M2S2 dyslipidémie Flashcards
• Connaître les différents types de dyslipidémies et leur classification • Comprendre leurs implications biochimiques et leur pathogénie • Savoir analyser leur incidence diététique
Définition de dyslipidémie ?
Le terme « dyslipidémies » regroupe les anomalies de lipides et lipoprotéines circulant dans le sang.
Généralement, on peut utiliser « dyslipidémies » ou « dyslipoprotéinémies » indifféremment, mais il faut tenir compte du fait que le terme dyslipidémie désigne au sens strict les anomalies des lipides circulants (cholestérol ou triglycérides) alors que « dyslipoprotéinémie » désigne les anomalies des lipoprotéines- LP (chylomicrons, VLDL, LDL, HDL).
Comment les lipides circulent ils dans le sang ?
Pour mémoire, les lipides, qui sont des molécules non-hydrosolubles, circulent dans le sang sous forme de lipoprotéines.
Ces dernières sont des assemblages de triglycérides et de cholestérol estérifié entourés d’une couche superficielle de phospholipides, cholestérol libre et protéines appelées apoprotéines.
Quels sont les 3 circuits métabolique que suivent les lipoprotéines ?
- circuit exogène
- circuit endogène de distribution tissulaire
- circuit endogène de récupération du cholestérol en excès
Circuit exogène :
Il débute au niveau des entérocytes et représente le point final de l’absorption des lipides (acides gras et cholestérol).
Dans ces cellules a lieu la ré-estérification des acides gras absorbés en triglycérides, la biosynthèse des apoprotéines et l’assemblage de lipoprotéines connues sous le nom de chylomicrons.
Ces LP sont riches en triglycérides (TG, plus de 85 %) ; leur teneur en cholestérol dépend des apports alimentaires.
Les apoprotéines caractéristiques sont les Apo B48 et E, mais ils contiennent également des Apo A et C.
Au niveau du pôle basal des entérocytes, les chylomicrons sont transférés dans les vaisseaux sanguins locaux (les chylifères centraux des villosités intestinales).
Ils suivent le flux lymphatique, rejoignent la circulation sanguine au niveau des veines caves et sont distribués aux tissus.
Dans la circulation, les chylomicrons subissent l’action de la lipoprotéin-lipase (LpL) qui permet l’hydrolyse des triglycérides ; cet enzyme est activé par l’Apo C.
Les restes des chylomicrons, appelés remnants (vestiges) sont captés par les hépatocytes et dégradés (notamment grâce à l’Apo E) ;
le circuit endogène de distribution tissulaire :
Il est représenté par la synthèse hépatique des VLDL (very low density lipoproteins, lipoprotéines à très faible densité).
Ces lipoprotéines sont également riches en TG mais également en cholestérol d’origine endogène ou exogène, récupéré dans les remnants de chylomicrons.
Une fois libérées dans la circulation sanguine, les VLDL subissent l’action de la LpL, se déchargent en triglycérides et se transforment en IDL (intermediary density lipoproteins, lipoprotéines à densité intermédiaire) qui sont recaptées par le foie ou en LDL (pour low density lipoproteins, liporpotéines à faible densité), particules riches en cholestérol.
La quantité de cholestérol transportée par les LDL est d’autant plus importante que ces LP peuvent se voir transférer une partie du cholestérol transporté par les HDL (high density lipoproteins, lipoprotéines à haute densité).
Les LDL assurent la distribution tissulaire du cholestérol et sont ensuite récupérées par le foie.
L’apoprotéine spécifique des LDL est l’Apo B100 ;
le circuit endogène de récupération du cholestérol en excès :
Il est assuré par les HDL, LP synthétisées par le foie sous forme « vide » et qui se chargent en cholestérol au niveau tissulaire, avant d’être recaptées par le foie qui assure la réutilisation ou l’élimination biliaire de cette molécule. Leur apoprotéine spécifique est l’Apo A
Quelles sont les valeurs normales du cholestérol sanguin ?
Elle sont comprises statistiquement entre 1,5 et 2,5 g/L, mais un taux supérieur à 2 g/L semble un bon indicateur du risque cardio-vasculaire, ce qui fait que l’objectif de prévention est de maintenir ce taux en dessous de 2.
