Régulation de la composition de l'enveloppe Flashcards
(11 cards)
- Caractéristiques générales de l’enveloppe
L’enveloppe bactérienne est formée de plusieurs couches qui constituent des surfaces fermées. Ces surfaces doivent :
- Rester continues, c’est-à-dire sans interruption, pour assurer la protection et l’intégrité de la cellule.
- Pouvoir être agrandies au fur et à mesure de la croissance cellulaire, sans perdre cette continuité.
- Pouvoir être séparées proprement lors de la division cellulaire, pour permettre la formation de deux cellules filles.
- Pouvoir subir des modifications rapides de leur composition, en réponse à des changements environnementaux, sans compromettre l’intégrité de l’enveloppe.
- Problèmes à résoudre pour la régulation
- La croissance des différents constituants membranaires doit être ordonnée et parfaitement coordonnée.
- Chaque composant doit être adressé à sa localisation précise dans l’enveloppe (par exemple, membrane cytoplasmique, membrane externe, périplasme, etc.).
Exemple concret : utilisation du maltose chez E. coli
- E. coli peut utiliser différentes sources de carbone, dont le glucose et le maltose.
- L’expression des gènes liés à l’utilisation du maltose est régulée en fonction de la disponibilité de ce sucre dans le milieu.
- Lorsque le maltose est présent, le régulon maltose est activé, ce qui induit la production d’un ensemble de protéines impliquées dans le transport et la métabolisation du maltose.
- Cette régulation peut entraîner une variation très importante dans la composition protéique de l’enveloppe, allant de 0% à 7% des protéines totales de la bactérie. C’est un exemple frappant de la capacité de la bactérie à adapter la composition de son enveloppe en fonction du milieu.
- Les graphiques et données présentés (pages 117 à 129) montrent des expériences de croissance en milieux différents (avec glucose, maltose ou un mélange des deux), illustrant la croissance diauxique (croissance en deux phases successives selon la disponibilité des sucres) et la régulation associée de ces protéines.
La sécrétion des protéines bactériennes
1. Passage à travers la membrane interne
Les protéines destinées aux compartiments post-cytoplasmiques doivent traverser la membrane interne via deux voies principales :
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Voie Sec (la plus importante) :
- Transporte des protéines non repliées (inactives) du cytoplasme vers le périplasme ou la membrane interne.
- Les protéines sont synthétisées comme préprotéines avec un peptide signal N-terminal reconnu par le système Sec.
- Des chaperons (ex : SecB) empêchent le repliement prématuré.
- Le complexe SecYEG forme un canal dans la membrane.
- SecA utilise l’ATP pour pousser la protéine à travers le canal.
- Une fois à l’extérieur, la protéine se replie et forme ses ponts disulfures si nécessaire.
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Voie Tat (Twin Arginine Translocation) :
- Transporte des protéines déjà repliées et activées dans le cytoplasme (utile pour des enzymes avec cofacteurs).
La sécrétion des protéines bactériennes :
2. Systèmes de sécrétion chez les bactéries Gram négatif (après passage membrane interne)
Il existe six types principaux de systèmes de sécrétion, classés selon le nombre d’étapes nécessaires pour atteindre le milieu extérieur :
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Sécrétion en une seule étape (Sec-indépendante) : du cytoplasme directement vers l’extérieur
- Type I (T1SS) : sécrète des enzymes extracellulaires (ex : hémolysine chez E. coli)
- Type III (T3SS) : système en forme de seringue injectant directement des protéines dans la cellule hôte (exclusif aux pathogènes)
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Sécrétion en deux étapes (dépendante de Sec ou Tat pour traverser la membrane interne) :
- Type II (T2SS) : les protéines passent d’abord par Sec ou Tat dans le périplasme, puis sont secrétées à l’extérieur.
- Type IV (T4SS) : sécrète toxines, ADN, participe à l’adhésion et mobilité. Comporte un pilus extracellulaire.
- Type V (T5SS) : autotransporteurs et système chaperon-uscher pour transporter des protéines et assembler des structures de surface (pili, fimbriae, capsule).
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Type VI (T6SS) : récemment découvert, sécrète des facteurs de virulence (ex : Hcp1 chez Vibrio cholerae).
Les bactéries utilisent divers systèmes de sécrétion pour transporter des molécules à travers leurs membranes cellulaires. Ces systèmes sont essentiels pour la survie, la virulence et l’interaction des bactéries avec leur environnement.
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Système de sécrétion de type I (T1SS) :
- Ce système transporte diverses molécules, y compris des toxines et des enzymes, directement du cytoplasme à l’extérieur de la cellule en une seule étape.
