuellement, de manière presque exclusive, sur le modèle psychanalytique »
Que va dire Kapsambélis en 2012 sur le terme de névrose ?
« Les névroses ont perdu leur place dans les nosographies contemporaines en tant que catégorie caractérisée par certains éléments communs. Pourtant, et malgré la grande disparité de symptômes présentés dans les différentes entités cliniques qui composent cet ensemble, il existe bien des traits communs, tant dans le fonctionnement mental que dans la façon de développer des manifestations psychopathologiques, et surtout dans la façon de s’en plaindre, et de les présenter au médecin et au thérapeute. Le démembrement de cette grande catégorie aux seuls regroupements symptomatiques spécifiques qui déterminent des entités cliniques précises risque donc de faire perdre au praticien ce que les névroses ont en commun, au-delà de tel ou tel symptôme, privant ainsi son regard clinique de sa nécessaire profondeur »
Le terme de névrose est-il toujours présent dans les grandes classifications internationales ?
Non
Quels sont les critères nosographiques généraux de la névrose ?
- l’existence d’une symptomatologie à expression psychique et/ou somatique et/ou comportementale
- l’absence de perturbation anatomique et physiologique actuellement décelable (qui pourraient expliquer la variété des symptômes -> origine psychique)
- le fait que le sujet reconnaisse ses symptômes comme étant pathologiques et demande leur disparition
- la persistance du “système de réalité” -> le sujet a conscience de sa maladie et a conscience de tous ses retentissements fonctionnels
- la relative bonne adaptation sociale malgré les troubles
- leur sensibilité plus ou moins importante aux thérapeutiques non médicamenteuses
Quels sont les aspects cliniques de la névrose ?
- anxiété
- troubles dépressifs
- troubles sexuels
- inhibition et insatisfaction
- fatigue et somatisation
Développez l’aspect clinique “anxiété”
- c’est le points communs dont tous les névrosés vont faire état mais pas forcément le point central
- n’entre pas forcément dans les “troubles anxieux”
- souvent déterminé par les événements de la vie
- se manifeste par: malaise dans les relations qui donnent lieu à cette combinaison entre inhibition du sujet et insatisfaction générale de la vie, et ces inhibitions vont générer une culpabilité -> crainte diffuse, inquiétude, intranquillité de l’être
Développez l’aspect clinique “troubles dépressifs”
- variables
- intensité légère à modérée
- fatigue et baisse de l’énergie (de nature psychique)
- liés à l’insatisfaction et au sentiment d’impuissance
Développez l’aspect clinique “troubles sexuels”
- liés à l’inhibition
- difficulté à maintenir une libido et un plaisir sexuel
- associés à un sentiment de honte
Développez l’aspect clinique “inhibition et insatisfaction”
- selon Kapsambélis: « retenue plus ou moins importante, plus ou moins continue, dans cet “aller de l’avant” qui nous est nécessaire dans notre vie affective, professionnelle ou sociale »
- inhibition intellectuelle / de la pensée
- conséquence: culpabilité du sujet
- possiblement surmontée par à-coups
Développez l’aspect clinique “fatigue et somatisation”
- manifestations de l’anxiété (crise d’eczéma,…)
- différents somatisations ponctuant la vie -> problèmes de santé, fatigue
- peut être retour de la neurasthénie (état durable d’abatement accompagné de tristesse
- lien possible avec la dépression masquée
Quel est l’organisateur principal de la névrose (en psyK)
C’est le complexe d’Oedipe: mon objet d’amour a toujours un autre objet d’amour que moi donc naissance de jalousie à l’égard des autres objets + angoisse de castration et sentiment de manque et de culpabilité
Quelle est la nature du conflit entre les instances dans la névrose
C’est un conflit interne entre le Moi (vaisseau messager de nos pulsions, de nos élans vitaux donc porteur de nos désirs) et le Surmoi (porteur des injonctions, de l’interdit de contraintes qui nous empêchent de réaliser des désirs) -> conflit désir et défense: j’ai envie de … mais je ne peux pas
Quelle est la nature de l’angoisse dans la névrose ?
C’est l’angoisse de castration et de perte: ressenti du manque, sentiment d’incapacité à faire des choses, insatisfaction de la vie, intranquillité intérieure, peur de perte
Quels sont les mécanismes de défense principaux de la névrose ?