Néanmoins, les sociétés de cardiologie préconisent une certaine souplesse dans ce domaine en laissant au médecin traitant le soin de définir la limite de dangerosité en fonction de la présence ou non d’autres facteurs de risque cardio-vasculaire (comme le tabac, l’obésité, le diabète, l’hypertension artérielle, les éventuels traitements notamment hormonaux).
Que doit on prendre en compte lors de l’analyse des valeurs du cholestérol ?
La répartition du cholestérol entre les LDL et les HDL est également à prendre en compte : les taux de HDL sont réputés « protecteurs » puisque reflet de la capacité de l’organisme à récupérer l’excès de cholestérol tissulaire.
Les valeurs habituellement admises comme normales sont supérieures à 0,4 g/L chez l’homme et à 0,5 chez la femme.
Le taux du LDL cholestérol est de ce fait estimé normal si inférieur à 1,6 g/L.
Le taux des triglycérides est optimal si inférieur à 1,5 g/L (notamment augmentation du risque cardio-vasculaire avec l’augmentation des triglycérides, indépendamment des taux du cholestérol).
Quels sont les signes liés aux hyper-triglycéridémies ?
· Les dépôts de TG dans les tissus
· Les pancréatites aiguës, liées à une auto-activation « in situ » des enzymes pancréatiques par l’excès de substrat lipidique (le mécanisme n’est pas parfaitement élucidé).
Leur apparition est fréquente lorsque les taux de TG dépassent 10 g/L.
· Les maladies cardio-vasculaires. Les hyperTG représentent un facteur de risque indépendant lorsque les valeurs dépassent 1,5 g/L.
Exemples de dépôts de TG dans les tissus :
- les xanthomes (amas graisseux tissulaires qui peuvent parfois compromettre la fonction, par exemple au niveau des tendons),
- arc cornéen (dépôt lipidique au niveau de la cornée)
- xanthélasma (amas graisseux localisés au niveau de la commissure des paupières).
Les xanthomes peuvent être fixes ou apparaître par poussées, généralement liées aux excès d’apport alimentaire (xanthomatose éruptive).
Quels sont les signes liés à l’hypercholestérolémie ?
· Les maladies cardio-vasculaires, notamment lorsque l’élévation du cholestérol total se fait par le LDL cholestérol. D’autres facteurs sont à prendre en compte. L’élément initial est représenté par l’athérosclérose, pathologie des vaisseaux artériels de grand et moyen calibre caractérisée par une inflammation chronique et une dégénérescence fibrino-lipidique de la paroi.
· Les dépôts cutanés de cholestérol, avec les mêmes aspects cliniques que ceux décrits pour les hyperTG.
Quels sont les facteurs de risque cardio-vasculaire selon HAS et Afssaps ?
Facteurs de risque non modifiables:
L’âge et le sexe : pour les hommes, âge supérieur à 50 ans ; pour les femmes, âge supérieur à 60 ans.
Antécédents familiaux d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral.
Facteurs modifiables :
Tabac, diabète, dyslipidémies, surcharge pondérale, hypertension artérielle.
Facteurs associés
Sédentarité et surconsommation d’alcool, qui favorisent l’obésité et les dyslipidémies.
Comment peut on classés les dyslipidémies ? Laquelle est la plus utilisée ?
- Par type de lipides concernés
- Par physiopathologie de l’anomalie
- par l’origine des lipides concernés
- leur influence sur le risque cardiovasculaire (athérogène ou non)
La classification la plus utilisée actuellement est celle proposée par Frederickson
Quels sont les types de de dyslipidémies selon le lipide concerné ?
· hypercholestérolémies,
· hypertriglycéridémies,
· dyslipidémies mixtes,
· hypo-HDL-émies.
Quels sont les types de de dyslipidémies selon la physiopathologie de l’anomalie ?
· dyslipidémies primitives, liées à un déficit enzymatique et/ou à une anomalie des lipoprotéines, le plus souvent des apoprotéines,
· dyslipidémies secondaires, apparues dans le cadre d’autres pathologies
Quels sont les types de de dyslipidémies selon l’origine des lipides concernés ?
· dyslipidémies exogènes,
· dyslipidémies endogènes.
Qu’est ce que la classification de Frederickson ?