- Il est composé de trois composants principaux : une ATPase, une protéine de fusion membrane (MFP), et une protéine de membrane externe (OMP).
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Système de sécrétion de type II (T2SS) :
- Ce système sécrète des protéines qui ont été préalablement translocées dans le périplasme via le système Sec ou Tat.
- Il est souvent utilisé pour exécuter des enzymes hydrolytiques et des toxines.
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Système de sécrétion de type III (T3SS) :
- Ce système est souvent associé à la virulence bactérienne. Il forme une structure en forme d’aiguille qui injecte des effecteurs directement dans les cellules hôtes.
- Il est crucial pour de nombreuses bactéries pathogènes pour manipuler les fonctions cellulaires de l’hôte.
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Système de sécrétion de type IV (T4SS) :
- Ce système est capable de transporter à la fois des protéines et des complexes ADN-protéines à travers la membrane cellulaire.
- Il est impliqué dans la conjugaison bactérienne et la translocation d’effecteurs dans les cellules eucaryotes.
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Système de sécrétion de type V (T5SS) (sec dépendant)
- Ce système, aussi connu sous le nom de système autotransporteur, sécrète des protéines qui forment un pore dans la membrane externe pour leur propre translocation.
- Il est relativement simple et ne nécessite pas de composants supplémentaires pour la sécrétion.
La sécrétion des protéines bactériennes :
3. Sécrétion chez les bactéries Gram positif
- Principalement via la voie Sec dépendante pour traverser la membrane cytoplasmique.
- Après traversée, les protéines peuvent traverser le peptidoglycane poreux vers l’extérieur ou rester attachées à la paroi.
- Les bactéries Gram positif utilisent aussi un système modifié de type I (les transporteurs ABC) pour exporter des protéines et autres solutés.
- Le système ABC (ATP-Binding Cassette) utilise une protéine liant le substrat, un transporteur membranaire, et une protéine hydrolysant l’ATP pour le transport actif.
assemblage des phospholipides dans l’enveloppe bactérienne
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Nature des phospholipides
- Ce sont des molécules amphiphiles, c’est-à-dire qu’elles possèdent une partie hydrophile (qui aime l’eau) et une partie hydrophobe (qui repousse l’eau). Cette propriété est essentielle pour la formation des bicouches lipidiques qui constituent la membrane cellulaire.
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Organisation en bicouche lipidique
- Les phospholipides s’organisent spontanément en deux couches (bicouche), avec les parties hydrophobes tournées vers l’intérieur, à l’abri de l’eau, et les parties hydrophiles tournées vers l’extérieur, en contact avec l’eau à l’intérieur et à l’extérieur de la cellule.
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Asymétrie des couches
- Les deux couches de la membrane ne sont pas identiques en composition. Cette asymétrie est importante pour la fonction de la membrane, notamment pour les interactions avec l’environnement, la perméabilité, et la signalisation.
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Régulation et transport des phospholipides
- Pour maintenir cette asymétrie et assurer la distribution correcte des phospholipides, la cellule utilise des mécanismes spécifiques :
- Flippases : enzymes qui facilitent le déplacement (flip-flop) des phospholipides d’une couche à l’autre pour équilibrer ou ajuster la composition.
- Des protéines spécifiques, comme LetB, jouent un rôle dans le transport des lipides vers la membrane externe des bactéries Gram-négatives, où la membrane externe a une composition lipidique différente de la membrane cytoplasmique.
- Pour maintenir cette asymétrie et assurer la distribution correcte des phospholipides, la cellule utilise des mécanismes spécifiques :
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Importance fonctionnelle
- Cette organisation et régulation précise des phospholipides sont essentielles pour la stabilité de la membrane, son intégrité, et sa capacité à s’adapter aux conditions environnementales.
Synthèse de la muréine (Pages 139-144)
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Généralités
- La biosynthèse de la muréine est similaire chez les bactéries Gram- et Gram+.
- La synthèse commence dans le cytoplasme et se poursuit à la membrane cytoplasmique, d’abord sur sa face interne puis externe.
- Les unités de muréine sont assemblées en une molécule unique entourant la membrane cellulaire.
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Premières étapes dans le cytoplasme
- Formation de l’acide N-acétyl-muramique (NAM) lié à un pentapeptide, qui contient une D-alanine surnuméraire importante pour les étapes ultérieures de la synthèse.
- Cette molécule est activée sous forme d’UDP-NAM-pentapeptide.
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Transfert sur un accepteur membranaire
- L’unité UDP-NAM-pentapeptide est transférée sur une molécule lipidique membranaire appelée bactoprénol (undécaprényl-phosphate, C55).