Refoulement, déplacement, isolation, intellectualisation, …
Quel est le mode de relation aux objets dans la névrose ?
Le Moi est bien constitué (perméable au monde mais pas poreux), l’objet est bien délimité (distinction Moi-autrui), relation triangulaire (peut se représenter qu’on se situe dans une relation triangulaire, en dehors de la pièce existe d’autres objets qui intéressent mon objet d’amour)
Qu’est-ce que le complexe d’Oedipe ?
C’est l’apprentissage des interdits sociaux et de certaines impossibilités: ne pas pouvoir tout être, ne pas pouvoir tout avoir, ne pas pouvoir tout faire -> « Le complexe d’Œdipe n’est pas réductible à une situation réelle, à l’influence effectivement exercée sur l’enfant par le couple parental. Il tire son efficacité de ce qu’il fait intervenir une instance interdictrice (prohibition de l’inceste) qui barre l’accès à la satisfaction naturellement cherchée et lie inséparablement le désir et la loi […] en portant son intérêt sur la relation triangulaire elle-même, on est conduit à faire jouer un rôle essentiel, dans la constitution d’un complexe d’Œdipe donné, non seulement au sujet et à ses pulsions, mais aux autres foyers de la relation ». (Laplanche et Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse, 1967/2007)
D’où vient le terme “hystérie” ? Comment la traitait-on à l’époque ?
Le terme hystérie vient du grec ancien hysteria dérivant de hystéra, signifiant utérus: on a donc longtemps pensé que cette maladie était uniquement féminine -> cette maladie devaient être traitée par fumigations de bonnes odeurs vers la matrice
Quelle est la principale caractéristique de l’hystérie ?
C’est de présenter des symptômes de conversion, càd le passage d’une immense partie du tableau clinique par le corps = troubles somatoformes, on parle de “lésions typiques de la névrose” qui sont sans fondement anatomique mais avec des effets objectivement réparables
La névrose hystérique a-t-elle été longtemps négativement connotée ?
Oui, elle a été jugée comme de la simulation (ce qui est faux car il y a des troubles fonctionnels ressentis comme tels)
Le terme “hystérie” est-il présent dans les classifications internationales ?
Non, mais il se repère 3 endroits de la CIM-10: les “troubles dissociatifs”, les “troubles somatoformes”, et la “personnalité histrionique”
Que pouvez vous dire concernant l’hystérie et la suggestion ?
Charcot a réussi à redéclencher grâce à l’hypnose une crise hystérique, il s’est focalisé sur l’hypnose et son utilité dans la névrose hystérique -> la suggestion fonctionne donc sur l’hystérie
Quelle est la prévalence de la personnalité histrionique ?
2 à 3% de la population générale / 10% en psychiatrie avec femmes + concernées que les hommes
Combien de consultations à l’hôpital général concernent un trouble de conversion ?
5 à 25% avec un sex ratio de 5 femmes pour 1 homme
Que pouvez vous dire de la présentation d’un patient hystérique ?
- rien de morphologique (ou relative hypermimie)
- contact très particulier: séduction (volonté de récupérer l’amour et l’attention d’autrui), contact aisé, parfois enfantin
Que pouvez vous dire de la conscience et des fonctions mnésiques d’un patient hystérique ?
- amnésies psychogènes
- troubles de la vigilance
Que pouvez vous dire des troubles de la perception d’un patient hystérique ?
- anesthésies locales
- cécités psychogènes possibles
Que pouvez vous dire des troubles de la pensée d’un patient hystérique ?
- inhibition intellectuelle (couplé avec contact enfantin: le patient paraît un peu bête)
Que pouvez vous dire des troubles du langage d’un patient hystérique ?
- bégaiements psychogènes possibles
Que pouvez vous dire des troubles de l’affectivité d’un patient hystérique ?
- hyperémotivité / hypersensibilité
- labilité
- dépression: co-morbidité, notamment liées à l’angoisse d’abandon et de perte (en psyK)
Que pouvez vous dire des troubles psychomoteurs d’un patient hystérique ?
- conversions de type paralytiques
- diverses difficultés dans la motricité
- abasies
Que pouvez vous dire des troubles des conduites instinctuelles d’un patient hystérique ?