Elle concerne les dyslipidémies primitives et prend comme base la nature de la molécule lipidique concernée :
· hypercholestérolémies pures (type IIa),
· hypertriglycéridémies pures (types I, IV et V),
· dyslipidémies mixtes (types IIb et III).
Il convient d’ajouter à cette classification les dyslipidémies secondaires ainsi que deux entités décrites ultérieurement :
· la diminution des HDL,
· la présence d’un excès de Apo (a
Qu’est ce que l’hypercholestérolémie pure ?
TYPE IIa Frederickson
Elle est caractérisée par une augmentation de modérée à très importante du cholestérol.
Le déficit semble être un déficit de reconnaissance des LDL par les hépatocytes, dû à une anomalie des récepteurs à l’Apo B100 et/ou
à l’Apo E.
Il en existe deux formes
- monogénique
- polygénique
Qu’est ce que la forme monogénique ?
Elle autosomique dominante et relativement rare.
Elle est caractérisée par un déficit des récepteurs à l’Apo B et/ou Apo E hépatiques, ce qui limite dans une mesure variable la récupération des LDL.
Quels sont les aspects cliniques / phénotypiques possible de la forme monogénique de l’hypercholestérolémie pure ?
· forme majeure, homozygote, caractérisée par des hypercholestérolémies très élevées, souvent au-delà des 6 voire 10 g/L. Le risque cardio-vasculaire est très important et les dépôts tissulaires constants (xanthomes, xanthélasma) ;
· forme sévère, hétérozygote, caractérisée par des taux importants de cholestérol, généralement autour des 4 à 5 g/L. Les xanthomes sont plus rares, mais le risque cardio-vasculaire demeure ;
· forme mineure, avec des taux de cholestérol compris entre 2,4 et 4. Le risque cardio-vasculaire est présent surtout si d’autres facteurs de risque sont présents.
Quelle est la cause de la forme monogénique de l’hypercholestérolémie pure ? Quels sont les signes cliniques ?
Dans ce cas, le déficit génétique n’a pas (encore) été retrouvé, mais une conjonction de facteurs participe à l’élévation du cholestérol : une augmentation de l’absorption intestinale de cette molécule, une surproduction de cholestérol endogène, une diminution du métabolisme des LDL.
La dépendance alimentaire est importante. Les valeurs du cholestérol sont modérées, souvent inférieures à 3 g/L.
Le caractère familial n’est pas constant.
Qu’est ce qu’une dyslipidémie type IV Frederickson ?
Liée à un déficit en LpL et/ou en Apo CII (apoprotéine qui fonctionne comme activateur enzymatique).
Le déficit est autosomique récessif.
L’effet s’exerce notamment sur la capacité de l’organisme à métaboliser les chylomicrons.
Étant donné que la production de ces LP est épisodique, postprandiale, on note une hyper-chylomicronémie persistante après les repas, avec une forte dépendance alimentaire.
Le sérum reste ainsi longtemps lactescent et les TG peuvent atteindre des valeurs très élevées (supérieures à 10 g/L), ce qui favorise l’apparition des épisodes de pancréatite aiguë.
Les dépôts tissulaires de TG sont également fréquents.
Qu’est ce qu’une dyslipidémie type V Frederickson ?
Liée à une augmentation de la production hépatique de VLDL, souvent associée à une diminution de leur dégradation tissulaire (hyper VLDL-émie). Il en existe deux formes :
· une forme endogène pure, autosomique dominante, avec élévation constante mais modérée des TG ;
· une forme à dépendance exogène, avec des élévations majeures de TG lors de l’apport excessif d’alcool, de glucides (notamment des IG élevés). La maladie se manifeste souvent chez les personnes ayant un apport calorique excessif, et de ce fait est liée à l’excès pondéral.
Le sérum est trouble à jeun (car la production des VLDL est constante, indépendante de la prise des repas). Souvent, les signes cliniques sont réduits à une asthénie ou somnolence après les repas, parfois une hépatomégalie, des xanthomes et plus rarement des épisodes de pancréatite aiguë.
Qu’est ce qu’une dyslipidémie type V Frederickson ?
Il s’agit d’une anomalie de la LpL touchant aussi bien le métabolisme des chylomicrons que celui des VLDL, avec un tableau associant les particularités des deux types précédents.