- Le bactoprénol sert de transporteur pour faire passer cette unité de la face interne à la face externe de la membrane cytoplasmique.
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Enzymes impliquées dans l’assemblage et la modification de la muréine
- Plusieurs enzymes participent à la polymérisation et au remodelage de la muréine :
- Glycosyltransférases (Gtase) : assemblent les sucres pour former les chaînes polysaccharidiques.
- Transpeptidases (DD- et LD-TPase) : créent les liaisons croisées entre les pentapeptides, renforçant la structure.
- Endopeptidases, carboxypeptidases, amidases et lytiques : interviennent dans la modification et le remodelage de la muréine.
- Ces enzymes assurent la solidité, la flexibilité et la dynamique de la paroi.
- Plusieurs enzymes participent à la polymérisation et au remodelage de la muréine :
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Importance médicale
- La muréine est une cible majeure des antibiotiques (ex. pénicillines) qui inhibent sa synthèse.
- Ces inhibiteurs attaquent des molécules spécifiques aux bactéries, ce qui en fait des agents efficaces pour tuer ou stopper la croissance bactérienne sans affecter les cellules humaines.
Synthèse des acides téïchoïques
- Les acides téïchoïques sont des polymères d’alcools phosphates (comme le ribitol ou le glycérol) liés par des liaisons phosphodiester.
- Chez Staphylococcus aureus, la synthèse porte sur l’acide téïchoïque ribitol.
- Chez Bacillus subtilis, il existe une variante avec l’acide téïchoïque ribitol, mais aussi l’acide téïchoïque glycérol (Tag Glycérol) qui est une autre forme de polymère phosphaté.
- Ces acides téïchoïques sont intégrés à la paroi cellulaire et jouent un rôle important dans la structure et la charge de surface de la bactérie, influençant la liaison des ions métalliques, la résistance aux agents antimicrobiens, et l’adhésion aux surfaces [[145-146]].
Synthèse des acides lipotéïchoïques (LTA)
- Les acides lipotéïchoïques sont similaires aux acides téïchoïques mais sont ancrés dans la membrane cytoplasmique via un glycolipide.
- Il existe au moins 5 types de LTA, ici illustré le Type 1, qui est un polymère de glycérol-phosphate.
- Ce polymère est attaché à un glycolipide, par exemple un glycérophosphate lié à un lipide comportant des unités de glucose (noté -6-Glucose,b-1-6 glucose-1-glycérolipide).
- Les LTA contribuent à la stabilité de la membrane, à l’intégrité de la cellule, et jouent aussi des rôles dans la signalisation et la réponse immunitaire [[147]].
Rôles fonctionnels des acides téïchoïques et lipotéïchoïques
- Ces molécules participent à la rigidité et à la porosité de la paroi bactérienne.
- Ils influencent également l’interaction avec l’environnement, notamment la reconnaissance par le système immunitaire de l’hôte.
- Leur synthèse et leur présence sont donc cruciales pour la survie et la pathogénicité des bactéries Gram+.
En résumé, la synthèse des acides téïchoïques et lipotéïchoïques implique la formation de polymères phosphates (de ribitol ou glycérol) qui sont intégrés dans la paroi ou la membrane bactérienne et jouent des rôles importants structuraux et fonctionnels dans l’enveloppe des bactéries Gram-positives [[145-147]].
synthèse du lipopolysaccharide (LPS)
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Lieu de synthèse
- La synthèse du LPS se déroule sur la face interne de la membrane cytoplasmique.
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Structure du LPS et synthèse séparée des composantes
- Le LPS est constitué de plusieurs parties :
- Le lipide A associé au noyau (core oligosaccharidique)
- L’antigène O (chaîne polysaccharidique)
- Ces deux parties sont synthétisées séparément :
- Le lipide A avec le noyau est construit directement sur la face interne de la membrane cytoplasmique.
- L’antigène O est synthétisé sur un transporteur membranaire appelé bactoprénol.
- Le LPS est constitué de plusieurs parties :
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Transfert et assemblage
- Après leur synthèse, le lipide A + noyau et l’antigène O sont transférés séparément sur la face externe de la membrane cytoplasmique.
- Sur cette face externe, ces deux parties sont assemblées pour former la molécule complète de LPS.
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Transport vers la membrane externe
- Une fois assemblé, le LPS est transporté vers la face interne de la membrane externe.
- Puis, il est transloqué (déplacé) de la face interne vers la face externe de la membrane externe, assurant ainsi sa localisation correcte à la surface de la bactérie.
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Importance du LPS
- Le LPS joue un rôle crucial dans la protection de la bactérie, notamment en formant une barrière contre les agents externes, et contribue à la virulence de nombreuses bactéries Gram-négatives.