- difficultés sexuelles (frigidité, éjaculation précoce)
Que pouvez vous dire des troubles des conduites sociales d’un patient hystérique ?
- tendances mythomanes (but d’obtenir plus d’amour et d’attention des gens autour)
- complications: surconsommation médicamenteuses, formes de TS qui sonnent plus comme des appels à l’aide
Que pouvez vous dire des traits de personnalité d’un patient hystérique ?
- théâtralisme
- infantilisme
- suggestibilité
- dépendance
Que pouvez vous dire des troubles somatiques et somatoformes d’un patient hystérique ?
- somatisations
- conversions
- algies
Quels sont les 3 groupes de symptômes dans l’hystérie ? Expliquez les
- symptômes corporels: conversion, troubles somatoformes, “belle indifférence” (on ne retrouve pas le degré d’angoisse associé à un corps dysfonctionnel que l’on peut retrouver dans d’autres pathologies, pas de grande curiosité par leur corps et son dysfonctionnement)
- sphère affective et cognitive: syndrome dissociatif avec potentialité dépressive, une inhibition intellectuelle, hypersensibilité, troubles sexuels
- personnalité “histrionique”: théâtralisation, séduction, immaturité, suggestibilité
Quels sont les 3 principes qui gouvernent la notion d’hystérie de conversion ?
- Les symptômes sont similaires à ceux rencontrés dans une maladie organique, mais ne découlent d’aucune origine biologique connue. Ils peuvent affecter la perception, la mémoire, la motricité, la douleur…
- Les patients ont l’impression de n’avoir aucun contrôle volontaire sur leurs symptômes et les ressentent comme réels. Cependant, ils n’ont pas une réaction appropriée vis-à-vis de la gravité de leur état et éprouvent ce que Janet a qualifié de “belle indifférence”.
- Comme les symptômes n’ont pas d’explication organique, ils doivent être provoqués par des facteurs psychologiques. Ainsi, ils résulteraient de la “conversion” de perturbations psychologiques en symptômes physiques.
Qu’est-ce que la personnalité histrionique ?
Elle se démarque par son caractère théâtral (dramatisation, mise en drame scénarisée inconsciente des relations avec autrui de l’insatisfaction de la vie, qui se répète sans cesse, le patient n’est jamais satisfait dans ses relations avec autrui), l’hystérique “donne à voir”, ce qui inclut une hyperréactivité émotionnelle et une dimension de séduction de l’autre comprise au sens large = s’attirer l’affection de l’autre -> dépendance affective / au sens restreint = érotisation des rapports sociaux
-> suggestibilité (seuls des symptômes hystériques peuvent être reproduit par suggestion/auto suggestion) + superficialité dans les rapports sociaux
Qu’est-ce que la dissociation en psychiatrie ?
C’est la désintégration de nombreuses fonctions (cognitives, émotionnelles, motrices) habituellement gérées par le Moi (donc désorgantisation) -> mécanisme sous-jacent typique de la schizophrénie, les contenus mentaux ou les actions ne forment pas une personnalité différente unifiée
Qu’est-ce que la dissociation chez Janet ?
« L’hystérie est une forme de la désagrégation mentale, caractérisée par la tendance au dédoublement permanent et complet de la personnalité » + abaissement de la puissance psychologique qui amène, face au traumatisme, à la compartimentalisation de la conscience et des phénomènes mentaux ; les phénomènes hors-conscience se regroupent pour former une personnalité différente
-> étiologie traumatique: : l’expérience traumatique détachée du moi devient un fragment de personnalité détaché de l’ensemble -> dédoublement de la conscience: c’est parce qu’il y a eu traumatisme qu’il y a phénomène de compartimentalisation et donc le sujet ne peut plus utiliser ses fonctions mentales
Quels symptômes de nature dissociative peuvent toucher la sphère mentale (càd une difficulté de synthèse de fonctions normalement intégrées) dans la névrose hystérique ?
- états crépusculaires (état second transitoire): on voit un crépuscule de la conscience
- troubles de la mémoire: amnésies dissociatives
- fugues amnésiques: moments d’états seconds pendant lesquels les patients fuguent mais ne s’en souviennent pas par la suite
- inhibition intellectuelle
- dépersonnalisation
- pseudo-démence (désorientation spatio-temporelle, réponses absurdes)